Si l’on demande enfuite quelle c(l la caufe !
de ces mouvémens de contraction & de dilatation,
je répondrai que lors même qu’on ne pourroit
point affigner cette cau fe, ce feroit avoir fait
un pas important pour la théorie de la végétation,
que d’avoir réduit l’explication de toits les mou-
vemens des fluides des végétaux à la découverte
de cette caufe: & cette aflimilation du mouvement
des fluides végétaux avec celui des fluides animàux
feroit elle-même la fource de nouvelles-analogies
& de nouvelles cbnnbiffancës.
D’ailleurs on fait que, dans les animaux, l’irritabilité
cil la caufe du mouvement du coeur &
de la pulfation des artères. On a trouvé dans
divers organes des végétaux des preuves d irritabilité.
Pourquoi donc n’attribueroit — on pas à
cette même caufe les mouvemens de contraction
des vaideaux ou des fibres des végétaux ?
Il faudroit fuppofer que les vaiffeaux dans
lefquels fe meuvent les 'fti.cs des plantes font
irrités par le paffage de ces1 fucs, 8c que cette
irritation excite dans ces vaiffeaux unë contraction
progrelfivë. Ainfl, je me répréfente les orifices
extérieurs des vaiffeaux ablorbans fbit des
racines, foit des feuilles, cp|nme des bouches’
ouvertes. Chacune dé ces bouches le fermé par
fon irritabilité dès qu’elle a été pénétrée par une
certaine quantité d’atomes nourriciers : une fois
fermée , elle fe contracte , fait paffer cette bouchée
de nourriture-dans l’intérieur du vaîffeau,
& ce mouvement de contraction fe Continuant
de proche en proche la fait parvenir dansti intérieur
de la plante. Un peu après que cette
bouche s’efl vuîdée & débarraffée du corps étrangers
qui l’irritoit, elle s’ouvr® de nouveau pour
attendre une nouvelle pâture.
D’après cette hypothèfe toute particule alimentaire
abforbë'e par - les vaifleaux extérieurs
d’une plante, marche au-d’edans, fbit vers le haut ,
foit vers le bas, foit horizontalement ftiivant là
direction du vàifféau qu’ elle a -enfilé. Si ce vàil-
féau, après avoir atteint la- cime, là plus élevée
fe recourbe, coriime nous le voyons dans les
nervures des feuilles, la Sève, après1 être montée
avec ce vaîffeau, fuit fa courbure &• redefeend
avec lui. Si un vaîffeau, après avoir fait dans la
plante un trajet quelconque vient aboutir au
dehors / & que là il fe terminé1 en une pointe
fine, mais qui puiffe pourtant s’ouvrir à l’extrémité,
ou en a autres termes, fi c e : vaîffeau efi
utr vazjjeau excrétoire, la force de contraction
fait ouvrir momentanément fon orifice pour
laiffer paflér au-dehors la matière dont il efi
rempli.
Cette même forcé fèrt à faire paffer la Sève
par les filtres néceffaires à fon élaboration, à
féoarer lès difféfens Ttics, où à' les mélanger au
befoin. C’éft encore élle:qüi opère la circulation1
dé tous ces fies foit de ceux qui font renfermés
dans la moelle & dans les divers parenchymes
des racines, des troncs, des feuilles &des fruits £
fucs dont la flàgnation répugne à tous lés principes
de la bonne Phyfique& à fout ce que nous
montre la Phyfiologie animale.
Si donG la vie tient à un principe interne
de mouvement, s’ il n’y a qu’un tel principe
qui établiffe une différence entre l’arbre vivant
& l’arbre mort • quel genre de mouvement paroîc
plus-adopté aux plantes que celui que je viens
d’expofér , qui luffit feul à expliquer toutes
leurs fonctions vitalës & qui pofl’èae la fimplicité
& l’uniformité qui connituent le caractère de
-cette claflë d’êtres organifé* ? La mort de la
plante tiendroit donc à là ceflation de fon irritabilité
P
Mais ces argumens, pour ainfî dire , métaphy-
fiques ne me latisfaifoient pas : je defirois quel-
qu expérience dirèCle qui vînt à leur appui : il
6’agiffoit de voir fi des liqueurs irritantes pro-
duiroieht quelque contraction vifible, fur les
vaiffeaux des plantes.' J ’ai fiiit, dans cette vue ,
quelques expériences’ fur les utricuies du parenchyme
& fur divers efpèces de vaiflëaux. Je
n’ai trouvé nulle part des vaiffeaux plus diflinCts
& plus faciles à obferver que dans le cheyelu-
né dans l’eau & très-délié de quelques jeunes
plantes que j’y avois plongées. Après avbir ob-
lervé dans une goutte d’eau avec un Bon microf-
cope quelque brin tranfpafeht de ce chevelu,,
jejettaî dans cette eau une rgou t te d’efprit-de-nitre:
ou d’efprît-de-vin : je n’ai pas vu , je l’avoue, le?
