
féaux, & que les Va'fléaux fuffent formés par
une réunion de ces fibres. Tout cela eft dans la
plus profonde obfcurité.
La confédération des greffes me paroît frappante
dans cette recherche : elle annonce une
union fi intime de la greffe avec le fujer, que
les fucs du fujet deviennent les feuls alimens de
la greffe : les injeélions colorées pénètrent jùf-
ques dans le bourrelet de la greffe., & le traversent
comme M. Bonnet la montrée mais il efi
difficile d’imaginer une anafto'mofe affez rigou-
reu fe, & affez prompte de tous-■ •les Vaiflfeaux de
la grefFe, avec tous les Vaiffeaux du fujet,. pour
que les fluides y paffent d’abord avec tant d’ai-
lance. Auffi, dans ce cas, on comprend mieux la
fuélion faite par ces fibres qui le font foudées ;
que leur anaflomofe rigoureufe. Mais ceci ne
fait pas une démonflration contre l’exiflence des
Vaiffeaux-, c’efl feulement peut-être uneexeep-
tion qui me paroît mériter beaucoup qu’on s’en
occupe.
Si l’autorité étoit un motif de décifion , on
fe fentiroit entraîné par celle de Malpighi,
de Grew , de Leuwenhoëk , & deHook qui ont
cru à l’exiflence des Vaiffeaux dans les plantes,
& qui en ont même donné des defcrip rions.
Leuwenhoëk , Arc an nat. p. 12, diflingue trois
efpèces de Vaiffeaux, les premiers verticaux, &
les deux autres horizontaux. Les Vaiffeaux verticaux
font plus grands que les véficules, les féconds
font plus petits, & les treifièmes font fi
plats, que dans la nonante-neuvième partie d’un
police quarré, il en compte ie,eo o. Les Vaif-
feaux horizontaux partent de la moelle, on en
voit fortir auffi des Vaiffeaux afeendans, if en
compte 1,400,000 dans un pouce quarré.
Léienmtllër croit auffi avoir vu ces Vaiffeaux.
Voici quelques Obfervations de M. Duhamel,
qui meparoiflent mériter la plus grande attention.
Il a introduit, par la fuéfion, des liqueurs colorées
dans les plantes arondinacées : & il lui a
paru que les Vaiffeaux de ces plantes étoient
revêtus par un duvet très-fin : il a vu ces Vaiffeaux
fe prolonger tout droit d’un noeud à l’autre
fans ramifications : mais ces Vaiffeaux étoient
entourés d’une fubflance médullaire colorée par
l’injeéfion. On peut voir de même les tiges &
les pétioles de quelques plantes plongées dans
l’eau , comme le Nymphoea, le Potamogeton :
ils offrent des cylindres percés dans leur longueur,
& prolongés d’un bout à l’autre, par de
petits tubes dont le canal eff parfemé de poils
fifluleux, placés horizontalement: ces canaux
Semblent tranfmêttre lé fuc nourricier aux partrès
latérales. On fait que l’Abbé Corti a décote
vert une circulation réelle dans les noeuds de la
chara : mais il a vu que cette circulation eff
bornée dans chaque noeud , au noeud kii-rmême4
Enfin l’obfervation de M. Defauflure me paroît
ajouter à ces conlidérations : il s’eft affuré que
foutes les fibres étoient unies fans noeud, dans
le réfeau cortical -, ce qui le porte à croire que
l’union de ces fibres eff formée, plutôt par des
anaffomofes que par des noeuds. Et il m’a fem-
blé que le réfeau qui forme le fquelette du bois,
tel que j.e l’ai décrit, ne laiffe de même apper-
cevoir aucun noeud. Voye1 Bois.
