
pourtant une différence remarquable ; U faut
encore trouver une caufe de l’ouverture du noyau
qui réfiftent beaucoup plus que les enveloppes des
graine», pour Ïailïer une ifîue laite à la plantuie
qu’elles renferment. Voyc{ Graine , Noyau.
C’eft un phénomène vraiment furprenant, dans
la Germination, que la direction de la radicule
vers la terre , & celle de la plumule vers le
ciel -, j’en ai déjà parlé. Voye\ Direction des
tiges. Mais ce qui rend ce phénomène plus digne
d’attention, c’efl fa confiance' & fon uniformité,
de quelque manière que la graine foît femée, la
plumule s’élance dans l’air, & la radicule s’enfonce
en terre. M. le Chevalier de la Marck croit avoir
expliqué cet événement de la vie des plantes
par cette confidératiorffàlil prétend que les vaif-
ïcaux de la radicule font plus ditalés que ceux
de la plumule., & par conféquent que la première
exerce fur la leconde une force de fuccion
bien déterminée , que la radicule agit fur - tout
fur l’extrémité de la plumule , que la radicule
prefiée par cette fuccion fe recourbe,. & fe dirige
infenfiblement vers la fource de cette même
sève, dont le mouvement fe fait de bas en haut,
comme celui de toutes les vapeurs , & que la
radicule parvient ainfi à trouver fa nourriture
dans le bas de la terre. La sève, en continuant
d’enfiler la racine de bas en haut , fait effort
pour redrefler la tige , à l’endroit où celle - ci
fait un coude, & agiflant de proche en proche
fur les parties enfoncées dans la terre , elle
parvient à les relever & à corriger le vice d’une
fituation mortelle pour l’individu. Mais il réful-
teroit de cette opinion que. toutes les lignes des
plantes devroient être droites, ou perpendiculaires
aü terreirt , ce qui ne femblë pas trop conforme
à la direéHoii obfervée dans les tiges : d’ailleurs
il femble qu’il doit y avoir une fingulière uniformité
dans l’organifarîon du végétal, puifque
fies parties qui donnent des feuifiès peuvent fe
couvrir de racines & réciproquement. Comment
fè fait-il donc dans- ce feul moment qu’il y ait
une partie tout-à-fait defiinée à être racine malgré
les. circonfiances y &.une partie qui doit de
même êtrejïeceffkirement alors une tige ; j’avoue
ue ce problème me paroît encore à réfou-
WÊ ?
Après avoir donné la connoiflance de ces faits,
il importe de rechercher s’il y a dés' conditions
particulières qui foient propres à favorifer la
Germination. En y réflcchifiant un peu -, on
voit bien-tôt que cette qùefiîon doiirêtre examinée
relativement aux graines, & aux circonflances
qui leur font extérieures..
Et d’abord , relativement aux Graines , on
a obfervé''qu’elles doivent être parvenues à une-
certaine maturité : une graine'- enlevée trop tôt .
à la plante qui lui a donné naiîTance ne-germe-'
roit pas. Enfuite il y a des graines qui doivent
être rnifes eii terre prefqu’aufli-tôt' qu’elles font
mûres, comme le café , autrement on ne peut
être fûr de leur Germination. Mais il y en à
aufli qui confervent la propriété de germer pendant
trente ou quarante ans, comme M. Adanfon
l’affure, & il compte , parmi ces graines, celles
des plantes légumineufes. *
Si l’on confidère enfuite les graines relativement
à leurs circonflances extérieures ; on voit d’abord
que celles qur font placées tout-à-fait à la furface
de la terre, dans un tems fec, ne germent point ;
les expériences de M. Gleichen le démontrent.
D’un autre côté , les graines enfoncées à de très-
grandes profondeurs, fe confervent très-bien-
fans germer. M. Adanfon apprend que des ter-
reins ou l’on n’avoit jamais vu de moutarde en
furent couverts , dans des lieux où T on avoir
creufé à la profondeur de quelques pieds.
