
*8 G H A
la rigueur du froid le leur permet ; 3.* que la
production de Chaleur par les végétaux eft proportionnée
aux circopflances où ils fe trouvent ;
4.0 que les racines réfiflent mieux au froid que
les tiges. Enfin, que les feuilles gêléesdeviennent
flafques, perdent leur reffort, ne repouffent plus
l’eau quand elles y'font plongées, & ne fouffrent
aucune diminution dans leur poids. M. Hunter
conclut généralement de tout cela, que la fof-
penfion de la végétation pendant l’Hiver étoit
uùe à la grande variation de la température interne
des plantes.
Ces expériences font vraiment curieufes, mais
font-elles auffi concluantes quelles paroiffent
d’abord ? J1 faut obfçrver que les plantes qui gê->-
lent, ne font pas tuées parce qu’elles ont gêlé ;
car il y a plufieurs plantes qui peuvent gêjer à
fond fans ceffer dç vivfe ; ainfi, par exemple, on
a vu fouvent des couronnes impériales hautes,
d’un pied , gelées au Printems de manière qu’elles
devenoient tranfparentes, tomber enfuite en fe
dëgèlant, paroître alors flafqués comme fi elles
avoient été bouillies, & fe relever après comme fi
elles n’avoient pas fouffert du gel : il arrive la
même çhofe aux hyacinthes.
Il eft certain qu’un fluide expofénud à l ’aétion
de l’air froid, peut geler à un degré où il ne
geleroit pas, S il étoit enfermé dans quelque étui
qui (croit par fa nature un mauvais conducteur
de Chateur : c’efl ici le cas de quelques focs
végétaux qui ont gelé plutôt à l’air libre, que
dans leurs vaiffeaux naturels, D’ailleurs la congélation
des plantes dans l’eau refroidie à quinze ou
dix-fept degrés, ne peut être comparée avec la
congélation des plantes dans l’air naturel ; car
comme l’air eft huit cents fois plus rare que l’eau.
i l eft évident qu’il doit emporter huit cents fois
moins de Chaleur aux corps qu’il touche. D'ailleurs
l’air eft un bien mauvais çonduéteur de
Chaleur •, il l’enlève moins facilement que l'eau.
jEnfin , comme tes focs végétaux de l’expériençe
ont été placés dans des vafes métalliques ’refroidis
à vingt-huit degrés , il eft clair que ces fucs de4
voient y perdre plus vite leur Chaleur ; aufli la
feuille qui touclioit le métal a été plus vite gelée
que celle qui ne le touchoit pas ; il paroît donç
que ces expériences ne fàuroient fournir des con-
clufions folides.
Dirai-je enfin que ces expériences n’apprennent
rien lur l’état des plantes en pleine terre?
car, 1.* çomme elles tiennent à la terre qui eft
plus chaude que fair , pendant l’hiver , elles
prennent à la terre uneÇhalgur qu’elles répandent
toujours dans toute leur fobftance, z.°. S’il y a
ijne efpèçe de circulation qu.elqu.e lente qu’elle
(oit, elle renouvelle la Chaleur en remplaçant les
fucs.refroidis par çeu$ que la terre a échauffés:
aufli l’on voit périr dans l?eau une branche de
Ihpin à un çjegré de ffoitj RU* l’auroit pas
gplée £ jjMtj
C HA
M. Hunter continua fes expériences fur les
plantes, elles-mêmes végétantes en pleine terre.
II choifit un noyer de neuf pieds de hauteur & dot
fept pieds de circonférence -, il y fit un trou de
11 pouces de profondeur, à cinq pieds-au-deffùs
du fol , & il le fit obliquement pour vuider la
fore qui s’échappproit ; il garantit cette ouvek*-?
ture du eontaét de l’air , en rempliflant le trou,
où il logea le thermomètre, arec les corps le*
plus propres pour en écarter l’aélion de l’air
extérieur -, & il ferma ce trou avec une petite porte.
Il fit les premières expériences au Printems,
les réfultats en font très-variables dans tous les
tens, de forte qu’en les comptant, il n’y a plut
de probabilité pour croire à la Chaleur naturelle
des végétaux que pour la nier ; mais cela
fait foupçonner qu’il y a une caufe de ces
riétés qu’il fàudrolt chercher.
