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lufqu’au Printems. M. Gautier rapporte encore
nue le thermomètre étant À fept degrés au-deffoüs
de zéro , dans un jour ferein du mois de Mars,
un érable donna beaucoup d’eau fucrée , lorsqu’on
lui eût fait une entaille : mais il obServe
aufli qu’il n’y eut que les parties les plus voifi-
nes de F écorce qui fournirent cette eau, parce
q u’elles Seules étoieiu dégelées , tandis que les
plus intérieures ne l’étoient pas encore.
Les mouvemens de la Sève ne font pas équivoques.
Au Printems, ils font vigoureufement
fenfib.les : la Sève s’élance alors avec plus de
force dans la plante ; & fi les feuilles dans leur
bouton lui offrent plus de réfifiance, c’eft peut-
(être à Son .énergie qu’eft dû leur épanouifie—
nient • c’eft au moins alors le moment des grands
jtravaaux de la plante. Au Printems, la Sève n’eft
guère que l’eau pure : en Eté, tout cela eft changé,
.tout s’élabore, tout Se nourrit, & les effets de
la Sève qui remplit lesplantes, s’annoncent par
le développement de leurs branches & de leurs
boutons. Les grandes .chaleurs de l'Eté font
tnoins favorables à la végétation, foit à caufe de la
tranfpirarion qui eft très-forte , foit parce que les
végétaux trouvent moins d’humidité dans la terre.
Aufli les productions des végétaux font très-petites
, d.epuis la mi-Juin à la mi-Août : mais elles
recommencent enfuite -, il fembierok que la Sève
reprend la vigueur du Printems ç l’écorce fe détache
de l ’arbre, de nouveaux bourgeons paroif-
fent , quelquefois des fleurs s’épanouiffent, &
les gelées de l’Automne fufpendent ces mouve-
mens. Les végétaux perdent alors leurs feuilles,
& femblent rentrer dans un engourdiflement
abfolu.
Cependant quoique Le mouvement de la Sève
paroiffe enchaîné par l’Hiver, M. Duhamel croit
que la Sève même alors n’eft pas oifive. Il paroît
au moins qu’il en refte dans les branches des
plantes, puifque leurs poids diminue par l’évaporation
, lorfqu’elles. font coupées , quoique
l ’on ait eu foin de maftiquer leur feètion* Il
eft pourtant vraifemblable que cette perte
auroit été réparée quand les branches auroient
été unies à l’arbre : car fans cela les plantes fe
dtflecheroient entièrement. M. Duhamel obferve
encore qu’il fe forme de nouvelles racines pendant
l’Hiver. Enfin quand on fuir les boutons depuis
le mois de Novembre jufqu’au mois de
Février, on voit clairement qu’ils font des progrès
fenfibles pendant cet intervalle de tems.
Voye\ Boutons.
Il réfulte de-là que la Sève n’eft peut-être
arrêtée dans fon cours que pendant les gelées les
plus fortes, qu’il y a des momens où elle fe meut
avec plus de force que dans d’autres , & que
dans Le rems où la végétation fe fait le mieux, il
y a des circonftances qui la favorifent ou qui
la contrarient , e t qui accéléré ou ralentit ion
jççnrs.
