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la plante elle-même, car tous les grains qui en
font privés par accident ou àdeflèin, ne lèvent
point lorfqu’ils ont été mis en terre, tandis que
ces mêmes grains lèvent quand le germe eft fain,
lors même qu’il ne refteroit à ces grains qu’une
îrès-peiite quantité de leur matière farineufe.
Mais, pour réuflir dans cette expérience, il faut
garantir cette graine mutilée d’une humidité trop
grande qui pourroit la faire périr. Il y a plus,'
il n’eft pas même néceflaire que la graine foit
toujours parfaitement mûre pour lever; j’ai femé
clés pois verts, tirés de leurs liliques vertes qui
ont végété trèis-vigoureufemeut.
Après avoir donné cette anatomie groffière du
Genjïie & peint fon exigence jufques à la fécondation
, il importe de réprendre à cette époque
fon hiftoire Fhyfiologique.
La fécondation étant achevée, le Germe dévient
l’embryon , il le développe d’abord en
filence dans-le lieu où il eft placé ; ce lieu a été
appellé Thalamus ou berceau par les Botaniftes ;
ils ont donné le nom de Cordon au lien qui attache
le Germe à cette place. Cette partie qui contient
les graines, eft l’épanouiffement du pédun-
‘cule. Elle eft affez fpongieufe dans les graines qui
font nues. Mais, de quelque manière qu’elle foit
faire, elle a toujours le même ufage, elle prépare
ou elle conduit les fîtes qui doivent nourrir la
graine : au moins il fembleroit que le thalamus
eft plutôt un organe propre à conduire les fucs
alimentaires de la graine, qu’un organe fait pour
les élaborer. Le calice pourroit être deftiné à
cette élaboration dans les graines nues où il fe
conferve & eù il végète. Le péricarpe qui croit
avec la graine & qui defféçhe quand la graine eft
mûre, permettrait bien mieux de croire qu’il
fert à la nourriture des graines. Cela paraît au
moins le but de la matière pulpeufe dès bayes ;
mais indépendamment de cela, les Germes doivent
communiquer avec la moelle qui peut être un
de leurs moyens alimentaires-, comme quelques
Botaniftes l’ont foupçonné.
' Ce fuc nourricier des graines varie dans les
diverfes plantes ; on peut le juger par la diverfité
de leurs goûts & de leurs odeurs. Ce fuc doit
être porté au germe par des vaifl’eaux particuliers.
Schmiédèl a vu dans la Jzderitis montana , quatre
fibres ou petits tubes qui partoient du thalamus
pour fe lier au germe ; le même Obfervateur a
remarqué dans l’ellébore noir, que !a uioëlfe
oeçupoit non-feulement le réceptable , mais-
quelle s’infinuoit dans le germe par un vaifleaû.
Dans la poire , les vaifteaux ou les fibres qui
forment le pédoncule font diftribués de différentes
manières autour du fruit , comme la
macération l’a fait obferver ; en coupant horizontalement
ce pédoncule, on voit des'vaiffeaux
plus%rands que lés autres qui rompent autour
des enveloppes de la graine ; ils éroient d’abord
in cité s dans la fleur pour la nourrir ? & après la
G F, T?
chute de la fleur, ces Vaifteaux- lu
la nourriture de la graine.
dent pour
Le Germe ne femble pas nourri irnn* édia terne ne
par la matière pulpeule qui l’envm nne , niais
par des vaifteaux particuliers quv puiroiffent fe
noyer dans cette pulpe. Cette opin >n devient
vraifemblable , quand on conficSere que cette
pulpe eft en très—petite quantité lorfq> K; le Germe
croit, & que cette pulpe et oit beaucoup & rapidement
après la formation delà graine ; on voit les
liens de-la graine avec la pulpe des fruits dan s la
pêche, la prune, la noix , le raifin , la grofeille.
Il y a autant de petits vaifteaux ou de petits fil ets
pour attacher la graine à la pulpe du fruit ou aux
liliques, qu’il y a de Germes à nourrir , & ces
filets lient la graine avec la plante, comme l’Abbé
Spallanzani l’a voit déjà vu dans les Germes avant
leur fécondation. Le lieu, dans lequel ce filet ou
ce vaifleaû eft placé, s’appelle le hilus ou Vombilic
ou la cicatricule.
