
pas ici dans de plus grands détails fur ce phénomène.
L ’aélion de la Lumière fur la moelle , les
pépins, les noyaux, les racines, ne me paroît
pas bien marquée, à moins de lui attribuer F effet
de la bonne nourriture quelle leur -procure , &
la végétation vigoureufe qu’elle occafionne. C ’efi
un fait,*que les racines des plantes étiolées font
petites,, effilées, peu propres à repréfenter les
racines des plantes crues en plein air. C’efi
encore un fait, que la menthe qui pouffe fi facilement
des racines dans l’eau , quand elle eft
expo fée à là Lumière, n’en laiffe paroître aucune,
quand elle eff expofée dans l’eau à F obfeurité,
comme je viens de l’obferver. Enfin la Lumière
blanchit les racines, épaifîit les huiles effentielles,
décolore les huiles graffes, & change leur nature;
comme je l’ai dit. Voye\ Huile, Racines.
Il efi vrai que l’air pur joue un rôle dans
ces changemens ; mais il le joue de concert avec
la Lumière, qui en augmente beaucoup l’énergie.
L ’aélion de fa Lumière fur lès végétaux, n’efi
donc plus équivoque à tous ces égards, & fon
influence eff confidérable , puifqu’elle eff une
caufe efficiente de la vie, de la vigueur, de la
fécondation , & des coilleurs des plantes.
3. L a L umière in f lue beaucoup s u r -la
QUANTITÉ’ d’eau QUE LES PLANTES TIRENT
DE LA TERRE , ET QU’ELLES RENDENT PAR
leurs feuilles ; quand elles’ font expofées à
l ’aélion immédiate du fo le il, comme je l’ai fait
voir encore après, MM. Haies & Guettard, par mes
expériences , fur P influence de la Lumière folaire
dans la végétation, fa i montré que la chaleur
feule fans la lumière agiffoit très-foiblemenr,
pouf produire cet effet. J ’ai prouvé au contraire,
que la Lumière a voit une très-grande efficace,
•pour favorifer la fuélion des plantes, & l’évaporation,
de l’eau quelles ont fucée. J’aiobfervé
de même conffamment que l’eau qui s’échappe
hors des feuilles des plantes végétantes , comme
celle qui les pénètre par leurs racinés, étoit
proportionnelle à l’àéiion de la Lumière fur elles ;
& que, dans une profonde obfeurité, il n’y avoir
prefque point d’eau fucée , & rendue par les
feuilles. Ce n’efi pas que les plantes à l’obfcuriré,
ne#tirent l’eau piufqu’elles contiennent beaucoup
d'eau, comme je l’ai fait v oir ; mais elles n’en
évaporent que très-peu , & elles font ié'ellèment
malades, par une vraie pléthore de fuc’s aqueux.
Enfin je me fuis àffuré que cette fuccion, &
cetté tranfpiration, étoit vraiment les effets de la
lumière agi fiant fur les végétaux en v ie ; parce
que ces effets ne fauroienr avoir, lieu fur les
plantes, ou les tiges sèches. II paroît donc que
l’eau ne fauroit quitter les plantes-, & qu'elle ne
peut y monter d’elle-même : que la Lumière
feule fàyorife l’afcenfion , foit qu’on confidère
la Lumière, comme le moyen de la Nature,
pour décoropofer l’eau , foit qu’elle ait éminemment
la puiffance deflicatire , ou évaporante.
4 . L a L umière n ’agïroit- elle pas comme
un stimulant ? il feroit poflible de le croire,
en voyant fon influence fur quelques feuilles,
fur i’épanouiflèment de^ fleurs, & fur les mou-
vemens qu’elle occafionne dans les étamines, &
les pifiils des fleurs. Cependant, comme ces
phénomènes pourvoient être attribués à la déification
produite par la tranfpiration, on efi
forcé de fufpendre fon jugement ; d’autant plus
que l’on voit les plantes le développer, jufques
à un cerrain point,à l'obfeurité, & y pouffer
d’abord avec affez de vigueur. Mais comme la
la Lumière fe combine dans le végétal, & comme
les effets que je viens de rapporter fe produifent
à la Lumière , il efi évident qu’elle doit influer
d’une manière énergique. Néanmoins il faut attendre
encore que des circonfiances plus heureufes,
nous dévbilenr ces myflères-, & nous apprennent
comment fe réalifent ces effets que nous admirons.
