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effentielîes fluides en découlant des plantes
le de flèchent à l’a ir , & prennent la forme de
réfme; leur principe acide eft entièrement élaboré
dans le florax, le benjoin, le baume du
Pérou. Les réfines féches n’ont aucune aélion
fur 1 air, parce qu’elles font faturées d’air pur;
& c eft fans doute à l’air p u r , qui fe com -
bine avec les réfines, qu’on doit les cryftaux
trouvés dans les Huiles anciennes; il paroît ;
que cet air pur s’unit alors au camphre, comme
le camphre s’unit à lui dans l’acide nitreux.
Voyei Annales de Ckymie, Tome IV .
M. Hermftadt établit que les cryftallifations
fournies .par l’Huile tirée de la graine de perfil
fontcompoféesde terre, peut-être d’acidephof-
phorique, mais finement d’acide végétal.
.Jres Huiles graffes offrent des phénomènes
différons ; elles ont un. goût doux; elles font
inodores, ônchieufes; on les retire des végétaux
par expreflion. La plupart de ccs Huiles
ne gèlent qu’à un très-grand degré de froid ;
quelques-unes^ font prefque toujours foiides, &
forment ce qu’on appelle les beurres. *
Les Huiles graffes diffèrent des Huiles éthé-
rées, p arce quelles ont de gras & de muçila-
Çineux, par leur indiffolubité dans l’eau & dans
l’e lp r iM e -v in , parce quelles—ne bcmiJliffent
qu’à un degré de chaleur fort élevée, parce
qu’elles^ont la propriété de luire à Tobfcurité;
Jorfqu’elles font échauffées ; enfin , les Huiles
grades ont befoin de la préfence de la flamme
^our s’enflammer, tandis que les Huiles éthérées,
s’enflamment quand on les échauffe.
Je dois obferver ici que le mucilage qu’on
trouve dans les. Huiles grades, contribue beaucoup
à les diftinguer des Huiles éthérées; les
premières paffent prefqu’à l’état des lècondes,.
quand on le prive de ce mucilage fur-
abondant.
On retire lés Huiles graffes de différentes
plantes, & de diverfes parties des plantes; mais
elles abondent fu -tou t dans les. graines, Ces
Huiles font l’ouvrage entier de la végétation ;
on les trouvé préparées dans les cellules qui le s :
renferme, Cependant çllcs n’exiflent pas dans
'la plante, pendanr tous les momens de fa durée;
ces Huiles ne paroiffent que lorfque la graine
ou le fruit qui les donnent font parvenus à
'leur maturité. Qn pourroit augurer.de-là que la
fu bilan ce qui les çompofç fert plus particulière- •
mentau perfectionnement de la graine & du fruit,
& qu elle eft de la plus grande importance pour
la confervation & la nourriture de la plante.
Auffi ces Huiles ne fè forment que lorfque le
fruir & la. graine ont acquis leur accro'iflemem.
Les graines dans l’état laiteux ne donnent
point d’Huile, comme les olives qui ont bouilli.
£t cette Huile eft tellement contenue dans la
gra.ne ou le fruit dont on les retire, que cette
JJiujé fç gâte dans les graines ou ïes ffujcs qu’pn
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gardé trop long-tems, ou qui ont fouffer*
quelqu’altération.
Les Huiles graffes paroiffent compofées d’eau;
de terre, d’acide, de mucilage, & du principe
'inflammable. Elles ne diffèrent entr’elles que
par les proportions de ces > parties, & par la
force du lien qui les unit. M. l’Abbé Rozier
croit que les Huiles graffes contiennent une
Huile; éthérée, qui eft la caufe de la rancidité :
& il le prouve, parce que les Huiles rances
font diflolubes dans l’efprit-de-vin, & parce
que 1 ébullition produit fur elles le même effet
que les corps qui favorifent la précipitation
du mucilage.
Les Huiles graffes fe combinent avec les
acides; ce mélange forme - ce qu’on appelle
un favon acide. Elles s’uniffent fur-tout avec .
les^ alkaiis cauftiques, & il en réfulte le vrai
favon.
