
la différence dés gommes, des réfîne?, des lues
laiteux & aqueux , n’eft pas facile à établir, &
l’on ne fait rien fur leurs productions & -leurs
mouveinens -, on ne peut pas décider fi tous les
végétaux ont les mêmes vaiffeaux , s’ils en ont
tou s , s’il y en a même • on ne fait pas mieux
l’influence des folidès furie s fluides ; la proportion
des forces actives y la théorie des. fécrétions -,
fl tout eft fibre ou vaiffeau. La moindre partie
d’un arbre eft un phénomène aufli difficile à
expliquer que l’arbre entier lui-même , puifque
la moindre partie d’un arbre peut devenir un
arbre tout entier. Après cette ébauche rétrécie
des chofes capitales que nous ignorons dans les
végétaux , je ne crois guères qu’on p'uifle imaginer
avoir quelque chofe de folide fur l’Economie
végétale.
Ce n’eft pas tout ; fi l’on fe rapproche davantage
d’un végétal, fi l’on cherche les caufes de
fon développement, des différents événemens
qu’il éprouve, on eft arrêté dès les premiers pas ;
où eft ce principe moteur que détermine le mouvement
de la plante, qui eft la fource de fa vie
pendant qu’elle dure ? on peut le foupçonner •
mais la démonftration n’eft pas fi facile. Si je.
cherche l’organe qui eft le jreffort du végétal, je
vois que la plupart peuvent être retranchés fans
le faire périr fur-le-champ. Les feuilles, l’écorce,
les racines, les fleurs, les branches, la place même
des feuilles & des racines n’effpas tellement
déterminée qu’elle ne puiffe être changée : ainfi,
les racines peuvent remplacer les feuilles, &
réciproquement • l’éçorce peut être enlevée, -&
l’arbre continuer à vivre * plulieurs plantes existent
quelques tems fans feuilles, fans fleurs &
même fans racines, comme les boutures, Cependant
le parenchyme me paroîtroit être Torgane
le plus généralement travaillant pour la confeîy
vation & le développement du végétal,
On ne peut fe' diffimuler que les végétaux ne
faurôient exifter fans eau , qu’elle leur eft indif-
penfablement néceffaire, comme il paroît par
celle qu’ils fucent & qu’ils évaporent, & encore
plus par les maux qu’ils éprouvent quand
cette fucHo.n & cette évaporation, font feulement
ralenties. On a découvert que les plantes fè plai-
foient dans un air très-pur, que la terre leur
fervoit de nourrice & d’appui, que la chaleur &
la lumière font importantes pour leur développement,
Mais fi l’on cherche les fondements de
ces rapports, notre ignorance fur la nature des
plantes, fur ces corps qui fe combinent avec
elles , fur la manière de la combinaifon paroîtra
continuellement. On ne peut pourtant pas douter
de l’importance de toutes ces connoiffances,
on reconnoîtra fans héfiter, que la Phyfiologie
végétale ne fera lumineufe que lorfquelle pourra
répandre du jour fur ces queftions, & qu’elle
jse fera utile que lorfqu’en ççlrôm les travaux
de P Agriculture, elle les rendra énergîqiiemcnï
effiçaees & fûrs..
ECORCE. Quand on a un peu étudié les vé-».
gétauX’* on a bien-tôt reconnu l’importance d®
l’Écorce. On la voit au moins recouvrir toute la
plante .dans toutes fes parties pendant toute fa
durée. Mais, comme elle ne s’offre pas parfaitement
la même dans les différentes places où elle
s’obferve , il feroit difficile de la définir exaéte-
ment pour chacune de hr même manière. Il eft
pourtant certain que le liber & les couches li—
neufes qui font partie de l’Écorce dans,la tige
& les branches ne recouvrent ni les feuilles, ni
les fleurs, ni les fruits. Il eft également certain
que l’Écorce des plantes herbacées ne reffemble
pas entièrement à celle des plantes ligfieufes. II
eft encore parfaitement fu r , que toutes ces Ecorces
dans les différentes plantes font, à divers égards,
affez différentes ^ De forte que, pour fe faire une
jufte idée de l’Écorce dans tous les cas , il faut
connoître en général fa nature : & c’eft ce que
les connoiffances Anatomiques qu’on a acqui-
fes fur cette partie pourront nous apprendre.
