
qu’il contient des vaiffeaux lymphatiques , qu’on
ne trouve pas dans L’écorce ; & il de voit aufli
être plus altéré que le bois , parce que l’aubier
n’a point encore acquis fa perfection, qu’il eft
moins compaél, moins réfineux; & peut-être
moins en état de réfifter à l’expanlibilité de l’eau
qui fe change en glace. Voye\ A ubier , Bois ,
E corce. ■
La gélivure entrelardée eft un défaut produit
par une portion plus ou moins grande d’aubier
oc d’écorce déforganifés * qui eft placée entre
deux couches de bois vifs. Elle diffère du faux
aubier, en ce que le faux aubier enveloppe le
bois dans toute fa circonférence , & lui fert
d’étui : tandis que la gélivure n’en couvre qu’une
partie ; elle peut par exemple occuper le quart,
la cinquième partie du tronc plus ou moins;
mais elle ne le couvre pas entièrement. Il paroî-
troit que des parties d’aubier 8c d’écorce, altérées
par le froid, ont été recouvertes par un excellent
pois, en forte que cet aubier • & cette écorce
qui font reftés ce qu’ils étoient, parce qu’ils ont
ceffé de végéter, y forment un corps étranger.
M..Duhamel, dans les Mémoires de VAcadémie
des Sciences de Paris , pour Vannée 17^7 , fait
voir encore que cet accident pouvoit être arrivé
à plufieurs arbres qu’il obfervoit, pendant l’Hiver
de 1709. Il remarque que ces gélivures fe trouvent
fur-tout clans les arbres plantés entre i’eft
8c le midi , fur les côteaux qui regardent ces
expolîtions. Cependant il a vu des gélivures fur
des arbres qui avoient cru dans toutes lesexpo-
fitions & dans tous les terreiris ; mais il obferve
qu’elles font plus communes fur les arbres plantés
au levant 8c au nord ; fans doute, parce
que, dans Iç premier cas, le Gel 8c le dégel fe
fuccèdent fouvent avec une grande rapidité, 8c
q u e , dans le fécond, l’aélion du froid eft réellement
plus forte.
Le grand froid ocoafionne aufti les fentes qu’on
obferve dans les arbres, fuivant la direction de
leurs fibres. On voit ordinairement fur ces arbres
line arrête formée par une cicatrice qui recouvre
ces fentes. Mais, quoique cesfentesrelient cachées
dans l’intérieur des arbres , elles y fubfiftenr
toujours, parce qu’elles ne fe réunifient point;
les plaies dans le bois ne fe confolideiit jamais.
Les fortes Gçlées tuent fouvent certains ar-r
bresdans nos climats’.quelquefois elles n’attaquent
que leurs branches : rarement elles nuifent à
leurs racines. Toutes les plantes pleines de fucs,
les plantes annuelles périffent par la Gelée. Les
plantes herbacées vivaces, perdent alors leurs
-tiges, mais la racine conferve fa vigueur; Par
la même raifon , l’extrémité des branches qui
eft tout-à-fàit herbacée , & par conféquent, qui
eft fort fucculente , fouffre le plus dans les arbres
expofés à la Çelée : les branches paroiflent fouf-
frir précifément , comme lès tiges des plantes
herbacées.
Les jeunes feuilles font fouvent déchirées pat
la Gelée ; cet effet eft produit par l’expanfibilité
de l’eau changée en glace. Les fleurs fe gèlent/
mais moins facilement que les jeunes feuille«
Les fruits fe gelent, & fouffrent- par la même
raifon , 8c .de la même manière que les feuilles,
quand ils éprouvent l’aélion de la Gelée.
Les parties gelées des végétaux fe noirciffent,
deviennent flalques 8t tombent. Mais ces phénomènes
ne font jamais plus fenfibles que lorfque
le l'oleil paroît fur l’horizon, après le Gel, 8c
Iorfqu’il donne à plomb fur les parties gelées. J ’ai
vu cependant au Printems les feuilles, 8c les tiges
des couronnes impériales 8c des hyacin thes, tout-à-
fait fanées 8c durcies par le G e l, fe relever
comme fi elles n’avoient pas été gelées, montrer
enfuire la même fermeté dans leurs feuilles, &
la même perpendicularité dans leurs tiges, tandis
que les narciffes périffent, fans retour à côté des
précédentes, lorfqu’ils ont éprouvé le moindre
Gel : ^cependant les couronnes impériales, &
fur-tout les hyacintes paroiflent aufli fuccu-*
lentes-, 8c prefqu’auflt délicates que les narciffes.
