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fi le piftil fe change, comme il arrivé quelquefois
en petites feuilles. ’
11 efl donc évident que les étamines' & lespiftils
fervent à la produétion des graines; mais ce n’dt
pas encore allez, il faut chercher comment cette
fécondation s'opère. C ’elt un fait que , dans un
très - grand nombre de plantes, les fleurs réunifient
dans le même individu les étamines & les
pifiils, foit fur la même fleur, foit fur des fleurs '•
différentes ; il y a aufti des efpèces de plantes ï
dont le même individu n a conflamment que
des fleurs à étamines, tandis que l’autre individu
a.confiammentjes fleurs à piftil. C’eft encore un
fait certain que ces individus, qui ne portent
que des fleurs à étamines, comme ceux qui
n-ont- que des fleurs à piftils, ne donnent point
de graines fécondes, quand ils font trop éloignés
les uns des antres; mais qu’ils en fourniflent
toujours, quand ils font fuffiûmment rappro-
chés, & que c'eft feulement les fleurs portant
dés piftils qui donnent alors communément des
graines fécondes.. •
M;JPî,fiamel parle d’un térébïnte à piftils, qui
fietiriffoit toutes les années, fans donner aucun
fruit qui pût-germer en terre ; mais il ajoure
que M. Bernard' de Juflieu fit porter auorès de
cet arbre un piffachier à étamines , qui fé çoii-
vroit auffi de beaucoup 'de fleurs ftérilès; mais
dès cette année, le térébinte à piftils porta des fruits
féconds qui germèrent. M. Gleditfch fit pius-en-
corej- il 'fît porter , a Berlin, des dattes, à ûn
palmier a piftils, qui flèûriflbir inutilement en
lecouant fur fes fleurs- les pouflièrés d’pu palniief
a étamines, qui étoit à Drefoe-, & dont on lui
avoir envoyé quelques fletfrs.
, Ceci apprend que les étamines & les- piftils
leparés ne fauroient produire par eux- mêmes
des graines-germantes.; que les piftils & lés éta-
réunis, favorifem feulement alors-dette
produéhon ;■ enfin, que c’eft dans lés, fleurs à
piftils -que les graines fe forment..
Mais, o.n trouve une nouvelle dé'mbnftrariôn
de ces-vérités, quand on étudie davantage les
étamines & les piflils. On vpit bientôt que chacune
des pouflières efl un être organifé',. une
coque qui renferme: une liquélir plus', ou moins
lubtile.v avec-une pouflière plus ou moins fine
Mais cette coque, cette pouflière, ce fluide né
Buu pas la graine. Quel'fera- donc leur ufage
J! faut que ces étamines fé dépofent qucldue
part,.qu elles pénètrent, le piftil, qu’elles arrivent
jplques.a la graine placée à la ba'fe du piftil •
& cette graine, refteroit inféconde, fi elle ne fé
combinait pas avec cette p-uffière ; ce fluide de
l cramine : car la graine fohfifte avant le mélangé
ac j-a pouflière.. &
Qn- le trouve bien difpofé à lé croire, quand
onJ° '-) ^ pouflière des étamines fe répandre
auffi-tôt que le ftigmate des piflils p euten-ri/
se.scjr les.influences, &. jamais dais un autre
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teins ; xfûatitl on obferve les étaniinés & les piftils
fe defléclier, lorfqüe la graine a ceflé d’être fié-
rue-, quand on trouvé toujours les piflils placés-
de manière à être coitverts pour- la pouflière des
étamines, & à en être pénétrés * car les piflils
font fifluleuxy la grainé, qui efl à leur bafe,
iemble ccnimuniquer avec l’air par un tube
que le piflil loi me, & qui fait communiquer
Ja grame'avec la pouflière qui 'pénétré; le tube..
