
ro A N A
rîant d'études & d’obfervarions , qui attendent
encore les Obfervateurs • quoique ceux dont j’ai
déjà parlé nous aient fait entrevoir la fubliine
conftruéïion des parties que je viens de nommer.
Il faudrait y joindre le fyfiême vafculaire,. cette
foule de fluides différons qui s’élaborent dans les
plantes, leur manière d’animer le végétal', en
déduire l’hiftoire de leur vie en fan té j en un
m o t , la Phyfiologie végétale. Mais c’eft en étudiant
ces fujets qu’on fe verra preffépar les bornes
de nos connoiffances.
Je ne dois pas. cacher ici que la plupart des
recherches quon a faites fur les végétaux ont été
entreprifes fur les arbres. Comme ils offrent une
maffe plus grande, on a cru qu’ils offriraient
suffi plus de facilités pour pénétrer leur organi-
fation : on ne s’eft pas trompé. Mais on a cru
que cette étude pouvoir difpenfer de celle des-
plantes herbacées, parce qu’on a cru voir tous les
myftères du règne végétal dans les plantes ligneu-
fes : cependant cette idée ne mê paraît pas-rigou-
reufement vraie-: il y a eu au moins une très-v
grande différence entr’elles : & quand elles'différeraient
feulement par leur railla, leurtifiu,
leur durée & la manière de vivre, des: plantes
aquatiques, de quelques moufles, de quelques
lychens, des moififlures, ces variétés mériteraient
la plus grande attention pour être ramenées à la
formule générale.
ANALOGIE des Plantes & des Animaux. Ce
fut fans doute une idée' lieureufe que celle du
Philofophe qui faifit des Analogies entre les plantes
& les animaux. Cette decouverte importante'
pour la Cosmologie fit connoître l’unité des
moyens de la Providence pour remplir fes vuès'
Mais cette idée fondée fur plufieùrs Analogies particulières
a-t-elle -toute la folidité qu’elle annon-
. c e , & ne pourrôit-elle pas s’oppofer à des obfèr-
vations utiles, qu’on feroit fi l’on n?avoit pas ]
l ’efprir prévenu par fefpoir de trouver toujours
des rapports marqués.-entre^ les végéraux & les
animaux?-
M. Bonnet a fuivi l’Analogie entre fes animaux
& les plantes avec beaucoup de foin & de logique.
Il l’a cherchée ave'c la plus grande fagacité
& il l’a trouvée avec la plus grande vraifemblance •
comme on peut le voir dans la contemplation de
la Nature. C ’efl-là qu’il fuit les rapports marqués
de la graine avec l ’oeuf, du bourgeon avec le
foetus, de la nutrition du végétal & de l’animal, de
leur accroiffement, de leur fécondation , de leur
multiplication , de leurs maladies; de leur vieil-
leffe & de leur mort. Le même Philofophe remarque
encore que les plantes & les animaux
peuvent fe reflembler par le lieu où ils vivent,
par leur nombre, leur fécondité, lèur-grandeur,
leur forme , leur flruélure, la circulation de
leurs humeurs, leur fentiment, leur irritabilité.
-On pourroit peut-être ajouter d’autre rapports à
«eux-ci, te k que la tranfpiration, le fotpmeil,
A N A1
ïa veille , feVréfultats de l’analyfe chymiqûe;
Mais, quoique ces Analogies foient frappantes,:
leur enlemble forme-t-il un tout allez lié pour
conclure des Analogies obfervées dans les parties;
à l’Analogie entre les tours compofés. Cette matière
capitale doit être encore examinée, foit pour
perfectionner la folidité dés Analogies trou-*
vées, foit pour en augmenter le nombre : & ne
feroit-ce pas le cas de croire que les, Analogies
obfervées comme celles qui ont été négligées ,
méritent encore quelques réflexions avant d’établir
trop tôt une reffemblance complette entre’
les végétaux & les animaux ?
Mais en fuppofant que ces reflemblances font
rigoureufes, n’y a- t-il point de différences qui
doivent être caraélérifiiques fc On peut d’abord
dire avec vérité que les plantes n’ont point de
fens pareils à ceux des animaux , Ce qui indique
qu’ils n’ont point de nerfs & de cerveau: cependant
l’idée d’animalité me paraît dépendre beaucoup^
de î’exiflence des nerfs & du cerveau : les
infectes les. plus bas dans l’échélle, l’huitre, ne
fon t pas imaginés fans leurs fens & fans leurs nerfs.
