
l 'ffque la Végétation de ces arbres a été fufpcn-
due pendant quelque rems, & 1 orfqu’un froid
TcVôilîanr graduellement a repouffé les fucs contenus
dans les plantes vête leurs racines, en diminuant
continuellement lé diamètre des vaiffeaux
qui contiennent cos fîtes. Audi quand le tilïït de
l ’arbre eft tel que la conftriClion de fes fibres produite
par le froid ne peut pas refouler Ta plus
grande partie dé lymphe vers les racines comme
dans les figuiers, l’arbre périt lorfqne le froid
devient allez v if pour la 'geler. J ’ai- coupé des
morceaux de branches à des grofeilliers pendant
que les froids faifoicm de!cendre le thermomètre-,
il 5 degrés an-deffous'de zéro.; la branche éfoit
molle & flexible , fa partie intérieure étoit. pref-
que parfaitement l'éche. Mais il auroit falbf faire
ces expériences par un froid plus v i f , peut-être
auroit-on apperçu des traces de glacées ?
. Il me Icrnble donc très-probable que la tige
de la plante doit être réchauffée par la chaleur
que les racines puifent dans la terre., & qu’elles
lui communiquent. Les racines, gèlent au moins
rarement, & elles ne font point mortes quand le
froid a tué leurs tiges.
Il faut obferver encore que les fucs fufceptî-
bles d’être gelés font les moins expofés à l’aCKon
du foleil ; les fucs lymphatiques font dans le
bois, & le£ fucs réfineux le trouvent dans l’écorce
: en l'orre que les fucs lymphatiques font dépendus
de î’acTion du froid par les lues réfineux
qui font de très-mauvais conducteurs de chaleur!
T\la is ce qui mefemble confirmer cette opiniorit
c ’efi que les arbres d’un petit diamètré périfîent
par le froid , quoique les gros arbres de la même
efpèce ne s’en reflentent pas. On voit de même
que les petites branches fe gelent , & que
les . groffes branches* ne fouffrent pas de la
Gelée*
Je croirai, par la même raifon, que toutes les
plantes ne font pas également conductrices de
la chaleur. L?expérience fera voir que le fapin &
le bouleau font par exemple moins bons .conducteurs
de la chaleur que le chêne. Ce qui
expliquera fort bien pourquoi le fapin & le bou-
Jeau végètent dans des régions dont le froid prof-
crit les diênes. 11 femble au moins que cela doit
être puifque nous voyons des fleurs, des feuilles ,
des plantes tuées par des Gelées qui ne font aucun
mal à d’autres fleurs , à d autres feuilles & à"
d’autres plantes.
L ’eau ne fe geîe_ pas facilement lorfqu’elle e fl.
dans de certaines circonflânces : elle fupporte des
froids qui font defeendre le thermomètre juf-
:ques à p degrés au-deflous du terme de la glace.
Je n ai pas pu faire geler de l’eau contenue dans
des tubes capillaires de verre , quoique le froid
fit defeendre le thermomètre à y degrés au-deflous
de o. Et comme la fève renfermée dans les petits
vaiffeaux des plantes y efl en très-petite
quantité & dans un grand repos, comme la terre
lui fournit d’ailleurs fa chaleur par les racines qûf
la touchent, je comprends comment unfe foule
des plantes peuvent rëfifler ainfi à des froidstrès-
vigoureux. Mais on fent mieux comment l’aClion
de la température froide fur les plantes-, au moins
fur celles qui font ligneufes, a peu d’efficace pour
geler la fève depuis les expériences importantes
qui ont été faites fur la congélation par M. Blag-
den : elles font rapportées dans les Tranfactions
pkilrfophiques , T. LXXVIII. Ce grand Phyficien
a fait voir que tout ce qui diminue la tranfpa-
rence de l’eau retardoîr fa congélation ; que
l’eau bourbeufe d’une rivière fe geloit plus lentement
que l’eau pure ; que l’eau réfiftoit encore
davantage au G e l, quand elle fe geloit graduellement.
En forte que comme il paroît par
més expériences fur la lymphe que tetre liqueur
contient un mucilage & une partie terreufe bien
caraClérifëe, comme on fait que le froid s’augmente
& fur-tout fe communique pour l’ordinaire
allez graduellement, & que lès fucs des
plantes ne font expofés .ni au conta# des glaçons,
ni au mouvement trémuleux qui accélère la congélation
de l’eau ; il doit réceflairement arriver
que la congélation des fucs aqueux des plantes
doit être très-difficile.