M. Hunter répéta en Automne ces expériences
fur le même arbre, de la même manière , & dans
14 expériences , où lç thermomètre à l’air fut
le plus bas à 40 degrés & le plus haut à 54 du
thermomètre de Fahrenheit, il y en eut deux où
les thermomètres à l’air & dans l’arbre furent
au même degré, c’étoit à 54 & à 43. Routes les
différences fe réunirent pour faire obferyer fur
le thermomètre placé dans l’arbre une Chaleur
plus grande que l’air libre : quatre fois elle fotdç
fix degrés plus grande , deux fois la différence
fut de quatre degrés, cinq fois il y eut une différence
de deux degrés.
Il eft clair que , dans tous les cas , le thermo-*
mètre placé dans l’arbre eft monté plus haut
que cglui qui étoit à l’air -extérieur ; mais quand
ce dernier g été le plus élevé, c’eft-à-dire à 54,
celui qui étoit placé dans l’arbre a montré de
même 54 degré6. 2.0 Le thermomètre intérieur
ne foi voit point les variations du thermomètre
extérieur; le i . cr a monté trois fois à 5 1 , le fe?»
cond à 5.5 , 57 , & à 53. La première fois, c’étolt
6 heures à du matin, la fécondé ç heures du foir,
la troifième une heure : mais on ne trouve au->
cune caufe de ces différences.
La fève du noyer gela, lorfque le thermomètre
étoit à 3** Je ne tire aucune conféquence
d’expériences faites for des arbres d’un diamètre
différent ; il me femble feulement en général que
l’état vital de Parbredoir avoir bien fouffert dans
le trou fait pour loger le thermomètre.
Je remarquerai encore que M. Hunter obfer—
vaque, pendant que fatmofphère étoit à 27 degrés,
le terrein qopyprt de neige montroit, à X
’pieds, 34 degrés. J ’qbferyeiiai auffi que le thermo«?
mètre, à l’air, étant ^24, fix arbres le firent voir
au-deffus, il y en eut un où le thermomètre fe montra
à 22 degrés, & dan§ up cèdre mprj:, ôple vit
â f4r
Je ne répéterai point ce que j’ai dit fur le!j
précédentes expériences ; mais il me femble quç
îe$ différences fqnt trop petites, trop ygriablç^ po^jf
CH A
leS attribuer à une caufe particulière, tandis que ■
la feule aétion de l'air, fur la boule, du thermor
mètre , plus ou moins humeélée, peut produire
un effet plus ou moins variable par 1 évaporation
: de forte q u e , quoique ces expériences .
foient probables pour attribuer une Chaleur par-
ticltlière aux végétaux, elles ne font pas démonf-
tratives. Je dois dire encore que M. de Buffon 1
croit avoir vu que les jeunes arbres ont; plus de .
Chaleur que lés vieux , & que ceux qui font ;J
coupés.
M. Schopf, dans le Naturforfchér, N .' 1 3 , 1
a fait un enai fur la température des plantes,
où il raconte plufieurs expériences qui paroiffent
montrer que la Chaleur intérieure des plantes,
pendant l'Hiver, eft plus grande que celle de
fatmofphère : mais qu’c cette Chaleur eft moindre j que celle de l’air environnant depuis le mois
de Mai, jufques au mois d'Oclonre. CePhyficien i
attribue ce phénomène à la force vit'alé des ;
plantes, il croit que l’évaporation que les plantes
■ éprouvent, pendant l'Eté, contribue à diminuer
leur Chaleur, de même que la perte d’air vital
qu’elles font pendant le même-tems:
M. dcSauffure, d’un autre'côté, a obfervé ijue
la neige ne fe fond pas plutôt aux pieds des
arbres végétâns, quoiqu’ils dallent accélérer fa
fonte par la Chaleur que leur vie doit leur don-
' fier fi elle étoit réelle, que vers les pieux, ou
les piquets de bois mort, quoique ces piquets
, foient fitués de la même manière que les arbres
qu’ils foutiennent.
