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fouille faite au Pont de Neuilly, des racines &
des branches de lalicaire, qui laiffoient voir fous
leur écorce quelques grumeaux d’une belle couleur
bleue, que les expériences lui démontrèrent
un vrai bleu de Pruffe.
M. Berthollet $ ce grand- Chymifle , explique
l’Etiolement par la décompofirion de l’eau dans
les plantes expofées au foleil : la lumière par fon
affinité avec l’oxigène le dégage de l’eau , dont
il eft une partie conffituante, & forme , par le
moyen du calorique qu’elle lui fournit ,Tair pur
que les feuilles laiffent alors échapper; l’air inflammable
, cette autre partie compofante de l’eau
reftedans le végétal ; l’hydrogème fe dépofedans
la plante, y forme les huiles & les réfines qui font
les produits de leur organifation. Et certainement
les plantes ne fauroient recevoir l’air inflammable
qui eft dans les huiles & les réfines que par la dé-
compofition de l’eau , puifqu’il n’eft pas dans
l’atmofphère , & qu’on le trouve dans les plantes
qui croiffent dans l’eau & le fable. De forte que fi
les plantes privées de lumière s’étiolent, no fe
colorent plus, fi elles font moins inflammables,
s'il ne s’en dégage point d’air pur, c’eft ou parce
que l’eau n’eft pas décompofée, ou parce que
lès principes font différemment combinés : & fi
l’eau n’eft pas décompofée , c’eft parce queJe
principe décompofant n’agit plus. Anfli les plantes
étiolées font alors moins réfineufes, moins
huileufes. Enfin, dès que la lumière agit, l’air
inflammable s’accumule dans la plante, les huiles
& les rëfines fe forment, l’air pur s’échappe avec
le calorique qui fe combine avec l’oxigène & qui
lui fournit des ailes , en lui fourniffant de la chaleur
& de l’éleClricité.
M. Berthollet appuie cette opinion furies raifons
fuivantes ; iï? les matières colorantes végétales à
l ’exception des jaunes font décolorées par l’acide
marin oxigéné, qui devient alors acide marin
ordinaire, parce que les matières colorantes s’emparent
de fon oxigène ; i ,9 les matières décolorées
fe font emparées de cet oxigène, puifqu’il n’a
pu fe perdre ailleurs Wfjm l’acide marin oxigéné
blanchit très-bien les tiffus végétaux. Voyez
Couleur des Plantes.
Telles font à-peu-près les ^recherches qu’on
a faites fur l’Etiolement ; maism faut avouer que
cette maladie eft au moins peu connue. Cependant
, je crois que les Phénomènes qu’elle dévoi-
leroir donneroient une des clefs de la Phyfiologie
végétale, en montrant la manière dont la lumière
influe fur les plantes. Voyez Lumière.
EXCENTRICITE des couches ligneufes.
Quand on a fcié tranfverfaïement le tronc
d’un arbre ou une branche un peu forte, on
diflingue aifément par fa coupe que ce tronc &
cette branche font formés par des couches qui
s’enveloppent fucceffivement & qui fe recouvrent
les unes après les autres. V o y e z Couches Liseuses.
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Mais, en y faifant plus d’attention, on s’appert
çoit bien-tôt que ces couches ne font pas des
cercles ayant pour centre l’axe du tronc ou de
la branche ; on voit fouvent ces couches plus
épaiflès d’un côté que de l’autre , & par confé-
quent plus éloignées de l’axe de l’arbre d’un côté
que de l’autre. '
On a vu de tout tems ce phénomène, mais
on n’a pas toujours pénétré fa caufe. Quelques^
uns ont cru que les couches feptentrionales s’écar-
toient plus de l ’axe que les autres ; d’aujxes ont
imaginé que les méridionales avoient ce privilège ;
prefque tous ont voulu voir uncbouffole artificielle
dans cette difpofition. Ceux qui croyoient
que les Couches feptentrionales étoient le plus
écartées de l’axe de l’arbre, foupçonn oient que
cette partie moins ëxpofée au foleil confervoit
plus d’humidité. Les autres croyOient que les parties
plus expofées au foleil étoient plus vigoureu—
fe s , parce que la lumière mettoit plus de mou-,
vement dans leur fève.
