
fingulière. Les airs permanents fur l ’eau ne formé
pas l’air fixe -, le foie de foufre produit cet effet :
ï Efprit - Reéleur feroit-il donc hépatique ? Et
les élémens du foufre qu’on trouve dans les
plantes, contribuent - ils à le former ? Se-
roit — ce un hépar volatil ? Ou le foufre combiné
avec un alkali volatil, fe développeroit—il par
le moyen de l’air pur que les plantes fourniffent?
Les plantes aromatiques en donnenr au moins
beaucoup au foleil, & l’adlion de la lumière en
favorife le développement. Seroit-il nuifible à
la refpiration par l’air fixe qu’il forme & par
l ’air pur qu’il diminue ? Cet Efprir-Reéteur
feroit-il feulement propre à être diiperfé dans
l ’air par fa fingulière ténuité?
5 Tout cela forme des queflions qui méritent
d’être confidérées attentivement & dont jemepro-
pofe de m'occuper. Voyei Huiles essentielles.
ETAMINES. Les Etamines font regardées
comme les organes fécondans des fleurs. Cette
partie capitale & curieufe des plantes ne fau-
roit être étudiée avec trop de foin , & pour le
plaifir qu’elle promet, & pourl’inflrudhon qu elle
fournit. Je fuivrai, dans leurdefcriprion, celle
que M. Duhamel en a donnée, & j’y joindrai
quelques obfervations particulières faites par
d ’autres ObfervateiTrs.
M. Je Chevalier de la Marck diftinguè dans
l ’Etamine deux parties*, le fi Ut ou efpèce d elup -
port délicat qui foutient le fommet de l’Etamine,
à l’égard de laquelle il fait la fonction d’un petit
péduncule ; il n’exifîe pas dans toutes les fleurs,
celles de I’ariftoloche & de l’arum, en font privées*.
UAntherè eft cette efpèce de petite bourfe ou
de capfule fupportëe par le filet, & qui conf-
titue l’effence de l’Etamine ; dans l’Anthère efl
renfermée la pouffière fécondante.
Grew eft le premier qui ait étudié au microf-
cope les poufiières en 1682. Malpighi fit la
même étude en 1686. En 1 7 1 1 , Geoffroi traita
le même fujet dans les Mémoires de l’Académie
des Sciences : en 1717, Vaillant obferva la manière
dont les fommets s’ouvrent : en 1739, M. de
de Juflieu fuit l’explofion des pouffièrës qui
cdatent lorfqu’on les met fur l’eau : en 1747,
Ncedam s’occupa du même: fujet dans fes Nouvelles
Découvertes Microfcopiques. Micheli vit les
poufiières des champignonsen 1729. De Juflieu
les obfèrva dans les fougères en 1739. Réaumür
découvrit celles des fucus en 17 11. Grifeleni
confirma céfte obfervation en 1750.“ Mais
M. Jean Hedwig me paroît le feul qui a rendu
très-probable l’exiftence de ces poufiières dans
les plantes cryptogames.
M. Duhamel a fuivi, dans fes deferiptiarrs, les
Etamines des fleurs du pêcher, du poirier, du
terifier & du pommier -, mais comme ‘«toutes les
Etamines fe reffemblent beaucoup dans les différentes
fleurs, ce qu’on dira des unes pourra s’appliquer
aux autres.
Les Etamines prennent naiflafice du calice $
elles paroiflent, à l’oeil nud, un filet terminé par
deux petits corps colorés. Quand la fleur n’efl
pas épanouie , la loupe fait voir un filet ou
pédicule, portant à fon extrémité deux capfules
ovoïdes, divifées dans leur longueur par une
rainure. Ces capfules forment les fommets des
Etamines , elles paroiflent rouges dans les poiriers
& les pêchers, jaunes dans les eerifiers &;
les pommiers. Avec un verre ces fommets paroiflent
rouges , ou rouges pâles, tiquetés ou
marbrés, d’un rouge ou d’un jaune plus foncé»
Les filets font blancs tiquetés de rouge dans
les fleurs de quelques pêchers : il y a quelques
places d un blanc plus éclatant dans les eerifiers.
Les filets font couleur de rofe dans le nefllier.
