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des Mains enfin qu’il y a des Mains à l'extrémité
des feuilles.
L ’organifation des Mains de la vigne , & de
la gréna,dille eft la même : on la trouve fém-
blable à furganifatioa des queues, du raifin. On
y voit une enveloppe corticale, des fibres ligneu-
fes, des vaiffeaux propres , des trachées & du
tiffu, cellulaire ; on a même cueilli quelquefois
deux ou trois grains de raifin au bout de ces Mains.
Si.. cette comparaifon établit une analogie ,
entre les Mains & les queues des raifins, elle
prouve aufli que les queues des raifins peuvent
devenir des mains ; car il n’y auroir point eu
de raifins , s’il n’y avoit poinf eu de fleurs.. Les
Mains de la vigne ne le roulent pas toujours
dans le même fens - les unes fe roulent de droite
à. gauche, & les autres de gauche à droite. Cela
s’ôbferve fouvent fur les deux branches d’une
même Main : ce qui arrive prefque toujours,-
quand un appui fe trouve placé dans leur bifurcation.
Seroit-cele contait d’un corps folide?
feroit-ce l’ombre qu’il produit ? je croirois que
les deux circonftances y concourent fur-tout la
dernière, & on le comprend : la Main qui efi
expofée au foleil, fuit la difpofition naturelle des
fibres, elle fe roule dans fon fens ; mais la dif-
ofition naturelle de l ’autre, efi changée par
ombre qu clic reçoit , la tranfpiration en efi
diminuée , elle fait des efforts pour s’incliner
d’une manière particulière , afin de trouver la
lumière, ou de lui venir au devant ; peut-être
àufîi le contact du corps folide occafionne dans
certains cas , une gène propre à produire cet
effet. Cependant, malgré-la probabilité de cette
explication , il faut demander encore quelle efi
la caufe de cette comraèlîon , qui occafionne cet
entortillement quand il commence ? ;
11 m’a paru que les Mains de la vigne fe rou-
loient en fpirales, lors même qu’elles ne pou-
voient pas s’accrocher , comme celles d’autres
plantes ; mais il faut que la Main ait acquis une
certaine longueur. Il paroîtroit donc que la
lumière ou le voifinage des corps n’ont pas
l'influence qu’on foupçonne.
• Le lierre & d’autres, plantes s’attachent aux
murailles par des efpèces de griffes. Celles du
lierre reffemblent à des racine; qui fortent de
l’écorce : cependant elles ne font pas purement
corticales1; on apperçoit, fous cette écorce , des
fibres ligneufes qui pénètrent ces griffes.
Il paroît que ces griffes occupent toute la
longueur de l’écorce dans le lierre.
M. Duhamel croit que «es Mains & griffes ne
végètent que pendant l’année ; qu’elles fe deffè-
chent enfui te ; & perdent leur vigueur; mais
qu’elles fubfiftent long-tems fans fe pourrir.
Qu’efi-ce qui détermine ces griffes à paroître r
pourquoi pouffent-elles toujours du côté des
éorps où elles péuvent s’attacher ?
Les griffes pouffent-elles racines ?
M A R
Ces quefiions curiéufes & importantes’’. 3ç*
mandent encore une réponfe.
MARCOTTES. Les Marcottes diffèrent des
boutures , en ce que les boutures font dès branches
ablolument.féparées.de la plante, à laquelle
elles appartiennent, & confiées ainfi à la terre
fans aucun lècours étranger; tandis que les Marcottes
font ces mêmes branches mifes en terre.,
pendant quelles font encore attenantes à la plante,
& nourries jufqu’à un certain point par elle ^
malgré l’entaille, ou le bourrelet qu’on a fait à la
branche enterrée.
Les Marcottes prennent des racines comme
les .boutures, parce que toutes les parties d’une
plante peuvent aifément prendre des racines,
lorfqu’elles font couvertes- de terre. Voye[ Boutures.
