Les graines donc les enveloppes font plus dures,
commeles noix, confirment encore mieux cette
liypothèfe -, on fait qu’il n’y a aucun lien entre
la graine & la coque ligneufé ; on obferye la
même chofe dans les graines qui ont deux coques;
celles-ci ont non-feulement des ouvertures au
travers defquelles l’humidité peut entrer , mais
encore un trou véritable, une cicatrieule comme
les graines qui font formées d’une feule
partie; c’eft au travers de ces-trous que la radicule
qui leur correfpond s'échappe; on le voit
aînfi dans les noix & les amandes. Quand les
cotylédons font gonflés par l’humidité, leur matière
farineufe fe diffout ; ce lait végétal pénètre
la radicule qui fe développe, -qui gagne la terre
où elle trouve de nouveaux fucs; la radicule
les porte dans les cotylédons, où ils s’élaborent ;
ils repaient dans la radicule, de-là dans la plàn-
tule ; car les obfervations de M, Hed wig ne
permettent de voir qu’un feul paffage, qui fait
communiquer la radicule avec la plumule , tandis
que les cotylédons communiquent feulement
avec la première, Voy?{ Cotylédons,Feuilles
SÉMINALES , PlaNTULE , PLUMULE , RADICALE.
Les Cotylédons périffent quand ils ont joué
leur rôle dans Penveloppe, ou bien ils dilatent
les enveloppes; qu’ils parviennent à faire éclater,
quand ils doivent fortir de terre avec la plumule.
Les cotylédons, les feuilles féminales font donc
très-importans- dans la Germination: on en juge
ainfî d’abord, quand on les voit pleins d’une
matière farineu/e, quand on eonfidère l’appareil
de vaiffeaux qu’ils offrent ; c’efi un réfeau très-
délié, compôfé de petits vaiffeaux qui paroiffent
à la furface des lobes, & fe réunifient après
bien des anaftomofes pour former des vaiffeaux
plus gros, réduits enfin à deux troncs qui abou-
tiflentàla radicule par un chemin prefque direéh
M. Eller a cru voir un troifième vaiffeau qui
remontoit en faifant un angle fort aigu pour
s’inférer dans la plumule ; > mais l’exiftence de
ce troifième vaiffeaja eft au moins douteufe, ou
plutôt fes rapports avec la plumule ne font pas
démontrés.
Quoi qu’il en foir, fi Ton fuppofe la farine
contenue dans les cotylédons changée en émul-
fion*, on voit comment elle peut pénétrer par
un riffu de vaifléaux très-déliés dams la radicule ; !
& de-là dans la plumule. La radicule, qui a profité
la première de cet aliment, reçoit bien tôt
de la terre une nouvelle, nourriture qui fupplée
à cele-des lobes prête à tarir; l’accroiffement
que la radicule reçoit par ce moyen, la met en.
état d’extraire cetre nouvelle pourriture & de
commencer fon élaboration.
Les vaiffeaux qui tranfportent l’émulfion des
lobés dans la radicule, fe divifent alors en petites
branches qui fe ramifient encore quand la racine
grandir. C’efi dans ce tiffu de vaiffeaux que Phu-
de la terre fe gliffe; les cotylédons qui ne
tombent pas d’abord, élaborent cette eau hoùr-
ricière fournie par lés racines, lorfque la matière
émulfive eft épuifée, jufquà ce que la plante ait
affez de feuilles poiur fe pafferdu fecours de ces
feuilles féminales. V o y , Cotylédons , Feuilles
SEMINALES.
J ’aitoujours parlé des cotylédons ou des feuilles
féminales, fans les diffinguer : parce que les graines
dont les plantules reçoivent en terre un grand
açcroiffement, ont leurs feuilles féminales qui
paroiffent avec les plantules, quand elles fortent
de terre ; mais les cotylédons proprement dits
périffent à cette époque : au lieu que les plantules
qui germent à la furface du terrein, dont
le développement eft alors moins complet, paroiffent
hors de terre avec leurs* cotylédons &
leurs feuilles féminales dans le même moment :
mais communément la durée des premiers eft
plus courte que celle des fécondés.