La fubftancc de ces filaments eft affez uniforme:
ils font compofés de vaifleaux* & de tiflu cellulaire
: ils font plus ou moins mois & flexibles :
quelques-uns ont quelque chofe qui annonceroit
une matière de corne, ou de cu ir , ou de bois.
Un très-petit nombre font mis en mouvement
par l’irritabilité, ou par la force élaftique qu’ils
pofsèdenr, comme dans l’Opuntia.
Les filets femblent une production des pétales,
fuivant 1 Auteur du Dictionnaire .d’Agriculture.
Ils paroiflent au-moins avoir toutes leurs parties 7
on y trouve un épiderme, un réfeau cortical,
: une fubftance parenchymateqfe. Malpighi y foup-
! Çonnoit des fibres ligneufes ; mais il fe pourroit
quelles fufient des nervures comme on en voit
dans les pétales. Ces filets font pour F ordinaire
creux ; on les juge ainfi dans la tulipe quand on
les coupe par tranches.
L ’infertion des filaments dans toutes les parties
de la fleur , montre clairement qu’ils ne doivent
leur origine en particulier à aucune d’elles &
M. Hedwig a bien fait voir qu’ils étoient produits
par les trachées , comme M. Gærflner l’allure
dans fa Carpoiogie ; & comme on peut le voir
dans le Magafin de Leypfick, po. 1781, part. 3.°?«
On obferve tout cela dans les Etamines
lorfque la fleur efl en bouton ; on découvre
même déjà quelques poufiières comme l ’Abbé
Spalanzani l’a vu dans plufîeurs plantes • mais iî
fait remarquer en même-tems que ces poufiières
ne font pas alors mûres, comme il paroît par
la grande petitefTe de leurs grains , & par leur
adhérence aux anthères.
Quand les fleurs font épanouies, les fommets
des Etamines s’ouvrent par cette rainure longitudinale
dont j’ai parlé : alors les fommets paroiflent
compofés de deux capfules qni avoient
éré collées enfemble, & qui font encore attard
é s malgré Jeu* ouverture par le pédicule. Ces
fommets ou leurs capfules renferment une peuf-
fière très-fine qui paraît lorfqu’elles font,ouvertes,
il femble que. le fole il, en tombant fur ces fom mets,
favorife leur ouverture, & par conféquenr.
E T A
refluflon des poufiières, qu’ils, contenoieat. Cela ,
fe pafle préciCment comme lorfque les graines ;
de balfamine .font chaffées de leur capfule On
obferve cette pouffière des Etamines fur les bleds ;
en fleurs, comme un brouillard au lever du fole
il, on voit même ces poufiières fur les capfules.
ouvertes. a
La pouffière contenue dans ces capiules-.elt
formée par des grains qui font eux - mêmes
compofés de lobes. On croiroit ipême que chacun
de ces grains tient à des filets implantés,dans la
capfule! Ces globules femblent formés par une
petite peau extérieure affez minçe & élaftique ;
extérieurement elle paroît raboteufe, criblée dw
pores*, & par le tijfu cellulaire c.ompofé de fibres très-
minces qui fe réunifient vers le centre du globule
, & qui fe mêlent avec une matière cireufe
aboutiffant à la petite peau , qui n’eft capable
que d’un certain degré d’extenfion, & qui fe
rompt dans de certaines circonftançes. Quant
à la matière cireufe, elle eft inorganique granulée
, elle fe liquéfie en fe mûriffant , & elle
devient la matière de la fécondation. Telle eft
la defeription que Koelreuter a donné de ccs
globules. . ..
Après ces obfervations qui font exactes , 11
feroit dangereux de fe faire par elles , une idée
de toutes les Étamines ; il n’y a point de genre
de plantes , qui n’offrent quelques différences
dans quelques-unes des parties dont j’ai parlé;
aufli Juflieu, Gleditfch, Linné, Adanfon y ont
trouvé un caraélère botanique.
Le nombre des Etamines varie dans les différents
genres de plantes ; & cette différence efl
affez confiante .pour les caraélérifer ; quoiquelle
ne foit pas fans exception.