Mais il y a plus -, les étamines femblent proportionnées
à' la grandeur des fleurs & des piflils ,
comme on' peut le voir dans les tulipes & les
iris :. le nombre des étamines efl proportionné
au nombre des graines : les étamines font dif-
poféès dans lés' fleurs , où lès étamines 8c
-les piflils font réunis,sde manière que les premiers
reeduvrem les féconds.; fi le piflil efl quelquefois
plus relevé que le fonunet des étamines,,
la véficüle qui renferme les poumèies fécondantes ,
crève, s’éclate. & les lance .jnfqu’àu piflil, ou bien*
celui-ci fe courbe pour atteindre les foïnmets : fi
la fleur étoit inclinée, les pouflières ne pourroient
tomber fur lesloin mets-, mais la fleur fe relève
au tems de la fécondation, & le piflil- reçoit la
pouflière qui doit féconder les graines: dans les -1
fle.urs.en grappes, ou en épisles fleurs inférieur-'
res font fécondées par les fùpérieiirès, ' . ;
On a remarqué que les pluies qui tombent ,,
lorfque les pouflières dès piflils doivent fe répandre
, empêchent lafruéfification ,.parce.qu’eHes>
entraînent les pouflières-.,' & interceptent leur-
entrée dans'’ le piflil . Là plupart des plantes-
aquatiques portent à la furface de. Feau pour
fleurir., & s’y replongent, quand • les fruits, font:
noués. Enfin lésdécoirvertesfétormantes de M. H'ed—
wig dans l.s plantes-cryptogames, prouvent que'
les étamines & les piflils f ont, des organes indif-
p.eûfablés pour là fruélificàrion;
Ce n-efl pas-tout -,-ces pouflières ne font pas
la graine féconde qu’on doit- recueillir *, cette
jgraine ne fe 'trouve ni dans le fluide qui fort,
des pou flières lorfqu’clles • fortenr, ni dans les Y
ponflièresqui fijrrent. des coques formant les fom--
mets. 11 faut ici confulter le plus pénétrant &
j le plus habilè desObferv ateurs, M. FAbbé Spa-
ianzani, dans fes Expériences Jhr la génération y il
nous apprendra quels font-les effets qu’iF faut:
| ajouter à 'ceux-ci pour approfondir cette,matière...
) 11 a anatomifé des boutons du (genêt- d’Efpagne :
parfaitement formés, avant une ligne de longueur ;
| fi a vu leurs anthères &. leurs-pouflières • le; piflil'
& là filique d’un dixième, de ligne qui efi à fa-.
baie; il efl même parvenu à ouvrir longitudinalement,
cette coffe, & il y a- obfervé de: petits -,
grains d’une ferme: r< ude ,- .plàbés dans autant:
d alvéoles, qui font là graine elle-même, de la-
plante -, ces grains font alors attachée à là filique,
comme loifqu'e la graine.efl mûre-, en anatomi—
iant ces petits grains , <5n y trouve un tout d’une
I matière fimilaire. fpongieufereflèmblant à:,
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une gelée un peu ferme y ces graines exigèrent
donc vingt jours avant que les boutons fulfent
ouverts, & par conféquent vingt jours avant leur
fécondation.
„En fuivant ces boutons & en les anatomifant
de la'même manière, on voit les différentes parties
de la fleur s’accroître peu-à -p eu, les graines
qui grofliflent deviennent moinsgélatineufes, les
corps quelles renferment s’enveloppent d’un
fluide : mais onze jours après la chute dès fleurs ;
ces graines ne font plus fi rondes; elles reffemblent
à un coeur où l’on apperçoit au fommet un point
blanc, qui efl une petite cavité renfermant- une;
petite goutte de“ liqueur ; cette'cavité s’aggrandit,
elle efl toujours pleine de liqueur : mais au vingt-
cinquième j.'ur, on y apperçoit un corpufcule à
demi-tranfpàrént d’une couleur bleuâtre, gélatineux
& attaché par les deux points oppofés aux
parois de cette cavité : au bout d’un mois, les
graines prennent la formé d’un rein qui efl leur
forme naturelle : enfin au quarantième jour, on
difiingue les deux lobes.
.Cette .anatomie dont il faudroit fuivre les détails
inîé'reffans dans l’ouvrage même que je-viens
d’indiquer , montre clairement qu.e les-graines
exiftènt dans le bouton, avant la Fécondation,
qu’elles s’y développent peu-à-peu , & qu’après
la Fécondation on voit le corps-fpongieux fe
changer en deux lobes qui forment la graine.
M. l’Abbé Spalanzani a répété cette anatomie
fur d’autres plantes qui lui ont fourni les mêmes
réfultats, il a fur-tout étudié les boutons des fleurs. ,
à piflils du cucurbita pepo , qui ne laiflbient pas
foupçonner que la pouflière des étamines eût influe
fur eux comme on auroit pu le préfumer dans
les boutons des autres plantés, quoiquelles ne fuf-
fent pas mûres ; mais il obferva toujours les lobes
& la plantule après la Fécondation.