Les Huiles grades diffolvent les réfines, les
gommes-réfines, les baumes naturels.; la cire,
le camphre, les parties colorantes des plantes,
le phoiphore, le foufre, le foie de foutre,
& quelques métaux; mais elles ne diffolvent
les métaux, comme M. Bertholet la bien ob-
fervé, que lorfqu elles font çn çontaél avec
l’air.
II paroîtroit que l’air pur a une action mar—
quée fur les Huiles : on voit clairement qu’il
réfinifie les Huiles efiemielles ; elles y prennent
une couleur brune qui eft celle du'bois; elles
fe deffechent : & c ’eft peut-être par l ’aétion de
cet air fur les réfines, que les couches corticales
deviennent ligneules.
Quant aux Huiles graflesl’air y produit auflî des
changemens très-fenfibles, M. Bertholet a ob-
fervé que la lumière les changçoit en une efpècç
de cire ; mais je doute que la lumière joue ici
un rôle auflî confie! érable. Je remplis quelques
récipiens d eâu, & je les fermai par l’eau ;
j introduifis^ fous chacun de ces récipiens de
i Huile d olive bien pur & parfaitement bonne :
elle gagna le Commet du récipient, au parois
duquel elle s appliqua, complètement. Je fis
les mêmes difpofitions pour l’Huile effgntiellç
de lavande. Je mis outre cela une couche d§
la même Huile d’olives & de la même |Iuile
dé lavande, fur Peau, dans des verres expofés
à 1 air,^ le 16 d’Avril 1750 : je vis manifeAe-r»
ment 1 Huile d’olives expofée fur l’eau, changer
de couleur, le 27 brunir un peu, puisfilan^
chir, enfuite s’épaiflîr, devenir moins fluide, &
prendre de la rancidité ; tous ces changemens
furent opérés dans les premier^jours de Mai,
& l’Huile ne fouffrit point d’altération | j&
forte dans le refte de l’année; je vis toujours
1 Huile furnager le au , qui ne me parut pas
faire , aucune perte fenfible, car je trouvai tou-r»
jour l ’Huile occuper dans le verre la même
relativement à fes parois.
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Quant à l’Huile placée fous le récipient, où
elle n’avoit aucun contaél avec l’air, elle ne
me parut pas avoir aucune altération,, jufqu’au
milieu du mois de Mai; elle avoit confervé fa
couleur, fa fluidités, mais il fe forma un tapis
de matière verte au fond du récipient ; cette
matière verte donna beaucoup d’air.; &,dès ce
moment, l ’Huile perdit fa couleur, une partie
de fa fluidité , & elle devint parfaitement fem-
blable à l ’Huile expofée à. l’aôtion de l’air. Il
fembleroit donc que la lumière n’avoit point
agi pour rancir cette Huile, pour lui ôter fes
propriétés d’Huile douce, puifqu’elle a réfiflé
fans altération à l’aélion de la lumière pendant
plufieurs jours, tandis que l’Huile expofée à
l ’air étoit devenue déjà depuis long-tems tout-à-
fàit rance. Mais ce qui démontre que la lumière
feule ne produit pas cet effet, c’eft que dans
l ’obfcurité où l’on confervé pendant long-tems
l’Huile d’olive douce, lorfqu elle eft enfermée
par l’eau, on la voit fe gâter, & lorfqu’elle
eft expofée . à Pair pur, ou lorfqu’on introduit
l’air pur fous*, le récipient qui la contient.
. Cette Huile ainfi altérée par l’air pur devient
blanche ; cites, prend la confiftance &. la couleur
glaireufe de la crème qui. commencé à fe changer
en beurre,: cette circonflance femble encore
confirmer l’influence de l’air; pour produire
l ’effet que j’ai décrit.
On lait que l’acide marin défliogifliqué blanchit
la cire, qu’il enlève la couleur verte à la
cire du galé de la Chine ; à celle qu’on retire
des chatons du bouleau & du peuplier, comme
M.e Bertholet l’a fait voir.
Il fembleroit donc que cet air pur , en fe
combinant avec les Huiles graffes, développe-
roit l’acide qu’elles contiennent ; & qu’en les
: épaifliffant dans les végétaux, il les met en état
de devenir des parties intégrantes du bois.