Quant à l’efpace de tems , que les graines
exigent pour germer, lorfqu’elles font mifes en1
terre à une profondeur convenable ; on obferve
une très-grande variété, les unes lèvent au bout
d’un jou r, d’autres au bout de plufieurs mois
& d’autres demandent des années. Mais tout cela*
ne fauroit être rigoureufement déterminé, la'
chaleur, l’humidité & plufieurs autres circonf-
tances, plus ou moins favorables à la végétation,
influent fur la promptitude & la lenteur de la
Germination des plantes. M. Adanfon apprend'
que le climat du Sénégal avance la Germination
des mêmes graines, de un à trois jours, fur le
tems ou elles germent en France; il fembleroir
que la fomme des degrés de chaleur nécefiaire*
pour la Germination de chaque plante , eft la
caüfe de. cette différence.
En fuivant la Germination de différentes plan-
■ tes, M. Adanfon nous enfeigne encore , que les*
graines des plantes graminées font les plus harivës,.
tandis que les graines des- rofiers feroient celles^
qui germent le plus tard. Il a obfervé encore'
qu’if y a dès plantes qui lèvent au bout d’un
jou r, comme le millet, le froment; au bout de.
3 jours comme les épinards, haricots, navets *
moutarde ; au bout de 4 jours-, comme la laitue U
l’anet; au Bout dè 5 jours, comme le creffon,
le melon, la courge ; au bout de 6 jours, comme'
le raifort, le poirier; au bout dé 7 jours,
comme l’orge ; au bout de 8 jours, comme l’ar-
roche ; au bout de 9 jours, comme le pourprier f
au bout de 10 jours, comme fe choux ; au bout
de 30i jours, comme l’hiffbpe ; au bout de 40
à 50 jours, comme le perfil ; il faut une année-
à fatfiandier, au pêcher, au châtaigne*, deux1
ans au carnouiller , au- rofier , à f aube-épine
au noîfetfer.:
Voilà' ce que l’obfervation a fait connoître ;
voici les progrès que l'expérience a fait faire.
Ce feroit’ envain- quelles graines- renferme-
f oient tout ce qui eft nécefiaire pour germer
il faut encore qu’elles fe trouvent dans des cir-—
confiances favorables.pour cela. Ainfi, par exem—-
p ie , les obfervations que j’ ai rapportées prouvent
que les plantes profondément enfoncées en terre,
ne germent point ; un très - grand nombre de
graines périflent dans l’eau ; prefque.toutes refient
fans aucun développement , quand elles font
èxpofées à un air parfaitement fec ; le plus
grand nombre fans terre , ou fans eau , ou fans
air , ne germeroient point du tout ; il a donc
fallu chercher les rapports indifpcnfables de la
terre, de l’air , de l’eau & de la chaleur avec
les graines, pour produire leur Germination.
L ’expérience journalière démontre que la terre
eft un neureux dépofitaîre des graines qu’on lui
confie , quelles y germent fort bien ; mais eft-ce
à la terre comme élémens terreux qu’elles doivent
cet avantage? ce que j’ai déjà dit aux mots Eau
& Engrais, montre qu’il n’y a qu’une partie infiniment
.petite de la terre , où l’on place les
plantes qui puiflent fervir à là végétation ; qu’il
'n ’y a au moins que cette terre difloluble dans
l’eau qui rempline ce but ; en forte que la terre
feule feroit inutile à la Germination des graines,
qui ne germent jamais dans fa terre féçhè, ou
lorfqu’elles font profondément enterrées. Au contraire,
on voit les graines germer hors de terre
fans conta# avec elle ; il fuffit que les graines
foient alors placées fur des corps huiqides..
M. Bierkander, dans les Mémoires de VAcadémie
de Suède, pour 1782, fait voir d’après des
expériences que lesfeves, les pois, le froment,
le feigle, l’orge , l’avoine & le lin lèvent lorf-
qu’ils font enfoncés depuis un pouce , jufques
à fix pouces dans la terre de jardin, à l'exception
du lin qui ne leva point, lorfque fa graine fut
enfoncée jufques à 5 pouces ; mais il vit que la
plante paroiffoit alors d’autant plus tard , quelle ■
étoit femée plus profondément : & cela doit être,
puifque la plante eft obligée de parcourir alors
tout l’intervalle qui la fépare de la furface du
fol. 11 a vu de même, que ces graines levoient
à - peu - près dans le même tems , Iorfqu’elfes
’étoient femées dans l’argille, le fable & le fumier;
que -le lin ne levoit pas dans l’argifle , lôrfqu’il
y éto'it enfoncé à fa profondeur de trois pouces-,
ni dans le fable à la profondeur de quatre pouces,
ni dans le fumier à la profondeur de trois
ponces. Enfin , il a démontré que la chaleur
?nfluoit beaucoup fur la promptitude de là Germination.