MM. Duhamel & Buffon , qui ont étudié ce
phénomène fans prévention, ont bien obfervé
dans les Mdm. de U Acad. des Sc. de Paris 1 7 3 7 ).
l ’extrémité des couches. Mais ils ont cru que
cette extrémité n’étoit pas dépendante de la ma-«
nière dont elles étoient orientées , puifqu’çlies
regardoieiw indifféremment tous les points de l’ho*
lizon. Ils ont remarqué qu« l’Excentricité étoit
toujours produite par l’état des racines & des
branches, correfpondantes avèc les parties des
couches les plus épaiffes, & que l’épaiffçur des
couches étoit toujours la plus grande du côté
ou l’on obfervoit les racines & les branches les
plus fortes ; de manière que fi un arbre a une
forte racine, l’Excentricité des couches fera dans
le bas de l’arbre, & dans fon tronc , du côté dç
çette racine; tout comme fi à l ’oppofé -, il y a une
forte branche à la cime de l’arbre, ce fera vers
cette forte branche que fera l’Excentricité. La
raifon en eft claire ; les fortes racines portent
une nourriture abondante, les fortes branches
attirent une nourriture aufli confidérable, &
cette nourriture fait les couches Excentriques en
les repouffant du centre , par la force de la sève,
& en augmentant l’épaiffeur de chacune d’elles
dans cette partie. Voyez Branches , Couches
ligneuses, Racines,
EXCROISSANCE. On donne ce nom à toutes
protubérances extraordinaires formées fur les plantes;
telles font celles des bourrelets, des plaies
faites aux arbres ; elles font toutes l’effet d’une
sève furabondante , qui fe porte avec force fur
quelques parties, & qui ne pouvant fervïr au
développement de tousles boutons qu’elle pourroit
nourrir, ni fuivre fa route fans gène , fe trouve
arrêtée & forme, je ne dirai pas des. dépôts,
parce que cette idée entraîne celle d’un abcès,
mais un dépôt ligneux , ou plutôt un dépôt de
couches, qui font affez fpongieufes par l’abonr
dance
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dç la nourriture qui s’y verfe, & par le
défaut de l’élaboration qu’elle y reçoit. Mais ces
Excroiflances ne font, pas de noeuds : tout cela
peut & doit fe réfoudre dans i’hiftoire des bourrelets.
Voyez Bourrele t.
Il faut pourtant obferver avec M. d’Auben-
ton que les Excroiflances diffèrent des tumeurs,
ert ce qu’elles.ne font pas un fimple gonflement ,
tuais une produCbion fortant au-dehors de l’ar- ;
bre. L’Excroiffance n’eft donc pas un buiffon
formé par la réunion de plufieurs tiges ; elle n’eft
pas une loupe, qui n’eft qu’un buiffon couvert
ar de nouvelles couches de l’arbre ; M. d’Au-
ençon décrit une Excroiffance remarquable dans
les Mémoires de la Société d Agric. de Paris , tri-
ijieftre du Printems, année 1786, & il a bien vu
que le bois des Excroiflances diffère du vrai bois,
àn ce que les prolongemens médullaires les plus
apparents du vrai bois n’entrent point dans l’Ex-
croiffance , mais qu’ils fe courbent, & s’écartent à mefure quelle groflit, & que ces prolongements
de l’Excroiffance font très - nombreux & très-
minces : ils ne font perceptibles qu’avec la loupe,
ils paroiffent une continuation des petits prolongements
médullaires de l’arbre, & ils fuiventl’a-
grandiffement de l’Excroiffance.
EXTRÉMITÉ des pouffes. Ce mot feroit
inutile à expliquer s’il n’offroit pas au Jardinier
un fait à favoir, & au Phyfiologîfte un phénomène
propre à établir quelque différence entre le végétal
& l’animal.
