pftrce que j’ai toujours mis les champignons au
rang des priantes ; & il fal'lôit pourtant remarquer
que quelques Botaniftes les regardûient comme
des dependances du règne animal.
La Plante végète , le mouvement l'anime,
elle eft fortie de la torpeur où elle exiftoit, depuis
la création dans la graine : je me trompej
depuis la création elle étoit en mouvement ;
c’éroir un mouvement fourd, qui l a néanmoins
amenée, depuis le premier moment du temps, au
point au développement, où ori l’obferve dans
la bafe du piftil avant la fécondation. Alors
qu’arrive-t-il ? fans doute la liqueur contenue
dans les poullières fait partir le r effort qui ar-
rètoit ce mouvement, ou plutôt qui fufpendoît
fon énergie : le branle eft donné. & le développement
qu’éprouve alors la plan tule ëû plus grand
dans une minute que celui qu’il a reçu pendant
plufieurs fièelës. . 1 : . " :
Mais où eft pourtant encore la caufe de ce
mouvement, où eft le principe qui détermine j
ce développement , cette nutrition ? Envain I
q-t^-on imaginé que les Plantes pouvoient avoir
une ame. J ’avoue que , comme je trouve ab-
furde que la matière , telle que nous là connoif-
fons , ait la force motrice renfermée en elle-
même, & que je ne puis imaginer une amé matérielle,
puifqu’eUe ne pôurroit ni penfer ni fe
mouvoir , ni produire fponranément des effets qui
feraient purement matériels , je nefaurois comprendre
ce que feroit cette ame dans la Plante,
& quelle rôle elle pourrait y jouer. D’un autre
côté, fi la force motrice,n’a .pas été imprimée à
ces germes dès le commencement, je ne vois
guères mieux où eft le principe du mouvement
que j1’obfërve : je fuis fort embaraffé ; d’autant
plus que cette force emprifonnée, qui fe développe
peu-à-peu', par le moyen du contact de
la liqueur contenue dans les poufllères., n’offre
pas une idée qui tranche la difficulté ; elle préfente
quelque chofe de probable , mais elle ne-
fatisfait pas- complètement la raifon. L ’irritabi-'
lité des. végétaux expliquerait peut-être ce plié-"
nortiène. 11 eft clair q ue , fi l’on pouvoir recon-
noître cette propriété dans les parties différentes
qui compofenr le végétal, cette explication
deviendrait bien vraifemblable. Mais il n’y a
réellement que les organes de la génération dans
les plantes qui^donnentdes marques d’irritabilité ;
en fuppofant encore que ces mouvements ne
font pas l’effet d’un mécanifme particulier. Ce-'
pendant, comme on peut affurer que les Plantes
n’ont point de mouvemens fpontanés, à i ’ex-
ception de quelques tremelles, & comme leurs
mouvemens font tous déterminés par des caufes
mécaniques, telles que la chaleur , l’humidité,
la lumière, les fecouffes , & c . , je comprends'
que des caufes de ce genre auraient pu-produire
cet effet. Mais quelles-font ces caufes ? c’eft encore
ce qui refte à découvrir. Il faut le dire
avec franchife , on connoît trop peu les végé^*
taux pour efpérer de découvrir à préfênt le prin-
; cipe de leur mouverrient.
J ’ai eu fouvent occafion de faire obferver les
.grandes différences qu’il y a entre les diverfes
efpèces de Plantes. Si elles ne font pas toutes aufli
marquées , elles font toutes auffi multipliées que
leurs efpèces. Mais, au milieu -de ces différences
qui font fi fenfibles, la plus grande reffemblance.
perce entr elles ; on voit quelles ont été toutes*
faites fur le même p lan, quoiqu’elles neparoiffent
•pas fortir toutes au même moule.
Les grandes divifions des végétaux expriment
mal ces variétés , parce que chaque divifion renferme
des variétés qui font très—confidérables.
Ainfi, par exemple, on les diftingue en fept
grandes familles qui femblent d’abord n’avoir
que les ; rapports les. plus éloignés. i.° Les fungi,
où l’on trouve les agarics, les champignons., les'
truffes, &c. Çes plantes paroiffent avoir peu de
rapport avec les végétaux puifqu’elles n’ont point
de feuilles, & que leurs' fleurs font à peine v i-
fibles. 2.0 Les algues, ou les plantes fuhaquées ,
dont les racines, les feuilles^ les tiges, font
raftemblécs de manière quelles ne paroiffent
fprmer qu’un feul tiffu par leur entrelacement,
3 .0 Les moufles qui rampent fur la terre, & qui
ont des fleurs & des feuilles fi particulières & fi
cachées. 4 ° JLes fougères dont les parties de la
, fruélification font collées fur le dos des feuilles.
