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que j'ai eu occafion de m’occuper du plus grand
nombre, & parce que cela regarde fur-tout '
nomenclature.
Les Feuilles font contenues dans le bouton
avant de paraître ; elles y cxiilent en petit, comme
elles y exigeront une fois en grand ; mais elles i
exilîent roulées ; & , fuivant Linné, elles y fon,
roulées en dix manières différentes. Il faut même
croire que ces Feuiles font roulées ainfi dans 1
germe qui n a pas encore percé fon écorce.
Tout a été ditpofé pour la nourriture des Feuilles,
elles reçoivent les fucs du bouton, attirés
pendant l’année précédente par de grandes Fenil-
les. Ces petites Feuilles Iç développent ainfi pendant
une année; ellçs fe perfeclionnent jufques
à ce que les boutons gonflés par les prenjiers
mouvemens de la sève, remphffent les mailles
dé jà Feuille avec le iuc qui y arrive; ces Feuilles
attirent .alors puiflammenf ce fuc; en fe gonflant
elles repouflent les écailles qui les couvrent; elles
les arrachent même ; car çes écailles tiennent
d autant moins à la branche, que le bouton fe
développe davantage; les écailles tombent, la
Feuille s’élance hors de fa prifon, elle romp t
fes liens, elle fe défoule; d’abord elle cil foible,
molle, pâle ; bien-côcla lumière la colore, Iesfucs
quelle reçoit avec plus d’abondance la fortifient •
elle prend fa forme, fa copieur St fa force. Voy.
Bouton a F euilles.
Il y a des Feuilles qui fe développent plutôt
qu’elles ne devraient. Les mûriers, dépouillés de
leurs Feuilles les reprennent en Été. Les arbres,
dont les Feuilles-ont été.mangées par les infeâes
en . pouffent de nouvelles. Sans doute la sève
qui ne peut plus fe répandre dans les Feuilles
gonflées, deflinécs à couvrir l’arbre l’an -
née fuivante , hâte leur développement , &
elle les force à s’épanouir une' année avant lé
tems où elles dévoient paraître. Far la même
raifon les boutons, qui auraient dû fe développer
deux-ans plus tard, fe développeront dans la même'
proportion, & s’épanouiront une année plutôt
que cela devoir naturellement arriver. "
Tout cela me parait d'autant plus fondé
qu’on ne fauroit mettréen doute l ’exifiencedes’
Feuilles dans les boutons. Lorfqn’on les diflëqué
on trouve une Feuille en miniature femblable à
celle qui doit fe développer, &' Malpighi la
démontre pour tous les.moments où .cette FeuiÜe
& ce bouton font perceptibles. Il paraît de-là que
ï;a Feuille &. fa figure étoient déterminées au'ffi-
tôt quelles paroiflent, & qu’en venant à la lumièr
e , elles ont feulement changé de grandeur
fans changer de leurs proportions relatives. . ' ’
Comment fe'fait l’évolution de ces Feuilles?
jlen n’ai déjà parlé , au mot Bouton , où j ’ai
euayë de donner une .théorie méchaniquede
l épanouiflemenr : il.tnè relie à fui'vré ce phénomène,
La confole, le Bourrelet qui fert de
Jiafp à la Feuiilç dans fon bouton, s’effile, fe change
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| en pétiole qui donne naiffance aux côtes formant
le fquelette de la Feuille ; peu-à peu les fucs
qui pénètrent les plantes s’infînuent dans les
vaiffeaux de la Feuille enfermée dans le bouton -
Mais ces développemens qui font quelquefois
très-lents, deviennent très-rapides quand les cir-
conftancçs les fàvorifent; d’abord èn fortant de
leurs boutons, les Feuilles font un peu pliffées
eues n ont pas toute leur grandeur ni leur vraie
forme, niais elles l’acquerront biçn-tôt: Scelles la
conservent avec leur grandeur jufqu’à ce qu’elles
tombent en Automne, quand il ne leur arrive
aucun accident..
A mefure que les branches fe développent en
longueur il paraît de nouveljesFeuiiles à leur ex-
trénuté; les germes qui les contiennent font
pouflés en dehors avec les fibres de ia plante qui
prolongent la branche; & ce font ces germes
environnés de fucs qui fe développent. Ce font
aulli les Feuilles du bas des branches qui fe
montrent les premières. On comprend dans ce
lyltême qpe la longueur des fibres ou le degré
de leur alongemenr déterminent la longueur &
étendue des Feuilles.