Les Extrémités des pouffes , font les Extrémités
des tiges des branches , des rameaux, en
un mof , les derniers produits de la végétation
fur un végéral. Elles font toutes herbacées; mais 1
ellçs ont toutes les moyens de fuivre la deftinée
dçs autres parties de la plante ; de forte que,
comme à cet égard elles n’offrent rien de particulier
, je n’en dirai pas davantage^
Mais fi l’on coupe une de ces Extrémités, elle
ne fe prolonge plus, quelque foit la place de la
feCHon de la branche. Il en lèroit de même
pour la tige. Alors il s’échappe à droite & à gauche
des branches latérales, qui fervent à occuper
la sève portée par les racines, & ces branches
font produites par le développement des
boutons, qui n’attendent qu’une certaine quantité
de nourriture pour paroîtrç , & fortir. de
l’obfcurité où ils vivoient,
Il n’eft donc point indifférent, ni pour la
figure , ni pour la famé de la plante , de la pinr-
cer comme on dit en fupprimant l’Extrémité des
branches ; mais c’eft une opération qui doit être
en rapport avec la nature de l’arbre, fa famé,
& Image qu’on en veut faire.
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FÉCONDATION. La reproduélion des êtres
phyfiologie végétale. Tome I . ert Pçrtiç,
E X T s(
organifés a été un des phénomènes qut doit avoir
étonné le plus, le Phiiofophe qui te confidéroit.
Quels étoient les moyens de la nature pour produire.
cet effet ? Quelles font les idées qu’il nous
donne fur la nature des êtres organifés ? aucun
fujer n*a occupé, plus de cervaux, n’a fait naître
plus d’idées, n’a produit plus de fables. Je me
garderai bien de les rappeller ; mais, en partant
de nos connoiffances aCluelles, il fera peut-être
curieux de voir enchaînées les idées qu’elles nous
donnent. Ce ne feront point les rêveries del’ima-«
gination K mais une hiftoire des faits découverts,
& les conféquences immédiates qu’on en peut
tirer.
Il paroît que le but de la Nature, dans la végétation,
eft la produCHon des fruits qui font les dé—'
pôts des graines ou des moyens de renouveller ler
végétal dont ils ont reçu le jour; en effet, lagraine
mife en terre, germe , s’ouvre , laiffe fortir unè
plante femblable à celle qui L’a produite.
Les fleurs font les dépôts des graines, & c’eft
dans les fleurs que les graines fe forment. En
feroient-elles la fabrique ou le berceau ?
En faifant l’analyfe de la fleur, on voit qu’il y
a plufieurs de fes parties qui ne paroiffent pas
eflentiellcment néceffaires à la fruClifi cation. L e
calice peur être retranché impunément à quelques
unes même avant leur épanouiffement : comme
je l’ai fait à des,pois & à des haricots, fans
nuire au développement de leurs fruits. Il y a
, même des fleurs qui donnent des fruits fans ca-^
lices. Je ne prétends point conclure de-là à l’inutilité
des caliçes ; mais ils peuvent favorifer le développement
de la fleur fans être effentiellement
utiles à la fructification. Je fuis fort porté à croire
qu’ils fervent aux fleurs comme les feuilles fervent
aux plantes & aux boutons; qu’ils y amènent
la fève , & qu’ils fervent peut-être à l’ élaborer.
Voyez C alice.
Les pétales ne font pas plus néceffaires à la
fructification : j’eri* ai coupé, ôté à des fleurs de
* poiriers avant la fructification ; & elle s’eft opérée
de même. Ces beaux pétales font fans doute utiles
à la plante, aux piftils^ aux étaininey qu’ils con-
fervçnt, qu’ils nourriflent peut-être dans Je bouton
en leur préparant une nourriture particu-*
lière ; mais enfin ils ne leur font pas indifpçn-
faiblement néceffaires. Voyez Pétales.
Nous n’avons pas fait encore l’analyfe de ta
fleur r elle a d’autres parties qui méritent notre
attention , quoi qu’elles ne fixent pas toujours
nos regards. Les étamines ne peuvent être retranchées
impunément d’une fleur avant fon
épanquiffement : après ce retranchement il n’y a
plus de graine fécqnde à efpérer. Les fleurs doubles,
ou les étamines, femblcnt fe changer en pétales ,
ne fourniffent point alors de graines. H faut ea
dire autant des piftils; fi on les cvmpe au moment où
la fleur vient de s’épanouir, la graine avorte, ou plutôt
îm n’ep recueille point; ce qui arrivera de mêtue