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qu’on la met en exercice. Et cela doit arriver:
les plantes en croiffant quelque part y enlèvent
fûrement la terre qu’elles contiennent, & cette
terre étoit fans doute néceflaire à la végétation
puifque les plantes l’ont prife. En répétant la culture
fans fumier, les plantes enlèveront encore
une nouvelle portion de cette terre propre à
la végétation, & ainfi de fuite, de manière que
c e fol peut être privé peu-à-peu de la plus
grande partie de terre végétale qu’il contenoit.
Quel effet produiront donc les Engrais végétaux
&. animaux ? 'Il me ieinble qu’ils doivent rent
r é par leur déeompofition au fol où on les
met , la terre que les récoltes précédentes lui
avoient enlevée , & précifément cette efpèce
de terre qui lui étoit nécéffaire pour la production
vigoureufe d’autres plantes. Les végétaux
contiennent cette terre qu’ils ont enlevée, &
les animaux la contiennent de même puifqu’ils
ie font nourris de végétaux ou d’animaux qui
en avoient fait leur nourriture-
Cette théorie peut s’appliquer aux autres opérations
propres à favorîfer la végétation ; ainfi,
par exemple, les labours font utiles parce qr*:4s
ramènent à la furface une terre qui étoit placée
plus bas, & parce qu’ils préfentent aux plantes
tme nouvelle terre remplie de cette terre né—
ceffaire à la végétation en plus grande abort- ;
dance qu à la furface où e lle . a été épuifée par ;
la récolte précédente.. Cependant la terre qu’on
'lè b o p e à labourer fouvent fans mettre aucun •
'Engrais perdfoît cet avantage*puifqu’elle rame-f
neroit enfin en haut une terre épuifée de la
partie terreufe qui devoir îa rendre féconde.. j
Il efi très - vraifemblable que la pluie, 1a
rofé e , l’air fixe influent fur la végétation en
rendant diflbluble la terre végétale qui doit
entrer dans la eompofitîon des plantes-, & en
fâvorifant la combipaifon de la lumière & du
feu qui ne fe feroit peut-être pas, ou qui fe.
fèroit mal fans les autres conditions..
Quant aux Engrais qui agiffent méchanique-
ment ils favorifent la végétation, en brifarrt le
terrein où les plantes font miles -, & par-là ils.
offrent plus de-terre végétale aux plantes ,, en
offrant aux racines un moyen pour s’étendre
davantage.. C ’efi ainfi qu’on met du fable dans
les terres argill’ëufes, afin .de diminuer leur
ténacité & de faciliter aux racines lès moyens
de ramper au milieu d’ellest C ’eft ainfi qu’on met
de la terre argilleufe dans les terres fablonneufes
pour leur donner de la confifiance, pour leur
fournir les moyens de contenir l’eau, en un
mot pour les difpofer de manière à fe procurer
ïe a u & là chaleur dans de juftes proportions :
la germination, la végétation deviennent ainfi
plus faciles. C’efl peut-être de cette façon mie
la marne, Je gypfè, Tes retailles des pierres les
;|ierres elles-mêmes font utiles : j’ai vu des champs
«flierrés qqj étoiei# devenus moins ferdjes &
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j.ai eu lieu de Cfoire que c’étoit pafCe qu’iTs
avoient alors moins de chaleur.
Un effet ordinaire des Engrais efi de divifet
la terre, ce qui efi produit par la fermentation
ma,1.sl S.et e/^et a un maximum dans la végétation
qu il feroit dangereux de paffer..