5. L a L umière est antiseptique ; je l’avois
prévu en 1782, dans mes Mémoires phyfico-chi—
miqu.es, T. I l , p. 392-, & T. I I I , p. 341, 342,
lorlque je dis que la végétation feroit arrêtée
dans fon principe, fi lés premiers accroiflemens
de la plante n’étoient pas faits à l’abri du foleil &
de fon influence. Auffi tous les rudimens de la
plante font étiolés. J ’annonçois alors que la fermentation
fe' faifoit moins vîte dans les vaif-
feaux expofés à l ’air & à la lumière que dans
ceux expofés à l’air & à Fobfcurité. Voyei
G ermination. Enfin j’ai fait v o ir , dans mes
ExpériencesfurVinfluence delà Lumièrefoïaire'tans
la végétation, p. 6 1 , que la Lumière empechoir
ou retard oit très -lon g - tems la pourriture des
feuilles expofées fous-l’eau à fon aèlion , tandis
que les feuilles expofées de même à l’obfcurité,
y pourriffoient bien-tôt. La Lumière produit cet
effet fur toutes les parties des végétaux , &
même fur quelques parties des animaux.
6. On ne peut fe diflimuler que les plantes
ONT UN BESOIN-, OU UN DESIR DE LA LUMIERE,
qui la leur fait chercher de manière que fi, dans
une chambre ôbfcure, il n’y a qu’une petite
ouverture pour donner paffage à ùn filet de Lumière
, c’efi de ce .'côté, que fe tournent les
planres, quelque foit l’endroit de la chambre où
ces plantes foyen r placées.
M. Bonnet avoir déjà obfervé ce phénomène ,
& M. l’Abbé Teffier e# a montré diverfes circonfiances
curieufes dans les 'Mémoires de P Académie
des Sciences pour 1783. On remarque c»
fait fur tous les_ efpaliers dont les branches
fuient les murs; dans tous les appartenons où
l’on élève des plantes, elles feniblent s’élancer
vers la Lumière ; on l’obferve dans les bois ,
où les branches s’ttendent vers-les clairières
tandis que les arbres du milieu s’élèvent au-deffits
def autres; pour jouir ^e l’in.fiuence du foleil.
Mais, en général, il paroît que les jeune* pouf*
Tes cherchent la lumière avec plus d’empreffG-
ment que les vieilles. Leur inclinaifon efi auffi
d’autant plus grande , qu elles font moins expofées
à faction bienfàifante de l’aftre du jour. Si
les corps devant lefquels les plantes font placées,
réfléchiffent peu de rayons, ces tiges feront de
même plus inclinées, parce que leur inclinaifon
ne fera pas contrariée par la Lumière réfléchie.
En général, comme M. l’Abbé Teffier le détermine
, l’inclinaifon des branches efi en raifon
compofée de leur jeuneffe , de leur diftance à la
. Lumière , de la couleur des corps placés devant
elles, & de la facilité plus ou moins grande des
tiges pour fortir de terre.
On pourroit remarquer ici que l’évaporation
toujours farorifée par l’aélion de la Lumière,
joue peut-être un rôle particulier pour produire
ces mouvemens, comme je l’ai foupçonné
en parlant de l’héliotropifme de quelques
plantes.
M. l’Abbé Teffier a fait voir encore que la
couleur verte des plantes étoit d’autant plus
foncée, quelles avoient reçu plus de Lumière;
que les plantes qui reçoivent la Lumière directement
, font plus vertes que celles qui reçoivent
une Lumièré réfléchie ; & que la nuance s’affoi-
blit en multipliant les réflexions.