5.0 Les graminées dont les tiges font articulées
& renfermées dans une baie. 6.° Les palmifères
dont la tige eft fimple, mais feulement feuillée
à fon fommet. 7 .0 Toutes les autres Plantes.
Les grandes différences ne font pas: épuifées : ;
il y en a encore qui font bien remarquables
dans les arbres, les arbriffeaux, les fousrarbrif-»
: féaux & les herbes : mais il n’y a aucune efpèce
qui ne diffère d’une autre à mille égards moins
lenfibles foit pour la forme, la durée , &c. -
A^ces différences naturelles on peut joindre
celles qui naiffent du climat, du fite, du fol
de la culture. On obferve que, dans les pays
méridionaux, les Plantes vivaces font les plus
communes avec les arbres & les arbriffeaux.
Mais, ces Plantes vivaces deviennent annuelles
dans nos campagnes à caufe des gelées, comme
on le remarque pour le tabac & la capucine.
Nous pouvons encore voir cela dans nos Alpes,
' où l’on recueille dans les vallées les Plantes de
; l’Ëfpagne , tandis qu’on trouve près des glaces
celle- de la Laponie.
On rendra bi Cantine!! es les Plantes annuelles.
: en les empêchant de fleurir. Cette méthode eft
avantageufe pour les Plantes potagères qui four—
niffent alors plus long-tems leurs feuilles. Les
épinards femés au Printems vivent un mois. Ceux
•qu’on férue à la fin de l’Eté vivent jufques au
commencement de l’Eté qui fuir. La culture
, adoucit quelques Plantes,,comme les chicorées>
P L A
le perfdyeîtë rend les fleurs double* dans plu-
fieurs efpèces; elle change plufieurs Plantes alpines. ^
Les cardons, qui ont ' deux ou trois pieds de
hauteur dans les chemins èn ont quelquefois fix
ou fept dans les jardins. Les couleurs rouge &
bleue fe changent fouvent en blanc. M. Gleditfch
a obforvè que la Culture prolongeoit la durée
des Plantas : il y -en a qui ont vécu trois ou
quatre ans, quoiqu'elles ne du fient Vivre naturellement
qu une année. On avoit ainfi prolongé j
leur ëxiftenee par le retranchement dés fleurs,
des fruits, & même des fommités des branches :
de cette manière plufieurs parties de la Plante :qui
fe feraient endurcies d’abord ont paru végéter
encore, & il s?eft développé par ce moyennes ;
boutons qui n’auroient pas paru autrement*
Dans les. terrains, hpmides.^ on obferve que les
feuilles inférieures, pourriffent tandis qu’au cpn-
traire dans, les pays montueux les feuilles^ du
fommet difparoiflent : les premières, parce que
les feuilles les plus baffes font noyées d'abord
dans'Jes lieux humides par l’abondance de la fève, 1
& que les fécondés qui font les plus élevées manquent
plutôt d’àlimens dans les lieux f e ç s . j
■ Les feuillès des Plantes qui crôiffen.t dans les-marais
S’effilënt elles ont trop de nourriture dans j le même moriient, & ‘la lumière n a pas le tems |
de fe combiner en fuffifante quantité avec pelles.
Les renoncules au contraire s’effilent dans les lieux :
'élevés, peut-ê tre y trouvent-elles un aliment
trop fubflantiel. La ciguë perd fon venin dans ,
les pays méridionaux.
