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que cette Gomme fût forméepar l ’élaboration des
feuilles. La fraîcheur de l’air ne permettroit pas
de croire que cette gomme fût produite par
1 aétion de 1 écorce. En forte qu’il me femble
très-probable que la fève feule tirée par les racines
& élaborée au travers des vailfcaux lim—
pratiques, avoir donné naiffance à ce fuc mu—
cilagïneux , que l’évaporation avoit changée en
Gomme. Outre cela, les ceps qui me fournirent
cette matière gommeufe étoient. coupés fort
près de terre, en forte que la fève ne pouvoir
pas y avoir circulé long-tems : d’où il réfulteroit
encore que cette préparation devroit fe faire
très-promptement, & par des moyens que nous
ne faurions imaginer. Enfin , les pleurs de la
vigne fourniffent des matières gommeufes par
I analyfe , comme je le ferai au mot L ymphe
Pleurs de vigne.
On apprend encore ici que les éléments de
la Gomme doivent être dans la fève que fes racines
tirent, & que les racines doivent agir déjà
fur les lues aqueux quelles fe font appropriés
pour les rapprocher de l’état gommeux ; on voit
le réunir dans la fève tous les élémens propres
a former les Gommes, puifqu’elle peut renfermer
I acide végétal, I air fixe , la terre ; quant aux
matières huileufes & réfineufes, elles me paroif-
fent les derniers produits delà végétation, lorf—
qu elles font formées, & elles font peut-être un
produit de ropération Chymique , quand on fouiner
les gommes à l’analyfe.
Ceci s’accorde fort Bien avec tout ce que j’ai
dit fur les cirçonflances qui femblent déterminer
I apparition dé la gomme. J ’ajourerai une obfer- .
vation dont je n ai pas parlé, qui confirme encore
mieux mon opinion : la ' gomme eft plus
abondante quand la tranfpiration infenfible des
végétaux eft diminuée, alors fans doute il ne fe
forme que peu ou point de réfine, un fluide
furabondant qui remplit la plante , crève fon
Écorce ; ce fluide fort & en s’évaporant, il dé-
pofe la Gomme qu’il contient.
Mais, d’un autre côté, comme le bois ne fournit
qu’une rrès-perire quantité de matière gommeufe
ou mucilagineufe, on peut demander ce
que devient la Gomme qui remplit le parenchyme
de l'écorce; fi elle ne fe change pas en
réfine dans les feuilles & dans l’écorce pour former
f aubier & le bois P Car enfin cette Gomme
ne s’échappe des plantes que par accident. Aufli
je fuis fort porté à croire que la gomme fe change
en réfine, & que e’eft ainfi que le liber prend
de la confiftance pour devenir aubier & bois. Je
crois encore que cette métamorphofe fe fait
par l’évaporation de la partie aqueufe dans les
feuilles, par fon union avec l’air inflammable
produit par Ja déoompofition de l’eau, & par
une addition confidérable dJair pur qui réfinifie
les huiles greffes & les huiles effenrielles comme
j aurai occafon de le faire voir. Mgis on
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fait que les Gommes contiennent une partie
huileufe.
La Gomme efi entièrement difloluble dans l’eau:
elle efi alors tranlpareiite, & elle forme une colle
fans couleur, fans odeur St fans goût ; on l’ob-
ferve communément de cette manière quand on
emploie la gomme arabique. La gomme de nos
cerifiers efi quelquefois aufii belle que la précédente;
mais; pour l’ordinaire, elle efi jaune ou
rougeâtre. La Gomme efi tranfparente quand elle
efi defléchée, elle ne fe fend point par la chaleur,
St elle fe rompt feulement par le froid.
Les Gommes réfifient aflez à la pourriture ; ce.-
pendant elles fe décompofent enfin, comme les
parties les plus tenaces des végétaux. Elles fermentent
avec fucre ; mais fans lui elles fermentent
difficilement, quoiqu’elles, foient dans un
état de diffolution. Cependant quand elles fermentent
elles paffent à l’aigre.
