
la Germination : aucune graine ne germe quand
la,.fécherefle eft complet té. Nous voyons au contraire
les graines des plantes aquatiques germer
feulement clans l’eau. Tontes lés graines germent
de même, quand elles font placées dans ces corps
fort humeélës, pourvu qu’elles aient une libre
communication avec l’air ;.il y a même des graines
qui germeront fort bien , quand elles feront
léulement placées dans un air humide. Cependant
les graines de toutes les plantes qui doivent
vivre fur terre périflent, lorfqu’elles font trop
humedtées, & au lieu de germer, elles tombent
alors en pourriture.
C haleur *(la ) ou plutôt l’aéHond’un certain
degré de Chaleur efi indifpenfable pour la germination.
Il eft certain que les graines- miles en
terre pendant le gel ne germent point, quoique
les graines, qui font refiées dans la terre gelée,
germent pourtant , lorfque la Chaleur commence
à la pénétrer. Si l’on ne peut douter dé
1 influence de la Chaleur fur la germination,
on ne peut en mefurer exactement la quantité
qui eft néceffaire. Je foupçonnerai fortement
d après les expériences de M. Adanfon, qu’il faut
une certaine fomme de degrés de Chaleur pour '
produire la germination , lorfque toutes les au— ,
très conditions font égales. On obferve aulîi que
chaque graine livrée à elle—même fe développe
dans up tems qui lui eft propre , & ce tems indique
mieux que le thermomètre, la Chaleur qui
$ eft développée. On ne peut douter que la
différence des graines ou plutôt celle de leur
©rganifation ne mette ces différences dans leurs
rapports avec la Chaleur & fes effets.
L a lumière joue-t-elle un rôle dans la
germination ? J ’avois foupçonné dans mes Mémoires
PhyJîco-r-Ckymiques , T. III , pag. 341 ,
que la Lumière devoit arrêter cet effet en fuf-
pendant la fermentation, & jed ifo is alors quç
la végétation feroit arrêtée dans fon principe , fi
les premiers accroiffemens de la plante n’étoient
pas faits à l’abri du foleii & de fori influence ; \
auff tous les rudiments delà plante font étiolés,
& le foleii perfeéfionne leur éducation en leur
donnant la couleur & port qu’ils doivent avoir.
Je ne fis à la vérité aucune expérience pour confirmer
cette opinion • mais M, Ingenhous a montré
dans le I I ,e Volume de fes Expériences fur les
végétaux , que les graines dépofées à l’ombre dans
la terre y germèrent plutôt qu’à la Lumière. J ’ai
répété quelques-unes de fes expériences avec le
même fuccès que ce Fhyficien célèbre -, mais je
dois avouer que j’ai été frappé des réflexions
faites par M. l'Abbé Bertholon dans un Mémoire
fur Vinfluence de l'éledricité des végétaux. Journal
de Phyflque, Décembre 1789. Il remarque avec
raifon que l’évaporation qui fe fait dans lès vafes
des expérienees expofés en plein air & à la Lumière,
eft très-différente de l’évaporation éprouvée
par les vafes placés à J'oblcuritéj & il en conclut
que lors même que ces vafes feroieht femblaBTe-
nient arrofés, ils ne fauroient être femblable-*-
ment humides ; il a même vu en partant de cette
opinion pour refaire ces expériences que les graines
germèrent plus vite au foleii que celles qui
v étoient à l’ombre, lorfqu’il les tenoit également
humeé>ées dans les deux circonflances, & il s’eft
affuré de l’égalité de l’humeélation dans les vafes
par l’égalité de leurs poids.