îl faut en dire autant du mouvement milieu-*
laire, qui efl tout-à-fait dépendant des nerfs.
Les plantes ne le laiflènt pas même foupçonner :
car k s mouvemens produits dans les^parties des
planches par l’aélion du fole il, ou par celle de
1 humidité, les mouvemens même qu’on obferve
dans les plantes fenfi rives, fontvraifemblablement
des mouvemens méchaniques& nullement fpon-
tancs.: c’efl au-fli pour cela que les planres n-’ont
point d’articulations mobiles & de molleffe dans
les chairs, pour favorifer leurs.mouvemens : c’efl
pour cela que les plantes vivent fans-but, fans
volonté , fans détermination , fans infUnél : c’efl
pour cela qu’elles cèdent fans réfiftance à toutes
les impreflions mécaniques qu’elles reçoivent.
Il y a une circulation d’humeurs dans les animaux
qu’on ffobfervè pas dans les végétaux : les
alimens pris par lès plantes montent toujours
jufques à leur fommité ; le fuc nourricier defeend
toujours : ce qui n’établit pas l’Analogie. 11 n’y a
point de Valvules dans les vaîfleaux des plantes.
L ’irritabilité s’obferve dans les organes de la
génération des plantes. Mais on ne peut la remarquer
dans aucune autre de leurs parties: de
forte que fl elle y exifie, elle doit être fi foible
qu’elle efl à peine perceptible | & par conféquent
infuffifante pour produire les grands effets de la
végétation. Néanmoins, comme îl y aune fi grande
différence entre la plante morte & la plante vive,
comme il faut imaginer un principe de vie dans la
plante végétante qui la diflingue de la plante morte.
On peut croire qu’il y a uneforce pareille à l’irritabilité
mile en jeu par des fluides qui lui do-nn'ent
naiflance : quoique cet effet ne foit pas obfervé
par nos fens. Au rafle, la liqueur féminale qui
irrite fi fortement quelques mufcles particuliers ;
ne produit aucun effet fur les autres.
A N A
Enfin on ne voit dans les plantes aücuto principe
de mouvement, ou de vie femblable au cerveau
& au coeur. C’efl enyain qu’on fuppoferait
ce pouvoir dans les feuilles | les pleurs de la vigne
démontrent que la sève a un mouvement mdé- .
pendant de l’avion des feuilles, puifqu elle s é -
lance alors avec tant de- force dans cette plante,
quoique les feuilles n’y aient poim encore percé.'
La fève redefeend de même, quoique les tiges
ne fuient'pas perpendiculaires au terre-in-, comme
il paraît par les bourrelets faits dans ce k it. Ce
qui prouve que les vaîfleaux ont une aélion particulière
bien décidée fur les fluides qui y coulent.
Et les trachées ne l'auraient y influer puifqu’il n y
en a point dans l’écorce.
La lumière doit jouer un très-grand rôle dans
ce phénomène ; comme je l’ai fait voir par mes
expériences: mais on voit bien qu’en favorifanr
l ’évaporation du fluide contenu dans les vaif-
feaux extérieurs, elle détermine la fèv e, preffée
par l’atmofphère , à monter , pour remplir le
vuide produit par l’évaporation. Auifi il né paraîtrait
pas qu’il y eût une afeenfion fenfible delà
fève, s’il n’y avoir pas dans les pleurs de la vigne,
ou une évacuation réelle ,, produite par ...ces.
pleurs, ou une évaporation de la partie aqueufe:
mais quand on réfléchit à la force d afeenfion des,
pleurs de la vigne, quand on penfe que les tiges
mortes avec leurs feuilles ne' fucent prefque
point d’eau, il,faut reconnoître qu’il doit y avoir
plus qu’une impulfion purement rnéchanique
pour donner le branle à la végétation. & pour
l ’entretenir. L ’air fixe difious dans 1 eau & fucé
avec elle par les racines & par les feuilles, doit,
il me femble, mettre en jeu cette irritabilité ,'«
elle exifle , ou ce qui peut la remplacer. Voye{
SÈVE , SüCTION DES PLANTES , VlE DES I
Plante s. • .