On voit encore, dans les expériences de ce
grand Agriculteur, que la Lumière d’une lampe
conferve aux plantes une couleur moins vive
que la Lumière réfléchie ; que la couleur -s’efface
encore davantage avec la Lumière réfléchie d’une
lampe, M. l’Abbé Vaffali m’apprend que les
expériences qu’il a faites érabliffent avec évidence
que l’aèlion de la Lumière de la flamme
fur les végétaux, produit des effets pareils dans
leur nature, à ceux de la Lumière du foleil ■,
mais, comme il ne m’apprend aucun détail, je
n’y vois que la confirmation des expériences
précédentes. Enfin M. l’Abbé Teffier fait remarquer
, dans fes obfervations, que les plantes
feront moins colorées, quoique placées auprès
de la Lumière , fi la Lumière ne tombe pas immédiatement
fur elles. Il a éprouvé que la
Lumière de la lune, des étoiles fixes, -des Planètes,
des crépufcules, entretiennent la couleur
verte des végétaux que ceux-ci reçoivent de
la Lumière du jour ; puifque. les plantes qui
paffent la nuit dans les lieux parfaitement obf-
curs, font moins vertes que celles qui ‘font
expofées pendant la nuit à l’aétibn de ces différons
corps lumineux-
7. Enfin la L umière agit sur les plantes,
POUR EN TIRER UNE TRES GRANDE QUANTITÉ
d’air p u r . C’éfi un fait que M. Ingenhous
a démontré le premier, & qui efi tr^s—iptéref-
fant dans la Phyfiologie végétale. Ce Phyficien
s’en efi affuré , en obfçrvant une feuille verte,
placée au Soleil fous l’eau ; pn voit alors les
bujles fe formef fur la furface -des, feuilles, %
s’échapper quand elles ont pris affez de volume*
pour vaincre l’adhérence qui les attache à la
feuille.
Il paroît d’abord que cet air qui s’échappe hors
des feuilles expofées lous l’eau au foleil, n’efi point
attaché aux feuilles avant leur expofition à l’action
du foleil au travers de l’eau ; puifque les
feuilles produifent cet effet quand elles ont été
lavées avec foin, & même quand elles ont
été privées de leur air, par le m,oyea de la
pompe pneumatique. Cet air n’efV pas un air
appliqué par l’eau fur la feuille, puifque l’air
qui fort de la feuille efi pour l’ordinaire beau-,
conp plus pur que celui qu’on peut retirer do
l’eau. Enfin, cet air qui paroît fortir de la feuille,
n’en fortiroit point du tou t, fi le foleil ne
favorifoit cette fortie', par fon aêtion immédiate;
fur la feuille. Et il faut remarquer ici qu’il agit,
fur-tout pour produire cet effet par la Lumière
qu’il répand, plutôt que par la chaleur-
qu’il peut communiquer.
Les bulles fe forment, comme j’ai dit-,. fus*
les feuilles expofées fous l’eau au foleil , auffi*.
tôt que le foleil les couvre de fa Lumière.
Mais, quand elles font à l’obfçurité, elles ne,
donnent abfolument point d’air, ou elles, eu
donnent feulement lorfqu’elles commencent à
fe gâter, & cet air efi un air mauvais, comme
tous les airs produits par la fermentation.
Quand on étudie les feuilles avec attention,’
on voit bientôt qu’elles contiennent de l’air.
Mais on obferve auffi qu’elles n’en contiennent
pas autant qu’elles en rendent, lorfqu’elles,font
expofées fous l’eau à l’ardeur du foleil. J’ai
obfervé que des feuilles de framboifier épuifées,
d’air fous la pompe pneumatique, fourniffoient
un volume d’air égal environ à celui de foixantç
grains d’eau, lorsqu'elles, étoiçnt ainfi expofées au
foleil fous, l’eau commune, fans avo^r été eu
contaèl avec l’air ; & j’ai trouvé que les feuilles,
fraîches expofées., pendant le même tems, fous,
l’eau commune au fo le il, rendirent alors;
une quantité d’air à —peu - près égale à cëllô,
des. feuilles qui ave Lent été épuifées d’air fous,
la pompe pneumatique. Mais quand je mettois
des. feuillçs privées ainfi de leur air, fous F eau.
chargée d’air fixe, fans avoir été en contact avec
l’air commun j & quand je les. expofois, à l’action
du foleil pendant dix heures, elles fourni
fibient un volume d’air égal à celui de. mille
fix çent foixante - quatre grains d’eau : celles
qui n’a voient point été privées d’air donnèrent
fous l’eau chargée d’air fixe, un réfultat à:peu-
près femblablç, p.uifqu’iis produifirent un va-,
iume d’air égal à un volume d’eau de mille
fept cent vingt gr-ains*-
Je ne m’arrête point encore à ce fait remarquable.
Je cherche plutôt, à préfent quelle eff
la partie de la feuille qui rend cet air, dont
elle ne peut contenir, dans le même-moment ^