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qui repofe fur les fe u ille s c a r elles profpèrent
fort bien dans l’air parfaitement pur, comme
M. Ingéniions l’a bien montré,; auffi, dès qu’on introduit
de l’air pur dans l’àir inflammable ou
dans l’air phlogiftique, ou même un peu d’air
fixe , les plantes continuent à végéter ; cet air
fixe diflous dans l’eau qui baigne les feuilles les
pénètre , elles l’élaborent & s approprient la matière
charbon neufe, ou le principe inflammable
qu’il contient, & elles rejettent l’air pur , ioit
en totalité, foit en partie. C’eft encore pour cela
que les plantes périflent'bientôt à l’ombre,quand
elles font enfermées fous des vafes c lo s , parce
que la lumière ne dêcompofe pas l’air fixe qu’elles
boivent avec l’humidité de l’a ir , parce quelle
ne s’oppofe pas par Ion an tifepticité à la corruption
qu’elles éprouveroient fans elle..C’efl encore pour
cela que les plantes fouffrent dans les terres
dont l’air ne le renouvelle pas, & qu’elies y végètent
toujours moins bien que dans le plein air.
ÎPapin avoit obfervé que les plantes qui périflent
dans le yuide , y vivent quand leurs racines feules
en éprouvent l’efFet , & que leurs tiges & leurs
feuilles font dans l’air libre où elles peuvent
jouir du bénéfice cle l’air fixe qui fe trouve dil-
l'oùs dans l’eau qu’elles fucént: car les plantes
périflent dans l’air fixe pur , tout comme l’air
fixe tue les animaux quoiqu’ils puiflent le. boire
fans inconvénient di flous dans l’eau.
J ’ai fait des expériences pour prouver l’aétion
de l’air fur les huiles. J ’ai vu manifeftement que
les huiles eflèntielles fe réfinifioienc par le con-
taél dè l’a i r , & qu’elles ce changeoient point
quand elles ëprouvoient l’aétion de la lumière
fans celle de l’air. J ’ai éprouvé la même chofe
pour les huiles grades, qui changent de couleur,
ranciffent & s’épaifliffent lorfqiÿelles font éxpo-
fées à l’aélion de l’a ir, mais qui nréprouvent point
les mêmes effets quand elles font feulement ex-
pofées à l’aétion de la lumière. Comme les huiles
font une partie effenrielle des végétaux, on
voit quelle peut être l’aélion de l’Air pur fur elles
dans les plantes pour les faire paffer dans
leur fubflance.
L ’Air doit être encore confidéré comme le
véhicule des vapeurs & celui de l’éleéfriçiré. Par
leur moyen il fournit aux plantes l’Air fixe dont
elles ont un fi grand befoin ; il eft le milieu qui
leur communique h chaleur*, il efl peut-être le
moyen qui opère dans les végétaux la comb.inai-
fon de la lumière , comme les expériences de
M. Geobert le font foupçonner. Enfin les plantes
ont dans leurs trachées des vaiffeaux à Air,
puifqu’elles en font fouvent remplies ; mais ces
vaiffeaux contiennent auffi quelquefois d’autres
fluides plus groffiers, comme MM. Reichel &
jHfedwig l ’ont obfervé en y voyant monter l’eau
teinte avec le bois de fernambouc. Mais, au refle,
ces trachées peuvent être plus ou moins remplies
dç l’A ir fixe fpc^ avçç l’eau par les fçuiUes,
a r r
ou apporté par les racines ; & c*efl peut-être dans
le vuide formé par les ipires des trachées5qu’eft
„ reçue la partie élaborée de l’Air qui doit fervir
au progrès de la végétation.
Les feuilles des plantes rendent l’A ir pur quancf
elles font expofées à la lumière du foleil, par la
décompofition de l’A ir fixe qu’elles contiennent.
Mais ceci efl un phénomène particulier qui de-
. mande d’être examiné à part. Voye[ L umieré.
Cependant je dois ajouter que' l’Air pur arraché
aux feuilles par l’aélion de la lumière, rend meilleur
l’Air commun dans lequel les plantes végètent.
11 efl vrai que dans l’Air libre on ne s’ap -
perçoit pas de cette influence ; mais elle n’eft
pas moins réelle , puifqu’elle répare cotfflamment
l’influence délétère de tous les corps qui pour-
riffent, de toutes les émanations pjhlogiftiquahtes.