J ’ai fuppofé que la terre pouvoit fournir de
la .chaleur aux plantes pendant l’Hiver, & modérer,
ainfi l’influence du froid. Ma fuppofition
efl bien fondée , puifque M. Kinvan a fait voir
que la chaleur du terreinà une profondeur qi?i
n’efl pas grande, fe trouve-d’après les Obferva-
tions les plus exa#es allez correfpondantes à la
chaleur moyenne de l’atmofphère dans le voifty-
nage de la terre. Ainfi, par „exemple à Pari*, où
la chaleur moyenne efl de 9 à 10 degrés , Fa
chaleur des caves de l’Obfervaroire efl de 10 degrés
à la profondeur de 80 à 10© pieds. Cetre
chaleur fe trouve encore la même à de plus grandes
profondeurs. Ce qui annonce des magafins de
chaleur qui fe vuident pendant l’Hiver , & dont
les plaiitesiqui font de meilleurs condu#eurs de
chaleur que l’air ou la terre profitent continuellement.
C’efl pour cela qu’en Laponie où la température
annuelle moyenne efl de 1 , 2 , 3 , degré?
au-defîus de o , il n’y a qu’un très-petit
nombre de plantes qui puiflent y vivre ; parce
que la chaleur que la terre peut l.eur communiquer
efl trop petite pour entretenir la fluidité
de leurs fucs ; tandis qu’un très-grand nombre
de plantes fe confervent dans les lieux ou la
température moyenne efl plus grande.Tl faudroit
confulter fur ce fujet l’ouvrage Anglois de
M. Kirwan , cflimation de la température dis différents
degrés de latitude & celui d’OEpinus de dif-
tricutione. baloris per tellurem.
Mariotte a obfervé que la chaleur de la terre
a quelques pieds de profondeur, étoir pendant
l’Hiver plus grande, que celle de l’air , quand
cette partie de la terre ne communiquoit
pas avec l’air extérieur. M. Hellant fait voir
que la température des fources qui coulent
fous terre efl à-peu-près la même pendant toute
l’année. M. Vanfwindén a remarqué que le froid
qui paffe.le o de Farenheit, ne pénétre pas dans
la.terre au-delà de 20 pouces, s’il ne dure que quelques
jours quand la terre efl fans neige; & qu’ilné
s’infinue pas à io- pouces quand la terre efl couverte
de neige. M. Maurice nous apprend dans
le Journal de Genève pour 1.790, n.° % que quoique
le plus grand froid éprouvé en 1789 , eût fait
defeendre dans l’air à Genève le thermomètre à
. -1.3 .° & ‘ quand il étoit placé à 5 pieds deterre, il
ne defeendoit qu’à 6.° lorsqu'il fe trouvoit à la fur-
face ; que celui qui étoit enterré à 2 pouces, de
profondeur , s’abaifla à 2'degrés au-deflous de o ,
tandis que les thermomètres enfoncés en terre à 12
comme à 6 pouces, étoient à o , & que ceux qui
étoient à $6 pouces montoient deux degrés au-
deffus du point de la glace , quoique le froid eût
duré plufieurs mois d’une manière afïez févère.
Le même Obfervateur remarque que la plus
grandi'chaleur à 5 pieds de terre a voit fait
monter le thermomètre à fl- 23.°, qu’à la furface
de la terre, il s’éleva à 36.° , qu’à 6 pouces de
profondeur, il fut à 23.“ , à 12 pouces, à 20.®
à 3 6 pouces à 17.0 0
' C’eft pour cela q ue , dans notre pays & même
par-tout pendant l’Hiver, la chaleur de la terre
efl fuffifante pour fondre les neiges qui la couvrent.
