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•croiffement des plantes. Mais une telle union de
faits infpire la perfuafion d’être plus proche de
la vérité qu’on ne peut s’en flatté* par le moyen
d’une hypothèfe. Voye\ Bois , E c o r c e .
COULEUR DES PLANTES. Ce riche fujet
de notre admiration eft toujours vainement celui
de notre curiofité ; il nous manque encore la
palette de la Nature pour étudier fes riches
nuances, & nous ne fommes pas entrés dans fes
laboratoires pour pénétrer la compoiition de fes
Couleurs..
Quand on veut fe rendre compte des différentes
Couleurs obfervées fur chaque plante , on
eft embarrafi'é par leur nombre. Les racines en
ont fou vent une particulière dans les différents
.tems de leur exiftence , & les Couleurs qu’on
découvre à leur furfkcene font pas toujours celles
de leur intérieur ; en général, elles parcourent
plulieurs nuances de bruns, de jaunes, de rouges,
de blancs, &c. &c.
L ’écorce varie de Couleur fuivant fon âge. ,-
d ’abord verte, eufuite plus ou moins brune , le
parenchyme verd varie de même pour l’inten-
lité de fa Couleur fuivant fon âge .& fa place.
L ’aubier par la blancheur contrafle avec la
Couleur yerite du parenchyme, & la Couleur
plus ou moins brune .du bois que la blancheur
de la moelle rend plus fennble.
Les feuilles ont une Couleur verte particulière ,
mais la furface fupérieure efl, pour l’ordinaire,
plus foncée que l’inférieure : une écorce tranf-
parente la recouvre :. des vaiffeaux bruns & ligneux
y ferpentent.Parierai-je déboutons à bois différemment
colorés à leur extérieur qui renferment dans
leurs enveloppes dans. divers tems, les feuilles
peintes de toutes les nuances., pour arriver aiî
verd qu’elles déploient.
Les boutons à fruit qui ont aufli leur Couleur
brune , contiennent fous leur écorce brune des
pétales peintes de toutes les nuances de v e rd ,
de blanc & de mille autres Couleurs, qui font
.quelquefois couvertes, comme la palette d’un
Peintre, des Couleurs les plus vives & les mieux
diflribuées,.
Cela difparoît encore pour faire place à une
pulpe verte qui a fa Couleur propre, & qui fe
couvre fouvent de l’incarnat des rofes & du velouté
de la penfée. Ouvrez-vous ce fruit fi beau,
il renferme une pulpe plus ou moins blanche ;
qui offre quelquefois dans fon centre , la Couleur
pourpre la plus vive. Enfin on arrive
aux pépins, aux noyaux qui ont encore plusieurs
couleurs particulières.
Mais quand on a parlé des Couleurs du moment
dans une plante , on n’a rien dit de toutes
les nuances par lefquelles elle a paffé, depuis le
jaune qui la peignoit en fortant de la graine,
jufques à ce quelle ait acquis toute fa vigueur.
Il en eft de même pour toutes les productions
annuelles de là plante qui varient de mêpîe touc
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| jours* f)Oüf toutes les maladies que les plantes
| éprouvent .& qui leur donnent leurs livrées -, pour
l’influence des faifons, de l’air , de la chaleur,
de la lumière & du fol.
Enfin , pour compléter cette variété de Couleurs
, il faut penfer que chaque efpèce a fes
couleurs & fes nuances qui peuvent être modifiées
par toutes les circonflances dont j’ai parlé :
on eft accablé par le nombre & la diverfîté de
«es Couleurs & de ces nuances ; dans l ’étonnement
qu’infpire -ce phénomène,, on en cherche
; les eaufes& l’on eft encore arrêté par la quantité
différente de ces matières colorantes ; les unes
ont befoin de la lumière pour fe développer ; &
les autres ont leur éclat fans elle ; quelques-unes
de ces parties colorantes font diflolubles feulement
dans r e fp rk -d e -v in , d’autres dans Peau, d’autres
enfin plus ou moins dans l’eau & l’efprit-de-vin ;
enfin i'1 y en a qui ne deviennent diffolubles par
ces moyens, qu’avec l’aide d’autres corps, com^
me la feuille de l ’indigo. Cette différence dans
les effets, en indique une bien fenfible dans la
nature du principe colorant, & dans la caufe
qui doit le produire.
