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T IG E , TRONC. Ces deux mots tie font
pas tout-à-fait lynonymes, quoiqu'ils puiffent
avoir la même fignification.
Le Tronc ou la Tige e f l, comme dit M. le
Chevalier de la Marck, cette partie de la plante,
qui part direélement de la partie ftipcrieure de
la racine, qu’on nomme le colUt, qui »’élève
enfuite perpendiculairement dans l'air, ou bien
qui rampe fur la terre, ou enfin qui grimpe.
& s’entortille autour, des différons corps quelle,
rencontre. C’eft de cette même partie que for-
tent ordinairement les rameaux, les feuilles., les
lupports & les organes de la fructification de
la plante.
Il me femble que le Tronc, proprement dit,
eft la partie qui foutient les branches & les
feuilles,- dans les arbres & les arbriffeaux. La
Tige feroit le Tronc des fous-arbrilleaux & des
herbes.
La Tige ou le T ron c , car je ne féparerai plus
qes mots, eft la partie, organique d’une plante
compofée elle-même de plufieurs parties dif-
tinéles, telle eft l’épiderme très-mince, dans
quelques plantes , comme la hyacinthe, mais
plus épaiffes dans d’autres, fouvent ridée &
dure ; elle enveloppe toujours toute la tige.
Voye{ Épiderme. Sous cet épiderme, on
trouve l’écorce avec fon parenchyme & fes
vaiffeaux. Voyez Écorce. Enfuite on obferve
éans quelques plantes le liber, ou cette couche
qortiçalequi fe change en aubier. Voyq Liber.
Après celui-ci, on découvre, dans toutes Tes
plantes, le bois, qui eft leur partie la plus
dure : il varie pour fa denfité, fa dureté & fon
èpaiffeur-: il eft formé dans des couches concentriques,
qui déterminent la groffèur de la
plante, comme la hauteur des fibres longitudinales
qu’on y voit fixe la hauteur particulière
.de chacune. Voyez Bois.
Enfin, dans le. centre, on obferve fouvent
un corps fpongieux, qui eft la moelle. Voyez
Moelle. La Tige renferme les canaux de la
lève que les racines fourniflènt aux branches,
& du fuc propre que les branches renvoient
aux racines. La Tige eft la première partie de
la plante, qui fe développe après la radicule :
fes rapports avec la racine font immédiats & in-
difpeniables.
La Tige fort toujours de la racine : c’eft peut-
être de toutes les. parties de la plante celle dont
la place éft le plus uniyerfellement deferminée.
Il y a pourtant des plantes dont les racines
donnent' noo-feulement naiffance à une Tige ,
mais encore à des feuilles, comme l’hépatique,
la violette, la pâquerette, S c .
Je ne parle point de l’accroifTement de la
T ig e , en hauteur & en largeur, parce que je
ferais forcé de répéter ce que j’ai dit. Voyez
Accroissement , Nutrition ,.Sève.
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Le plus grand nombre des plantes, & peut-*
être toutes, ont une Tiges. quoique plufieurs
Botaniftes prétendent qu'il y a des plantes fans
Tiges, telles que la c in a ra a c a u l i s , la carlina.
a c a u l i s ; il efl probable que la petiteiïe des Tiges
de quelques plantes ait fait croire qu’elles en
éroient privées • cependant ort ne peut regarder,
une plante, étant fans Tige, que lorfqu’on n’en
voit point d’apparente, & lorfqu’on ne lui en
voit aucune, comme dans les agarics. _
Les ufageS des Tiges fe font bieri-rôt fentir :
on voit d’abèrd leur importance,-dansla nutrition
de la plante.*, elles renferment les canaux,
où pafle la fève nouriicière; & l’on fait l’élaboration
que cette fève reçoit, quand elle tra-
verfe une Tige terminée par une greffe. Cette
différence devient fi confidérable, que fi l’on
enterre la greffe, & quelle porte des racines
qui lui foient propre*, on perd le bénéfice de
cette opération, parce que la Tige de la greffe
enracinée, élaborera fes propres fucs.