Cependant , au lieu d’être feulement
nourries par les racines quelles forment, elles
font encore alimentées par la plante , à laquelle
elles font liées. On remarque néanmoins que
lorfque la Marcotte- efi affez ^enracinée, ce qui
arrive au bout de deux ou trois ans, fi la Marcotte
a été faite fur un arbre, & au bout d’un
tems beaucoup plus court s’il s’agit d’une plante
herbacée comme les oeillets, la plante fe détache
d’elle - même de la Marcotte ; & le lien qui
l’imiffoit à la plante, fe pourrit, lorfque la Marcotte
peut vivre à fes propres dépens.
Tous les principes que j’ai établis pour fonder
le fuccés des boutures f ih t vrais, pour le fuccès
des Marcottes. Aufli , pour favorifer la formation
des Marcottes dans les arbres, ou dans les
plantes, dont les branches ne pouffent pas facilement
des racines lorfqu’on lés met en terre,
il faut travailler pour avoir des bourrelets, foit
par des ligatures, ou même par des plaies. C ’efi
pour cela que les plantes à tiges articulées comme
les oeillets fe reproduifent fi facilement par Marcottes
; leurs noeuds offrent autant de bourrelets
qui renferment des germes propres à fe développer
d’abord en racines , ou en branches.
On comprend que l’on peut faire des Marcottes
avec tous les arbres, fi l’on approche de leurs
branches des caiffes profondes pleines de terre.
Oh y réuffit mieux fi l’on coupe de vieux arbres
près de terre : ils pouffent beaucoup de rejetions
qui feront au bout de deux ans propres à marcotter
, en recouvrant de terre le bas de leurs
tiges ; alors au bout de deux ou trois ans, les
Marcottes feront fuffifamment enracinées, & l’on
pourra les tranfplanter- Mais on. trouvera fur
ce- fujet, dans le Dictionnaire d}Agriculture , des
détails où je ne puis entrer.
Il faut pourtant obferver que la terre employée
pour faire les Marcottes foit mince, afin que
lés racines puiffènt s’étendre facilement fans aucun
obfiade , quand elles commencent à paroître.
Convient-il de faire , les Marcottes avant ou
après les grands mouvements de la sève ?.. Le
raifonnement poürroit conduire à foupçonner que
M A T
IjoS MarCotfeS faites avant la sève réufliroient le
mieux ; parce .que les humeurs de la plante ont
plus d’aétivité au Printems ou au mois d’A o û t ,
& parce que' les'refforts de leurs fibres ont dans
ces moments plus d’énergie; mais, çeft à 1 expérience
feule à décider cette queftion. ,
Il me paroît important d’obferver ici que la
nourriture fournie à la branche par la mère ,
doit être abfolument femblable à celle quelle
reçoit des racines > puifque cette petite branche
végète également comme une bouture; pomme,
une Marcotte , ou bien comme . une branche
attachée à fa plante. Ce qui. me fait croire que
le fuc tiré par les racines * a fouffert bien peu
d’altération , quand.il arrive aux branches.,, puif-
qu il peut être parfaitement remplacé par le lue
que leur envoient les racines qui fe forment
immédiatement'au bas des boutures, ou des branches
■ enfoncées en terre., ■ , , , ; , < 1 - , , .4 * ?
MATURITÉ.On défigne,fous ce nom,l état des
feuilles, des fruits & des graines arrivés auplushaut
degré de leur perfection , en forte qu ils ne gagnent
plus rien en refiant attachés à la plante qui
les a élevés, Il femble alors que la plupart des
végétaux repouffent leurs fruits. Mais cela feroit
moins vrai pour lès feuilles qui féjournent long-
tems fraîches ' & faines fur les arbres , après
avoir atteint tout leur développement. Cependant
les feuilles paroiflant articulées dans la branche
de même que les fruits, & retenues par les vaiffeaux
qui lient leur pétiole à la mère-plante,
comme le pédunculé des fruits y efi attaché , on
a cru pouvoir envifager les Quilles, & les fruits :
de la même manière à tous lés autres, égards.
Néanmoins fi les feuilles refiemblenr aux fruits
quand on les cônfidère fous ce point de^vue,
il faut avouer que leur reffemblance ne- s étend
pas plus loin. Il efi certain que les caufes de
fa chûte des feuilles , ou de l ’oblitération des
vaiffeaux qui les unifient à 1 arbre , font très—
différentes de celles qui font tomber les Truite.