Les acides diffolvent Ies~Gommes, l’acide nitreux
y découvre l’acide du fucre. M. Vauquelin
ayant expofié la Gomme au gas muriarique oxygéné
, elle fut changée en acide citrique ; ce qui
montre pourtant que la gomme efi vraiment un
despremiers produits de la végétation. La gomme
diflillée avec 1 alkali fixe fournit une quantité
d huile aflez abon d an tep eut-ê tre que l’acide
combiné avec l’alkali dégage l’huile St la laiffe
paroîrre, comme M. Woulfe l’a obfervé ; mais
cette huile efi fi fortement unie avec l’acide ,
qu elle efi difloluble dans l’eau. La gomme ne -
s enflamme qu après avoir été long—tems tenue
au feu , elle donne alors un charbon con>
fidérable.
En général, les produitsChymiques fournis par
la Gomme , reffemblent beaucoup à ceux de la
manne qui fort des feuilles ; il y a feulement'
quelques différences dans les proportions.
La Gomme donne à la diftillation du flegme
2Çîde,, un peu d’huile épaiffe St douce ; avec
l’acide nitreux, on y trouve l’acide du fucre. La
Gomme par fa qualité nourriffante a de grands
rapports avec la matière mucofo-fücrée.
La Gomme s’annonce lorfqu’on la brûle paf
l’odeur du caramel.
On recpnnoit bientôt les mucilages diffous dans
l’eau par le moyen de l’eau de chaux qui les
précipite,
M. de Fourcroy foupçonne que le corps
gommeux paffe à l’état de corps fucré, je ne le
croirai' pas ; il me femble que le corps gommeux
contient déjà le corps fucré ; il fe trouve au
moins dans la matière réfineufe que la Gomme
paroit produire; mais fi la Gomme nç contient
pas le corps fucré proprement dit, elle en fournir
au moins les éléments ; puifqu elle les renfer-r
me & puifqu’elle paroît la matière première des
alimenrs du végétal; on le voit clairement dans
les fruits qui mûriffent ; mais je crois que ce
pJiÉnpjnèpe s’opèrç mpins alors par unç
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jnorphofe que par une déeompofition réelle ,
amenée peut-être par là fermentation légère qui
produit la maturité du fruit.
Si l’on pouvoir croire que la diffolution d’une
terre très-atténuée clans l’eau aérée ou acidulée
par un acide végétal forme la gomme, on com-
prendroit comment elle monte préparée avec les
pleurs de la vigne. On fait au moins ainfi, comme
l’obferve M. Buquct, Une efpècede mucilage
endiflblvant la zéol i te, le lapis, l’hémari te, l’étain
dans les acides minéraux. La terre végétale parois
troit fur-tout propre àprodüireun effet femblable.
J ’ayois'oblervé que la gomme arabique blan-
chiffokà'la lumière du foleil comme on peut le
voir dans mes Mémoires phyjîco-chimiques, T. III ;
mais je ne remarquerai pas fi cet effet étoit produit
par l'évaporation ou par quelqu’autre caufe.
M. Chaptal, dans fa Chymie, obferve fort bien que
le mucilage fe forme à l ’oblcurité, & que la lumière
1 élabore pour lui donner la préparation
qui en fait une réfine.
Les Gommes réfines font le réfultat du mélange
de la Gomme avec'la réfine. Ce mélange , efi
toujours aflez 'opaque , & la diffolution des
Gemmes réfinès n’eft jamais tranfparente. Les
matières qui conflituent ces Gommes varient entre
elles feulement par les proportions de l’huile de
la réfine & de la gomme qu’on y trouve. Il y a
peu de réfines & de Gommes parfaitement puies;
aufli je crois que les Gommes paffent à l’état de
réfine, & que c’eft peut-être dans le moment
de ce paflagé que Von trouve ces compofésdont
je parle. Ge qui doit être vrai fur-tout pour
les plantes ligneufes. Quant aux autres, il y en a
plufieurs dont les - fti.esfont plus ou moins ré-'
fino-gommeux fuivant leur nature & fuivant les
circonfiances propres à former ou à remployer
au prdfir du végétal qui lui donne naiffance. Voye{
H uile , Mu cilage, Résiné.