La matière contenue dans les cotylédons va-»
rie fuivant les graines ; elle varie même encore
dans les mêmes graines, fuivant le tems où ôn
les obferve. Pendant que la graine c ro ît, cette
fubftance eft pulràçée, laiteufe ; mais il faut^re-*
marquer que cette matière prend aufli cette
forme, quand la graine commence à germer
' il paroît que l’humidité, qui pénètre les coty-r-:
lédons , change la fubftance folide qui lefc forme
en une vraie émulfion.
Dans l’intervalle de tems, qui s'écoule depuis
la formation de la graine jufqu’à la Germination,
plufieurs efpèces font dures, sèches fari-n
neiifes ; d’autres lent huileufes ou glutineufes ;
cette variété eft peut-être feulement apparente,
toutes les graines font plus ou moins huileufes ;
elles offren t toutes les principes d’une efpèce
d’émulfion naturelle ; ou elles peuvent y être
toutes facilement ramenées. Ceft au moins l’opinion
deWallérius, deLeeuwenohëck, de Boën-
rhaave &. de M. JBohmer. Et comment cela pour-
roit-il être autrement, quand on rapproche l’eau
des matières huileufes? Cette huile fert fans
doute à la confervation de la graine, des cotylédons,
& à la nourriture de la plantule dont
les cotylédons me paroiffent les vraies nourrices.
C’eft aufli pour la préparation de cette nourriture,
qu’on trouve dans ^es organes l’appareil
des vaiffeaux que j’ai décrits, & leur liaifomavèc
la plantule. 11 paroît donc que les cotylédons
contiennent toute la nourriture néceffaire pour
le développement de l’embryon, & qu’il fuffit
que cette matière foit diffoute pour devenir un
aliment convenable. Cette diffolution doit s’opérer
par l’eau chargée d’air fixe, qui s’introduit
peu-à-peu dans les cotylédons au travers des
enveloppes, en forte que cette matière nourrit
ainfi d abord la radicule, & enfuite la plumule.
C’eft pour cela que les plantes privées de leurs
cotylédons au moment où elles germent, ou
aY,ant la gerjninajtipn, p&jffçnt, & que celles
tpii font privées de leurs cotylédons, lorfque la
plantule a une ligne de longueur, comme je
l ’ai obfervé, font des plantes en miniature ; mais
fi l’on coupe ces cotylédons aux plantules, quand
elles font forties de terre, on s’apperçoit peu
de l’influence de. ce retranchement, parce que
les cotylédons ont alors à-peu-près rempli tout
leur office; ils ont nourri la plantule, ils l’ont
mife en état de fe développer par elle-même.
Il réfulte donc de-là que ces cotylédons font
néçeffaires à la Germination, puifque le développement
de la plantule ne fe fait point, quand
elle eft mife en terre fans eux ; & puifqu’il fe
fait très-mal, quand ils font retranchés trop tôt.
Il paroît que la plantule eft alors privée de la
nourriture qui lui eft deftinée , foit que l’aliment
préparé par les cotylédons lui foit enlevé, foit
que l’aliment fourni par la radicule s’écoule par
la plaie.
On a vu .que l’eau, l’a ir, Ta chaleur, la partie .
farineufe des graines concourent pour la Germination
; & l’on fait que la réunion de ces trois
agens produit, dans un très-grand nombre de. J
cas, une fermentation fpirirueufé ; je fuis forcé
de croire quelle s’opère ic i, & je cherche à la
reconnoître.
Je trouve d’abord que lés graines qui germent
ont Todeur des graines qui fermentent, d’une
manière qui n’eft pas équivoque ; elles en ont
encorë le goût ; fi l’on mâche une fève mife en
terre pendant un feul jou r , fon fuc eft amer &
aftringent ; dans le fécond jour, ce fuç s'adoucit
& il continue à s’adoucir tous les jours davan- ;
tage : de même les graines céréales, qui font, 1
avant de fermenter, prefqu’infipiclës, prennent
péu-à-peu, eh fermentant, un goût rrès-doux :
outre cela, quand on déchire, pendant les premiers
jours, les feuilles féminales de la fève,
on leur trouve une matière glutineufe qui dif-
paroît enfuite : de même lès graines,,' dont la matière
eft d’abord indiffoluble dans l’eau qu’elles
contiennérjt, qui eft d’abord très-vifqueufe , devient,
par la fermentation, une matière laiteufe,
formée par funion de la matière glutineufe avec
1$ partie amilacée : maisja réfine & la matière
vifqueuie difparoiffent toujours aufli-tôt que la
fermentation a fait des progrès.
