
4 A C I
rem prendre & !a durée de la vie qu’elles doivent
avoir ,, on aura une théorie végétale com-
plette. Mais je ne vois pas comment on pour-
roit à prêtent fe paffer de cette opinion , car
Timbibition feule des fucs nourriciers n’explique
rien, puifqu’il faut former dans un végétal tant
de fubflances différentes, tandis que l’expérience
montre le dépôt des matières colorantes dans les
parties des plantes qui ont végété dans les eaux
colorées, & celle du.phlogiftique ou de la matière
chai bonneufe de l’air fixe dans les fucs des
plantes, de même que, celle:de l’air fixe lui-mêiùe
dans leurs tels, leurs réfines & leurs huiles.
Les phénomènes‘viennent à l’appui de cette
explication , car l’extenfion des fibres ligneutes
dépend beaucoup, fuivant Haies & Duhamel, de
l'abondance de la lève y la partie du farinent formée
pendant un tems où la sève eft peu abondante,
a l'es noeuds plus rapprochés que la partie
du farinent formée pendant un tems ou la
sève eft plus abondante,-les branches gourmandes,
qui rirent une grande quantité de sève , font plus
longues ^que les'autres ; les années pluvieufes
font favorables à l’extenfion des branches : & fî
l ’Accroiflement eft le plus grand quand la partie
qui croît eft la plus molle , c ’eft qu’alors les
"vaifleaux moins ferrés reçoivent une nourriture
plns.abondânte & plus fubftantielle. '
ACIDE VÉGÉTAL. Les Acides végétaux ne
font point une production de l’Art, on les trouvé
formés dans les plantes : la feule exprefîion fournit
l’Acide citronien; il s’échappe des fruits
aigres déchirés un Acidexavec le jus qui en fort;
finlufion de la noix de galles & celle de plu- :
fleurs écorces, l’infufion même de divers fruits
dans l’eau , donnent l’Acide gallique. Rouelle,
MargrafF ont obfervé depuis long-tems l’Acide
tartareux dans quelques fruits mûrs. Je ne parle
point ici des Acides obtenus par la fermentation
ou par faCtion du feu & de l’Acide nitreux -
il me fufîira d’avertir qu’ils ont tous entr’eux
ta plus grande analogie, qu’on peut facilement
donner à chacun les propriétés particulières des
autres, & qu’ils font tous finalement réductibles
à l’Acide du vinaigre. Voye[ Dictionnaire de
C himie , a r t . A cide.
Cette reffemblance des Acides végétaux efl bien
remarquable -, elle annonce une origine commune.
Mais ce qui montre encore mieux que
ces tels font un produit de la végétation-, c’eft
qu’ils fe trouvent toits les uns ou les autres,
dans toutes les parties des végétaux & dans toutes
les matières qu’ils élaborent, & qu’ils y font
tous combinés avec une quantité plus on moins
grande de l’alkali fixe végétal, & qu’ils forment
tous avec lui des fels neutres avec excès d’Acide.
Il efl également important de fe rappeller
J’analyfe que MM. Bertîiollet & Fontana ont
faite de ces'Acides y elle apprend que ces Acides ,
A c i
, fourniflent tous beaucoup d’air fixe, d’air inflammable
avec un peu d’huile.'
Ne pourroit- on pas foupçonner que ces Acides
végétaux, qui-font tous combinés avec l’alkali
végétal, font formés par la combinaifonde l ’air
fixe introduit par l’eau dans les plantes avec des
parties huileulesy que cette- combinaifon , faite
de cette manière, fe perte fur l’alkali végétal que
l’eau tirée par la plante charie avec elle r; peu t-
j être l’air pur de l’air fixe décompofé produit-il
l’Acide végétal en fe combinant avec les huiles
dans un certain état: quoi qu’il en. foit, il paroît
que l’air fixe, l’air pur, les huiles font les principes
compofans des Acides végétaux.
Cependant, comme l’air inflammable devient
la balè des alkalis volatils & des huiles, il fe
pourroit bien aufli que,l’air pur qui entre dans
la compofition des Acides foit un produit de la
décompofition de l’eau : alors les élémens de
l ’eau ferviroient à la produétion des tels, en
fourniffant l’air pur aux Acides & l’air inflammable
pour les alkalis & lès huiles.