> GRAINE ou SEMENCE. Cette partie orgâ-
nifée des plantes qui fuccède pour VOrdinaire
aux fleurs, & qui renferme le principe d'une nouvelle
plante de la même efpèce que celle dont
la Graine efi une production.
Les Graines font des parties des plantes cru’il
feroittrès-intéreffant debien eonnoîrre. On aime-
roit voir en elles les plantes dans leur berceau.
Mais, quoique la connoiffance de cette produc- .
tion végétale ne foit pas fort approfondie , elle
offre pourtant encore une foule de faits curieux
à examiner , & elle en laiffe entrevoir qui
répandront un • très-grand jour fur la théorie
végétale. •
Pour éclairer ce fujet je fuivrai les- recherches
qui ont été d’abord fi bien faites par Grew &-
Malpighi, perfeéïionnéesenfuire parEller, Hedwig
& Bohmer , & enfin raffemblées par Goerflner
dans fa Carpologie.
, .-Afin d’éviter des répétitions inutiles, je traite
ici tout ce qui tient aux Graines, & je ne le .
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rappelle point ailleurs. Mais, afin de faciliter les
moyens de trouver les différeras articles qu’on
voudroit fur-tout confulter', j’ai fuivi un ordre
méthodique qu’il fera facile de reconnoître, parce
que c’eft celui de la Nature : & pour le rendre
plus fênfible, à là tête de chaque divifion de cet
ordre, je place'en lettres majùfcules le mot propre
à défigner le fujet qui la remplit.
Pour faire mieux eonnoîrre les Graines dans
tous les moments de leur cxiftence, je dois rap-
peller ici ce que j’ai dit au mot Game & an mot
Fécondation. On a déjà vu cette Graine en miniature
avec fes enveloppes par le moyen d’un
microfcope, placé à la bafe du piftil, avant que
les pouffières aient pu les développer. J ’ai fuivi.
leur progrès jufqu’à leur maturité , & comme je
les a vois quittées à ce moment, c’cfi à ce moment
où elles font arrivées à leur perfection, que
je vais commencer à les obferver fous un autre
point de vu e , afin de préparer la fin de leur
hifioire qu on trouvera au mot Germination.
Pour reprendre précifément les Graines au
point où je les'avois quittées, il faut les voir
dans leur R é c e p t a c l e , qui efi, fuivant M. le
Chevalier de Lemarck, le placenta ou là partie
du fruit fur laquelle porte immédiatement la fe-
mence lorfqueile efi environnée d’un péricarpe,
comme dans l’épilobium ; ce placenta efi le réceptacle
du fruit Iorfque la femence n’a point
de péricarpe, & que l’ovaire efi placé fous la
corolle, comme dans les plantes ombellifères &
dans la plupart des çompoféès ; enfin c’eft en
même—téms le réceptable du fruit & de la fleur
Iorfque la femence n’a point de-péricarpe, & que
l’ovaire n’eft point placé fous la corolle, comme
dans les graminées. En général, cet organe prend
différentes fi mations fuivant la nature des plantes
* ces différences étonnantes dans leur nombre,
quand on ne fait pas leur' raifon , infiruironc
fans doute un jour fur les plus grands myftères de
laPhyfiologie végétale ; mais comme elles ne font
connues à préfent que pour éclairer la nomenclature
des plantes, jè les paffe fous, filence.
L e Péricarpe efi cette partie du fruit qui
enveloppe & défend les femences. Lorfqu’il
n’exifte pas, le calice ou le réceptable le remplace
jufques à un certain point dans les fonctions.
Il varie dans fa forme & fes circonfiances.
On l’appelle capJuU , Iorfque l’enveloppe
efi formée par plufieurs panneaux, qui fe réunifient
par leurs bords avant la maturité, & qui
s’ouvrent enfuite comme autant de valves on de
bartans pour laiffer une ifiite libre aux femences.
11 devient follicule ou coque , lorfqu’il efi
alongé & membraneux, lorfqu’ils ’ouvrelongitudinalement
cf un feul côté auquel les femences
ne font point adhérentes. Il efi fdique Iorfque
le péricarpe efi bivalve bu compofé de deux
panneaux réunis par des futures longitudinales;
les femences font attachées à l’une ou à l’autre