On préfume ^ aifément que la Nutrition fup-
pofe une organifation peut-être vafculaire, qui
donne’ naiffance à des filtres plus ou moins étroits,
dans lefquels fe prépare la partie alimentaire,
fiicèe par la plante • .& où elle s’élabore plus ou
moins dans les différens^organes quelle elt obligée
de parcourir, en fuivant la route qui lui efi
naturellement tracée. Il efl vrai que ces idées découlent
dq celles que les animaux nous offrent.
Mais, quoiqu’elles ne puiflént avoir entr’elles
que des rapports fort éloignés,, on n,e peut fe
diffimuler qu’il y en a pourtant qui font bien '
marqués. Car enfin, le problème à. réfoudre pour
les animaux & les végétaux, fe trouve abiolu-
jnent le même. Il s’agit de faire paffer dans la
fubfiance des uns 8c des autresdes matières qui
font, en apparence, très-différentes, de celles
quelles doivent produire. E r , comme cela ne
peut avoir lieu que par des préparations’ capables
de rendre ces- matières parfaitement analogues
aux corps, dans'la fubfiance defquels elles
doiyent entrer, il faut néce.ffairemént des organes
où ces préparations puiflént fé faire: aufli,
dès que les lu jets à nourrir varieront, les moyens
4 e préparer la nourriture cefferont d’êtré les
mêmes. De forte que, comme la différence entre
les animaux <&. les végétaux efl immenfe, la différence
des moyens qui favoriferont leur accroif-
femenr doit être très-confidérable.
Mais il faut le dire encore, tandis que chaque
efpèce d’animal a une nourriture particulière &
très-différente en apparence de toute autre,
tandis que cette nourriture lufeft fingulièrement
affeélée , il femble que tous les végétaux ont plus
univerfeikment la même. En forte que la différence
des produits que ehaque végétal prefonte, ’
femble plus particulièrement le réfultat des côm-
binaifons fingulières que chacun d’eux peut faire
.des quatre parties élémentaires dont j’ai parlé.
Pne ente prife fur un arbre , eft nourrie par un
arbre d une .autre efpèce ; L’amandier peut fournir
une nourriture convenable au pêcher, parce
que le pêcher ..s’approprie cér.aliment* comme
l ’amandier, en l ’élaborant dans fes organes, d’une
manière qui lui eft propre. Mais ce n’éft que
PAr une combinaifon particulière des différentes
parties de la sève faite dans chaque plante, que
ces différentes parties peuvent fervir à alimenter
les plantes différentes dans lefquelles cetje sève
«nique paflé.
La terre ne peut pénétrer les végétaux que
lorfqu’elle eft diffoute dans l’eau : & l’eau ne i
peut diffoudre la terre que lorfqu’elle eft char- •
^ée d’air fixe: enfin l ’eau, l’air & la terre i
leroicnt inutilement combinés fans le fecours de
là lumière, de la chaleur ou du feu.
J ’ai démontré que lesplantes ne fauroient vivre
fans èau. Eau & j ’ai eu occafion de remarquer
1 énergie de 1 eau , pour le développe—
jtqent des branches au Printemps* Je mis dans
le a u , au commencement du mois de Mars,'
des branches de maronnier qui n’avoient que
leurs boutons : les feuilles fe développèrent abfo-
lument ; les fleurs fortirent de leurs enveloppes
avec leurs belles nuances. J ’obfervai la même chofe
îuries fleurs de cerifier, d’épines blanches : j’eus
meme le plaifir de voirfe former quelques fruits.
Il eft démontré que les plantes périftént dans
le vuide, & clans les airs abfoluinent gâtés., ou
trop raréfiés. Voye^ A ir .
Ôn fait que les plantes ont befoin d’une
portion de terre végétale ou de terreau. Voyez
Engrais, T erre. 1
On a vu que la lumière étoit îndifpenfabîe-
ment néceflaire pour la fan té des végétaux : qu’elle
le combmoir avec eux; qu’elle influoit alors fur
leur taille, leur couleur & leur compolition.
Voye{ Lumière.