La couched’A ir dont les plantes font couvertes,
influe fans doute fur leur exiflence. On fait
qu’elles fouffrent dans un Air trop gâté ; quelles
végètent très-bien dans un Air très-pur : ce qui
prouve que la préfence de l’A ir leur efl rout-à-
rait néceffaire. Mais comment fert-il ? C’efl Ce
qui ne me paroît pas facile à déterminer. L ’A ir
fàvorife fans doute l’évaporation fi importante
pour les végétaux ; il prévient les effets funeftes
de l’humidité ; il porte fur-tout aux feuilles l’humidité
de la rofée & l’Air fixe diffout dans fç;S
gouttes appliquées aux feuilles ; enfin il comprime
par Ion poids les fluides & les folides des
végétaux.
On trouve l’A ir dans les pores des plantes. dans
leurs fucs ; en général, l’Air retiré des plantes -
par expreflion efl un Air à-peu-près aufli bon
que fA ir commun. J’ai trouvé de l’Air fixe, de
l’Air commun dans les pleurs de la Vigne ; il
falloit donc que ces Airs y fuffent montés avec
l’eau par les racines. J ’ai fait de nouvelles expériences
fur l’Air contenu dans les végétaux, mais
je les renvoie au mot F eu ille.
L ’Air joue ainfi un grand rôle dans la végéta^
tion, & il méritoit d’être examiné fous ce rapport,
dans des recherches fur la nature des végétaux.
ANATOMIE des Plantes. Cette lciençe fl
importante pour la connoiffance des végétaux,
efl prefque encore une feieneç à créer. Elle a fait
bien moins de progrès que l’Anatomie desAni«
maux : mais elle a été plus tard & bien moins
étudiée. Elle étoit pourtant auffi propre à piquer
la curiofité par fon importance &. par les grand?
obflacles quelle offre à ceux qui s’en occupent.
L ’orgamfation des Plantes paroît d'abord de
la plus grande fimplicité ; mais cette fimplicitê
qui nous frappe efl peut-être feulement appa-r
rçnre & dépend beaucoup de la greffièreté de
nôs fens. On trouve toujours des fibres dans
l’écorçe, dans le bois, dans lçs feuilles , fyci
Mais avec les meilleurs verres, avec les inflru-r
mens les plus délicats, on n’a pu parvenir aux
dçrpj^res fibrilles qui compofem la fibre appa-r
icn te
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rente que nous obfervons. On peut èfl dire autant
des trachées ; lesfibres qui les forment font-
elles des vaiffeaux , ou des lames fervant de par îs
aux vaiffeaux appellés trachées, & font-elles faites
pour contenir des fluides comme 1 Air r L expérience
ne peut le décider. On connoît bien peu
le tiffucellulaire; qui femblela partie noble de la
plante, l’organe élaborateur des fucs & des matières
néceffaires à fa vie : on ne fait s’il efl com-
pofédes vaiffeaux de divers genres : on foupçonne
à peme-'epmment il concourt à former l’écorce &
le bois. On a donnéle nom de glandes à de petits'
corps globuleux qui unifient le tiffu cellulaire a
l’écorce, fans favoirjï ces corps globuleux étoient
vraiment des glandes, & s’ils en rempliffoient les
fondions. On peut juger ,par ces exemples, combien
cette partie de nos connoiffances efl encore
dans l’obfcurité.
Les moyens que l’Anatomiftedes végétaux peut
employer, font la diffeètion , la macération, les
diffolutions, les inje&ions naturelles ou plutôt
l’art de faire tirer aux plantes végétantes des liqueurs
colorées ; mais ces moyens n’ont pas
l’efficace que nous leur voyons fur les animaux :
la diffeétion efl bientôt arrêtée dans les recherches,
par la groffièreté de nos inftrumens, par la
grande reffemblance des'parties qui compofent
les touts quelle cherche à faire connoître, & par
la grande difficulté d’arriver à leurs élémens : ce
ui efl vrai fur-tout quand on s'occupe de l’écorce
u parenchyme, du liber. On efl auffi arrêté de
même lorfqu’on veut pénétrer l’ufage de ces
parties & leur jeu. La macération , qui doit être
très-longue, en facilitant le développement des
parties de la plante , les altère par la diffolution
de toutes les parties diffolubles dans l’eau. Les
injeétions qu’on peut employer font bien loin
d’être en rapport avec les calibres des vaiffeaux ;
& comme on ne peut employer une force un peu
grande pour augmenter leur püiffance, on ne
peut voir l’effet produit par cette reffourçe.