En y réfléchi fiant, on trouve que les Vaifi-
feaux font un moyen plus propre pour porter
les fluides dans toutes les parties de la plante
que le parenchyme. D’ailleurs les. principales
fibres des fruits'font de la même nature que
celles du bois -, & ces fibres aboutiffent fur - tout
aux graines qu’il importoit de nourrir : ce qui
feroit croire que ces fibres doivent être utï
moyen pour y conduire les lues nourriciers.
La même plante renferme des fucs d'ans l’écorce
, le bois ,jles fleurs, les fruits, qui font
très-différens, & qui ne doivent pas fe confondre
: ils doivent donc être contenus dans des
Vaiffeaux, pour éviter un mélange qui-fe rédui—
roit à une confuûon abfolue.
La chair du coin on d’une poire eafîante ,;
rend fort peu de jus, quand on la coupe ; mais
on en obtient beaucoup, quand on la râpe :ce:
qui ne peut arriver, que par la déchirure des
Vaiffeaux qui contiennent les files- répandus.
Chacun a vu que des morceaux de bois vert
qui ne rendent aucun fuc., quand on lés coupe,
coulent iorfqu’on les met au feu : ce qui prouve
pourtant que ces bois contenoient ces mes, &
qu’ils les contenoient dans des Vaiffeaux où ils
étoient bien enfermés.
On fem q ue , dès qu’il fe fait des fécrétàons>,
il faut qu’il y ait des Vaiffeaux.
Enfin, Haies avoît placé un infiniment, pour
mefurer le.s contrariions & expanfions d’un rameau
de vigne; Ta centième partie d’un pouce
y devenoit fenfible : mais il n’obferva aucune
différence , quand il mefuroît la plante
dans le moment où la sève étoit la plus abondante,
& dans le moment où la sève étoit la
plus rare. Cependant il y auroit dû avoir une
différence qui auroîr pu être remarquée, fi la
sève n’avoit pas été renfermée dans des Vaiffeaux.
Toutes ces considérations offrent des probabilités
qui méritent d’être pefées 1 & jamais Jet
r c fuis plus incertain ftir le parti que je dois ;
prendre, que lorfqùe je péfe amfi les râlions j
pour & contre les Vaiffeaux des plantes. Cepen-
dant en examinant avec attention tous les ar-
gumens & les convenances, ü Pa™1( quel opinion
qui établit l'exiflence des Vaiffeaux, feroit
un peu plus probable que 1 autre.
M. Hedwig, dont j’aiff fouvent fait connoître (
les Obfervations & les vues, eff abfolument décidé
en faveur des Vaiffeaux : & comme ion
opinion eff une des plus propres à mériter la
confiance, je vais préfenter ici le réfultat des
Idées qu’il a publiées dans fa Differtation de r i
hr.ee. vegetabilis ortu.
I l croit d’abord que l’analogie entre les animaux
& les végétaux eff complète; que la nutrition
s’opère dans les deux règnes de la même
façon : & il dit expreffément qu’il fe prépare a
publier les Obfervations ' & _ les _ argûmêns qui
établiffent d’une manière auffi claire que le jour,
que le-fluide nourricier des plantes eff renfermé
dans des Vaiffeaux particuliers ou il circule.
Quant aux Vaiffeaux qui forment les trachées,
Voyei T r a c h é e s ., il les repréfente comme étant
les plus petits, comme invifibles à l’oeil nud;
mais il les croit différens entreux, par leur
office, leur confifiance & leur nombre, de même
q u e , par leur fituation, leur direction & leur
difpofition. Il remarque que ces Vaiffeaux fe
rapprochent par leur diamètre; que ceux qui
apportent les fucs, font plus roides que ceux
qui les ramènent ; que ces derniers font plus
nombreux; & que leur nombre s’accroît en
s’éloignant de leur origine. Il obferve, en général
, que ces Vaiffeaux font plus fins dans les
plantes âgées.