Le Germe d’abord tranfparent, comme nous
l’avons vu eft une vélicule pleine d’un fluide
organifé. Cette véficule forme la double enveloppe
de la graine. C’eft-là que le fluide organifé prend
de la confiflance & que la graine fe développe.
Il paroîr que ce fluide diminue ou par l’évaporation,
ou par l’épaiffifl’ement,« ou par une ré-
forption de la partie là plus tenue qui peut
fervir au développement des peaux de la graine
ou à celui de la pulpe elle-même. Je préférerai
cette dernière idée qui m’eft particulière , parce
l’évaporation n’eft pas aifée dans une partie fi
petite ,_ qui n’eft point expofée à l’air , & qui Je
trouve dans une enveloppe affez humide. L ’épaif-
fiffement du fluide ne peut avoir lieu que par
un mélange chymique dont on ne voit pas trop
la manière ; mais-on conçoit comment la partie
la plus fubtile de ce fluide peut-être afpirée par
des vaifteaux faits pour cela ; quoi qu’il en foit,
ce fluide difparoît : le Germe eft nourri par le cordon,
par les cotylédons qui croiffent beaucoup
en comparaifon du Germe. Ces cotylédons font
prefque d’abord toute la graine , de manière que
le Germe ferait ainft nourri dans la graine à-peu-
près Comme la plantule lorfquelle commence à
fortir de fes enveloppes. Voye[ Germination.
Le Germe ainli développé contient à la rigueur
toute la plante en miniature. Linné diftingua
dans la graine du nymphæa & tulipier les feuilles
& même les graines de ces plantes. Lédermuller
a fait voirdans la plantule du feigle les organes de
la génération de cette plante. Lewenhoëck a vu
l’épi dans le grain de bled. Eefin fi l’on place fur
des éponges humides des graines de fèves & de
haricots, on y voit facilement des feuilles dans
le Germe au bout de deux jours.
M. l’Abbé Spallanzani fut curieux de favoirquel
étoit le degré de chaleur que les Germes pour-
roient fupporter fans périr, il trouva que lë 6ô.e
degré du thermomètre de Réaumur indiquoit une |Hj|JSjJr
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chaleur qui n’empêchoit point les pois, les lentilles,
l’épeautre, la graine de lin M de treffle de
germer ; la chaleur du 6^.c degré commença de
leur nuire ; quand elles eurent fouffert le 704e
degré, il n’y eut que 11 plantes de Treffle fur
une.poignée qui levèrent ; après l’aélion du 8o.e,
il n’y en eut que trois. Les rêves, l’orge, les épinards,
les haricots blancs & noirs*, le maïs , la
v e fe e , les graines de periil, d’épinards, de raves,
Je bettes -, de mauves, germerent toutes après
avoir éprouvé une .cbaleur de éoA 65 degrés.
Quelques-unes périrent quand elles éprouvèrent
la chaleur de 70 degrés. Un plus grand nombre
d’elles furent perdues à 75. Prefque toutes furent
mortes à 80. Néanmoins 2 haricots blancs & 3
fèves qui avoient éprouvé ce dernier, degré de
chaleur germèrent ^encore. '
Ces graines fupporterent cette chaleur dans
du fable fec ; mais1 elles ne purent en fupporter
line aufli forte dans l ’eau réchauffée peu-i-à-peu
au même point. Les pois & le treffle germèrent
abondamment, quoique l’ eau eût éprouvé la chaleur
de 60 degrésy mais le lin , les lentilles ne
germèrent p oint, & ' l ’épeautre ne germa- qu’en
petite quantité. Au fôixante-dixième degré, il y
eut feulemen t trois graines de lin qui germèrent,
& il n’y en eut point à 80.* ; ce qui me feroit
croire que les cotylédons avoiènt plus foufïèrt
que le Germe, & qu’il y a peut-être un point
de petitefTe où ces germes font inaltérables".
Mais les Germes des graines ne font pas le?
feuls qu’on doive foupçonner dans les plantes.