• 'î font les ufages des Feuilles ? L'obferva-
tion & ( expérience pourront en faire connoître
quelquesruns. D’abord il eft de fait qu’il y a des
arbres qu un retranchement complet de leur?
remlles a fait périr. Les mûriers dont on ne cueille,
point les Feuilles pouffent bien plus vigoureu-
lemênt que ceux qui fubiffent cette opération ;
& on lame même Couvent ceux - ci fe réparer eii
leurlaiffant leurs Feuilles pendant quelques,années.
Les pouffes des arbres font plus bçlles, lorfque
:,e^rs r eiiilles n ont pas été dévorées par des
infectes, Et les fruits font mauvais dans les années
ou les Feuilles ont été mangées par les chenilles.
fpi| P^antes languiffent, lorfque les Feuilles font
malades , & ces plantes ne reprennent leur vigueur
que lorfqu’ellcs ont repris de nouvelles Feuilles!
On hâte la maturité des fruits, lorfqu’on retran-
che Içs Feuilles des arbres qui les portent ‘ mais
dun autre côté, Iqrfqu’on ôte les Feuilles à uti
arbïe dont les fruits font peu avancés, ces fruits
tombent fans mûrir. Outre cela, l’écorce des
arbres en pleine fève qui fe fépare aifément dii
bois ne pourra plus s’en féparer, quand leur?
r éunies leur font enlevées* Ajouterai-je que tous
les boutpnspériffent quand on leur ôte les Feuilles
qui les avoifinent,- & que les plantes privées de
Feuilles ne pouffent plus de racines?
M. Seligman, dans un Traité fur les vaiffeaux
nourriciers des plantes, comme Lédermullernous
I apprend dans fes-récréations, dit que les arbres
qui ne quittent pas leurs Feuilles, comme les
orangers, ne portent, plus ni fleurs ni fruits^
que lorfque leurs Feuilles font revenues quand
ils en ont été dépouillés. Cela doit être ; les
Feuilles font le moyen par lequel les boutons fe
développent; & comme les boutons à fruit denj»n-
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ilent une élaboration particulière, l’exiflence des
ïeuilles eft encore plus néceffaire pour leur premier
développement.
Voilà des faits curieux propres a faire loup-
conner une partie des ufages des Feuilles. On y
voit d’abord clairement que les Feuilles font plus
ou moins les nourrices des fruits, des boutons
des racines, de l’écorce ; que les plantes péril-
fent ou fouffrent beaucoup quand les Feuilles
leur manquent. Mais comment cela peut-il arriver
? Les faits eux-mêmes f apprennent encore -,
fi l’écorce devient adhérente aux arbres privés
de leurs Feuilles, dans le moment où elle ne l’éroit
pas lorfque leurs Feuilles couvroient leurs bran
ches : il en réfulte que les Feuilles doivent influer
fur l’abondance de la fève f fi les pleurs de
la vigne ceffent de couler auffi-tôt que les Feuilles
paroiflent, il me femble qu’on peut croire que
ces pleurs paflent ailleurs. Ajouterai - je que,
comme il paroît par les bourrelets, qu il y a une
fève defeendante, & comme cette fève paroît
différente de celle qui eft amendante, on peut
foupçonner que cette fève a été élaborée par les
Feuilles ? Mais il feroit curieux de voir fi les
bourrelets fe formeroient également quand .les
Feuilles font enlevées. '
Ce n’eft pas affez de voir cela d’une manière
probable , il falloit l’établir encore par des expériences.
