
qu’à que les mouches & les fournîtes donnoient
naiffance à une paftie de cet effet, par leurs
poids. On fait enfin que le mouvement des
mouches détermine le jeu fingulier de la plante
appelée , Dionoea mufcipuia, ou attrape-mouche.
Mais cette plante peut encore être mile dans le
nombre de celles qui donnent des marques d’irritabilité,
de même que la minofa pudica, &
Yoxalis fenjït-vn.
M. Cou Ion, dans une Differtation publiée
à Le id e, d e m ù td tà k um o rum in regno o tg a n ico
in d o le a v i v a jo rum d e r iv a n d a ., cherche à prouver
l’Irritabilité des' plantes par des expériences, &
il en déduit l’aétion des vaiffeaux fur les fluides
qu’ils contiennent. Mais je n’ai pas vu cet
ouvrage curieux. Il efi annoncé dans G o t t in g i f -
chena n%e :g ey y o S t t i c k . ,p . 7 0 5 . Mais j’en ai trouvé
de grands détails dans le M o n t h ly r e v i e w , T.
LX X X I , p- 682. On y voit que M. Coulon
ayant coupé tranfverfalement une branche
d’une plante d’euphorbe,-en vit fortir le fuc
âcre par la pluie, dans toutes les polirions : &
il en conclut que la contraction fpontanée des
vaiffeaux pouvoit feule occafionner cet effet,
puilque les fluides , qui s'échappaient, n’âuroient
pu être contenus dans les vaiffeaux & les
ufricules voifins de la plaie. Il appuie cette
conféquence fur l’obfervation microlcopique des
vaiffeaux, qui permettoit de croire cette contraction;
& fur la comparaifondu fluide qui fortit
d’abord , avec celui qui coula enfuite ; le premier
étoit opaque & onClueux ; mais il perdit
peu-à-peu fon opacité, pour devenir aqueux
& tranlparent. M. Coulon penfa bien que cette
contraction pourroit être apparente ; la déification
de l’orifice des vaiffeaux expofés à l’air
dévoit la produire aufli ; il coupa deux branches
d’euphorbe , lathyris , parfaitement fem-
hlables à tous égards.-/elles répandirent une
grande quantité de fuc, par leur feCtion horizontale
; il laiffa une de ces branches à elle-
même ; il appliqua à l’autre une tranché mince
d’éponge imbibée d’eau drflîllée ; on vit couler
Ja.matière laiteufe de la première pendant une
demi-heure; il ne s’échappa pas une goutte de
l ’autre pendant un quart-d’heure. M. Coulcnen
conclut q u e , dans le premier cas, le defféche-
. ment des orifices des vaiffeaux ne pouvoit em •
pécher le fluide de s’écouler, puilqu’il s’étoit
écoulé dans celui - là avec plus d abondance
que .dans celui qui avoir été toujours. humeCté.
Cependant le conta# de l’ air, donne d’abord à
ees fluides feiteux une plus grande fluidité.
D’ailleurs il faudroit que les fucs les plus doux
de tant de plantes, agiffent comme ces fucs qui
font fi fortement ftyptiques ; car tous les végétaux
doivent être plus ou moins irritables. Il
n’éft pas même vraifemblable que l’aétion de
f étu difiiliée diminue beaucoup l’acrimonie de
ces fucs laiteux ; parce qu’il« ne fe mêlent pas
facilement avec elle, qui ne pénètre pas ï'es-
vaiffeaux déjà remplis.
M. Coulon voulut effayer l’effet des ftimu-
lans ; il coupa trois branches femblables de
VEupkoibia myrfinites ; elles perdirent une très*?
grande quantité de fuc ; il appliqua à l’une
une légère diffolution d’alun, à l’autre une dif-
folution de vitriol martial, & à la troifième,,.