Mais, malgré toutes ces réflexions, on ne peut
fe difiimuler que la sève de noyer qui gela à 31
‘ degrés dans l’air, n’a pas gelé dans l’arbre à 17
degrés. Y a- t-il cette sève dans les arbres pendant
les grands froids? Cettesèven’eft-ellepas chaffée
des vaiffeaux par la contraélion que le froid
leur fait éprouver ? Et- en fuppofant cette cha-
léur naturelle aux arbres . relie que les expériences
de M. Hunter nous le font connoître, comment
anroit-elle pu empêcher la sève de geler,
quand le thermomètre, dans l’arbre.éfoitbeaù-
'ebup aû-deffous de 3Z? Enfin il me femble que
les arbres ne fouffrent du froid, que lorfqu’il
fuecède rapidement à nn. teins auez doux &
humide 3 l’aubier eft alors plein de sève ; cette
sève gèle, les vaiffeaux fe brifent; cet aubier
’Tefte ce qu’il étoit ; fon organifation eft diffoute,
il ne peut plus fe perfectionner, & il donne
rjiiJancc au faux aubier..
Il paroît qne les plantes, les arbres des climats
chauds, périffent dans le nôtre; feroit-ce parce
que les. vaiffeaux font plus larges, parce qu’ils
contiennent plus de lymphe ? il me femble que
cela ne feroit pas la raifon qui les feroit geler,.
puifque la sève du noyer gele un peu au-deffous-
de la glace : d’ailleurs les arbres de nos pays
périffent dans les climats feptentrionanx. Il faut
idoac que lé froid attaque l’organifation de la'
C H A 39
plante : on eft pourtant parvenu à empêcher
faCtion du froid for certains arbres étrangers en
Suède, en leur ôtant lés feuilles qui les couvrent
quelques teins avant quelles tombent ; par ce
moyen il ne paffe presque plus de sève nouvelle
dans l’arbre ; celle qui fc trouve dans les vaiffeaui
s’évapore, & la gêlée.dérange moins l'organisation
de la plante, parce quelle contient moins
de focs qui puiflènt fe gêler, & détruire par
conféquênt i les ^organes où ils circulent ; d’ailleurs,
comme les fucs. aqueux.font de très-bons
conduéleurs'de chaleur, il efttrcs-probable que
les arbres qui en. font remplis.- perdent d’autant
plus vite;(leur Chaleur, que tes fucs aqueux y
font plus abondans, parce qu’ils agiflënt ave«*
pins d'efficace pour la leur enlever.
%ês racinesom le degré de chateur de la terre,
toujours plus grande que celle de l’air ; c’eft
Feut-être cette chaleur qui entretient celle dé
arbre.
Le foleil eft encore une foürce de chaleui'
dans les plantes ; leur couleur brune eft unmoyea
d’abforber la-lumière en plus grande quantité f,
& fi le parenchyme eft verd fous lé co rce , c’e/l
peut-être parce que, l’écorce qui eft brune, &
d’un tiflù lâche, laiffe, paflerbeaucoup de rayosa.
Les feuilles périront vraifemblabiement fi elles
. rècëvoient plus de. lumière , parce qu’àlors elles
éprouvêroient une évaporation plus forte, que
celte qu’elles poiirroient fourenir ; il s’échapperoit
hors d’elles beaucoup plus d’eau, qne les racine?
ne pourroierit le u f(én fournir ; le . pétiole te
faneroit, la fèuillç fe, defiecheroit, l’arbre auroit
une, nourriture peu élaborée. Cependant cette
Chaleür fait la vie de là plante, \elle, . l’anime,
la développé. Que d’expériences à faire pour
déterminer fon influence; fi elle en a une autre
que celle d’attirer les focs que les feuilles doivent
élaborer pour la nourriture, & le développement
de l’arbre , & de fes germes. Voyt\ Gelée.
CHANCISSURE. Maladies des racines bleffées
ou expofées à l’humidité. Elfes moififtent alors;
il fë forme for elles , une pellicuïe blanchâtre
que recouvre une forface prefque noire ; cette
pellicule efi formée par de petites- plantes comme
celles des moififfures. Le feul remède à cette
maladie efi le retranchement de la partie malade r
mais fi le terrein eft humide , la plante eft bien
menacée.
CHANCRE. Ulcère des végétaux produit par
l'engorgement des vaiffeaux qui rend les- focs
flagnants, âcres. &: çorrofils. Ces- foc sdétruifent
î’organifàtïon de l’écorce qui fe gerfe, fe deffé-
çh è , le mal "s’étend , f arbre foudre on ne peut
le fauver que par lampiuation de la partie ma-
_lade,Les poiriers de bon-chrétien font for-tout
fujets à cette maladie, dans Icé terreins humides.
Les arbres gotnijieùx font encore plus expo&s
â c'étté maladie quebes'autres arbres, &. les fuites