
xiij P R E F A C E .
Les phafes de la plante fe terminent par l’hiftoire de la maturité des fruits,
& par des réflexions fur les fru its hâtifs.
I l femble, après cela, qu’on peut avoir une idée de la végétation & de la
vie des plantes i mais ce myftère n’eft pas prêt à fe développer. Si les végétaux
étoient irritables, l’irritabilité pourroit être le principe de cette v ie , & la
caufe du mouvement obfetvé dans quelques plantes : plufieurs auraient dit j
& de leur sensibilité.
Enfin la mort du végétal doit achever fon hiftoire, comme celle de tous
les êtres organifés.
Après cela on aime à revenir fur fes pas, & s’arrêter avec les idées qu’on a
acqùifes, fur quelques vues, fur quelques idées générales, que l’hiftoire des
plantes a offertes. Telles font celles que préfentent des confidérarions fur les
Arbres , les Herbes, les Végétaux, les Plantes , leur habitation. C e qui
engage à réfléchir fur la Phyfologie végétale & fur Vanalogie foupçonnée
entre les Plantes & les Animaux.
Comme les maladies des plantes peuvent éclairer fur leur nature, il étoit
néceflaire de les étudier, pour leur demander les lumières quelles peuvent répandre
fur les végétaux & les moyens de les conferver. Les plus nombreufes de ces
maladies attaquent les feuilles, telles font le bla nc , la bruine, la brûlure, la
brouijfure , le cloque, les galles, la jaunijfe, le nielle, les panachures , les
roulures. Enfuice, comme l’écorce eft la partie des végétaux qui eft la plus
organifée & la plus aftive, après les feuilles, c’eft auffi celle qui le trouve la
plus expofee à des dérangemens. Enfin le bois n’en eft pas exempt ; les maladies
obfervées dans l’écorce & le bois font les bourrelets des greffes, la ckanciffure,
les chancres, les cicatrices, les excroiffances, les loupes , les plaies, les
fen te s . On a obfervé quelques maladies particulières aux fleurs, telles que la
carie des grains & la coulure.
Je fuis bien éloigné d’imaginer que j’ai fait connoTre les plantes, quoique
j ’aie raflèmblé tout ce qu’on a écrit d’important fur ce fujet, & quoique j ’aie
ajouté quelque chofe à ce qu’on avoit découvert avant moi ; mais, comme je
l’ai dit bien fouvent, cela fera lire à peine quelques paragraphes du grand
Livre qu’on compofera fur ce beau fujet, quand il fera plus approfondi.
L e tems viendra finement où cet appareil de fcience ne fervira peut-être
que d’indice , à ceux qui traiteront ces belles matières. Alors un nouvel horizon
ouvert aux yeux avides des Philofophes plus heureux, découvrira des phénomènes
bien plus remarquables, des rapports bien plus généraux, & montrera la
liaifon étroite des végétaux avec tous les êtres organifés & inorganifés oui les
entourent , en découvrant dans leur ftruéture le fondement de ces beaux
rapports,
j ’ai adopté les définitions de M. le Chevalier de Lamarck, telles qu’on les
lit dans la Flore françoife , afin de mettre plus d’unité dans la Botanique
de cet Ouvrage, On fait au moins que cet illuftre Membre de l’Académie
Royale dçs Sciences de Paris fait je Diétjonnaire Botanique de cette Colleâion.
A c c r o is s em en t .
ACC
A c c r o i s s e m e n t , c e f t ceteffet de ia végétation
fur les plantes, par lequel le diamètre comme
la longueur de leurs tiges, & de leurs branches M
s’augmentent, en forte quelles deviennent plus,
greffes & plus grandes pendant tout le tems
qu’elles croiffent.
La plante commence à croître fenfiblement
dès le moment où fon germe commence à fe,
développer dans la graine ; mais fon Accroil-
fement finit quelque tems avant fa mort.
Toutes les parties des plantes font fufceptibles
d’Accroiffement, quand elles font dans les cir- •
confiances propres à croître. Les racines, les
ti.es , les branches, lès boutons, les feuilles'les
fleurs, lès fruits, les graines, & c . s’étendent en
épaiffeur & en longueur, jufqu’à ce qu’ils aient
atteint la longueur & l’épaiffeur qu’ils doivent
avoir.
Pour être plus exacl, je diflinguerai les phénomènes
particuliers, à ces d'eux genres d’Accroiffement.