Les Vaiffeaux qui amènent les fucs font tantôt
près de la peau, tantôt couverts, plus ou
moins, par le tiffu cellulaire, quelquefois ils font
placés tout-à-fâit dans le centre de la tige,
comme dans 1 e cactusjiagelliformis, quelquefois ils
accompagnent feulement le tiffu cellulaire. On
trouve dans le tiffu cellulaire tous les Vaiffeaux
qui rapportent les fucs.
M. Hedwig croit que la direélion des premiers
Vaiffeaux eftv en fpirale. Voye[ T jlachées.
Elle eff moins fenfible dans les plantes aquatiques
: mais ces Vaiffeaux y font toujours unis
avec les Vaiffeaux à air , qu’ils ne quittent jamais
que lorfqu’iis font portés à la furface par
quelques cas particuliers.
La direction des autres Vaiffeaux eff tout-à-fait
différente : ils font tranfverfaux & ils forment
les Ytuffeaux obfervés avec les aréoles qu’on découvre.
M. Hedwig prétend avoir vu cesVaif-
feaux, lorfque les fluides portés par la feélion
de la tige fur les parois fe font évaporés ; mais
il avoue que cette obfervation eff très-difficile
à faire. On trouve non-feulement ces Vaiffeaux
dans les aréoles de la moelle ; mais encore dans
celles du tiffu cellulaire, qui doit remplacer la
moélle. On peut fuivre ces Vaiffeaux dans les
jeunes plantes. M. Hedwig ajoute : qu il a vu
couler des fucs hors des ouvertures d’une racine
d’ormeau ; niais ils couloient indifféremment
par le gros bout de la tige comme par le
petit«.
Je terminerai ceci par la belle Anatomie que
Hill a faite des Vaiffeaux des plantes, au moyen
des injeélions : cependant j’ai bien peur que
cet Anaiomiffe ne s’en foit laiffé impofer : mais
comme cet ouvrage annonce des prétentions à
l’exaélitude, il m’a femblé important d’en faire
connoître les détails. Ils font contenus dans un
| ouvrage anglois , intitulé : the Confirudion o f
; Timber. Cet Anatomifte anglois obferve avec rai-
! fori que les plantes diffèrent plus entr’elles par
leurs Vaiffeaux que par leurs autres parties ;
'que c’ert dans la dilpofition des Vaiffeaux &
dans leur: nature qu’on prouve fur-tout les
caiifes de la différence obfervée dans les
plantes;' 1
Ilill a fait une nouvelle divifion des Vaiffeaux
des plantes : il adopte celle des Vaiffeaux propres
& des Vaiffeaux Jéveux : mais il divife les premiers
en quatre efpèces.
1. ° Les Vaijfeaux propres extérieurs, logés
entre Vépiderme & Vécorce. Ils paroiffent comme
des corps bruns, placés entre ces deux fubflances;
, & on le v o it, fur-tout au Printems , en enlé-
vant l’épiderme avec foin ; ou bien dans toutes
les faifons en faifant . macçrer la plante. Ces
Vaiffeaux adhèrent à peine à l’écorce dans quel*
ques parties ; mais ils n’adhèrent point du tout
à l’épiderme ni entre eux : ils font difpofés en
petits paquets : iis rampent autour de la tige en
y formant un réfeau à grandes mailles: ces paquets
paroiffent compofés de douze à quinze vaiffeaux
diflinéls, qui confervent leur rondeur: on y découvre
dès protubérances épàrfes çà & l à , par
lefquelles ces Vaiffeaux tiennent à l’écorce : elles
font à l’origine des cellules, qui les forment,
ou aux points de leur union. Ces Vaiffeaux réparés
par un féjour d’une femaine dans 1 efprit
de térébenthine, deviennent tranfparens : ils offrent
l’idée de véficulçs unies entre elles, qui
paroiffent creufes & ovales.- Qn voit tout cela
facilement dans le chêne.
2. ® Les vafes propres intérieurs. Ils charient
les fucs propres : on les diflingue bien auffi dam
* O ij