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Le phénomène que préfente la Sève d'Àoûc
eft trop remarquable pour le palfer entièrement
fous filence. On ne comprend pas d’abord comment
la Sève, dont le cours paroît avoir été un
peu fufpendu depuis la mi-juin jufqu’à la mi-
Août, reprend une nouvelle énergie , & s’annonce
prefqu’alors par des effets fèmblable à ceux
quelle a déployés au Printems, comme je viens
de le dire. Mais , en y réfléchiflant, on trouve que,
pendant les ardeurs de l’E té , l’évaporation qui fe
Fait par le moyen des feuilles eft très-confidéra-
ble; que la terre, fe trouvant alors defféchée,
fournit peu de fuçs aux plantes , pour réparer
leurs pertes continuelles , qu’elles ont fuflifam-
ment pour vivre & non pour fe développer davantage
; aufli les plantes font alors plus foibles:
tandis que vers la mi-Août les rofées font plus
confidérables, les nuits plus longues & plus fraîches
; les plantes tirent au moins prefqu’au •
tant d’eau, rendent beaucoup moi» v par l’évaporation
-, les végétaux o n t , dans ce moment, une
abondance de fucs beaucoup plus grande que
dans l’Eté, pendant lequel ces lues traverl'ent les
plantes prefque fans leur laiffer aucune nourriture
-, mais, comme ces fucs ne peuvent être
dans les végétaux fans abreuver toutes leurs parties,
& comme la chaleur eft encore affez puif-
fante pour y entretenir un certain mouvement,
il eft clair que ces fucs doivent détacher l’écorce
du bois, contribuer à la nourriture des branches
tendres, favorifer leur accroiflement, développer
des boutons quiétoient prêts de voir le jour - s’ik
n’y a que quelques boutons à fruit qui fleurif-
fent, cela vient de ce que le développement des
autres n’éroit pas affez avancé pour s’épanouir,
après avoir pris cette augmentation de nourriture
-, mais ceux qui fe développent prouvent que
tous les boutons fe feroient développés de même
s’ils avoient alors reçu un accroiflement fufhfanr,
& que tous fe préparent, au moyen de cette fur-
abondance de nourriture, pour le grand développement
de l’année fuivante -, en forte que tout
ce qui fe paffe au Printems fe renouvelle alors,
parce que l'abondance des fucs ramène les mêmes
circonftances ; aufli c’efl dans ce moment
que les boutons , qui doivent fe développer &
qui fe font préparés pour ce développement au
mois] d’A oût, font, dans l’année fuivante, de très-
grands progrès.
Telle eft l’opinion que j’avois fur ce phénomène
qui attendoit une explication. M. Defauf-
fure en donne une antre, qui me paroît meilleure.
Cependant je propofe la mienne, parce
que je crois qu’elle eft au moins fondée en partie
ou parce que les faits, fur lefquels elle re-
pofe, doivent influer fur l ’explication de ce phénomène
, qui n’eft pas encore bien éclairci.
M. Defauffure ne croit pas que le mouvement
de la Sève au mois d’Août dépende d’une
£aufe extérieure -, puifque ce grand phénomène
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a lieu invariablement, quelques foierit lesvicîf-
fitudes de la faifon : du moins on né voit pas
qu’un froid, ou une féchereffe, ou une -humidité
extraordinaire repouffent ou avancent beaucoup
cette Sève d’A o û t , la placent au mois de
Juin , ou dans le mois d’OClobre. M. Defauffure
croit donc que la caufe de cette Sève eft intérieure,
c’eft-à-dire, qu’elle eft une fuite du développement
des plantes, & que la Sève d’Août commence
quand la Sève du Printems a fini fon travail,
lorfque les branches, les feuilles , &c; développées
par la Sève du Printems ont pris le degré
d’accroiffement néceflaire : fi les faifons, fi les
agens extérieurs influent fur l’apparition de la
Sève d’A oût, ce n’eft qu’autant que ces agens
ont accéléré ou retardé les développemens qui
doivent produire ce phénomène.
Enfin, pour rapporter ici tout ce qui tientf à
Phiftoire de la S è v e ,j’ai ciu convenable défaire
connoître les faits qui iaiffent foupçonner quelques
caufes de fes- mouvemens. Il paroît d’abord
que la Chaleur favorife le mouvement de la Sève :
au moins le froid le ralentit & le fufpend pref-
qu’entièrement. Mais, indépendamment de toutes
les preuves que je viens de donner en faveur
de ce foupçon, il me femble qu’il prend bien
de la force , quand on voit des plantes engourdies
pendant fout l’hiver reprendre alors l’aétivité qui
leur eft propre dans une ferre chaude : on y
cueille des rofes fleuries au mois de Janvier : or
y trouve alors des narciffes , des jonquilles•& des
hyacinthes en fleurs, quoiqu’ils ne fleuriflènt réellement
qu’au mois d’Avril. On fait qu’il y a une
quantité de degrés de chaleur néceffaires pour la
végétation de chaque plante , & c’eft pour cela
que toutes les fleurs n e• fe développent pas toujours
dans le même-tems, mais-feulement lorf-
guelles* ont éprouvé la quantité de chaleur dont
elles ont befoin , & 'quelles- auroient éprouvée
plus tard, & peut-être pendant un tems plus long
fi elles avoient été abandonnées à elles-mêmes.