, ajouter ic i, que la nutrition des plantes
n eft pas la même dans routes les faifons : lorf-
qu elles font humides, les cannés à fucre rendent
beaucoup de méiaffe peu de fucre cryf- -
talhfable : fans doute l’aélion du foleil n’a pas
été allez énergique pour évaporer l’eau fur-abondante,
peut-être pour la décompofer de même >
que l’air fix e, afin de produire-l’air p ur, nécef--
faire à la formation de l’acide végétal. Le corps-,
doux fe trouve alors dans ,-la méiaffe , comme,
dans le miel, fans pouvoir fe criflallifer, ou plu- .
tôt fans avoir combiné affez d’air pur , pour être •
capable de cette cryftallifation : ce qui arrive à
► quelques huiles effentielles, qui cryfiallifent dès-
que 1 air pur les a pénétrées dans une quantité
luffifante.
Il paroît donc que ces fubftanees font des
parties intégrante-s des végétaux, qu’elles fe combinent
avec eux , & quelles font faites pour agir
les unes fur les autres. C’eft ainfi que l’eau
introduit 1 air fixe qu’elle a diffout dans les
plantes. C ’eft ainfi que l’eau aérée diffout la terre
calcaire, & même peut-être la terre filiceufe :
x eft ainfi encore' que la lumière en décompo-
; w® fixe diffous dans T eau, force fèaii à
-dépofer la terre calcaire quelle tenoit en diffolu-
tion : c’pfi ainfi enfin que la lumière, en décom-
pofant 1 eau , fournit tous les principes propres à
former lés gommes, les huiles, les réfines : &
que 1 union de la terre calcaire avec les huiles
préfenté la manière dont les fucs propres font
peut-être compofès. On fait au moins que les
huiles s unifient avec les alkalis, l’argillç , fe fel
marin, le fe r & la plupart des métaux, comme
M. Berthollet l’a fait voir dans les Mémoires de
l Academie des Sciences de Paris pour 178a..
Mais on fait encore que l’eau qui s’élance ap
Printemps dans les végétaux dépouillés de leurs
feuilles, & qui en fort par la feéïion faite aux
branches ou au bois-,' eft une eau qui a été déjà
élaborée, & qui a fouffert quelqu’altération.
V y ci L ymphe' ou pleurs de vigne. On %
plus, que cèttè lymphe change de goût quand
la vigne prend des feuilles. On fait enfin qu’elle
éprouve des changemens plus grands, lorfqifelle
paroît redefeendre vers les racines , comme on
le voit dans les plaies, & dans les bourrelets.
r Mais on ne peut douter de l’aétion réciprc-
. que de ces corps, compofans du végétal, quand
on voit dans la canne à fucre la lymphe
paffer à l’état muqueux, doux, mucofo-fucré,
& fucre cryftallifé. On en doutera bien moins,
quand on recherchera fur les analyfes | que j’ai
données de la lymphe , où j’ai prouvé que la
partie folide diffoute dans l’eau , eft d’autant plus
confidérable, que la végétation efl plus vigou-
reufe ; où j’ai montré des produits falins réfino-
gommeux, & gommeux dans une eau qui ne
paroifloit traverfer. qu’un bois, parfaitement fec.
D’où vient donc ce changement ? il ne peut être
qu’un effet de l’élaboration ; mais tout cela me
lemble certain. Et je renvoie aux articles G omme,
Huiles,- L umière , L ymphe , Résine. '
Il paroît donc bien établi que-les végétaux
font des êtres organifés; que leurs organes.làvo-
rifent l’élaboration des matières qui y arrivent;
que ces matières font les quatre fubftances dont
j ’ai parlé ; que leur combinaifon produite par
leur union , & variée fuivant la nature dès. organes
où elle fe fait, devient le fond qui fournit
au développement & à la confervation des
différentes efpècés de plantes qu’on obferve.
Mais comment fe-fait cette élaboration ? comment
donnp-t-elfe naiffance à cette foule de
plantes fi variées , qui fe présentent fans celle
à nos regards? comment produit-elle ces- parties
fi diverfes qu’on trouve dans la même plante ?
comment fe préparent les fucs propres à former
leurs gommes, leurs huiles, leurs refines , leurs
odeurs, leurs bois, leurs écorces , leurs fleurs,
: leurs fruits,, leurs feuilles,, leurs- graines, leurs
racines, leur efprit reèfeur, leurs feuilles-, leurs
fels, &c. ? comment cert-e combinaifon,. produit
elle tant de variétés dans le même individu
tant d’efpèces différentes dans .les mêmes-genres,
tant de genres fi remarquables? Je luis- confondu.