Il me paroît néanmoins que la Couleur foncière
des végétaux eft celle de toutes les plumu-
les avant .qu’elles foirent de terre., dorlqu elles
ont brifé la prifon où elles étoient' retenue.?
dans leur graine ", cette Couleur plus ou moins
jaunâtre eft la toile qui fe peindra quand la
plante fera expofée à l’aétion immédiate de l’air
& dè la lumière. Gela me paroit vraifemblable,
malgré la coloration des racines qui ne doivent
aufii leurs Couleurs qu’à la nourriture que la
plante végétant à l’air leur fournit • car la racine
de la plumirle eft blanche comme elle.
Le fond de cette toile, la matière de la plu-
mule eft plus ou moins rélineufe : les plantes
étiolées comme la plumule fourniffent de la
réfine dansTefprit-de-vin ; cette toile eft orga-
nifée, elle contient des vaiffeaux où des fucs
circulent, où ils s’élaborent, & où cette élaboration
contribue à leurs couleur?.
Le fiège de la partie colorante doit être le parenchyme
; la caufe delà Couleur un fuie colorant.
Il y auroit donc autant de fucs colorans dans
une fleur qu’il y auroit de nuances & de Cou-
! leurs ; mais il me femble que les nuances peuven t
dépendre de l’épaiffeur, ou de la nature de l’épiderme
& de l’écorce. L ’épiderme eft une glace
qui recouvre la partie colorée, mais l’épiderme
peut contribuer à là'coloration par la combinai-
lon de la lumière qu’elle procure avec le fuc colorant
& par l’union de fes vaiffeaux avec le
; parenchyme. Voye% E corce des Pétales , Epid
e rm e ; on appercoit la partie colorante dan?
le tiffu réticulaire, les chenilles mineufes l’enle-
vent dans leurs diffeèrions habiles des feuilles.
Le foleil peint certainement les feuilles en
verd p ar fa lumière, puifque les plante? tenqp?
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à rbbfcurité ont leurs tiges & leurs feuilles
blanches & effilées. La lumière agit de même
fur quelques fruits , elle place 1 incarnat fur
le velours des pêches, la peau fine des cerifés.
Les pavots, les oeillets, les rofes, font blancs
dans leurs boutons ; l’unguis de plulieurs pétales
eft blanc , & -leur Couleur devient plus foncée
à mefure que les-pétales font plus découvertes ;
j’ai vu les reines marguerites dont les pétales fe
foncent beaucoup après leur épanouiffement ;
quelques-unes, qui étoient d’un lilas clair en fortant
du bouton, devenoient au foleil d’un violet
très-foncé : mais la coloration des fruits eft
différente de eellé des- feuilles,, la nature des •
Couleurs n’eft pas femblable ; de forte que fi la
lumière eft le peintre de tous les- deux., il ne
les peint pas de la même manière.
Outre cela, le parenchyme de l’écorce eft
v.erd fou6 fon épiderme, & fa peau épaiffe &
opaque ; dans les graines qui germent à l’obf-
curité, on obferve des vaiffeaux qui conlèrvent
toujours cette Couleur dans la plabte étiolée.
Les fleurs des tulipes & des crocus, font également
colorées , quoiqu’elles aient été élevées
dans les ténèbres-les plus profonds. Les fleurs
du maronnier d’Inde font peintes dans leurs
Boutons ; la partie intérieure des pêches efl
couverte de la couleur rouge la plus vive.-
D ’un autre côté , j’ai démontré l’influence j
de la lumière fur les corps réfineux, j’ai prouvé ;
quelle n’agiffoit fur les bois , que parce qu’ils
eontenoient de la réfine. Voye\ L umière. Cepen dant
comme les feuilles & les tiges font blanches
, quand elles ont été développées à, l’obf-
eurité , comme divers, fruits ne fe colorent pas,
lorfqu’ils font privés de l’aèlion immédiate du
fo le il, on pourroit croire que là lumière colore
foutes les plantes & leurs parties, lorfqu’elle agit
directement fur leurs réiines-, Si. quelle produit
cet effet dans les autres cas, par d’autres moyens
fans une aélion immédiate, foit que ces cir-
conftancès favorifent l’aèlion de la lumière,
foit qu’elles deviennent la caufe efficiente de la
Couleur.
