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laiffer paflêr l’épi ; & qae la feuille tiraillée par s
l’accroifferaent de l’épi commence à. fe fécher,
lorfque le tuyau a pris toute la groffeur qu’il
peut avoir.
Quoique je n’aie point nommé les plantes
fu r lefquclles j’ai fait ces obfervarions , je dois
dire que j’ai employé dans ces recherches le bled,
le feigle & l’avoine.
Il étoit curiepx de voir comment les feuilles
fe prêtoient à l’accroiffement de l’épi & des
Noeuds ; il m’a paru que les feuilles s’amincif-
foient en s’étendant*, mais il y a , comme je
l’ai d it , un terme où la dilatation de la feuille
finit, & où la feuille fe fèche. Quoique la partie -
de la feuille, quiembraffe la tige dans l’efpace,
entre le Noeud dont la feuille prend nailfance,
& le Noeud fupériéur le plus voifin, ne .foit
pas un tube rigoureufoment foudé, & quoique
cette feuille revête cette forme tubulaire, parce
qu’un des bords de la feuille recouvre ■ feulement
l’autre ; eependani ce recouvrement fe
fait avec tant de précilion, que la feuille ferre
fur-tout l ’épi ou fa tige au Noeud, de manière
qu’il y eft fcrupuleufem#nt enfermé : & la con-
traéHon de la feuille , pour faire ce tube eft
fi forte , que lorfque l’on ouvre la feuille pour
en fortir l’ép i, la feuille abandonnée à elle-
jnême fe recroqueville & repréfente un étuî
d’un diamètre plus petit que le premier.
Mais ce n’eft pas tout ; quand on étudie ce
mécanifme avec attention , on eft étonné des
foips que la Nature prend de l’épi, & des moyens
qu’elle j emploie : dans la partie fupérieure de
Pétui, ou ^plutôt dans la partie où la feuille
accolle l ’épi ,& où , en s’élevant, elle commence
à offrir une furface plane, on voit une mem- l
brane blanche & tranfparente qui s’échappe de
la feuille , & qui fe ferre en recouvrement fur i
la tige : elle me paroît faire, pour garantir l’épi
.des eaux qui pourroîent y tomber & pour leur
donner un moyen facile d’écoulément ; c’efi une
efpèce de plan incliné qui fait une conduite
d’eau commode entre cette membrane, imper-
jruéable à i’eau, & la feuille. Cette membrane
.enferre ainfi l’épi en faifant le commencement
d’une efpèce de fpirale qui rappelle roi t peut-
être la vis d’Aschiroède. Dans ce s feuilles, les
plans inclinés ou les gouttières inclinées formées
par la membrane , font à droite ou à gauche
comme une efpèce de toit ; l’un de ces plans
tft plus élevé que l’autre, en forte que ces toirs
•u ces gouttières fe verfent autour de la tige
qui eft bien garantie par la forte plicature de
la feuille.
Cette membrane qui s’échappe de la feuille
Verre, foit dans fes bordsx foit dans fon coller,
femble un prolongement de l’épiderme de la
feuille qui s’étend dans les parties' où elle fait \
Vérui de ta tige. Elle eft allez tranfparente &
bjeiHaote ^ mais elle eft plus ëpaiffe qre l’épiderxae,
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foit que l’aélion de l’air ait produit cet effet fur
elle, foi t qu’elle fe détache ainfi de cette feuille :
ce que je ne faurai croire.
Cette membrane , dans l’avoine, déborde la
feuille prefquc de deux lignes, elle accompagne
la feuille par-tout où elle fait recouvrement ;
elle dépaffe très-peu de la feuille qui nefferr pas
pour faire 1 étui de la tige ; & on ne l’apperçok
point dans la feuille qui eft plate.
C eft fur-tout dans l’endroit qui recouyre l’épi,
quele recouvrement eft le plus exaéhLe fommet
de la plante offre une efpèce de pointe formée
par une enveloppe en fpirale que cette membrane
fort fouple accompagne pour faire la gouttière
: la barbe du grain l’ouvre pour en fortir;
& peu-a-peu elle s’entr’ouvre davantage pour
donnér une iffue facile au grain* mais cette'
ouverture fe renferme par fon propre reftbrt
d’abord après que chacun des grains de l’épi a
yu le jour. . 1
Je me fuis affuré que les g'utüères formées
par cetre membrane étoient faites pour l’écoulement
de l’eau : en répandant foit en gouttes
foit autrement de l’eau fur des tiges de plantes
rromentacées, j’ai viî conftamment l’eau s’écouler
par cette gouttière.