Il me lemblc que rien ne refleïnble plus aux
phénomènes de la fermentation que ceux de la
Germination ; on y voit la marière glutineufe
diffoluble par les acides végétaux & l’air fixe,
diffoute par les acides que la végétation forme ;
s’il n’y a point de Germination fans eau, c’eft
parce qu’il ne fauroit y avoir de fermentation
fijins elfe ; do même quand l’eau eft trop abondante,
il n’y a point de fermentation, .& la
Germination ne fe fait pas, parce que la graine
fe pourrit. On obferve encore que les acides
végétaux, qui n’arrêtent la fermentation que
lorsqu'ils font à très—forte dofe , n’arrêtent point
P hyjiülogït végétale. Tome I .cr J.ere Partie.
la Germination, parce que les végétaux ne les
contiennent qu’en très-petite quantité.
Il n’y a point de Germination fans le concours
de l’air, parce qu’il faut l’air pur pour faire-l’air
fixe néceffaire à la végétation; aufli la Germination
& la fermentation font également arrêtées
dans le vuide , dans la mofète arntofphérique ;
dans l’air inflammable : les graines peuvent être
confidérécs comme des tonneaux débouchés remplis
d’une matière fermen te f cible.
On comprend ainfi comment la chaleur, qui
favorife la fermentation , favorife aufli la Germination.
L ’air fixe fe dégage d’abord fous l’eau
hors des plantes germantes comme hors des plantes
fermentantes. Enfin la couleur des graines fermentées
eft la même que celle des graines qui
germent.
Quoique les fucs végétaux fermentent très-
vîte, on fent que cette fermentation ne peut
aller loin dans les'graines, parce que la quantité ,
de la matière fermentefciblé eft très-petite; par-'
ce que cette petite quantité de matière eft en-'
core répandue dans de petites véficules qui ne fe
communiquent que par de très-petites ouvertures;
enfin, parce que l’eau &rl’air y abordent
en petites, dofes, &" feulement avec lenteur.
Mais ce qui me paroît démontrer cette théorie,
c’eft que les graines qui germent dansj’eau, ou
fur des corps très-humides fe pourriffent beaucoup
plutôt que les autres, à caufe de leur fermentation'
qui fe développe trop vite. De même
les plantes étiolées fermement beaucoup plutôt
que les plantes vertes qui perdent leur couleur
en fermentant. Enfin l’on fait que les graines
font très-fermentefcibles, qu’elles fermentent
hors de terre, Sl qu’elles ne fermentent jamais
i.de cette manière fans germer, ou fans montrer
un commencement de Germination.
Je vais plus loin ; cette matière émulfive en
fermentant, devient un ftimulant formé peut-être
par l’air fixe , dont cette matière fermentante
eft alors chargée.: elle donne peut-être le branle
à la végétation de la plantule, par l'irritation qu’elle
lui caufe'; & elle îe conferve pendant toute la
vie de la plante , par le même, moyen. Voilà
les idées que j’avois fur ce fujet- en 1782 , je les
publiai dans le troifième volume de mes Mémoires
phyjïco-çhimiqiies , & elles nie paroiffent toujours
propres à expliquer le phénomène de la Germination.
C’eft fans doute pour produire cet effet , que
la radicule eft fi étroitement liée aux cotylédons ;
l’émulfion fournie par c eu x -c i, mêlée avec l’eau
tirée par la radicule , développe les premiers
rudiments de la plante : c’eft aufli vers la radicule
que les premiers fucs-r font portés , qu’ils
agiffent : & comme l’aélion eft toujours rorte
j fur un corps foible , la radicule s’alonge affez,
I la radiculedevicnr pivotante; car c’eft feulement
! après fon premier développement qu’il fè forme
R