Fuis donc que les lobes & la plantule ne pa-
roiffent qu’après l’aèlioti des pouflières, ne pour-
roit-on pas croire que les pouflières ont gliffé ces
lobes & cette plante dans1 le piflil ? Mais fi cela
étoit vrai, on veroit les lobes &. la plantule immédiatement
après la Fécondation, & on ne l’obferve.
fou vent que lorfque quelques femaines Font
fuivie y d’ailleurs on ne peut nier l’exiftence de
ces -lobes & de cette plantule avant l’aèHon des
pouflières* parce qu’on ne les a pas diflingué, on
ne fauroit conclure de l’invîfibilité à la non-exif-
tcnce. Et fi les graines des plantes font dans les
pouflières pourquoi ne pourroit-on pas les découvrir
? Cependant lorfque ces pouflières. font
mûres on n’y découvre qu’un fluide , des coques,
des pouflières qui ne reflemblent ni aux lobes, ni
aux plantule^, ni aux graines obl'ervées après la
Fécondation.
Ce n’efl: pas tout, comme ces globules, nageant
dans le fluide , pourroient changer de forme
quand ils ont pénétré le piftil, l’Abbé Spalanzani
prouve encore fans réplique que les globules des |
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étamines ne font pas les germes des plantes : puif-
qu’il a élevé des graines fécondes fans Faél-ibn--des
étamines. Et il opéra ce phénomène- efi-coupant
à diverfes fleurs les fommets avant que la pouflière
fût tombée fur les piftils, ou en ôtant les -fleafë
à étamines aux plantes qui portent des fleurs à
étamines & des fleurs à piflils fur le même individu,
enfin en écartant avec'crupule les plantes
à fleurs à étamines, des plantes à fleurs à piftils)&
mêmë en ne laiflant pasfimaginer la poflibiliré (de
quelques pouflières répandues dans l’air pour
favorifer la Fécondation , après avoir fupprimé
toute la pofîibilité de l’influence naturelle des
pouflières appartenant aux plantes qui étoientle
fujet de ces expériences.
. IJ feroit curieux de fuivre le détail de ces expériences
avec l’Auteur , les précautions mirm-
j tieufes & favantes qu’il a prifes pour prévenir
j toutes les fraudes, l’oeil d’Argus qu’il a eu pour
veiller fon dépôt. C ’eft en lifant cet ouvrage
/original qu’on appréciera les objections diélées
par la paillon louable de M. Smith 3 fa vaut Bota-
nifte Anglois, pour Linné , & qu’on fe perfuadera
que routes ces objections ont leur réponfe dans
la méthode d’obferver dé notre grand Obfervàteur :
car les objeéfions contrôles faits tombent toujours
quand elles n’attaquent pas la vérité.
Lés plantes préexiftent donc à Faéfion des pouf-
fiéres dans le piftil ; mais les pouflières favorifehi
leur développement dans prefque toutes les plan*
tes; & , quoi qu’il y en ait quelques-unes qui peuvent
fe palier d e ‘ce moyen , on fenr bien qu’il
eft impoflible de conclure de la néceflité des pouf-
fières pour la fruélification d’un très-grand nombre
de plantes, à toutes fans exception , avant
d’avoir fait dés expériences propres à établir cette
I univerfalité.
M. Spalanzani foupçonne que le principe
fécondant des plantes qui fourniflent des graines
fécondes fans l’aétion des pouflières, pourfeit
être caché dans le piftil : & il fonde ce foup-
con fur quelques pouflières qui eouvroient les
piftils des plantes qui n’avoient sûrement pas été
dans le cas de recevoir Fàélion des pouflières
des étamines ; alors cette pouflière dès piflils ,
obfervée auffi par Kolreuter, auroit la même
influence fur les plantes dont nous avons parlé ,
comme la mercuriale, la courge, le chanvre,
les épinars/que celle des étamines pour les féconder.'
'
L’explication que Kolreuter donne de la Fécondation
eft trop ingénieufe & trop probable,
pour la pafièr fous filence ; il croit que les pouf-
fières font par elles-mêmes incapables de féconder
la graine, mais quellescontiennent une huile
très-fubtile qui eft la vraie femence ; il imagine
donc un fuc qui monte par les vàiffeaux du ftyle y
ce lue eft analogue à celui des pouflières y il
tranlpire à travers de la furface du ftigmate y quand
la pouflière tombe fur le ftigmate, la partie hui*
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