Il fembleroi? que François^ Bayle avoit eu
quelques idées fu r cette analogie des plantes avec
les animaux , dans des Difffîftarions publiées en
latin, à Touloufe, en 1.677. Mais Schmidt en parle;
clairement dans une differtation latine publiée à
Bâle en 17 11. Boretius traite le même fujet en
1727. Feldmann difeute les raifons pour contre
cette analogie en 1732. Roberg établit cette
comparaifon en 1737. Allhan de Bavarois., Wal-
lerius | Camper, Gleditch fe réunifient pour lui
donner plus de vraifemblance. Mais Hedwig fait
•remarquer leur différence dans le Magafin de
Leipfick pour 1784. M. Ingenhous établit, dans
fes deux volumes fur les' végétaux , l’Analogie
qu’il y a entre l’économie des plantés & des
animaux. f . *
• Paul Ammon effaya de prouver en 1667 que
l ’homme étoit une plante renverfée.
Jaç. Winflow, en 1694 , publia-une Differtation
de meckanicâ plantez & animalis ceconomiâ
1inalogicâ.
Geoffroy , dans les Mémoires de Trévoux
A R B 1 1
pouf 1705, traite de la conformité des plantes
avec les animaux.
Antoine de Juffieu fit aufli une Differtation de
Analogue inter plantas 6- aninialia en 172.1.
Bazin a fait imprimer des obfervarions fur les
plantes & leur analogie avec les infeéles.
Mais, comme je-l’ai d it, perfonne ne traite ce
fujet d’-une manière plus phrlofophique que M.
Charles Bonnet dans fa Contemplation de la Nature
, & dans fes Conftdèrations fur 'les corps or-
i ganifés.
ARBRE. Plante qui vit très-long-tems, qui s’élève
à une grande hauteur & dont la tige, les
branches & les racines font cotnpofées de cette
matière dure & fôlide qu’on appelle b o is , fui-
vant la définition de M. le Chevalier de la
Marck. B . .
Cette efpèçe particulière des plantes qui fe du-
tingue des autres par une tige unique , droite,
ferme , élançée & couronnée par un grand
nombre dès branches, plus ou moins touffues,
qui font plus .petites que le tronc , qui s’effilent
en s’élevant & qui font garnies des feuilles ces
plantes les plus remarquables du règne végétal,
par leur grandeur , leur force , leur durée , leur
forme; dont le feuillage le'joue avec tant de no-
blcffe dans l’air, dont les racines fe cramponent
avec tant de force dans la terra ; qui fervent de
retraite & de nourriture à tant d’infeéles, où le
roffignol fait entendre fes concerts , à qui les
oifeaux confient leurs nids & leurs familles.; ces
plantes qui font tout l’ornement de la terre,
dont quelques-unes nous offrent des fruits délicieux
, des teintures folides, tandis que d’autres
fourniffent les bois néceffaires à la çpnftruétion
de nos maifons, forment ces vàiffeaux qui font
à l’épreuve du canon de la fureur des flots,
nous donnent les moyens d’entretenir ces feux
qui font oublier-les rigueurs de l’hiver , & qui
alimentent avec le charbon les forges des artifle»;
ces plantes fi belles, fi'utiles, ne préfententaux
Phyficiens que les phénomènes qu’ils ont observés
dans toutes les autres plantes ; & leur ataato-
mie ne montre que des différences qui pafoif-
fent, au premier coup-d’oeil bien légères.
Les Arbres fe diflinguent entr’eux par leur
taillé, les uns s’élèvent à une hauteur prodi-
eieufe & ont une tige dont la circonférence eft
énorme : on a vu des cèdres & des chênes de 130
pieds de hauteur, des fapins & des mélèfes de
1 io ;, des palmiers de 100 -, on a vu de même des.
tilleuls de 16 pieds de diamètre, des chênes de
30; M. Adamfon affure qu’un Baobab , qu’il a
mefuré au Sénégal, avoit 37 pieds de diamètre.
Quelle fera la durée de ces plantes coloflalcs ?
fi quelques plantes vivent depuis un juf-
qu’à 15 jours , on peut préfumer qu’il y en a
qui peuvent prolonger leur exiftence pendant
des milliers d’années, D’un autre côté, fi je les
confidère <1 leur place, on verra que fi celles-là
B 1