Pour cela,, il s’agiffoit de prouver li les
Feuilles favorifoient cette fuélion : & c’eft ce que i
l ’expérience avoir appris à Haies, & ce que mille
expériences ont confirmé. Si l’on met tremper
dans deux phioles femblables, égales & pleines-
d’eau, des. branches femblables 8i égales, dont
l’une auroit fes Feuilles, tandis que 1 autre en
feroit privée, la première fuceroit beaucoup
d’eau, mais l’autre n en fuceroit point. Eft - ce
donc la Feuille qui avoit cette propriété fans
être liée à la tige? M. Bonnet a fait voir que
chaque Feuille avoit la faculté de tirer Feau par
fon pétiole, quelle peut vivre long-tems de
cette manière, qu’une Feuille pouvoit même en
nourrir ainfi d’autres qui lui feroient attachées,
de même que des fruits .On a pu donc conclure
avec probabilité, que les Feuilles favorifoient la
fuélion de la fève, qu elles-pourvoyoient ainfi à
ia nourriture de la plante, au développement
des boutons & des fruits auprès defquels elles
font placées, quelles y ramènent encore la fève
qui a été élaborée, & qu’elles nourriffént la
plante dans toutes fes parties. On fent comment^
le retranchement des Feuilles fait adhérer 1 é -
corce au bois que l’abondance de la fève en avoit
détachée , parce que l’afcenfîorï de la fève étoit
prefque fufpendue par le retranchement ; des
moyensfuçans. On voit de même pourquoi les
pleurs de la vigne ceffent de couler quand les
Feuilles paroiflent ;. cette eau, qui arrive jufquês; .
aux Feuilles, y trouve les organes de l’évapora-
îion propres à la faire difparoître. Mais yoici
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une preuve que les plantes fucent beaucoup
d’eau par les Feuilles-, c’eft qu en Eté, les plantes
dont les Feuilles font rendues flalques par la
fécherefle, font revivifiées par la rofée, & il ne
fe fait alors que peu ou point d’évaporation;
puifquec’eft pendant la nuit. D’un autre côté,
il eft évident que les plantés laiffent échapper
beaucoup d’eau par leurs Feuilles : elles perdent
au moins beaucoup de leur poids quand elles
font expofées à l’air, après avoir été coupées:
& on recueille une grande quantité d’eau quelles
diftillent par leurs feuilles, quand on enferme au
foleil une branche dans un ballon de verre tranf-
parent expofé à la lumière. La tige fe pénètre de
toute l’eau quelle peut prendre aux racines;
mais les Feuilles qui aboutiftent à la t;ge ou qui
terminent un rameau, reçoivenr cette eau par
le moyen de leur pétiole qui communique avec
la tigeou le rameau. Quand l’eau eft parvenue
dans la Feuille, qui offre une lùrface poreufe à
l’air, la partie de l’eau, inutile à la nourriture
de la Feuille s’échappe fans être apperçue fous
la forme de vapeurs, ■ o.u plutôt les infiniment
petites gouttelettes d’eau qui fe préfentent à
l’orifice des infiniment petits vaiffeaux placés à
la furface de la Feuille, s’évaporent -, & cette évaporation
recommence, parce qu’il reparoît ians
ceffe une nouvelle gouttelette à l’orifice de ces
vaiffeaux. Voye[ T ranspiration*
On obferve bien-tôt enfuite que le foleil fa-
vorife beaucoup cette fuélion des plantes , en
> favorifânt leur évaporation, comme on 1 avoit
déjà v u , & comme je crois l’avoir démontré
dans mes expériences fur Vinfluence de la lumière
folaire dans la végétation ; en forte, qu il y a
beaucoup plus d’eau évaporée quand les plantes
font au foleil, que lorfqu’elles font à l’ombre.
Cette confidération devient plus frappante,
quand on a étudié les belles découvertes de
M. Bonnet fur les feuilles ; elles nous apprennent
qne la furface Kffe des Feuilles regarde
toujours le ciel, tandis que la furface qui eft
moins lifte eft toujours tournée vers la terre ; mais
ces feuilles font encore placées fur leurs branches,
de manière qu’elle? reçoivent autant qu iî
eft poflîble, par cette furface l’aélion du foleil,
les Feuilles de l’extrémité des tiges ont leur pétiole
i plus ou moins horizontal, & les Feuilles de
l’intérieur ont leur pétiole plus ou moins incli—
- né; les Feuilles ont encore une tendance fi grande
& fi obfiiriée vers la lumière , qu’eîleS la cher-
'-chent avec confiance, & :fe tournent vers elles
auffi-tôt qu’elles peuvent l’atteindre ; il y a plus,
fi l’on change leur pofition malgré elles, elles fe
retournent pour la reprendre. Une branche
’ ajuflée: de manière que la lnrface fupérieure des
: Feuilles regardera terre, fe retourne pour faire
• regarder le ciel à fes Feuilles par cette furface;
c’eft pour cela que les branches & les Feuilles
fembtent fe détacher des murs auprès defqueis