Les Engrais falin$ n’ont pas une utilité reconnue
, car s ils avoient quelqu’avantage, les ter—
rems placés au bord d.e la mer dèvroient être lés
plus fertiles-, mais, après une foule d’expériences
îffembleroit que les bords de la mer font plus
lténles. 11 paraît, en générai, que les fels alkalis
ravonlent plus la végétation que les fels acides,
ils lont fûrement plus propres à former cette sève
javonneufe, qu*on obferve dans les plantes par
î*eU^j comhmaifon avec les huiles • à s’unir à
1 acide végétal,, pour créer les fels tartareux. Mais-
cette formation des fels efi encore un problème
prelqu infoluble pour les alkalii fixes. Il efi vrai
que depuis les belles expériences de MM.Lavoi-
ner & Berthollet, depuis la Chymie qu’ils ont
créée, on eonçoitla poifibilité d’expliquer la génération
des fels acides, & des fels' alkalis volatils-
, 7 a un phénomène relatif aux Engrais qu’on
n a pas expliqué ; les plantes qui croiflent dans*
les terreins trop fumés font plus belles & ont
moins.de goût.. Je n’en fuis, point étonné, elles
font un-peu étiolées, parce qu’elles ont cru trop-
vite , 1 abondance des fucs nourriciers- accélère
leur développement; de forte qu’elles n’ont pas
combiner là quantité de lumière
néceflaire pour leur donner le ’goût quelles doivent
avoir. y • ' .-• *
P0lîî ce^a que lès fruits font moins bons-
quand ils font fort abondant? , leur 'sève e ii
moins élaborée. Par la même ràifon les graines
femées dans une terre maigre, lès fruits qui y
erGiilent mûriffent plutôt,.parce que là sève ÿ
elt plus travaillée. Mais cela ne doit être compté'
que lorfque les circonflançes- font d’aiÜeurs*éga-
ies car la température ,’ Pexpofition peuvent'
avoir une grande influence fur la nature de la*
sève.
Jufqu à ce que nous fâchions comment la sève
monte dans tes plantes , il fera très—difficile de
donner une théorie des Engrais. Si l'idée -que
j aidéveloppé a quelque fondement, il me fernblé
qu elie rend raifon des phénomènes. On fait corn-
ment J es Engrais agiffent dans certaines circonftan-
ces. Autrement on ignore s’ils influent fur la végétation
en divifanr la terre, ou en retenant l’humi—
<lùé,ou en excitant îa fermentation.
M - Jean- Antoine Gîobert vient de publier
en Italien des recherches çhymiques & agronomiques
fur les Engrais. Ce livre original renferme
des vues précieufes ,£iir l'Agriculture, avec p lu -
fieqrsfaits nouveauxfrès-intereffants. M. Giobert^.
Prétend que les matières phlogîfliques répandues
par lès Engrais fertilifent la terre. Alors l’ air
9jü fe dégage doit jouer un grand rôle dans î&
Ë: N V -végétation , en s’infinuant avec Tcati dans ‘îei
■ plantes, foit par l’air pur qu’il leur fournit en
fe déeompofant, foit par le principe inflammable
qui y dépofe. L ’air inflammable ne feroit pas
fans utilité- pour la formation des huiles, fi l ’on
avoit quelques moyens pour 1 introduire dans
les, végétaux. _
MM. Parmentier & Gîobert prouvent que la
putréfaélîon décompofe lès fels : ce qui confirme
fopinion que les fels ne fauroient agir dans les
Engrais , puîfque ceux-ci font des matières
pourries.
M. Giobert fait voir, par des expériences, que
les terres fertiles pour le bled diffèrent des terres
flériles/ par une certaine proportion dans le
rnêlr.nge des terres élémentaires qui les forment :
en fonte que fi l’on a véritablement cette com- j
-pofirion , il jfuffiroit de ramener toutes les terres 1
à ce. point de combinaifon où elles font les ;
plus fertiles,, par l’addition des parties qui .inan- 1
queroient, par la foufiraéüon des parties^fur abon- 1
dan tes. Voyez T e re.es.
ENVELOPPE CELLULAIRE. Voy*z Ecorce. ,
ENVELOPPE. Tout ce qui fert à couvrir
quelques parties des plantes mérite ce litre. L ’é - ;
.force efi une Enveloppe d e 1-arbre , l’épiderme
efi une Enveloppe; de l’écorce. Mais, ce mot efi
fur-tout employé pour diflinguer les parties des
-plantes qui fervent à recouvrir le bouton, les
#eurs&îa graine. Les pétales font des Enveloppes
pour le pifiil & les étamines: le calice enveloppe
les pétales, le pifiil, les étamines. & le fruit.
J ’ai cherché fi ces Enveloppes étoient bien
néceffaires au développement du fruit: j’ai retranché
dans ce but les écailles d’un bouton de maron-
nier avant qu’il fût épanoui, & les fleurs du
maronnier ont été fécondes .: j’ai enlevé à d’autres
les, feuilles .qui y font jointes, & les marrons n’ont
pas moins réuni.