La maturité développe la Couleur dès fruits ,
elle leur ôte la Couleur verte qui eft la première
qu’ils ont eue , ils paffent du verd au jaune
& au rouge. La rofe verte dans le calice devient
légèrement rofe , là où le calice s’eft fendu ;
lorfqu’elle paffe , fa Couleur fe ternit & devient
fauve. Le pied d’alouette eft verd dans le bouton
bleu lorfqu’il eft en fleu r , blanc quand it'
eft flétri. Le pivoine blanc à fa naiffance eft
violet quand il eft développé, blanc fale à fa
mort ; quelques feuilles comme celles du tilleul
& du peuplier jauniffent, d’autres fe colorent
en rouge, comme celles du cornouiller & dé
là vigne.
L ’expérience montre bien que la fermentation
$olore.kv v in s & peut-être qu’une fermentation
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moins forte; en préparant la maturité produit
le même effet. Mais il faut avouer que I on n ob-
fervé cet effet que fur la peau des fruits, &
que la Couleur de la pulpe , par exemple,
varie peu dans les pêches. La fermentation ôte
aufli aux feuilles leur couleur verte. La chaleur
en defféchant les feuilles, les fleurs•& les fruits*
altère leurs Couleurs.
L ’humidité ôte .plulieurs nuances vertes aux.
feuilles, lorfquela température eft chaude, parce-
que les plantes .qui fe développent-rapidement.
1 n’ont pas eu le tems de fe faturer de lumière;
d’un autre côté, lès lues noyés nont plus lin—
. tenfité de Couleurs qu’ils doivent avoir. Le foi-
produit tes mêmes- effets, foit par fon expofi-
- tion , foit-par d’autres rapports ; telles font peut-
être les caufes dès variétés dans les oreilles
d’ours, les ren o n cu le s& c . &c.
La Couleur des panachures eft une maladie;
héréditaire. Voye[ P an a ch ure.
Geoffroi expliquoit ces phénomènes par des
. combinaifons chymiques du phlogiftiquc avec Jes»
fels. Le verd étoit produit par la raréfaôtioa
de l’huile , contenue dans les feuilles, qui fe
mêloit alors- avec les fels fixes & volatils d é jà
' plante , que la partie terreufe arrêtoit. Lucidité
des fucs rougit les feuilles-1 en Automne , il dé-
? trait l’alkali, & la Couleur verte. Les Couleurs
j des* fleurs-font l’effet du mélange de 1 acide avec
une huile effentielle , depuis la Couleur citron1
jufques à l’orange. Le mélange de cette huile
c avec un alkali volatil, formoit les -rouges juf—
qu’aux violets foncés , qui pafloient au noir
avec un peu d’acide. La combinaifon des alkalis*
fixes & volatils-y forment les bleus. Ces fels unis-
' avec les huiles raréfiées- donnent le verd. Voilà
U les jeux d’un laboratoire de Chymie, mais la
nature ne joue pas de cette manière.
- On attribue la Couleur des plantes au fer qu’on
y trouve, mais les expériences étabiiffent mal
cette opinion , car le fer n’eft pas dans les plantes■
fous une forme propre à donner ces Couleurs.
, On croit avoir remarqué que la Couleur la’
plus commune des fleurs du Printems eft le
blanc ; le rouge & le jaune, pour les fleurs d’Eté
& d’Automne. Le verd tendre eft la Couleur des-
filets & des ftylès ; le jaune paroît là Couleur
des anthères & des pouffières ; le violet eft celle;
des corolles ; le verd celle des feuilles & des-’
calices : le Vrai noir eft la Couleur dès graines
les racines font brunes ou jaunes ; les bois.font
blancs-, jaunes, bruns, violets, rouges.; les tiges-
vertes, les- fruits verds , jaunes*,. rouges. &
violets. -
Je joins ici les explications ingéfcieufes-que-'
MM. de Foûrcroy & Berthollet ont donné de 1®
coloration des végétaux ; elles montrent comment
la nouvelle théorie ehymique fe. prête-’
facilement à faire connoître les phénomènes- de- U'
Nature,.