Je réunirai ici les diyerfes recherches qu’on
a faites pour pénétrer l’Écorce des plantes • mais
je fuivrai particulièrement les détails curieux
qu’on trouve dans l’ouvrage de Hill • ce Natura-
lifte m’a paru avoir ajouté quelque chofe ,à tout
ce que nous favions fur ce fujet *, & comme il
eft le dernier qui a porté le feaipel fur l’Écorce,
il a raffemblé ce qu’on favoit,& il y a joint fes
découvèrtes.
Il me paroît convenable de choifir les plantes
ligneufes pour faire l’anatomie de l’E corce,
puifque l’Êcorce de ces plantes renferme toutes
les parties qu’on trouve’ dans les autres
Ecorces,
Si l’on coupe tranfverfaîement le tronc ou
une branche d’une plante ligneufe, on diftingu®
bientôt les différentes parties ou les différentes
efpèces de couches concentriques qui compofent
cette branche -, & on ne tarde pas de diflinguer, A
la couleur, les trois efpèces particulières de fubfe
tances qui les forment : on diflingue d’abord VE cor-*
ce , l'Aubier & le Pois.
L’Ecorce fe fait remarquer par fa couleur verte *
l’aubier par fa blancheur, le bois eft plus ou
moins brun. Mais, en examinant plus fcrupuleu-
fement l’Ecorce, on trouve bientôt quelle n’eft
point une couche homogène ’ elle paroît corn-
pofée de diverfes couches d’une cfpèee différente
& d’une çpaiffeur qui n’eft pas la même dans
toutes ; on diflingue ainfi d’abord la plus extérieure
qui eft Vépiderme -, on trouve enfuite Ven-
velope cellulaire , ou le parenchyme 3 les couches
corticales , le liber.
L'épiderme recouvre tout le végétal, & il doi*
le recouvrir, puifque le végétal eft le développement
d’un être qui a exiflé avant qu’il frappât»
fçns, &. dont les accroiffemens font un dé--
vcloppemeni
tr.eloppement qui fe borne à l’extenfion ou à i
â’écartement des parties d’abord rapprochées , en-
fuite repouffées lune de l’autre. Comme cette
membrane couvre la plante en miniature, elle
fuit fon hiftoirè , & elle s étend avec les parûes
ou’elle recouvre à mefure que ces parties groffif
fem. Puifqu’il eft démontré que 1 épiderme des'
animaux varie dans fes différentes places, il me
ffeaible probable que l’épiderme des végétaux
peut varier de même fuivant les différentes parties
oui en font recouvertes. Ce n’eft pas que je veuille
faire reffembler l’épiderme végétal, aleptderme
animal ; la defeription que je vais faire du
premier, montrera combien peu il reflemble au
fécond. . , „ '
L ’épiderme d’une plante ligneufe, quin eif pas
trop âgée, eft la couche la plus extérieure cjui la
recouvre entièrement. Quand cette couche en a
été féparée par huuacération ou autrement, li
on. la lave avec foin & fi on la place enfuite j
fous des verres qui grofliffent , on y y eiJ5a ^n
réfeau affez bien repréfenté par une toile d arai-
x «née : mais il faut l’étudier fous l’ea u , ou tort
hümeélée, lors même quelle eft fraîche, afin de
prévenir fon. defféchement.
Quoique l’épiderme foit une couche des plantes
extrêmement mince , elle eft pourtant compofée
de différentes parties, ou de différens réfeaux
placés les uns fur l'es autres, très-difficiles a réparer
• & quand on y réuffit , cette portion de
l ’épiderme offre alors une efpèce d’ombre, ou
plutôt elle repréfente des traits faits fur le verre
jdu porte-objet.