C’eft fans doute ainfi que fe forme l ’Acide
nitreux dans les plantes nitreufes, mais par une
combinaifon différente & dans laquelle l’air phlo-
giftiqué ou la mofète joue aufti un rôle particulier
; mais encore il faut abfôlumentles filtres des
plantes pour former l’Acide végétal, tandis que
l’Acide nitreux fe forme fans ces filtres particuliers.
Voye^ F euille , L umière , Sels ", V égétation.
.
Ajouterai - je que les graines paroiflent donner
de l’Acide phofphorique, comme les produits
du règne animal -, cet acide, exiftanr en nature
dans la graine, ou produit par la diftillarion,
feroitde dernier réfuitat falin de la végétation..
Mais il me fuïfit d’avoir indiqué tout ceci afin
de faire mieux comprendre quels êtres organiques
font les plantes, comment, avec des moyens
fi (impies en apparence, elles forment pourtant
tant de fels différens, tant de fubflances diffé-*
rentes. Voyei Gr a in e s , Pl a n t é s , S els.
Je ne dis rien des autres fels obfervés dans les
Plantes, parce qu’ils peuvent y avoir été apportés
en nature, ou qu’ils peuvent s’être formés pendant
leur analyiê.
On pourroit pourtant préfumer avec fondement
que l’alkali végétal eft un produit de la
végétation, mais les compofans de ce fel ne font
pas aflez connus pour pouvoir foupçonner encore
la théorie de fa formation.
AIR. Je ne veux parler ici de l’Air, ni comme
Je Phyficien, pour en faire connoître les pro-
priétés, ni comme le Çhymifte, pour l’analyfer;
il me fuffira de montrer quelques-uns de tes rapports
avec-lès plantes, & de prouver au moins
qu’il eft néceflaire à l’entretien de leur vie.
Les plantes contiennent de l’Air : la pompe
pneumatique le démontre dans toutes leurs parties
: lès- effais eudiomérriques fqnç voirque cet
i i R
'»irefi à-Deu-près, aufli bon que l’Air commun,
comme ® | obfervé diverfes fois après d autres
Phvficiens : on a trouvé dans les végétaux des
vaifleaux qui ne îontenoient que de 1 Air dans
de certaines circonftances : on a conclu d après
ces faits que les plantes afpiroieml Air commun
par leurs feuilles & qu’il circuloit dans toutes
leurs parties;, mais, cette opinion eft-el e folide,
& les expériences,qu’on a faites pour 1 appuyer,
prouvent-elles tout ce qu’on veut qu elles prouvent?
Je propole ici des doutes qui me paroiflent
important , & dont la folution intéreffe beaucoup
la folidité d’une théorie fur la végétation.
Haies dans fon bel ouvrage fur la Statique
des végétaux, a cru que l’Air circuloit dans les
plantes, & il appuya fon opinion lur deux ex-
périences. / , ■, .
Il plaça une branche, coupée à un arbre, dans
un récipient , de manière, que l’extrémité inférieure
de la branche y fut renfermée; il la fouda
hermétiquement avec de la cire à ce récipient, en
forte que l’extrémité fupérietire de cette branche
frit dans l’air ; alors il fit le vuide , & comme
il obtint beaucoup d air par la partie inférieure
de la ti<»e, il crut que fair alors fourni par l’extrémité
°de la branche é toit. tiré par les feuilles
placées à l’air libre , & qu il pafloit ainfi des,
feuilles, qui le tiraient, au travers de la branche,,. ’
pour fortir par fa feélion dans le récipient. Le
phénomène fe produit çomtne Haies le raconte;,
mais il n’a pas fait attention que 1 écorce des.
branches eft plus ou moîns; fendillée, plus ou.