. Mais tout cela s obferve beaucoup mieux dans
les plantes arondinacées. Leurs Noeuds offrent
vraiment un bourrelet qui donne naiffance à une
feuille & quelquefois :à des rejettons & à des
racines. Toutes les feuilles font dans le germe r
& quand ces germes ne font pas développés.
toutes les feuilles partent ou paroiflent partir
du Noeud le plus bas. C ’eft pendant le développement
de la plante que ces feuilles s’eir
écartent avec le Noeud auquel elles tiennent -
car elles ont toujours leur bafe fur le dernier
Noeud.
. ^es Noeuds font percés à ^exception de l’inférieur
& du fupériéur qui font pleins-: celui-ci1
porte la tige qui doit fleurir ; l’autre donne naif-
lances. aux feuilles. Les Noeuds placés au-deffou*
de ce dernier produifent les racines.
Les feuilles font toujours étroitement ferrées
autour du Noeud le plus bas. Ce font auffi les
feuilles pouffées, ou les plus extérieures:
qui fe deffèchent les premières ; & celles-ci font
les plus inférieures eu les moins élancées:
. Quand la plante c roît, les Noeuds s’écartent
les uns des autres; mais fes plus éloignés entre,
eux font les premiers qui ont paru-, à la réferve
des deux Noeuds qui font les plus voifins de la-
racine ; ceux-ci font toujours très—rapprochés *
enfui te l’éloignement des autres devient à-peu-
près égal ; mais ils ne font nulle part plus près;
que vers la racine elfe-même où ilsxonfervent
cette grande proximité. Je n’entre pas dans de:
plus grands détails, parce qu’il me faudroit r i -
goureufement répéter tout ce que j’ai dit fuir la
bled, le feigle &, l’avoine*
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Il paroît que les Noeuds font toujours fenv-
blables dans les plantes de la même efpèce, ■
quoiqu’elles foient plus ou moins robufles. 11
fembîe pourtant que ces Noeuds font plus gros,
plus alongés, lorfque la végétation eft plus vigou-
reufe. Mais leur diftance n’eft pas la même ,
lorfque la végétation eft foible ; les Noeuds font
alors plus rapprochés comme on l’obferve dans
les cannes à lucre.
J ’ai vu une démonftration complèrte de quelques
uns des phénomènes que les Noeuds m’ont
fournis dans l’hiftoire intéreffante, que M. Du-
trofne-Ia-Couture a donnée de la canne à fucre.
Et fi nous différons, à quelques-égards, c’eft je
crois parce qu’il n’a pas étudié cette canne avec
le foin que j’ai apporté dans mes obfervarions
des plantes à Noeuds. Mais je trouve, dans fa
defeription, plufieurs faits qui confirment mon
opinion. Le Noeud dans la canne eft un véritable
anneau dont l’étendue eft de 3 à 4 lignes : on
y découvre à la furface jufques à 5 rangs de
points à demi-tranfparents difpofés en quincontes
Si deftihés à donner des racines : il porte toujours
un bouton qui renferme le germe d’une canne
nouvelfe. L ’entre-Noeud varie pour fa longueur
depuis une ligne jufques à lix pouces : on voit
à fa partie fupérieure un léger enfoncement
appellé le c o l, rerminé par la feuille propre au
Noeud canne : l’entre-Noeud eft deftiné à pré-*
parer la- matière fucrée: les vaiffeaux féveuxfont
nombreux & très-gros. M. DiAtrofne en a
compté 1500. Les vaiffeaux propres ont un diamètre
affez grand. A un point plus ou moins
élevé de la tige, chaque vaiffeau féveux fe di-
vife en deux parties ; l’une continue fa dirédion
verticale ; l ’autre fe porte horizontalement : ces
ramifications horizontales s’entrecroifent fur
plufieürs plans avec les dire&ions verticales, &
après avoir formé une efpèce de cloifon d’une
à deux lignes de hauteur , elles fe réunifient en
un faifeeau qui peree l’écorce & s’applique à la
furface d-u Noeud proprement dit fous la forme
d’un bouton. La cloifon formée par les divifions
horizontales intercepte toute communication
entre les Noeuds.