J ’ai'répété cette opération fur des poiriers;
j ’ai enlevé à des boutons leurs écailles, à d’autres
leurs.feuilles; & les poires ont également été formées
; j’ai eu le même fucçès lorfque je coupai
je calice de la fleur, quoiqu’il faffe la partie lu -
-périeure du fruit ; il n’y a eu aucun changement
dans la fruélilication quand j’ai retranché
<pu déchiré' les pétales.
Les -écailles tombent comme les pétales & le
péricarpe des graines quand la fructification efi.
accomplie. Voyez C alic e, C o r o l l e , E c a il le ,
Î^étales , G r a in e , Siliques.
EPIDERME, Ce terme employé pour défigner
la peau qui recouvre le corps des animaux, a
.été employé aufli pour caraétérifèr cette mem- ;
brane très-fine qui enveloppe la plante depuis .
l ’extrémité-de fes racines, jufqu’à la fommité des
feuilles & des fleurs de toutes les branches ; on
voit fette membrane envelopper îa plantule ,
jdans la graine ; fa radicule; - fa plu mu le , fes lobes
f a fo^t f.ouverts; cet Epiderme qui s’étend fin-
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gulièrement, mais dont l’extenfion efi pourtant
bornée, fe conferve mieux ou plus long-tems
dans certains arbres que dans d autres. Vbye%
Ecorce.
Pour faire connoître cet Epiderme d’une manière
intéreffante & utile, je me propofe de raconter
les recherches, belles & originales que
M-Defaufliire a faites fur ce fujet, qu’il a feulétu-
dié comme il dévoit l’être: & en y ajoutant ce qu’il
a dit fur l’écorce des feuilles, je compléterai co
que j’ai dit fur l’écorce en général des arbres : car
on n’a pas été plus loin que l’Obfervateur dont
je veux décrire les découvertes ; en les étudiant,
on fe plaint qu’il n’ait pas enrichi la Phyfiolo—
gie végétale des obfervations fines , importante®
& capitales q u ii a faites pour îa Géologie.
Avant M. Defàuffnre on avoit donné à l’enveloppe
des feuilles le nom d’Epiderme ; mais
cette défignation étoit vicieufe , puifque cette
enveloppe étoit compofée. Si l’on déchire une
feuille de jafmin dans fa longueur, on s en ap—
perçoit bien-tôt ; on voit une pellicule d’un gri®
tirant fur le blanc fort fine^ & demi-tranfpa-
rente ; -cette membrane forme l’écorce delà feuille
& la recouvre.
La feuille privée de cette écorce tranfparento
paroît d’im verd plus foncé ; car l’écorce n e
doit fa couleur qu’au parenchyme quelle couvre „
tout comme la feuille ne doit fon luftre qu à fort
écorce qui lui fert de vernis. L ’écorce de la partio-
înférieute des feuilles de cyclamen efi rouge ,
tandis que fon parenchyme efi verd ; mais c efi
encore la feule plante fur laquelle on a fait eetts
obfervation.
L ’écoree des pétales contribue beaucoap plus
à leur coloration , que l’écorce des feuilles ne
peint les feuilles elles-mêmes : les riches Couleurs
de la penfée & delà balfamine font dûes à leur
écorce, car le parenchyme en- efl blanc. Cependant
il y a quelques plantes comme la bourache;
dont le parenchyme des fleurs elt coloré.
Les épines & les poils tiennent à cette écorce,’
foit dans les tiges & dans les branches, foit dans
les feuilles.
L ’écorce des feuilles a- la propriété fingulière
de tendre avec force à fe rouler fur elle-même de
dehors en dedans, avec une promptitude plus
ou moins grande, fuivant les efpèces de plantes
quand la température efl ta même. Ce roulement
efl plus fenftble dans l ’écorce des pétales que dans
celle des feuilles. Mais les deux écorces des feuilles
&des pétales, la fupérieure & l ’inférieure tendent
toujours à fe rouler en fens contraire ; en
forte que lorfque ie reffort de l’une des furfàces
l'emporte fur le reffort de l’autre, la feuille
devient concave du côté le plus fo r t , & con-l
vexe de l’autre ; ce qui annonce dans I écorce
des feuilles deux fyrtêmes - de vaiffeaux agiffans
en fens ■ contraire , lés tins qui s’étendent^ par
l’humidité & les autres par la lécherefie. Quoique