moins couverte de pores , qu elle, laifioit ainfi
un libre paflage à l’Air extérieur qui fe préci-
pitoit dans le vuide au travers des canaux abou-
tiflants à,ces .ouvertures, ou plutôt pafiants entre
lécorce & le bois ou entre les fibres qui forment
l ’écorce. Mais-, en fuppolant que ces fentes
n’exiflent pas dans l’écorce , & q u il n y a que
les ouvertures par lefquelles l’A ir doit entrer
dans le végétal, pour y circuler librement, cette
expérience prouverait feulement que, dans ce cas,
l’Air commun pénètre le végétal & traverse les
vaifleaux de la tige qui «ommuniquoient avec
elles pour fortir par la feétion quand on a fait le
vuide; mais cela ne prouvera jamais que les choies
fe paffent de la même manière dans l’état
naturel, puifqu’il ne fort point d’A ir bers de la
tige ,'pour entrer dans le récipient s jorfqu’il efl
plein d’Air-, il eft cependant aflez facile des’aflu-
rer alors de la fortie de cet Air hors de la tige,-
en efiimant celui qui ferait entré dans le récipient
par une iflite qu’on -lui procurerait finis
fe a n , en la faifant communiquer avec unjvafo
plein d’eau , où on pourroit mefurer l’Air intro-
dùît dans le récipient p a r la tige qui y ferait
fcellée ; mais,, il faut pour cela que le récipient
& l’Air qu’il contient confcrvent la, même température
pendant tout le tems de l’expérience.
|1 faut obferver encore qu'une tige-d’arbre,
A I R 5
pareille, à la précédente, placée dans les mêmes
circonftances que celle de l'expérience de Haies,
lai fie également palier l’Air dans le v iid e , lorf-»
quelle a été privée de les feuilles , ou iorfque
les feuilles font tombées à rapproche de l’hiver:
ce qui prouveroit au moins que les feuilles ne
jouent pas ici un rôle particulier. Mais comme
cette tige , dépouillée des feuilles, celle de donner
de l’Air dans le vuide , quand elle a été bien
vernie ou bien peinte à l’huile -, il eft clair que ,
l’Air , qui pafloit dans le vuide, pafloit au travers
des fentes de l’écorce. Mais.peut-êtreque cet Air.
enfile des vaifleaux particuliers, qui font deftinés
à ce paflage ; je l’ignore : mais il eft au moins
certain que cet Air ne traverfe la tige, de l'expérience
décrire, que quand il y a une raifonpuif-
fante pour le forcer à prendre cette route ÿ.
comme i’aébion de la pompe pneumatique. Il y
a même.plus encore; ce n’eft ni le premier ni le
fécond coup de pifton qui détermine ce paflage
de l’Air au travers de la tige; il en faut piufieurs;.
parce qu’il faut fans doute un poids confidérable
à l’Air pour qu’il puifîe fe frayer un chemin au
travers de la tige & une fortie par fa fcétiQn ;
ce qui ne ferok pas néceflaire s’il y avoir, déjà
pour lui une route battue & fréquentée. Enfin
l’eau fous laquelle on met tes feuilles, n’en fait-
jamais fortir l’Air par fon poids.
La quantité d’Air qui peut paffer, dans l’e x -
périende de Haies , au travers de la tige eft proportionnelle
à la quantité des ouvertures dans
lefquelles il peut s’infinuer ; auffi Haies, qui a
bien fait voir que le paflage de l’Air au travers
de fibres ligneufes étoit très-libre fous 1e récipient
de la pompe pneumatique , a fait voir de
même qu’il pafloit moins d’Â-ir quand il niafti-
quo.it 'les parties découvertes du bois. Mais
comme l’Air pafle au travers de l’écorcé où il
n’y a point de vaifleaux à Air , il eft clair que
cet-Air ne pafle pas dans le bois, au travers des
trancheés, mais qu’il enfile tous les inter flices qu’il
peut trouver.
Enfin les expériences de Haies, faites de cette
-manière, prouvent, i.° que les tiges de tous les
arbres ne donnent pas de l’Air fous le récipient
de la pompe pneumatique ; quoique cela dût arriver
fl l ’air y pafloit habituellement : 2.0 Que
l’Air s’échappe plus aifément des branches recouvertes
d’une vieille écorce, que des tiges recouvertes
par une jeune ; ce qui devoir ê tre,
puifque la jeune écorce eft plus entière que l’an-
cienn^: 3.0 Que l’Air entre fur-tout par les ci->
catrie^: ,4.° Que les racines produifent le même
effet, dans tous les l’ens. 11 me temble réfulter
de rout ée que j’ai dit que l’Air ne paroît pas
circuler dans la plante comme Haies lavoir imaginé'.
Mais d’où vient l’Air qui fort de la feélion,
; pu de l’écorce d’une jeune tige plongée dans l’eau,,
, lorf quelle eft expofée fous l’eau au foleil ? on ne