M. Bonnet a vu des graines germer dans un
livre : en forte que l ’on peut dire avec fondement,
que l’élément terreux n’efi pas une condition
efientielle de la Germination , au moins quand
il n’efi pas diflbus dans l’eau.
L ’a ir paroît très-néceflaire pour favorifer la
Germination de*graines ; on fait au moins- qu’ri
y en a plufieurs ;qui ne germent point dans le
vuide, ou qui ne germent alors que très-difficilement,
comme les expériences de Homberg,
rapportées dans les Mémoires de VAcadémie des
Sciences de Taris > pour 1693 Rapprennent. On
y voit que fi quelques graines de laitues, de pourpier
, de creffon levèrent dans le vuide, il ri*y
en eut qu’un très-petit nombre ; que le cerfeuil
& le perfil ne germèrent point, & que les plantes
germées périrent , quand elles furent expofées à
l’air. Cependant, comme on auroit pu croire
que la dilatation de l’air contenu dans les graines ,
pouvoit les gâter ou les détruire, on s’efi afiiiré
que cet-effet deftruéteur n’avoit pas été produit,
puifque les graines qui ne levèrent pas dans le
vuide, levèrent fort bien quand l’air Jeur eût
été rendu. An refie, on peut obferverici que
fi les graines germèrent dans ces expériences, c’eft
très-vraifemblablement parce que l’air du récipient
n’avoit pas été abfolument évacué , &
l’on fait qu’une très-petite quantité d’air fuffit
pour produire cet effet. Enfin, Boy le , Mufchen-
broëk & Boërhaave , qui ont répété ces expériences
, ont affirmé que le concours de l’air
étoit nécefiaire pour la Germination. Les graines
mifes profondément en terre ne germent point,
parce que l’air leur manque : aufii les bornes-
de la profondeur où l’on doit placer les graines,
i font celles du lieu où l’air peut arriver facilement
à la graine & le renouveller. C’efl: fans doute
encore pour cela, que lorfqu il pleut après qu’on
a femé , les graines germent mal, parce qu’il
fe forme une croûte à la furface du terrein ,.
qui leur intercepté le libre paflage de l ’air.
Enfin il paroît, par lesexpériencesdeM. Achard
& de plufieurs autres Phyficiens , que l’air
pur eft abfolument nécefiaire à la Germination ;,
au moins les graines ne germent point dans
la mofète atmofphérique, & dans l’air inflammable
,„ q u i, par leur Nature, ne fauroient nuire
à la fubfiance dès graines. Aufii, quand on Tort
les graines de cet atmofphère artificielle qu’on
leur fait pour les placer dans l’air commun ,
elles germent fort bien. Mais comme l’air commun
eft compofé de mofète & d’air pur , il
s’en fuit.clairement que c’eft l’air,pur mêlé avec
la. mofète ,. qui favorite la Germination,
Ne pourroit-on pas expliquer d’après cela ,
la différence qu’on a trouvé dans les expériences
de Homberg qui plaça des graines dans le vuide,.
dont quelques-unes germèrent, tandis que d’autres
ne germèrent pas? fans doute, les graines’
qui ne germèrent point dans cet air fort raréfié,
ne trouvèrent pas fous le récipient une quantité'
d’air pur fuffifante , pour animer là fermentation
dé la matière amïlacée dès. cotylédon? , au
lieu que lès graines quigermèrent étoiènt d’une
nature telle quelles eurent une- quantité- d’air
convenable, pour prépofer lès moyens qui de—
voient mettre lès graines en état dè germer. I l
y a fûrement des graines qui germent dans fa*
plaine qui ne germeroient pas fur les monta—
gnes.' ' ' ,
L’eau ^ rhumidité eft abfokunent. nécefiaire >