vaiffeaux fe contracter fnbît'emént -, maïs aù bout
dé quelques minutes je les ai trouvés froncés,
racourcis & mêhié rompus net en divërs endroit?
par la contraction qu’avoit produite la liqueur
irritante. Il y avoit cependant ceci de remarquable
, que louvent les vaiffeaux qui Coinpofoien t
le corps de cette petite racine paroiffoierif très-
affeCtés, tandis que les-'vaiffeaux abfolument libres
cylindriques , Amples,. ifolês d’une 4 ou 5,00e'
dé-ligne de diamètre qui formoient le chevelu
microfeopique de cette racine ne paroiffoient
point du tout altérés. Peut-être ces petits vai&-
féaux fo n t- ils d’une autre nature: peut-être
auffi leur flxibilité rend-elle moins apparents les
: effets ;de leur contraction*
Mais l’effet de ces mêmes irritons paroîffoit
plus prompt & plus décidé fur lès trachées ou
lur les vaiffeaux fpiraux des plantes. Souvent,
lorfque je tenois Tous l’eau l'extrémité d’une
nervure ou d’un pétiole que je venois: de rompre
à une 'feuille de rofier , ou de tremble & que je
voyois flotter dans cette tau les fpirales à demi-
déroulées de ces vaiffeaux,-d’addition d’une goutte
acide, alcaline,- bu fpiritueufe paroiffoit faire retirer
& raùoùrcir ces vaiffeaux, non en les tordant,
mais ën approchant leurs- fprres. J ’avoue cependant'que
cet effet ne' m’a pas paru confiant. Cet
objet mériterait d’être fùivi f d’autant mieux que
je ne crois pas qu’on ait étudié par cette voie
l'irritabilité1 des plantes ; mais occupé d’autres
objets: je-ne faurois me livrer à ce travail.
qui s’évapore n eft qu’une partie de l’eau qui a
été fucée , il faut que le fluide defeendant foit
. un produit de celui qui a monté. 3.0 Ce fluide
eft à la vérité, différent-, mais ce fluide n’a pas
• été inutilement voituré dans la plante expoféc a
l’aétio® de la lumière, privé d’une grande portion
J ’ai tenté encore une autre manière d éprouver
fi les liqueurs irritantes contractent les vaiffeaux
des plantes : j’ai coupé un rameau de tithymale :
j’ai attendu qu’il ne fortit plus de lait par la
coupure : alors-je l’ai recoupé une ligne plus haut :
jl tn’a rendu moins de lait : & j’ai répété trois
ou quatre fois cette opération , jufqu’à ce qu’il
n’en rendît plus ou à-peu-près plus. Alors je
l’ai plongé dans l’elprit-de-vin en ne tenant hors i
de 1 efprit-de-vin que l’e-xtrémité coupée -, & :
après f avoir tenu là pendant deux ou trois mi- j
nutes, j’ai recoiipé de nouveau cette extrémité : ;
& il ma paru qu’il en fortoit fenfiblementplus 1
de la it, que lorlquè j’avois fait cette même opération
dans l’eau au lieu de la faire dans l’efprit-
de-vin. Les liqueurs acides & alkalines ne m’ont
pas paru produire un effet auffi marqué. Mais
ceci encore exigerait d être fuivi & répété avec
plus de foin que je n’ai pu le faire.
Quant aux obfervations qui ont été faites &
par Haies & par d’autres Phyficiens fur les loix
que fuit l’afcenfion de la Sève , il ne leroit pas
difficile de faire voir que ces obfervations ne
s’accordent point mal avec les loix connues de
l ’irritabilité animale. J ’obferverai en particulier
que la grande force afeenfive produite par les
premiers rayons du foleil après la fraîcheur de
lafnuit j de même que la diminution, &. ènfinla
ceffation de cette force par 1 ardeur continuée^
du fo le il, montrent comme dans les!animaux
l ’irritabilité reftaurée- par le repos & l’atonie
fuccédant au fpafme j‘ ce qui, d après MM. Fon-
tanne & Girtanner , forme les caractères effentielsi
de ce principe de la vie animale.