Mais je dois, remarquer ici que, dans la première j
famille que j’ai indiquée , les plus, grandes' diffé-
rencès, à tous égards, fe réunifient de la façon la 1
plus remarquable : quelques efpèces commeles
-byffus n’ont ni feuillès, ni fleurs, ni graines, ,
ni racines; ce font dès filets formés par dès véfi- ,
cules qui fe reproduifent en fe coupant. On- les 1
conferve de fléchésaprès les avoir tirés de 1 eau; J
mais ils reproduifent verts au bout de quelques J
annéeslorfqü’ôn les rend à leur élément. La truffe
n’eft qu’une tête arrondie fans racine, fans tige, .
fans feuilles ; elle eft marbrée, charnue, garnie dé
véficuïes renfermant des grains ovoïdes qu on a 1
a foupçonnés être leur graine. Les champignons
ne font pas moins remarquables par leur manière
de végéter, par leurs formes, leurs couleurs,
leur conftitution organique. Mais je voulois feulement
fixer les regards fur quelques-unes de ces .
différences qui font les plüs Caillantes’.' ;
M. Adarilon a remarqué en général que plus
on approche des climats froids, moins on trouve
d’efpèces de plantes, & moins leur nombre eft
grand; mais que, lorlqu’on approche de l’équateur,
les efpèces des plantes varient d’autant plus qu’on
en eft plus voifin & què. chacune d’elles font
plus nombreufes. Il à vu1 auffr qu’il y a communément
plus d’arbres & de Plantes; vivaces que
d’herbes annuelles', & ‘qu’il y . en a. moins de la
P E A * 3 <
ffième. efpèce dans ce dernier genre que dans les
' autres. Il obferve que les Zones tempérées prp •
duifent à-peu-près autant d’efpèçes d’herbes an -
nuellés que d’arbres ou de Plantes vivaces, &
• beaucoup de la même efpèce ; aufli l’on y diftingue
plus de variétés qu ailleurs. La Zone glaciale du
;. Nord qui comprend 23 \ degrés, donne nail-
1 fan ce à environ- 3000 efpèces de Plantes : la Zone
glaciale du fiid en voit naîtra fans doute le même
nombre. ' ...............
La Zone tempérée de l’hémifphère boréal,
comprenant 43 degrés, fournit 9000 efpèces de
Plantes : celle de l’hémifphère auftral doit en
offrir autant. Le tropique du capricorne, dans
notre hémifphère , entretient 9000 efpèces de
Plantes dans un efpace de 23 -7 degrés, celui du
cancer dans l’hémifphère oppolé en fait vivre
; autant : de forte que , dans un elpace la moitié
: plus petit qüë celui des Zones tempérées , on
trouve le même nombre d’cfpèces.de Plantés que
fôu^fes Zones. M. Forfter, dans fon- Fl'oruloe
Jnfularum Aufiralium prodromus,apprend que dans
ùne herberifation très-courte laite dans les'Illes de
la mer du fud , il trouva 594 efpèces de Plantes
entre lefqüeîles il y en avoit 34 qui fervdieht à
la nourriture- des babitans.-
Je ne parle point ici des méthodes employées
pour claffer & reçonnoître cette multitude d’êtres
fi reffemblans dans leurs différences : elles .nous
apprennent qu’il n’y a aucune partie des Plantes
qui n’en puiffe préfenter les élémens.
Les Plantes, comme les êtres organifés, font
fujettesà des dérangemens qui changent leur état
.&-qui entraînent fouvent leur ruine. Ils font dûs
a des çd ufis externes , comme l’aélion trop vive
dès. rayons du foleil ou leur privation abfolue,
le froid , ’ la féèhereffe , l’humidité, des eaux
.pourries, ou trop c rû e .s le s Plantes parafites.,
les infeèles; ou à des caufes externes comme les
plaies, les dépôts, les excroiffances, la pourriture',
la carie, les ulcères, & les maladies qu’on obferve
dans leurs Organes. Toutes ces caufes peuvent
| produire féparément la perte totale de la Plante.
J ’ai héfité fi je-joindrais ici les confidératiens
que préfente l’analyfe végétale : mais il me femble
que rien n’eft plus propre à donner des idées
juftes fur les parties compofantes des végétaux
&; à éclairer fur les moyens employés par la
Nature pour les former.
Voici une ànalyïe de l’abfynthe faite par
M. Kunfemulier : on la lit dans les Annales de
Chimie de M\ Crell, Partie IJC.e 1789. . . . .
4 onces de tiges defféchées d’abfynthe mifes dans
l’eau après avoir été coupées en petits morceaux,
& avoir ainfi perdu tout leur goût, fournirent
le poids de 2 onces après leur déification ;. cé
rëfidu’ j brûlé avec foin, donna 1 4 dragme dè
cendres, qui perdit 7 grains après le lavage ,
; dont il y eut 3 grains d’acide marin & d’alkali