L 3action immédiate dit Soleil n’eft pas moins
importante pour favorifer la végétation : les plantes
qui croiffent, fans foleil,. croiflèntmal & pé-
ïiïfenr bien-tôt.. Voyei Etiolement, Lumière.
On fait que les-arbres qui pleurent donnent fur-
tout leurs pleurs quand ils font frappés par le fo-
l'eiî ; & qu’ils- rendent leurs pleurs du côté que
lie foleil éclaire;. C’eft encore un fait que l’écorce.
fe détache du côté frappé par la lumière
direéle de Faftre qui la fournit, tandis que fëcorce
ire fe détache pas du côté qui eft è? l-ombre :
mais ce phénomène tient encore à l’écoulement
de la Sève- C’èft pendant ce tems- feul que
Fécorce s’enlève- facilement , parce que cette
Lymphe , qui coule au travers du bois , s’échappe
auffi entre le bois & l’écorce..
La Chaleur, & l3Humidité réunies font les- cir-
confiance$; les- plus favorables à la végétation'.
ML. Duhamel a obfervé:quelle étoit la plus v i-
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gonreufe, forfqu’un tems couvert, accompagné
d’un air chaud & difpofé à l’orage, fuccédoit à
la pluie. Il vit alors dans l'efpace de trois jours-
un épi de feigte épié s’albnger de crois pouces:-
dans le même-tems- un brin de feigle s’élança d&
fix pouces, & un farment.de vigne prit un-
alongement de trois pieds-, on auroit-pu rigoureit-
fement fuivre à l’oeil ce dernier aecroiffemew.
Mais j’ai déjà prouvé l’importance de l’eau & de--
la chaleur dans la végétation. Voye[ C h a l eu r ,.
E au. l ï fembleroit que les- pluies favorifent la:
végétation r non-feulement comme étant une eau:
qui humeéle les plantes, mais encore comme
une eau particulière. M. Duhamel a au moins:
obfervé que les plantes aquatiques,, vivant dans
l’eau jouiffoient de ce bénéfice.
Peut-être que la condensation & la raréfaction.
produites- par un changement fubit & confidé-
rable de la température dans les parties folides
& fluides des végétaux , favorifent leur développement.
Ne feroit-ee point pour cela que le Prin—
tems, cette faifon , où k diverfité de la tempéra^--
ture eft fi grande & fi rép é té e e ft aufli la laifotrou
La végétation eft la plus floriftànte comme-'
on le remarque fans doute, par 1a même raifon,.
dans un tems d’orage ?. Cette caufe, qui eft vraiment
un moyen de mouvement , fe fait’ fentir
par-tout. Cependant , malgré l’obfervation de
M. Duhamel & fon opinion , il me femble que'
la végétation fe fait fortement; dans les- terre?
chaudes , quoique la température y foit-toujours-
trèsr-cg.ile. Mais, d’un autre côté, une chaleur trop
forte fait périr fes plantes, comme on le voit dans-
les ferres. II eft certain que la nature de- chaque'
plante détermine la quantité'de chaleur qui lui-
convient, & exclut celle qui fe trouve beaucoup1
plus grande ou beaucoup plus petite. Il faut-'
dire la même chofe pour l’humidité. Mais on
ignore l’effet que produiroir une trop grande lumière
fur les plantes qu’on y- expoferoit- long—-
rems, en fe fervant d’un miroir ardent ou d’une
lentille. Les expériences que j’ai commencé à faire-
fur ce fujet- me feroient croire que la lumière’
trop confiante & trop grande pourroir nuire aux
-plantes : & le raifonnemenr y conduit-,'puifqu®:
la lumière arrête leur alongement , & puif—
qu’elle diminue fûrement la fermentation nér
ceffaire à leur progrès par fon amifepiicité.-
J*ai fait voir aux mots Bois & Ecorce pourquoi
il y avoir des plantes qui végétoienr plutôt-
lês unes que les autres y il parois que- eela- dépend
de la grandeur de leurs vaiifeaux :- de Kt nature
de leurs utricules ,, dé k qualité du fuc
qu’elles- doivent élaborer • & de di-verfes circonftances
particulièresqu’on- ignore profondément,
comme om doit le fôupçonnër quand on vois:
des plantes de. là: même efpèce,-dans les mêmes
eirconflances-, devancer leurs-voifiness & devenir
plus belles,, g lits, fortes & plus parfaites ,, fiuo«-