Auffi elles s’écoulent toujours en eau dans
leur partie la plus voifine du fol. On voit auffi,
pendant, l’Hiver, les glaciers alimenter ainfi les
rivières qui en fortent. C’eft pour cela ,encore
que les eaux des lacs & des mers confervent, pendant
l’Hiver, une chaleur bien fupérieure à celle
de l’air atmofphérique. Notre lac par exemple
ne gele point , quoiqu’il foit expofé à un froid
dê 15 ou 16 degrés au-deflous de o pendant plufieurs
jours. M. de Sauflure a obfervé, après un
Gel qui avoir- duré un mois , que la çhaleur de
l?air étant exprimée par z.° 66 du thermomètre
de Réaumur, celle de la furface du laç faifoit
montrer la thermomètre à ^ degrés , & celle du
lac à la profondeur de 958 pieds, étoit de 5 ' 5 5 *
On fait enfin que la terre fe trouve toujours dé-r
gelée en Sibérie après la fonte des neiges,
iyi. de Mairan a bien prouvé que le froid des
Hivers efl tempéré par la chaleur que la terie
communique à l’atmofphère ; & que cette chaleur
emmagafmée étoit l’effet de celle que le foleil
y enfouit en y dardant fçs rayons. L on laitau
moins que la terre abfprbg beaucoup de çhaleur
quand elle efl frappée par la lumière. Elle en
reçoit même fans doute de cette façon pendant
l’Hiver , & elle répare ainfi jufques à un certain
point les pertes. quotidiçnnes qu’elle doit alors en
faire,' . ' .. . 1 y
_■ ll faut obferver enoore/relatiyement aux plim-
.que l’air, en s’appliquait fyr les végétaux,
leur abandonne l’eau qu’il tient difloute ; mais
l’eau , qui fe gele fur la plante , communique
à la plante la chaleur quelle perd en
devenant folide ; ce qui doit arriver néceflàire—
ment, parce que la plante ou fes parties font
meilleurs conducteurs de chaleur que l’a i r , &
qu’elles, le faififlent mieux que lui de la
chaleur abandonnée.
On fent en fuite que l’air, qui enveloppe 1*
plante, lui enlève fort peu de chaleur par fou
conta# avec elle , à caufe de la grande rareté
de ce fluide qu’on fait au moins huit cent fois
plus grande que celle de l’eau.
Enfin l’influence reconnue de la lumière fur
les végétaux, montre qu’elle doit leur communiquer
de la chaleur même pendant l’H iver, puif—
quelle ne cefie pas de les éclairer. Outre cela,
la grande affinité de la lumière pour les parties
réfineufes, qui font tout-à-fait extérieures dans
les plantes, confirme cette opinion, & prouve
plus fortement encore que les plantes doivent
trouver ainfi dans le foleil, même pendant l’Hiver,
une fource journalière de chaleur.
Il fe préfente une autre queflion aufli importante,
& plus utile à examiner ici. Toutes les
expofitions & toutes les circonflânces. naturelles
font-elles égales pour favarifer ou diminuée
l’a#ion du froid fur lçs plantes qui peuvent la
reffentirr1 Quoique les opinions foiçnt partagées
en apparence, elles fç réunifient néanmoins pa^
le fait.
Il efl d’abord évident que les végétaux expofés
au Nord, doivent y éprouver le froid lç plus
v if , parce qu’ils y font privés de l’aCtion immédiate,
du fofèil, & qu’ils y reflentent toute l’âpretd
des vents feptentrionaux. Le thermomètre appuie
cette obfervation, quand la neige, qui couvre plus,
lang-tema la terre dans ces lieux- là- que dans
les autres, n’attefleroit pas la vérité, C’efl encore
! un fait biqn démontré- que les arbres font plus
fréquemment attaqués de la gelivure, lorfqu’ils
font expofés au Nord, que dans, les autres expofitions.
Par conféquent, il faut conclure que les
grands açcidens caufés par le froid feront plu-,
tôt produits dans. les expofitions au Nord , quç
dans toute, autre.
Les principes que j’ai p.ofés ont déjà fait voie
que les froids font peu' redoutables! pour les arbres
délivrés de leur sèye ; au fli, en Suède, on dépouille,
en Automne, de leurs feuilles les arlares
qu’on veut confervçr, afin quelles n’y attirent
point de sèvç, ÿ que celle qui pouvoit être,
contenue dans l’arbre , ait le tenis de s’évaporer
ou de fe combiner , pu de fe retirer avanç
1^ Gel,
Il paroît derlà que toutes les caufes qui intro^-
duifent de Veau dans les plantes leur feront funestes
: on le cqmprend, lorfqu’on peufè qus
l’eau qu'i fe gèle occupe un efp.ace beaucoup
plu^ grand que cel^i qu elle pccupo.it avàpj- Q
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