C ’efl cependant le problème qu’il faudroit réfoudre/,
car cela eft 1 effetde la nutrition végétale.
En parlant, de l’accroiflèment, j’ai ébauché
ee que j’avois à dire fur la. nutrition ; puifquê
l’ai fait voir que les matières étrangères-\ qui
pénètrent le végétal , doivent, remplir les mailles*
étendre ainfi. fes fibres en longueur,. favorifer
l ’augmentation de leur épaiffeur en développant
de nouvelles couches- ligneufes ;; em un
*nor,. expliquer le paflàge de l’état de l’ormeau-, î
deflirré en- miniature dans la graine à l’état- de
eet arbre c o lo f f a lq u i me frappe par fa hauteur
& fon diamètre.. Mais je n’ai point dit comment
tontes ces. parties-confiituantes d’un végé- '
tal rélùltent dé là combinaifon. de ces quatre f
âibüances. Je ne l a f fans doute pas dit ,. & jp ne, )
le dirai point : c’eft peut-être au-deflùs dés
connoiffances humaines. Voici quelques conii-
dérarions fur cette eurieufe matière.
C efl d abord un fait reconnu , que la plus
grande partie des Lues tirés par les végétaux , eft
foïtent par la tranfpiration inlerrfible.^Maisil.efl
évident qu’ils n’en forrefit pas, comme ils y
,f font entrés : je l’ai prouvé par mes analyfes
Us ne contiennent plus qu’une très-petite partie
de la terre, & de l’air fixe qu’ils avoieftt d’a-*
bord difloues ; les végétaux fourniffenf outré
cela au foleil de l’air pur , qui eft une partiô
de l’air fixe diffout dans l’eau. Ils retiennent
donc au-dedans d’eux de l’eau , de la terre , d©
1 air fixe , de"” 1 air p u r , de la terre charbon-
neufe, de *l’air inflammable, qui font les élé-*
mens des huiles, des réfmes, des felsv & d%
■ toutes les parties végérale».
Pas permis d’aller plus loin. Peût-êtràt
la différence des. fibres dépendant ou du cali—;
bre des vaiffeaux , ou de leurs fihuofités, produit
ces différences. On efl bien porté à le croire,,
quand on .voit un petit citron , greffé fur un-
oranger, mûrir citron 1 ou quand on voit une;
greffe de pêcher fournir des pêches fur -111!’
prunier,
J N’arriveroit-iï point- ici’ , comme M. ïfonnet
le foupçonne , que la lymphe amenée dans les*
dernières divifions des vaiffeaux, fût tellement
décompofée, que les éléments propres à la nutrition'fe
trouvafl'ent formés, par cette feule dé-
Gompofifion, & qn’en venir des loix des affinité^
chimiques, ils fe miffent d’abord à leur place?'
les affinités électives tireroient ainfi chaque partie
alimentaire dans le lieu qu’elle doit nourrir £
& produiroient tous les effets que î’e végétai
arrivé à fa perfection fait appercevoif.-
M. Defauffnre en adoptant l’opinion de M.Bon-
net, fur k s affinités chimiques, en tire des eon^
Jequences, qui éclairent davantage les procédés
de la- Nutrition & de l’élaboration. Ce grand:
« i Gr0It les différens. vaiffeaux, ou-
tes dilférens paquets des fibres folides, refl'em-
blent a des mèches imbibées, les unes d’huiles*
V d cau > <Iui ne ref-irenr chacune q u i
C 6 r, e ou,^e l’eau ffprs du mélange com--
poféde ces deux fluides_. Ainfi chaque vaifreair
iépareroir, dam la lymphe, ce mêfarlge confus
de tous les élément,, les fucs gui lui font-propres,,
loir. pour fe nourrir, lui - même,fois
pour les tranlmettre à d’autresparties. M.Defauf—
lure:, croît-, encore qu’il arrive fouvent- que des
fucs^ différens fe verfent dans une. même gland«;
ou dans, un même réfervoir, & que leur réu—
mon forme de nouveaux compofés', propres lu
nourrir damres parties : ou à 'remplir d’amres
ufages.. D ailleurs le mélange immédiat dé fa
lumière,, de 1 air, desivapeurs,: concourt à c «
eompofinons: & enfin l i fermentation i n L f i -
ble. achevé de perfectionner,, & de m iu * -6.‘» s