Si l’on confidère Taélion du froid, fur les
plantes , comme étant femblableà l’aèlion qu’elle
exerce lift les corps folides ou fluides , alors elle
fe bornera à changer leurs dimenfions. Mais fi
l’on voit dans les plantes des êtres organifés do
différentes manières, compofés de folides 8c de
fluides, alors le froid doit produire fur ces êtres
des effets particuliers à leur nature. Les fluides
contenus dans lès plantes, peuvent, en fe gelant,
produire de grandes altérations dans les folides,
8c par conféquent dans leurs organes.
On obferve d’abord qu’il y a des plantes qui
fupportent le Gel, 8c même un Gel très-rigoureux
, fans paroître en fouffrir, comme lés fapint
8c les bouleaux. Dans le Nord, ce ne font pas
feulement les arbres qui réfiftent à .ces froids
violens, ce font encore des plantes herbacées,
comme les lychens 8t les moufles de la Laponie,
qui fervent de nourriture aux rennes.
Si l’on compare ces plantes avec celles qui ne
peuvent pas fupporter le G e l, il femblèroit que
le tiflii des premières eft plus ferré, qu’elles
contiennent moins de fluides. En général, on
obferve qu’un grand nombre de plantes mérh-
dionalesont une grande quantité de parenchyme,
qu’elles font fort fucculentes, quelles n’exigent
pas beaucoup d’eau pour croître. On pourroit
croire que cette quantité de fluide, contenue
dans ces plantes, eft la caufe qui les fait périr
par le froid, parce qu’il gele cette sève aqueufe,
8c qu’il détruit l’organifation de la plante, par
la dilatation que la sève éprouve dans les organes
délicats qui la renferment. C’eft ainfi que la
capucine ,qui eft une plante vivace au Pérou,
devient une plante annuelle dans nos climats.
C’eft encore de cette manière que les Gelées
d’Hiver tuent les arbres & arbuftes des Pays
méridionaux,
méridionaux, quand les Etés ne font ni affez
longs, ni affez enauds pour mûrir St pour aoûter
les jeunes pouffes des arbres qui reftent herbacées
, 8c qui périffent par le Gel. En Italie,
l’oranger, qui n’eft point enté, réfifte à un froid
de cinq ou fix degrés au-deffous de zéro; mais
ce froid le tueroit dans nos climats, parce que
Les branches ne font pas aflez endurcies pour
fupporter la dilatation produite par la Gelée :
outre cela, chaque--efpèce de plante exige un
certain nombre de degrés de chaleur pour végéter,
fleurir , donner fes fruits ; & , lorfque cette
fomme de chaleur lui manque dans un tems
donné, il faut que la plante périffe : c’eft ainfi
qu’on détermine le climat qui convient à chacune
d’elles. Mais 'ce qui me confirme dans cette
opinion, c ’eft que plufieurs plantes perdent leurs
tiges herbacées fans périr; parççe que le froid de
l ’Hiver détruit feulement l’organifarion de cette
partie qui eft hors de t\erre, fans détruire l’or-
ganifation des racines qui font à Pabri du froid.... Il paroît encore que plufieurs plantes, & fur-
tout les plantes ligneufes réfiftent à des froids
très-vifs. C ’eft, fans doute , parce quelles contiennent
beaucoup .moins de fluide aqueux que
les plantes vertes ; parce que leur tifïii eft plus
ferré;.aufli, tandis que leurs parties vertes périffent
par la Gelée, fouvent leurs parties
ligneufes n’en f i- firent pas. Enfin , comme lès
plantes ligneufes contiennent plus de parties réfi-
neufés que les plantes herbacées, comme leurs
fibres font beaucoup plus, robuftes, comme leurs
vaiffeaux font beaucoup plus capillaires, elles
ont moins de parties capables de congélation.
D ailleurs les .parties fufcepfibles d’être. gelées,
fe gelent moins facilement dans des tubes d’un
diamètre plus petit, où le repos des fluides eft
plus grand, En forte qu’à tous ces'égards, les
plantes ligneufes doivent mieux réfifter aux im-
preflions du froid, que les plantes herbacées.