une éponge imbibée jd’eau diflillée; la première
branche eut bientôt la plaie Léchée comme la
fécondé; mais la troifième refia ouverte, &
laiffa échapper fes fucs. Ce Phyficien en conclut
que ces matières afiringenres agiffent fur
le végétal comme fur l’animal. Mais ne pourraient
- elles pas produire cet e ffet, lors même
que la partie mouillée avec cette diffolution*
ne ferait pas irritable il
On trouve, dansle Diâionn'aire de Botanique de
VEncyclopédie méthodique, au mot Irritabilité,
un Mémoire très-curieux de M. Desfontaines
fur l’ Irritabilité des organes fexuels d’un grand
nombre, de plantes. 11 eft auffi imprimé dans
les Mémoires de V Académie des Sciences de Taris-
pour 1787. Cet habile Obfervateur fuit cés
organes de plante dans leur état naturel : il
montre la néceffité de leur Irritabilité, ou des^
mouvemens qui en réfultent peur la fécondation
: & il conclut que l’aétion du piftil produit
le mouvement des étamines.. Car, comme
il l’obfefve, fi ces mouvemens ne dépendent
pas d’une Irritation, pourquoi chaque étamine
ne s’approche-t-eîle du ftile, que lorfque les-
anthères vont s’ouvrir; & pourquoi s’en éloignent
elles d’abord, après que les pouflières font
répandues? M. Desfontaines remarque avec rai fou-
qu’il faut diftihguer'ces mouvemens excités, par
l’Irritabilité', de ceux qui- font les effets d ’un*
fioeple méeanifme, comme dans la pariétaire,,
les mûriers & les orties.. Mais cè méeanifme
qu’il décrit ne fe trouve pas dans les fleurs*-
où l’ Irritabilité eft la caufe du mouvement des-
étamines.. Il obferve enfin qu’il y a plufieurs
efpèces de plaines, dont les fleurs- ne laiffent
appercevoir aucune efpèce d’irritation. En parlant
de rirritabilité des piflils- & des fiigmates,
il montre que lorfque les étamines font aufli’
longues que les piflils, elles fe meuvent vers-
cet organe ; que fi elles font fixées au-deffous-
des Ailes, ceux-ci s’abaiflent du côté, des êta-amines
: & il en donne des exemples dans la-
fleur de la paflion , là mgella arvenfis , Yepilo—
bium angujFifçlium & fpicatum ; enfin, il apprend
que les trois fiigmates de.la tulipe des-
jardins font très - dilatés avant la fécondation.
M. Bonnet a décrit divers mouvemens des feuilles-
& des tiges. On a cru appercevoir aufli quelques-
mouvemens dans les feuilles & les corolles. Linné-
fait connoître les mouvemens de plufieurs plantes,,
dans fes Diffcmtfons^ôbmnw plantarum\ & Horola--
mum Flora ; niais il paraît que M o n du foleil
eft ia caufe de ces mouvemens particuliers.
M. Brouffonnet, dans les Mémoires del’Académie
Royale des Sciences de Paris, pour 1784 , décrit
les mouvemens plus remarquables encore de
Yhedy/arum gyrans dont les feuilles sélevent
& s’âbaiffent alternativement pendant quelques
heures. Et M. Kailner a prouvé que la lumière
étoit la caufe de ce mouvement. Les feui ies de
Yhedyfarum fe redreffest au moment ou la lu-
•inière les touche, elles retombent quand la lu-
tr.ière les quitte. Une forte- éleétricité détruit
l’Irritabilité des grandes feuilles comme celle des
animaux. Dans la plus forte tenfion la feuille
tremble : ce qui rend très-probable l’idée d attribuer
au fiimulus de la lumière fur les pai ries ;
irritables de ces plantes, les mouvemens qu on
y obferve quand la lumière du foleil tombe
abondamment fur elles. , . .
On ne peut fe diflimuler que les fibres végétales
font fufcepribles d’extenfion; ce qui rend pof-
fible leur Irritabilité, puifqu’elles font amfi probablement
fufcepribles de contra&ion. Il eft
évident que la plante v it , qu elle fe nourrit y
quelle a plufieurs mouvemens qui parodient
fpontanés & qui doivent leur origine à quelque
principe particulier, & c’eft dans ce principe
qu’il faut chercher un des refforts de la machine.
On voit au moins que la plante moi te ne produit
aucun de ces effets remarquables. Mais ,
quoi qu’il en foit, fi l’on ne peut pas démontrer
l ’exiflence de. cette Irritabilité dans les plantes,
| j f i me paraît affez probable : & elle le deviendra
davantage fi l’on confidère cette faculté comme
le moyen du mouvement végétal,, lors même
qu’on ne penferoit pas à y chercher précisément
les phénomènes que 1 Irritabilité animale préfente.
H H H H . . .