Il eft aifé de fentir combien tout eft d’accord
dans cette explication, non-feulement dans 1 explication
elle-même; maisencoredans fes rapports
avec tout ce qu’on fait de Phyfiologie végétale , &
par conféquent combien cette explication efi préférable
à toutes celles qu’on a imaginées. ■
Tout ce que j’ai dit jufques à préfent établit
manifefiement que la Sève aquenfe monte au travers
des fibres ligneufes , & que ie fuç propre redefeend
par les vaifleaux propres de l’écorce. Ces
deux faits me parbiffent incsnteflables. On peut
jnême -les appuyer encore par.une nouvelle con-
fidération: on fait qu’il y a- deux plans de racines, ;
le fupétieur qui en nourri le premier par la :
Sève defeendante eft le plus- confidérable & les, :
racines qui le forment font les plus groffes, ;
tandis que dans les> branches, le plan inférieur
qui reçoit la -Sève defeendante ’eft le plus confi-
dérahle par fes :petites racines & leur chevelu.
Mais fi cette Sève monte avec beaucoup d a-
bondance , s’il y a une Sè.ve qui defeend, • il
faut néceffairement que la-Sève qui defeend foit
une partie de celle qui a monté’, c a r , i.° d’où
pourroit-elle venir ? z.° Fuifqu’on fait que l’eau
de l’eau qu’il contenoit, déçompofé dans
mille filtres*,.il falloir bien qu’il lubît,des chan-
^emens., & ces changemens produisent les lues
propres qu’on trouve dans les végétaux , ce font
eux qui les caradérifent. 4.° 11 eft très-prpbable
que le parenchyme des feuilles & de 1 écorce efi
l’organe où fe font ces grands changemeps : c’eft
peut-être là que les vaifleaux féveux sanaflo—
mofent avec les vaiffeaux propres : je marrête:
je forme des fuppofuions : l’expérience pourtant
femble les autorifer : M. de la Baiffc a fait voir
que le lait du tithymale ou ,fpn fuc propre
étoit coloré par l’eau teinte avec le phytolocca
qui monte feulement au travers des fibres ligneufes
& qui communiquoif ainfi par le moyen des
feuilles avec le fuc propre qu’il a coloré. Ce
Phyficien a fait la même qbfervation fur la
violette. . - . ■ '
11 paroît donc que la lymphe s élance des
racines au travers des fibres ligneufes,jufques à
la cime des plantes -, que cette lymphe ^élabore
; dans le parenchyme ;del’écorce., & fur-tout dans
' celui des feuilles • qu’elle fe change en fuc propre -;
qu’elle pénètre les divers vaiffeaux,faits pour eux,;
qu elle dépofe fes parties nourricières depuis la
cime de. la plante jufques à l’extrémité du chevelu
des Tacines qui peut feul être nourri par ce
fuc rapporté. Peut-être enfuite, toute la fur—
face de la plante ouvre-t-elle, des canaux excrétoires
pour cette nouvelle produdion. Mais ici
, nous recommençons encore à imaginer; & Ion
n’a ; pas été affez heureux en imaginant , fur ce
. fujet j pour - imaginer, e.ncore.
Il me refte à faire, connaître un phénomène
relatif à: la circulation de la Sève qui mérite
vr aiment de l’attention par fa fingularité. M. F Abbé
Corti,a découvert une vraie jçirculation de fucs
; dans lachara, qui eft une efpcce de petite prèle
! aquatique formée par un affembîage ck petites
; tiges .cylindriques creufe & tranfparemes : çes
j’ petits tubes font articulés' enlemble &.,féparés
| ; par de petits diaphragmes compiles d’une, mem-
brane très-mince | on n’apperçpjt point de com^..
•' muni cation entre ces. tubules : chacun d’eux eft
plein d’un fluide dans lequel nagent des corpuscules
peut-être véficulaires : on voit ces cor pu f-
cules s’élever , du bas du tube vers le^ haut en.
. fuivant une ligne parallèle a l’un, des cotés : mais,
’ parvenus au haut du diaphragme, ils redelcendent
; parallèlement au côté oppolé à celui près duquel
ils font montés : &. quand ils font arrivés au bas
du tube, ils recommencent à monter : la-force
qui agit fur les corpufcules n’agit que fur cette
, partie du fluide où ils fe trouvent, & elle con