Si l’on a trois parties d’épiderme, dont 1 une
ne foit qu’un feu 1 réfeau léparé de tous les autres
, une fécondé compofée de deux réfeaux ,
1 'une troifième de trois réfeaux, on ne verra quelque
chofe de diftina que dans la première portion
-, les deux autres offriront un fpeaacle plus ;
ou moins confiis. . . ■ , ,
L a première portion fait voir une
vaiffeaux longitudinaux, féparés par une uibl-
tance membraneufe qui en rempliflesintervalles;
on pourroit foupçonner des vaiffeaux tranlver-
fa a x , qui tient les premiers entr’.eux -, mais ce
que l’on prend pour ces vaiffeaux , eft une
repréfentation illufoire-, ce font dès efpaces qui .;
féparen t, dans ce fens, ia fubftance membraneuje, .
comme on s’en affure quand on emploie des •
lentilles plus fortes. , , ,,
Cette fubftancemembraneufe qui tracedes lignes
tranfverfales , fur'les'vaifièaux longitudinaux,
laiffe voir l’ouverture des bouches des utrïcules.
il paroît cle-là que chaque vaiffeau fe trouve -
ainfi coupé par cette fubftance en divers utn—
cules. Dans- les plantes herbacées, chaque utri- j
cule effformé par deux portions de cette niera- ■
brane. C’eft fous ce point de vue que Hill peint
f épiderme..
' Mais les autres Phÿfiologiftés ont cru que
phyjiolcpç végétal?. Tonie, l é r P
l'épiderme n’étoit qu’un feiil réfeau formé par
des fibres végétales, appliquées fa r le tiffu cellulaire
-, & que ce qui paroît une fécondé, ou
une troifième couche d’épiderme, eft feulement
formé par des épidermes plus ou moins avancés,
ou développés. Cependant, pour établir cette
opinion, il faudrait pouvoir conflater que la
différence de ces réfeaux, eft uniquement produite
par la différence de leur développement.
On eft pourtant un peu ébranlé par 1 obfervation
de l’épiderme du bouleau & du cenfier, qui
femble véritablement formé par 1 union de plu-
fieurs couches : mais celte apparence elle-même
ne fauve pas l’objeaion qui naît de la dernière
remarque ; car , quoique un cenfier privé de
fon épiderme , & expofé a.l air , fe foit exfolié
cinq fois avanr la formation d’un nouvel épi-
derme cela ne prouve pas que des épidermes
fuffent tout prêts, pour remplacer celui qui étoit
enlevé; cela prouverait au contraire , qu’ils ne
l’étoient pas, puifque ceux qui dévoient être le
plus développés t ne fervirent point pour occuper
la place de cet épiderme qu’on avoir détruit.
r La variété qu’on obferve dans les épidermes
des différents arbres, ne permet pas de douter
qu’il n’y ait une grande différence dans les vaiffeaux
qui les forment ; quoique la conftruéhon
générale de tous ces épidermes différents, fois
à-peu-près la même. '
11 eft important, pour faire connoître le yaif-
feau de l’épiderme, de choifir les plantes dont
l'épiderme a les vaifièaux les plus grands. Hill a
pris dans ce b u t, un.e efpèce d’érable qu’il appelle
afk leaved maple ■: il a pris des morceaux
d’épiderme, dont la longueur étoit environ de
deux pouces ; il les prépara enfuite de la manière
que je vais décrire , parce quelle n’eft pas
connue, quoiqu’elle foit très—ingénieufe, très-
utile pour pénétrer l’organifation des plantes.
Diffolvez une dragtne de fucre de farurne,
dans une once & demie d’eau , 'filtrez la liqueur
au travers d’un papier gris, verlez-Ia dans une
taffe ; coupez l'extrémité de la partie de l’Ecorce
qui regardoit la racine , plongez cette partie
dans la diffolution à la profondeur d’un pouce ,
afl'ujettiffcz-lade manière qu’ellepuiffeêtredroite,
i oouvrez-le tout avec un récipient ; cette précaution
eft néceffaire pour affouplir les vaiffeaux
par l'humidité ; tenez cet appareil par ia raifon
■ que je viens de donner, dans un lieu chaud,
laiffez le tout de cette manièredans le même lieu
pendant deux jou rs , retirez alors ce morceau
d’épidèrme K retranchez-en la portion qui a
trempé dans la liqueur ; après cela, prenez deux
onces fie ehaux & une once d’orpiment, rnêlez-
ies enfemble, verfez fur ce mélange une pinte
& demie d’eau bouillante, agitez-le, on peut s’en
fervir au bout de 14 heures ; mettez alors un
peu de cette liqueur dans une taffe ; je préfère
une diffo.lution de foie de fbufre 5 plongez-y I9