La Tige fert encore d’appui aux plantes, elle
les foutient, les met en état de réfifter aux
'vents : elle favori fe le développement des branches
& des boutons. Mais il faut remarquer
aufli que la T ige , quoique robufte , pleine de
fucs, ne donne pourtant naiffançe communément
qu’à un petit nombre déboutons. Quelle en
eft la caufe? c’eft ce que je ne fais pas voir.
Je ne parlerai point ici des différentes farines
des Tiges, de leur port, de leur hauteur , de
leur èpaiffeur : cela regarde plutôt la partie de
la Botanique, qui s’occupe delà nomenclature,
& qui en a fait un caractère, pour reconnoître
les plantes. Il faut avouer que la variété, ob-
fervée dans les Tiges des plantes, à tous,ces
égards, & à plufieurs autres, eft très-grande;
elle égale la variété immenfe 'y obfervée entre
les parties des différentes plantes dont j’ai parlé fi
fouvent. Je ne peux pourtant m’empêcher d’obfer-
que quelques-unes de ces Tiges s’élèvent à cinquante
& foixante pieds, fans pouffer de fortes
‘branches. On le voit dans les chênes, les tilleuls..,
les fapins, & fur-tout dans fes palmiers,; dont
la Tige, efl parfaitement nue. On obferve cependant
que les arbres ifolës ont leurs Tiges
plus près de terre, que ceux qui font enfoncés
dans les bois, parce que les derniers cherchent
l’air & la lumière. Quand on s’éloigne des
arbres, on trouve une dégradation nuancée dans
la hauteur des plantes, jufqu’.aux violettes, à la
diapenfiu kelvetica, la filene acaulis, & autres
plantes des montagnes, qui n’ont pas plus de
deux ou trois lignes de hauteur ; car je ne
parle point des plantes microfcopiques; & on,
arrive à ces extrêmes, après avoir parcouru
des arbres moins élancés, les arbriffeaux, les
fous-arbriffeaux, les herbes, &c,
La forme des Tiges de prefque tous les arbres
& arbuftes, eft çilindrique, cojnmç les groffe^
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tranches ; mais les jeunes Tiges font quelquefois
poligones clans quelques elpèces^ la foirne
que chacune de ces cfpèces affcéle eft alors allez
régulière. M. Bonnet l’a au moins obfervé pour
les branches de diverfes plantes. Voyez Bran- .
C?TRACHÉÈS, on vaiffeaux à air. Pour dë-
f couvrir ces vaiffeaux & les bien voir, il faut
prendre une jeune branche herbacée enlever
fon écorce , fans: entamer h corps ligneux,
roïnpre doucement cette branche, tirer les parties i
rompues«! fens contraire, alors on apperçoit entre
ces deux morceaux des filamens très-fins, en foi me
- de tire bourre -, ces filamens vus au inicToicope
paroiffent comme des lames brillantes -ralliées,
• en foirale, ce qui leur donne une forme écail- :
leuîë, & ce qui les fait, fuivant Ma-lpigln. céder
aux mouvemens violens, imprimés aux- plantes
fans Te rompre. -
M. Duhamel peint très-bien ces Trachées,j
quand il lès repréfente comme un, petit ruban
roulé fur un petit cylindre-, fi Ion retire le çy-
lindre, le ruban qui l’envelpppoit forme un
- tuyau , & ce tuyau reffemble -aux. Trachées ", mais
fi l’on tire ce ruban par un des bouts, il fe dé-
' roule , il s'étend , il aquiert une- longueur confidérable,
& il prend la forme d’un tire-bourrc;
Le ruban, qui forme les trachées, paraît coin-
pofé de fibres rondes , comme le microfeope
permet de le v o ir , lorfqu on a coupé -trapf—
verlalement ces fibres , & lorfqu on examine
leur fçélion. ■ '
La figure de ces vaiffeaux approche de la circulaire
-, quelquefois elle eft elliptique. Ces fibres
ainfi entortil ées en fpiiale, donnent 1 idée de
tubes creux, qui paroiilent, fuivant M. Rejchel,
pourvus de valvules, quoiqu.ils nen aient
point-, on les foupçonne pourtant, parce que
le canal l’étrangle quelquefois ; mais .il ne le
ferme jam a isp a rc e que les fluides des injections
y paffent toujours. Ces étranglemens
s’obfervent fur-tout dans les trachées qui ont
le plus grand diamètre. Quoique M. Reichel ait
étudié ces Trachées avec une fingulière attention,,
il ignoré f ufage de ces étranglemens.