Après ces recherches on peut conclure que
les Noeuds font une difpofkion particulière des
fibres pour donner paffage à ùn bouton : & comme
ce bouton, foit à feuilles, foit ange , avoitbefoin
d’être nourri pour fe développer, il falloir que ce
réfeau exiftàt pour préparer cette nourriture.
Les Noeuds font formés par une branche ou
plutôt par fon bouton qui s’implante dans une
tige de manière qu’il y tient comme s’il y étoit
retenu par une efpèce de racines ou de p iv o t,
il y eft au moins attaché par les fibres de la tige
qui l’enferrent & qui l’embraffent, en fe pliant
à fes développemens. On s’en apperçoit quand
on débite u» arbre, & l’on parvient, enfuivant
Jgs déviations des fibres à découvrir où commence
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le Noeud. L ’on s’afiure qu’il paroît précifément
à l’endroit où le bouton a pouffé ; depuis cette
place les fibres perdent leur perpendicularité,
& celles qui font dans le voifinage du bouton
en fuivent le développement. Voye\ Branches.
Les Noeuds formés pendant la première année
feronr placés firr la première couche ligneufe & fe
termineront fur elle par un cône qui y aura Ion
fommet. C’eft peur cela que les Noeuds pénètrent
d’autant plus dans le bois que les branches fort
plus anciennes. Mais ils n’arrivent jamais julqucs
à la moelle y parce qu’elle eft enfermée par la
première couche ligneufe qui lui fert d’étui.
Le cours d£ la lève defcendante doit être
retardé à l’endroit des Noeuds par l’infertion du
bouton; & ce retardement occasionne peut-être
la tumeur obfervée à chaque Noeud. Les fibres
font alors moins parfaites dans l’étendue des
tumeurs, ce qui les rend plus fragiles ; comme
on l’obferve dans l article Bourrelet du Dictionnaire
d’Agriculture, c’eft fans doute la caufe de "
la rupture fpontanée des bourgeons do la vigne
à chaque Noeud par la champelure ; & cette imperfection
des fibres, qui attachent le pétiole
des feuilles à la plante, ne feroit-elle pas une
des caufes de la chute des feuilles en Automne?
On comprend à préfent pourquoi les fibres
ne fuivent plus le fil du bois dans les Noeuds :
elles doivent être dérangées néceffairement par
le bouton qui fait une efpèce de coin pour fes
écarter. C’eft auffi pour cela que les Noeuds
font une des parties les plus ^dures du bois ; les
fibres y font plus retirées & plus ferrées ; l’abondance
de la nourriture augmente peut-être leur
volume & la quantité de la matière réfineufe:
Ces principes ne fnffifent pas pour expliquer
les Noeuds des plantes articulées, puifqu’ils font
plus durs & plus épais que leurs*, tiges, & puifqu’ils
offrent une organilation particulière. Il ejft
vrai qu’ils fourniffent l’idée, d’un bourrelet ; on
fait au moins qu’ils peuvent donner naiffance
aux feuilles & aux racines ; mais on ne les voit
pas preffer les fibres de la tige ou d’un rameau,
pour paroître au grand jour. Néanmoins ces
Noeuds ont trop de rapport avec les bourrelets
pour fe difpenfer de voir en eux des bourré-^
lets qui font vraiment particuliers, & qui font
l’ouvrage de la Nature; mais on ne peut nier
au moins qu’ils ne foient formés comme les
bourrelets artificiels par la gêne que caufe aux
fibres les bourrelets qui les écartent pour fe
montrer.
On avoit cru que les Noeuds fervoient de
foutiens aux plantes qiii en avoient befoin : mais
cet ufage mé fembleroit fecondaire , d’après ce
que j’ai dit des Noeuds. P eu t-ê tre font - ils
une efpèce de glandes pour des fécrétions në*-
ceffaires à ces plantes. Avouons-le, on ignore
encore l ’ufage des Noeuds dans les plantes qui
en ont. Cependant toute! ces plantes à Noeud*