•Les bourgeons qui paroïffent fur toutes les parties
de leurs tiges, de leurs . branches, de leurs
racines , dont on favorife la fortie en retranchant
quelques-unes des parties des plantes où
ces bourgeons fe développent, annoncent une
grande quantité des germes particuliers qui con-
Üennnent ces bourgeons : car enfin cés bourgeons
font de petites plantes qui fe développent fur la
grande qui leur fert de mère; ils donnent naif-
fance à des fleurs qui produifent des graines
fécondes, & qui contiennent par conféquent des
•germes propres à être développés.
Il faut l’avouer, ceci complique extrêmement
le problème ; ces Germes doivent être répandus
dans toutes les parties des fibre,s végétales, puifque
ces fibres feules peuvent fournir par-tout des
graines fécondées fans fécondation , au moins
apparente ; puifque chacune de ces fibres produira
une plante entière dans de certaines cir-
conftances. Mais on fait encore que les feuilles ,
les parties même des feuilles s’enracinent &
donnent naiffance à des plantes entières.. Les
boutures, les marcottes, les greffes font obfer-
jrer le même effet.
On comprendrait peut-être comment la fibre
végétale fe développe après avoir'été coupée ,
gpmçient elle fournit des racines, quand: elle eft
^hyfiofogie végétale. Tome, J.ir i> re Partie.
G E R n i
eù terie > comment'elle fe çouronne de feuilles
lorfqu’elle eft dans l’air : une nourriture plus
abondante defimée à urne' de fes parties & détourné
© de fadeftination naturelle*par ur retranchement
peut fournir à un développement plus con-
fidérable dans'd’autres parties; en fburniffant une
nourriture plus abondante aux germes contenus
près de cette partie retranchée : ces germes n’auraient
pas au moins , reçu toute cette nourriture
fans les- circonfiances qui ,l ’ont fournie , telles
que le retranchement de quelques parties de la
plante, oü une gène dans le mouvement des fucs
nourriciers; & ces germes ne fe feraient pas développés
deinanière à paraître d’abord au jour,
fans le furcroît d’aliments qu’il ne devoit peut-
être pas encore recevoir.
'Mais fi l’on eft forcé de fuppofer dans toutes
les parties des plantes dés germes particuliers fem-,
blables à ceux des graines qui fe développent,
& il y a plufieurs cas ou il feroit difficile de fe
paflër de cette fuppofition, comme par exemple
dans les bourrelets produits par les ligatures, 0a
ne voit pas trop où eft: le principe fécondant
qui anime ces .germes. Sans doute on peut
croire que tous ces germes ont été fécondés avec la
graine dont ils tirent leur origine, & qu’ils ont
vécu comme le poulet dans l’oe u f , jufques à cé
qu’une pccafion favorable, telle, qu’une douce
chaleur ou une nourriture abondante, ait vaincu
leur inertie. Mais alors pourquoi les graines, qui
croiffent fur cette tige n’ont-elles pas été fécondées
de même ? Pourquoi ont-elles befoin d’une
nouvelle fécondation? On peut à la vérité ima--
gincr des: germes diflérens ; mais fi les mêmes
caufes doivent avoir les mêmes effets, pourquoi
le même germe qui produit la graine dont la
plante fort donneroit-il naiffance à un effet pareil
dans le bourgeon qui s’échappe après d’une
branché coupée fans donner auffi naiffance à
des graines fécondes, quoiqu’il n’y ait point
eü pour elles de fécondation apparente ? Cette
difficulté me paraît confidérahle ; cependant elle
ne fauroit renverfer une;‘Opinion établie déjà
partant de preuves : il.peut y avoir d’ailleurs
des bornes-à la fécondation ; & f i . le.germé du
bouton eft affez avancé dans la graine pour fe
développer par le même moyen & dans le
même' tems quelle , la grain©, qui eft contenue
dans, ee bouton , n’eft pas affez avancée pour
jouir de cet avantage fans une fécondation nouvelle
, ou bien leurs organes font trop délicats ,
trop fins pour accomplir cette fécondation.
Par ee moyen il fembleroit que le bouton eft
le développement d’un germe contenu dans le
parenchyme, que ce germe fe développe feulement
lorfque de certaines circonftances fe
préfentent telles que le retranchement d’une
branche o% d ’un bouton voifin , qu’il fe fonde
alors ayec nP mère-plante, qu’il devient une
efpèce' de greffe ; mais cela n’explique pas fa