D’ailleurs on efl toujours forcé d’avoir recours aux
microfcopes les plus forts, ce qui borne beaucoup
le champ des obfer varions. Enfin il efl: pour l’ordinaire
impoffible des’affurer par des obfervanons
croifées de la réalité des obfervations qu’on a
faites, comme dans les animaux, ou bien lorfquon
fufpend l’effet par la fufpenfion dé la caufe découverte.
Il femble qu’on eft meilleur juge des
opérations des animaux; on peut les forcer à les
produire malgré eux ; on peut les leur faire répéter
après leur mort : on fait raifonner leur glotte,
refpirer leurs poumons ; leurs yeux reçoivent
rimpreffion de la lumière; la circulation peut
s’opérer dans leurs vaiffeaux par des moyens artificiels
: enfin , on peut même employer l’art
pour arrêter les faits qu’on étudie ; en fufpendre
lesiéfultats en fufpendant la caufe découverte.
On tue les plantes en leur Ôtant la communication
de l’eau ; mais on ne fait pas mieux la route
Phyjîologie Végétale. Toine J." I .ere Partie.
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de la fève ; on dérange la végétation des plantes
en leur ôtant la communication de la lumière ;
mais on ne voit pas mieux quelle efl la caufe
de ce dérangement.
Quoique cette fcience ait été toujours oubliée,
& quoiqu’elle foit encore affez négligée,
elle a anciennement été étudiée avec fuccès : on
a affez approfondi tout ce qui tient à la fructification
; & on y eft parvenu parce qu’on y a trouvé
des organes compofés de diverlès parties affez
diflinCles : on a pénétré les ufages de l’écorce : on
connoît peut-être la confiitution du bois : on a
l’hiftoire de la germination. Mais qu’il y a loin
de tout cela à une connoiffance approfondie
des végétaux ! • .
| Les premiers ouvrages faits fur ce fujet font
toujours claffiques ; ceux deGrew & de Malpighi
qui parurent en même-tems, à-peu-près dans le
milieu du fiècle paffé , font un trélor de découvertes
précieufes. M. Duhamel a beaucoup
ajouté à leurs recherches. M. Bonnet a traité ces
matières avec la grandeur qu’on remarque dans
tout ce qu’il fait. Divers Auteurs particuliers ont
exercé leur adreffe & leur patience fur divers
fujets particuliers ; tels que Lewenhoëk dans fes
Lettres; Hill dans fon Anatomie clés bois ; Leder—
mullerdansfes Amujèmens mifcrojcopiques ; Hook ,
Baker, Adams, dans leurs recherches avec le
mic.rofcope ; Schmiédél dans une Analyfe qu’il a
faite des plantes ; Trew dans une Anatomie des
végétaux, le Baron de Gleichen dans des découvertes
qu’il a faites fur quelques-unes de'leur
parties ; Ruchel dans les Recherches fur les trachées
; Corti Fonrana dans divers ouvrages de
Botanique philofophigue. Ludwig , Walther ,
Gefner , Hollman, Murray, fe font exercés fur
la nature des feuilles. Boëhmer a publié un ouvrage
fur les graines & le tiffu cellulaire. De Sauf-
fure a donné fur l’écorce des feuilles & des pétales
un morceau d’Anatomie fubtile , qui eft extrêmement
précieux & qui met les obfervateUrs
comme lui à côté des plus vaftes découvertes.
Hedwig a publié une Cyptogamie pré-
cieufe, & i l commence à donner d’excellentes ■
recherches fur les fibres des plantes. Gcerflner a
publié une Carpologie-qUi donne beaucoup de
lumières fur les fruits & les graines.
Pour avoir une idée de l’Anatomie des plantes
je vais p réfente r un tableau rapide des parties des
plantes qu’on s’eft efforcé de connoître-, en renvoyant
aux articles particuliers & à celui de plante
en général , afin de connoître les réfui fats des
recherches qu’on a faites fur ces différens
objets.
' Le tronc. offre d’abord à nos regards Vécorce qui
recouvre Vaubier, le bois & la moelle. Les racines
& les branches font coinpoféés comme le tronc.
Ces dernières nous préfentent encore des bourgeons,
des boutons, des feuilles, des fleurs & de«-
fruits. Chacüne de ces parties eft un fujet aboitv
B