M’. Hedwig a pouffé plus loin les connciffan-
ces que nous avons fur lés .Trachées, comme
on l’apprend dans fon bel ouvrage , FunJamcntum
hiftorioe naturalis mufeorum frondoforum, pars I ,
vag. 54. On y voit comment il opère pour
obferver ce qu’il a le premier publié. Si bon ■
coupe tranfverfalement le Tronc d un pepon
Cucurbita Pepo. Lin., qui a trempé dans 1 çati ■
teinte par le bois de Fernamboue; on y remarque
dix angles, dont cinq| font^ intérieurs, &
cinq exrérieurs-, on y voit dix points correfpon-
dans : fi l’on y coupe très- vite une tranche
très-mince , & qu’on l’obferye fur-le-champ, *
on voit fortir de ces points une goutté de ligueur
: ft l’on expofe une tranche femblable
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'avec une grande vîteffe, au foyer d*une forte
lentille. on y apperçoit une maffe de trous circulaires
de différons diamètres, les uns vuides,
les autres pleins de leurs fucs , les autres remplis
pkr lit liqueur colorée, les autres moins
rouges, les autres jaunes; on découvre des canaux
polygones, plus grands; il y en a qui
ont dépuis quatre à fept côtés formés par des
parois perpendiculaires au plan de la lechon :
dans une tranche pareille à celle-ci, mais très*
! mince, on obferve.ces canaux formés par des
fils tournés en fpiraîe, comme ceux d’un tirre-
bourre. M. Hedwig a vu la même différence
dans la teinture, le diamètre & la compofition
'des mêmes vaiffeaux de diverfes plantes. Ces vaiffeaux
font cependant plus grands dans le pe-
pon- les foires , qui forment leur parois, font
plus ferrées ; quelquefois elles font entièrement
rougi.es ; quelquefois ces- (pires lont plus écartées
les unes des autres ; mais alors elles pareine ne
intérieurement doublées par une membrane fort
' mince, qui forment le cylindre, autour duquel
les f pires, fe placent-, on diftingue cette membrane
par: les plis qu’on y remarque , quand
elle fe ficelle ; Te qui fait préfumer qu elle n elt
pas étroitement unie aux fils qui lenveloppent,
fl n’y a guère que les fils, entourant cette membrane
on formant le- parois du tube, M B
gifiènt par cette injection. Le tube compolé de
ces fpiré» écartées, eft peint par une couleur
éclatante , comme l’argent,- lorfqu il elt Irais*
On obferve les. mêmes chofes par les mêmes
moyens ’ dans le Momordicn Élaterium ; on croirait
que le fuc qui paraît quand on a coupé
une tranche de la tige de ces plantes s’échappe
du tiffu cellulaire-, mais M. Hedtvtg ayant ef-
fuyé cette tranche avec un linge fin, vit alors
ce fuc fortir hors des Trachées , & je I al
vu moi-même plus d’une fois dans lès tiges
herbacées du marronnier. .
1 M Hedwig a complété cette belle découverte
par une foule d’obfei valions curieufes : il
a remarqué que les faifceaùx varient pat leur
placé;’ fuis-tam la Nature do la plante qu otl
étudie, ou fuivant fes parries ; on remarque
communément dix paquets de vaiffeaux. dans le
tronc du pepon , dont cinq font alternativement
.intérieurs-, 's’approchant de la moelle, & cinq
lui font extérieurs : dans le cucumis fativa, oti
.en compte fept, & quelquefois neuf: dans le
cercle de la tige de la momoidica dater mm, on
en trouve feize : lés pétioles ont fix grands vail-
■ fieaux de cette efpèce , & fix petits-, fies^ cotes
moyennes des feuilles en ont un lettl environné,
du tiffu cellulaire; le pédoncule des fruits,en
a douze. ' ' ,. ,
Ces vaiffeaux varient encore dans leur diamètre,
& dans les contours du filet qui les forme ;
leur diflance eft plus ou moins grande; les
fibres elles-mêmes font.plus ou.raoins épailtes;