Di rai-je que les huiles effentielles , & les réfines
font de très-mauvais'çonduéleurs de chaleur,
quand on les compare aveç l’eau, fous ce point
de vite, & que les planres ligneufes font pour
l’ordinaire plus réfineufes que les autres ?
L ’état- des plantes gelées annonce vraiment un
grand changement dans leur organifarion : elles
deviennent flafques, .leurs feuilles font pendantes,
la partie gelée eft après le dégel fans confif-
tance ; en un mot, lés plantes dégelées reflcm-
blent aux plantes fanées qui ont perdu leurs
fucs. D’un autre côté, comme elles.changent
de couleur, comme elle< noirciffent 8t fe fendent,
il paroît que la sève, en fe gelant, occupe un
efpace plus grand qu’au.}:arav-nt, 8c qu’elle o.cca-
fionne une rupture dans les fibres qui forment
èurs organes. Aufli les plantes qui fe dégèlent
font extérieurement humides ; ce qui annonce
que les fluides ne font plus contenus dans leurs
vaiffeaux, comme ils y étoient auparavant. D’un
Phyjiologie végétale. Tome I .tr I .ere Partie.
antre c ô té , quajnd les plantes gelées ou leurs
parties reftent à l'air, elles fe defsèchent bien-tôt
8c tombent en po’uflière : ce qui prouve pareillement
que. la partie gciée ne communique plus
avec la partie faine, que le Gel a rompu cette
communication, & que leur sève bien-tôt évaporée
ne fe' reproduit pas.
Quant aux plantes qui font gelées à fond fans
périr, il me femble que leur tiffu doit être affez
fort pour réfifter à l’expaRfibilité de l’eau qui fe
change en glace; comme on l’obferve dans les
couronnes impériales oü les hyacinthes dont j’ai
parlé. Cependant il paroît, par les expériences
de M. Blagden , que l’efpace. occupé par
l’eau changée en glace eft plus grand d’un
fep.titfne que celui qui étoit occupé par l’eau
fluide. Voyei Transaction philosophique,
Table lxxviiï. Ainfi la forcé feule du tiffu ne
pourroit mettre les planres en état de réfifter à
cette expanfibilité çle l’eau changée en glace ,
ou à la force ■ quelle déployé alors fur elle.'
Mais, ne feroit-il pas poffible que la duélilitê'
du tiffu des végétaux, contribuât beaucoup à leur
confervation ? On peut imaginer au moins comment
cette duélilité laiffe dilater la g la c e fa n s
permettre de rupture. 11 eft vrai que cette duéli-
lité doit être jointe à une élafliçité fuffifante,
pour que les vaiffeaux reprennent leurs premières
Formes & leurs premières dimenfions après le
dégel. Ainfi, au moment ou une couronne impériale
fe dégèle , fes feuilles font flafques, parce
que leurs vaiffeaux font devenus variqueux;
mais, peu —à —peu, les feuilles fe relèvent, en
reprenant de la force ; lés fibres diftendues fe
contrarient de nouveau , & rentrent dans leur
premier état. Telleeft l’opinicn deM. de Sauffure,
qui me paroît très-propre à rendre raifon d'e
ce phénomène fingulier.
Mais enfin , pourquoi les froids violens, qui
font éprouver quelquefois aux arbres une température
de 15 à 16 degrés au-deffous de zéro'dans
nos climats, ne tuent-ils pas to'us les arbres- dont
la sève gèle à -p e u -p rè s au degré de froid qui
fait geler l’eau ? Cette queftion me femble très-
difficile à réfoudre, & je ne crois pas qu’elle_
ait été jufqu’à jpréfentréfolue. Voye\ C h a leur.
J ’obferverai d’abord qu’il y a des cas où tes
froids violens tuent les arbres. On fait que plufieurs
arbres de divers genres, qui végètent fort
bien dans notre zône tempérée, périflem par le
froid dans lès'climats feptentrionaux lorfquTs
y font expofés en plein a ir , & qu’ils ne fupportent
l’inclémence des faifons que dans Iss ferres.
On remarque encore que les froids violens, qui
tuent nos arbres dans notre Pays, produifent cet
effet funefte , lorfque l’humidité a pu pénétrer
ces arbres, ou, lorfque la sève a pu y prendre
quelque mouvement.
Il paroît donc que les froids violents ne font
pas fatals aux arbres accoutumés à notre climat,
. P