Cette idée paroiffoit d’autant plus vraie au
premier coup-d’oe il, que là Lumière, favori fe
beaucoup l'évaporation des plantes, comme je
la i prouvé dans mes Expériences fur l’influence de
la Lumière folaire dans la végétation. Cependant
fa i refait tes expériences de M. Ingenhous , &
j ai toujours trouvé que les réfultats que j’obrenois
étoient femblablesaux liens. J ’ai fait enfuite ces
expériences fur des graines de pois, de fèves &
haricots placés fur des éponges également humides
& plongeant également dans l’eau fans être
fubmergés-, jJai enfermé ces graines avec les
verres où elles trempoient fous des récipients
très-petits ; je leur ôtai toute communication
avec l’air extérieur par le moyen du mercure 3
fexpofai une partie ae ces appareils au foleii ; j®
plaçai tes autres à côté d’eux fous des étuis de
fer blanc peints à l’huile pour éviter la réflexion
, de la Lumière ; j’imaginois que l’évaporation devoit
être rendue égale dans les deux cas ou du
moins que la quantité d’eau fournie aux éponges
devoit refter la même -, mais i’obferverai encore
que la germination fut plus prompte à
i’obfcuritéqu’à la Lumière.-
Je ’périmé donc à croire que la Lumière re-1
tarde la germination ; & je le crois d’autant plus,
que les graines femblent faites pour être recouvertes
par la terre, pour y être mifes à l’abri de
la Lumière , puifquelles font étiolées à leurnaif-
fance. Enfin la Lumière étant an ti-fep tique, comme
je 1 ai prouvé dans mes Expériences fur V influent
ce de la Lumière folaire , il eft clair que la Lu-»
mière arrêteroit la fermentation néceffaire pour
produire la germination , & qu’elle diminueroit
ainfi tes grands efforts que la plantule fait pour
fortir de fes enveloppes. Ne feroit-il pas poffible
aufli que la Lumière, produisît cet effet en fortifiant
& en roidiffant la fibre végétale ;mais pour
déterminer précifément comment la Lumière agit
dans ce cas, il faudroit mieux connoître la Nature
& les produits des affinités de la Lumière.
Je ne dirai rien ici de nouveau fur l'influence
que I’Eleçtricité peut avoir dans la „germination
; mais je renyoïe à tout ce que j’en ai dit en
parlant de l’éleélricité, & je me trouve auffi incertain
que j’étois alon.
Après ces confidérations qurnous préfentent
jufques à un certain point tes rapports de la
graine avec la terre , l’eau, l’a ir , la chaleur , la
Lumière & l’éleèlricité, je paffe à l’explication
de la Germination elle-même.
ttes enveloppes de la graine mite en terre,
Commencent à changer de couleur, avant que la
graine elle-même paroiffe fouffrir quel qu’ai rération
; pour l’ordinaire une double membrane
recouvre la graine -, la plus extérieure eft la plus
épaific & la plus forte , elle eft quelquefois car-
tilàgineufe & même ligneufe ; la membrane recouverte
par la précédente eft d’un tiffu plus
lâché. Ces membranes pleines de fucs pendant
que la graine croît, fe .defféchent quand elle eft
mûre ; mais elles femblent £e ranimer quand la
graine fubit la germination. Ges membranes,
après avoir fervi d’enveloppes aux graines qui
végètent, après les avoir protégées quand elles
ont acquis leur maturité, lui fervent encore
pendant qu’elles germent/, il eft au moins prouvé
que la plupart des graines privées de ces enveloppes
pourriffent fans germer , quand on les
mer en terre. Mais quel eft leur véritable ufage ?
11 faut avouer qu’on ne le connoit pas parfaitement
; je foupçonnerai pourtant qu’elles font
des filtres qui laiffent palfer une petite qnantité
d’eau & qui la difpenfent aux cotylédons avec
économie & avec égalité.
Dans la defeription que j’ai donnée de la germination
, on a vu que ces membranes s’humec-
toient fucceflivement, que les lobes s’humeéloient
après elles ; on voit même que les utriculès de
ces enveloppes fe gonflent ; ce qui permet de
croire que l’humidité- qu’elles contractent fert à
tranlmettre à la graine une partie de l’eau nécefi-
faire à fon développement •, mais afin de préve-
vir une humidité qui pourroit être nuifible par
ion abondance, l’eau le filtre lentement au travers
des pores des enveloppes. Il mefembledonc
allez probable que les enveloppes fervent à hu-
meéter tes cotylédons ou les feuilles féminales,
tandis que la plantule eft humeétée & nourrie
par la cicatricule ou par ce trou placé près du
germe.