Toutes les plantes, & leurs parties j
s’alongent d’autant plus dans un tems donné ,
qu’elles font plus jeunes & plus tendres. Comme
elles font dans la graine & dans le bouton , fous
la forme la plus molle , c’eft alors auffi que
leurs progrès font les plus rapides : ils diminuent
enfuite proportionnellement aux degrés d’en-
durciffement, que là . plante ou fes branches
reçoivent ; de manière que l’accroiffement des
tiges eft plus grand à leur extrémité qui eft herbacée
, qu’à leur bafe qui eft plus, ligneufe. Le
degré de dureté qui eft le terme de l’accroiffement
d’une plante, eft relatif à l’efpèce de cette piante.
Les heffles ceffent de croître à un degré de dureté,
qui ne s’oppofe pas à l’accroiffement des plantes
v iv a c e s ,C e lle s -c i ne croiffent pins lorfqu’elles
ont atteint un degré de dureté, que les arbres
dépaffent en croifiant toujours. Cette obfervation
eft également vraie pour chaque efpèce d’arbre
& de plante, fi l’on fuppofe que foutes les .
autres circonflances foient d’ailleurs égales.
Les -plantes s’étendent de même en largeur,
c’eft-à-dire que le diamètre de leurs tiges ou de
leurs branches s’aiigmente. On ne peut en douter
quant on meCure. en divers tems je diamètre des
plantes, qui prennent- de l’Accroiffement, &
fur-tout quand on voit fur la feélion d’une tige
ou d’une branche, la fuite des couches ligneufes,
qui fe font fucceffivement formées les unes autour
des autres, •
J1 paroît donc que l’alongement des fibres,
fait l’accroiffement en longueur, &. que l’aug-
ïflçntation des couches ligneufes fait l’accroil- fhyjialogifvégàale. Tqm( 1 I.ir' Vartiç.
, ACC
fement en largeur. En général, les premiers ac-
croiffemens font les plus grands. Les bornes de
l’ac eroiffemen t font celles de Fendurcîffement-
que la plante doit prendre -, auffi les arbres qui
s’endurciffent lentement, confervent long-te ms
la faculté de s’étendre; & c’eft fans doute fur
la durée de FAccroiffement d’une plante, qu’qn
peut calculer la durée de fa vie ; il y a des
plantes qui croiffent & vivent pendant quelques
jours ; il y en a qui croiffent & vivent pendant
plufieurs fiècles. L ’Accroiffement en groffeur fe
fait encore pendant quelque tems, par lad^-
dition fucceffive des couchés ligneufes, tandis
que FAccroiffement en longueur eft fini par l a-»
longement des fibres ligneufes. Mais cetaccroif*
fement réel en longueur & en grofleur, a dçs
bornes pour toutes les Plantes, & ces bornes
font plus ou moins déterminées dans chaque
plante, par les propriétés de fon efpèce & par
l ’état de l’individu.
On obferve encore que les plantes en ceffant
de croître, ne ceffent pas de vivre, de forte qu’elles
doivent toujours recevoir une efpèce d’accroif-<
fement, pour réparer les pertes que leur viq
occafionne naturellement , & même pour fou-
tenir les débris que la vieilleffe & la caducité
préparent enfin aux arbres les plus vigoureux.
D’ailleurs fi la tige & les vieilles branches des
plantes ceffent de croître au bout d’un certain
tems , oh voit toujours de petites branches & de
petites racines, fe développer , de nouvelles
feuilles cacher leurs plaies, de nouvelles fleurs
parfumer leur vieilleffe , de nouveaux fruits
récompenfer la main qui foigne leurs vieux ans,
en forte que l’on peut toujours obfêrver un A c -
croiflément réel dans les Plantes qui ne paroif«*
fent plus croître.
Toutes les parties des Plantes croiflent fouvent
dans le même-tems, mais elles ne croiffent pas
de la même manière : les racines ne s’alongent
que par leur extrémité, tandis* que les tiges &
les branches croiffent dans toute leur longueur,
biais fur-tout vers leur extrémité qui eft pour
l’ordinaire entièrement herbacée dans l’arbre cmi
croît, & plus tendre dans les plantes annuelles.
Les boutons croiffent dans toute leur longueur
& leur largeur. Les feuilles des plantes épaiffes
ne s’étendent que par leur baffe. Voye\ le mot
Plan te , Bouton, B ranche, F euille, F l eur s ,
F r u it s , G r a in e s , T iges , où Fon trouvera
F Hiftoire du développement particulier & de
FAccroiffement de ces parties ; c’eft ainfi qu on
acquerra véritablement une idée jufte de FAççroif
fement total de la plantef
L ’Accroiffement dçs plantes offre un phéna