M. Chaptal a cru que l’air pur, mêlé- avec
le mucilage , ranciffoit l’Huile , & qu’en fe
mêlant, avec l’Huile proprement dite, il la
renejoit ficcative : mais il ne prouve pas cette
opinion par des expériences. Je vois clairement
que l'Huile d’olives expofée. à l’aéHon
de l’air, eft-altérée dans toute fa fubftance , &
qu’il feroit impoflîble de diftinguer alors deux
parties, l’une mucilagi.ne.ufe, & l’autre Huile
vraie. D’ailleurs il me femble avoir établi in vinciblement
l’aèlion de l’air pur , fur les Huiles
éthérées comme fur les Huiles graffes. Enfin
les Huiles: grafles deviennent ficcatives, quand
on les fait bouillir avec laditharge ; mais, dans ce
cas, elles prennent non-feulement l’oxygène de
,1a chaux de plomb ; elles fupportent encore
l’ébullition qui les délivre de leur mucilage.
J ’ajouterai que les Huiles graffes qui le gèlent
aifément, que l’Huile d’olives en particulier ,
qui eft gelée lorfque le thermomètre de Réau-
aiur eft à fept ou huit degrés au-deffus de la Phyjiologie végétale. Tome I.er 1.*' Partie.»
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gjace, fie s’eft pas gelée, quand elle a éprouvé
l’aélion du froid à cinq degrés au-defious de
zéro, après avoir été expofée à i’aélion de Ja
lumière & de l’air, pendant neuf ou dix mois;
c e qui rapprocheroit les.Huiles grades des Huiles
ficcatives qui gèlent difficilement. Il eft pourtant
remarquable que cette combinaifon de flHuile
grafl’e avec l’air pur, fufpende d’une manière
aufli forte l’aélion du froid fur elle.
Quant aux Huiles effentielîes , je les ai gardées
fous l’eau fans aucune altération à la lumière,
parce que, comme il ne fe forme point de matière
verte, il n’y a point d’air pur produit
pour fe combiner avec elles ; ces Huiles con—
fervent leur odeur, leur fluidité, l’eau du récipient
s’étoir feulement blanchie, mais ces
Huiles ne s’étoient pas' réfinifiés comme celles
qui étoient expofées à l’air.
Il inc femble que ce feroit peut - être u n ,
excellent moyen de conferver les Huiles grafics
&. effentielles, que de les mettre entièrement
à l’abri du contact de l’air, en les enfermant
dans des bouteilles remplies autant qu’il feroit
poflible fans craindre leur fra&ure par la dilatation
, en les bouchant bien, & en les tenant
renverfées dans des verres où il y auroit une
quantité de mercure fuffifante pour recouvrir
le col de la bouteille, d’une ligne ou deux au-
deffus de l’endroit où le bouchon entre dans
la bouteille. .
Les Huiles graffes combinées avec le prinH
pipe mucilagineux, forment une émulfion ,
lorfqu elles font étendues d’eau. C ’eft peut-être
cette émulfion qui donne naiffance au lait qui
doit nourrir là ^p.lantule : & c eft peut-être,
pour cela que.les graines font, pour l’ordinaire,
remplies d’une fi grande quantité d'Huile.
Quoique;je fois bien éloigné de m’occuper
de Chimie, dans cet ouvrage, je fuis cependant
forcé fie faire cônnoître la belle analyfe des,
Huiles que M. Lavoifief a faite dans fes - Elément
de Chimie. Il regarde l’Huile comme l’effet
de l’union du charbon avec l’hydrogène, que
le calorique n’a point porté à 1 état de gaz.
L ’Huile devient fixe ou volatile, fuivant la proportion
de cesdeux principes. Les Huiles graffes
contiennent un excès d e . charbon qui fe dégage-
quand on les chauffe au-delà dp la chaleur d©
Peau bouillante ; la combinaifon des_ Huiles
volatiles étant formé par une proportion plus
- jufte du carbone ou de l’hydrogène, ces Huiles
ne font pas dëcompolées: quand la chaleur eft
plus forte que l’eau bouillante ; mais elles,
paffent dans la djfiillation au moyen du calorique
qui les vaporife.
M. Lavoifiera fait voir que les Huiles fixes,
en brûlant dans l’air pur, fe convertiffent en
eau & en air fixe; & quelles doivent être com-
pofées de vingt-une parties d’hydrogène, & de
lbixantç-une partie^ do, carbone. Peut-être que