Je fais, dans ce moment, des expériences qui
me paroiffent établir avec affez de vraifemblance
cette Irritabilité végétale, qui me paraiffoit li
douteufe , & qui s’annonce par un de fes effets :
»les plus importans. Voye[ Sè v e , Transpiration.
m . .
M . Bonnet, qui eft très-porté a Croire 1 Irrita- ;
.'bilité des végétaux, foupçonne qu’elle pourrait
être produite par les trachées qui paroiffent d|s
.corps élaftiques fufceptibles de contraction. Il
voudrait qu’on étudiât cette propriété dans les
jeunes pouffes, & qu’on cherchât l'influence de
la lumière fur elles.
Cependant, en réfléclnffartt fur les mouvemens ;
des plantes attribués à l'Irritabilité, ou plutôt
fur les ‘mouvemens des végétaux, on lent qu il
eft polltble de les expliquer tous mécaniquement.
M . le Chevalier de la Marck en explique quelques
uns ; il fuppofe que les utrieules du ttflu
des végétaux fe rempliffent à la lumure ou
lorfqu’il fait chaud d’un fluide très-fübtile pro-
iéujt parles déperditions que les végétaux éprouvent
* que ce fluide accumulé occaflonne une
tenfion oppofée à l’effet de la comraflion naturelle
des fibres-, ce qui fait naître le redreflement
; & l’expenfion des feuilles, le déployement de
leurs folioles, l’épanoniffement des fleurs; ma«
lorfque par une caufe quelconque, ce fluide fe
difftpe’., la tenfion ceffe, St la contraéHon du
végétal’fe fait librement ; alors le racourciffement
■ des fibres occaflonne l’application des fevulles.,
leufs folioles fe ferment, leurs corolles fe ref-
ferrent. C’cft amfi que le Chevalier de la Marck
exolique le mouvement des fenfitives : les fe-
coùffes quelles éprouvent, quand.on les touche,
■ favorifent l’évacuatlbn de ce fluide particulier.
Voyez Dictionnaire de Botanique aux mots AcictA &.Ir r iTaSiu t É; Pans cetteoptntdn , fl
faudroit pourtant qu’il y eut un intervalle entre
la répétition des mouvemens ; car , lorfque ce
fluide s’eft échappé, on ne peut imaginer qu u
fe reprodùife fur-le-champ , & s’il fe reprodut-
foit très-vite , il n’y aurait plus de mouvemens
Darce que les vaiffeaux feroient toujours remplis..
M Ludwig croit que les mouvemens de la fen-
fitive pourraient être occafionnés par un dérangement
dans la tranfpira'tion tnfenfible. Mats H
' faudroit avoir dés expériences pour, établir cette .
explication ; caron ne voit pas a abord comment
l’approche d'un corps quelconque pourrait produire
par ce moyen un effet fi fort , fi brufque
non-feulement fur la partie touchée, maisencore
fur celles qui font voilines.
Enfin en admettant ces explications, la difficulté
eft feulement repouffée, & fl faudrait
encore chercher la caufe des mouvemens du
végétal le principe de fa force motrice. Mats
il faut aufli l’avouer I ce fujet eft un des plus
ténébreux de la Phyfique végétale. Voyei Moti-
I v j :m t x ï , Vlit)Station , V ie.. I .
LAIT DES PLANTES. Je ne veux point
parler, ici de ce fuc laiteux qu’on retire des
^rainés de quelques plantes, & qui forme une
véritable éinulfioîi comme le Lait d’amandes :
ni délice Lait que les graines placées en têrre
préparent pour la nourriture de la plante qui
fe développe ; c’eft encore une autre eipèce d é -
; mulfion produite par la fermentation
I Germination. Le premier efl 1 ouvrage de art.
I e fécond n’ a pas été examiné : on a lentement
donné le-nom de Lait à cette liqueur à caufe
de l’analogie imaginée entre les végétaux & les
animaux ; on l’a même ainfi appe lé fans fup-
pofer que ce fluide dût--avoir quelques antre»
rapports déterminés avec ce Lait proprement dit,
que celui de fervir de nourriture a un être o r -
erpnifé pendant les premiers momens de lott
Enfance On a appelle aufli du nom de Lait
ces fucs blancs fournis par la laitue , le ttthymale,
le fumier, le cauutcliouc , quelques champignons
&rfauti;es plantes pareilles : mais la couleur feule
de ccs focs a déterminé leur nom ; car ils ne
Y ij