S a is il efi auffi vrai que diverfes circonftances
qui influent fur la chûte des feuilles', influeroient
finis doute aufli fur celle des fruits; quoique les
fruits tombent fans l’influence de ces circonftances
quand ils ont acquis tout le développement dont
fis font fufceptibles, & s’ils ne tombent pas alors
de même que quelques feuilles , ils fe lèchent,
comme il arrive à quelques cerifes, & affez généralement
aux filiques, & aux feuilles de 1 orme
& de chêne. Voye\ Feuilles. _
Je ne doute pas que l’oblitération des vailleaux
qui lient l’articulation de la feuille avecla branche,
ne foit la caufe de la chûte de la feuille ,• comme
cette oblitération efi la caufe de la chûte des
fruits. Ceux-ci tombent quand ils font mûrs ;
leur pédunculé fe détache ; & , pour 1 ordinaire ,
c!eft la partie du pédunculé liée à l’arbre qui efi
rompue plutôt que celle du pédunculé qui efi ■
liée à l’écorce du fruit. Cc.S'dcux articulations le
• M A T j S f i
reffemblent pat deux bourrelets qui augmentent
fans doute l’adhérence du pédunculé a l arbre ,
& au fruit en augmentant la furlace adhérente..
Mais. ce- font fur-tout ces bourrelets qui four-
niffent un moyen pour élaborer, les fuc s dit fruit,
& qui; c.effent d’être utiles quand les fruits font
mûrs; ils s’engorgent fans doute alors, & cet
engorgement peut êtrq la caufe de leur féparation
d’avec l’arbre. ... r . 9 c j
On, poürroit regarder les feuilles, oc lur-tout
les fruits, comme des efpèçès de greffes qui fe
nourrifient par le moyen de leurs bourrelets.
Ce doit être au-moins dans ce bourrelet que la sève
fe prépare , & on ne peut douter que la sève
de la plante, ne foit élaborée pour le fruit dans
le bourrelet,, qui unif ie pédunculé à la branche,
8l dans celui qui unit le pédunculé au fruit lui-
même quand, on penfe qu’un petit cition enté
fur un oranger devient, en muriffant, un citron
parfait. La sève; qui part-des racines; efi une
lymphe à -p e u -p r è s la même dans toutes les
plantes ; mais elle s’ élabore dans les bourrelets
du pédunculé, pour fournir cette liqueur agréable
qui remplit la pulpe de la plupart des fruits.
Cette confidération prouveroit encore que le
fuc des fruits n’eft point élaboré par les feuilles,
& quelles paroiffent fe borner à nourrir le
fruit, en lui procurant, par leur, fucrion, cette
grande quantité de. fève dont il a befôin,
Cela me paroît généralement vrai pour les
fruits à noyau , pourvu qu on n excluè pas 1 élaboration
que ces fucs. reçoivent encore dans
le f r u it , qui efi lui-même un organe propre
à agir fur les fucs qui le pénètrent. On ne peut
en douter pour les poires; & je les nomme
i c i , parce que la belle anatomie • que M. Duhamel
en a faite, nous dévoile mieux les moyens
de cette élaboration. Le pédunculé des poires
forme un épanouiffement de fibres qui arrêtent
les fucs dans cette partie. Us Te répandent
dé-là dans le ’ fruit, après avoir Tubi une élaboration
préliminaire, qui fe continue, fans
• doute, dans, cette.foule de glandes que les fruits
renferment. Mais le pédunculé ne s infère pas
; feulement dans la branche, il s’implante auffi
dans le,fruit. La fécondé infertion • offre à la
vérité un bourrelet moins gros que celui de. la
première; mais il n’en efi pas _ moins réel, &
il. ne doit pas moins en remplir les fondions,,
ou du moins des Fonélions analogues. Cependant
le bourrelet, qui efi à la bafe du pédunculé,
peut fervir pour tous les deux-, quand il n y
en a qu’un feul; les organes de la peau, à
l’infertion du pédunculé, pourvoient remplacer
encore ce qui manqueroit à 1 un dé. ccs bourrelets.
. . \ , ,
L ’état :des feuilles mérite pourtant quelqu attention
dans cette recherche/ 11 efi certain que
nous voyons un très-grand nombre de fruits
mûrir,, quand les. feuilles font fur le point de