La pofition des Etamines efl auffi variable ;
tous les fommets ne font pas fupportés par des
filets. ; & ces filets, qui les fuppprtent ont des
places différentes : dans plufîeurs plantes les Etamines
font attachées à la bafe du piftil ; dans
d’autres au piftil lui-même ; fouvent aux parois
internes du calice ; quelquefois aux points ou
font attachés les pétales ; fréquemment elles
partent du pétale , comme dans le guy dont les
.fommets font fans filets. La longueur des filets
n’efl pas la même : il y en a qui excèdent les
pétales ■, il y en a aufli qui font plus bas qu eux.
Leur figure a de même fes variétés : quelquefois
le filet efl également gros dans toute fa longueur ;
d’autres fois il eft applati par fa bafe ; on leur
voit la forme' d’un coin , d’une alêne, dune
fpirale : enfin , fi les filers-font nuds dans la
plupart des plantes, ils font velus dans quelques
autres.
On trouve des fleurs où les filets varient par
la figure, la grandeur & la direélion.
Le nombre -des filets varie encore comme
celui des Etamines : dans plufieurs plantes, tous
les filets font réunis par le bas en une maife :
E T A
d’autres fois ils , fe ,raffejpb!ént feulement par
paquets, & ils fprriient des fiifceaux fcparés .
Les fommets ëüx-mêlfies fe diftinguerit entr'eux
par leurs couleurs, le nombre,, la gr,odeur &
la forme des capfules qui lescompofent, parla
manière dont ils font attachés à leurs, filets. Les
capfules elles-mêmes s’ouvrent diverfement pour
l’ordinaire fuivant leur longueur ,_ ou à leur
bafe, ou à leur pointe, ou aux deux endroits.
On voit fouvent,Ie,s Etamines devenir des pétales
: elles leur fervent .quelquefois de germe,
fi je puis mefervir de.,cerrè expreflion : il fem-
bleroit que les filets nourris trop abondamment
1e développent trop : ce qui donne nai(Tance à
ces pétales ,pour l’ordinaire monftrueux , & qui
n'ont point la forme, des pétales appartenant
aux fleurs, fur lefquelles on les trouve. II. faut
fe rappeÛer ici un ioupçon que j’ai préfenté,
dans lequel j’ ai fait voir qu’il y avoit une grande
analogie, entre la matière qui formoit les pifliLs
& celle des pétales.
Quand les Etamines font parvenues à leur _
maturité, leurs fommirés s’oùvrent, & la pouffière
■ qui s'en échappe opère la fécondation du fruit.
Voyc{ F écondation.
Ces poufliéreslfpnt donc des êtres bien impor.
tans dans l’hiftoire des végétaux, mais ils font
encore bien couverts de ténèbres. Ces poufiières
vues au microfcopè, varient fuivant les genres
de plante par leur grolfeur, leurs, couleurs ,
leurs figures : les unes font tranfparentes, d'autres
blanches, d’autres pourprées, d’autres couleur de
chair, d’autres bleues ou hrunes, le plus communément
jaunes ; pn les trouve fouvent ovales,
quelquefois cannelées ; d’autres font cylindriques,
prifmatiques-; il y en a coinnïp un boulet ramé,
comme un rein : mais jé peins leur variété fans
montrer fesjiornes.
M. de Jüfiïeu a fait voir que les capfules
des Etamines éclatoieut comme des bombes ;
qu’il en fortoit une liqueur affez femblable à la
lalive, où l’on voyoit nager, quelques grains.
Il y en a qui éclatent plus facilement quand on
les humefie fur le porte-objet du microfcopè :
feroit-ce par une dilatation-de la capfule ? mais
elle étoir déjà humide ; il paroît plutôt que ces
poufiières qui nagent, ne font pas moins defféj-
chées. par le foleil qui touche la furface qu’il
regarde mais cette furface Contrafie encore mieux
par fa dilatation avec la partie oppofée ; feroit-
ce par l’évaporation que le foleil produit ?,
Lédermuller , dans.fes Amujemensmicrofcopi*-
ques , croit avoir obfervé deux efpèces de pouf-
fières dans la tulipe; il lui a paru qu’elles étoient
de deux couleursdifférentes, les unes étant pourpres
& les autres jaunes. En les plaçant dans
peau, elles perdirent leur figure pointue & devinrent
rondes. ■ •
M. Kolreuter croit que cette expérience réuf-
fit toujours quand la partie intérieure des capfule*
K i j