Cela me paroît d’autant plus probable , qu’il
n’y a point de germination dans les graines dont
on ferme l'ouverture. avec la cire *, cela montre
encore que l ’humeClation feule de la plantule
par fa partie extérieure n’eft pas fuffifante ; mais
qu’il faut que la plantule foit humeélée intérieurement
par un autre moyen *, d’ailleurs, fi les
lobçs ne recevoient d’autre hume&ation que celle
qui leur feroit préfentée par k plantule, ils ne
pourroient s’humeéter allez pour céder à l’im-
pulfion végétale du germe ; & comme ces en^-i
veloppes font plus ou moins propres à le pénétrer
d’humidité ; comme elles ne font point liées
avec les lobes de manière à faire corps avec eux,
il paroît que ces enveloppes font plus faites pour
humeéler les lobes que pour nourrir immédiatement
fa plantule qui doit être uniquement alimentée
par. l’ouverture de la cicatricule.
M. de Sauffure feupçpnaeroit que les enveloppes
empêchent la pourriture en préfervant
les lobçs du contaél de l’air, & qu’en empêchant
une trop prompte expanfion des lobes &viin trop
grand écartement, elles forcent ainfi la nourriture
quelles peuvent préparer à palier dans la
plantule.
Enfin, comme il y a quelques graines qui germent
quoiqu’elles aient été privées dé leurs enveloppes
, on peut conclure que l’utilité de ces
enveloppes dans la végétation eft au moins fe-
condaire ; peut-être fervent-elles à tamifer l’air
fixe diffous dans l’eau néceffaire à la plantule.
Mais s’il ne faut pas précipiter fon jugement fur
l’ufage des enveloppes, il ne faut pas renoncer à
le découvrir.
^ Quand on fuit les contours de la membrane
intérieure de la graine, on voit qu’elle enveloppe
exactement la radicule.. Mais celle-ci ne peut
fortir de la capfule qui lui fert d’étui & s’échapper
par la cicatricule, à moins que la capfule
ne foit ramollie & que la cicatricule ne foit dilatée.
C’eft l’effet que doit produire l’humidité de
la membrane • alors l’eau 911 le fuC nourricier
pénètre plus facilement la plantule; peut-être
même la membrane en fe dilatant facilite la fortie
de la radicule qui eft moins ferrée ; peut-être aufli
cette radicule reçoit-elle alors directement, par la
cicatricule, les élèmens des fucs qu’elle doit
porter à la plantule. C ’eft au moins ce que tes
expériences & les obfervations de Malpigni, de
Ray , de Krafft fur la végétation des plantes, &
celles de Ludwig dans fes Injiitutions Botaniques ,
nous portent à croire.
On a cru remarquer des vaiffeaux entre les
membranes, on a cru même diftinguer ceux qui
conduifoient la farine au germe ; mais cela ne
me paroît pas encore démontré. Voye\ Journal
économique , Avril 17 5 z.
Les expériencesde M. Bohmer établiffent l'opinion
qui m’occupe à préfent. Ce Botanifte fema
des graines de haricots, de lupins , de courges
de manière que la cicatricule fut tout-à-fait hors
de terre ; il arrofa la terre fans mouiller les graines
; elles s’humeCterent, devinrent mucilagineu-
fes, mais il n’y eut point de germination ; tandis
que les mêmes graines femées autrement germèrent
très-bien. 11 arrive la même ch ofe , comme
je l’ai déjà d it, quand on ferme cetre ouverture
avec la cire. J 3 e forte qu’il me paroît bien dé-
in outré que l'eau qui paffe au travers de la-cica-
tricute favorife la germination en favorifant le
développement de la planté par la nourriture que
cette eau lui fournit. Mais aufli l’humidité des
enveloppes prépare les parties de la .plantule
qu’elle gonfle, à recevoir ce premier aliment ;
on obferve dans la partie fupèrieure du grain de
bled , c’eft-à-dire, dans celles qui eft à l’air fur
l’é p i, une efpèce de petite plate-forme criblée
de.plnfieurs pores au travers de laquelle l'humidité
peut entrer dans la farine des cotylédons & là
changer en émulfion nourricière.