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qu’on coupe leurs branches, qu’on les arrofe
trop : la sève afcendante ne peut pas s'échapper
entièrement par les feuilles; le parenchyme gonflé
diftend l’épiderme qui fe fend dans les endroits
les plus foibles; fbuvent toute l’écorce cède à
cet effort de la sève, & il Te forme une plaie
qui deviendroit dangcreufe, fl l’on n’avoit foin
de la panfer & de la mettre à l’abri de l’air,
ou de la pluie, fur-tout pour les arbres à fruits
à noyaux.
J ’ai obfervé que ces parties- mortes d’écorce,
qui recouvrent les arbres d’un certain âge, font
formées par plufieurs feuillets d’épiderme qui ont
éclaté fucceflivement à la même place, comme
on peut s’en affurer à la vue Ample. II en réful-
teroit donc qu’il y a un nouvel épiderme reproduit
fous celui qui a éclaté ; que la partie >
éclatée refle adhérente à l’épiderme nouveau ;
que l’épiderme feul éclate alors; & que l’écorce
entière ne fouffre pas de ces éclats.
On obferve ici que la contexture de l’épiderme !
a bien moins d’adhérence dans fa longueur que
dans fa largeur ; mais on y voit encore clairement
que l’écorce elle-même fournit à l’épiderme
les moyens de la reproduélion. Voye{ Ecorce,,
Epiderme.
Il y a une autre efpèce de Fenres obfervées
dans les arbres ; ce font celles qui fe forment
dans le bois des arbres coupés. Mais elles font
produites par le defféchement inégal de-leurs parties.
Généralement les arbres coupés diminuent
de volume en perdant une partie de l ’eau &
de la sève qu’ils renferment, & cela ne peut
arriver que par le tiraillement plus ou moins
grand de leurs fibres; il eft clair que leurs fibres
les plus defféchées, en changeant de proportion,
fie peuvent plus cheminer avec celles qui ont
confervé davantage leur ancien état.
On obferve que l«s arbres coupés, qu’onexpofe
au grand foieil.fe fendent plus que ceux quife
defsèchent lentement à l’ombre. Voyez Br a n -
c h e s .
FEUILLAISON. Cet événement de l’hifioire
des plantes, qui leur fait reprendre chaque année,
au Printems* les feuilles qu’elles avoient perdues
à la fin de l’Automne.
La Feuillaifon, ou la foliation, comme dit le
Chevalier de la Marck, indique, en général,
l’époque de la naiffance des plantes annuelles &
du renouvellement des vivaces. Cependant, parmi
les unes & les autres, il y en, a qui produifent
leurs-fleurs avant leurs feuilles. Du nombre dç i
celles-ci font les tuflilages, à l’égard des plantes
vivacçsj tout le monde a obfervé dans les arbres
fruitiers & autres, J’antiçip^tipn dçs fleurs fur
les feuilles.
Toutes les plantes ne renouvellent pas leurs
feuilles dans le même tems. M. Adanfon apprend
que les moufles & les pins fe couvrent de feuilles
pçndsnt l’Hiver, les gramens litiaçés ^uPrin-
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teim; divers arbres étrangers en É té , quelques
champignons, quelques moufles, les fougères, en
Automne ; ce qui fer oit croire que la chaleur *
; ou plutôt un certain degré de chaleur éprouvé
par les plantes pendant quelque tems, étoit né-
ceflaire pour opérer ce développement. Mais
v cela eft vrai pour la germination, la produc-v
! tion des fleurs & des fruits, tous les événement
X de l’économie végétale.
Les plantes, qui fe couvrent de feuilles les
premières dans nos climats, verdiflènt aufli les
- premières ailleurs. Mais ce qui démontre l’in-.
fluence de la température fur les plantes, c’eft
: l expérience journalière qu’on fait dans nos climats,
lorsqu’on y élève les plantes des tropiques
dans des ferres-chaudes, qui remplacent poup
■ elles la chaleur du folefl.
On. pourroit peut-être fe demander pourquoi
le bois gentil, l’hépatique, les violettes qui fleu-
riffent au Printems, ne fleuriflênt pas dè même
en Automne, quoique ces plantes-'trouvent alors
la même chaleur avec la même terre & la même
humidité ? mais il me fernble que cela doit venir
de ce que les boutons à fleurs n’ont pas-eu le
tems néceffaire pour fe développer fuffifam-*
ment, & pour être ainfi en état de fleurir.
Linnéu«, dans le troifièine Volume de fes
Amoenitatcs Académie# , a traité ce fujet d’une
manière intéreffante. Il y a une Diffcrration,
intitulée : Vcmatio arborum , où l ’on trouve des
observations faites pendant trois ans dans dix-,,
huit Provinces de la Suède, entre le 6oe. & le
70e. degré de latitude. Linnéus a eu occafion de
remarquer que les plantes font foumifes à une
certaine loi pour leur Feuillaifon ; en forte que
lorfqu’on fait quelle efl la plante qui eflen fleur,
on peut favoir qu’elles font les plantes qui
doivent fleurir. On ne doit pourtant pas attribuer
cela à la profondeur des racines en terre.
Mais cela me paroît réfulter clairement de la
nature particulière de la plante, de fon tiffu .
de fon organifation,
Il efl prouvé par l’expérience que cette FeuiU
laifon ne fe fait point à des tems déterminés :
mais qu’elle varie luivant la longueur de l ’Hiver,
Plus l’Hiver a été court, & plutôt les feuilles
paroiffent- Aufli cette connoiffance fixe mieu*
les opérations de la campagnè, que les obfer-
vations du thermomètre, Celles ci font connoître
l’état de l’air pour un momenp, les autres mon-
trembla longue influence du foleil fur la terre
qui l’a reçue, & les rapports de cette influence
avec les végétaux. Cependant comme cette influence
n’eft point proportionnelle au tems. mais
à l’état réel de la chaleur de la terre, il efl clair
que 1 état de la végétation des plantes montre
vraiment l’état de la terre, pour faire végéter
convenablement celles qu’on veut cultiver, t ’efl
ainfi qu’on attend la Feuillaifon des arbres qui
prennent leiirs feuilles les derniers ? pour fortir
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les orangers h ois de là ferre. De même! on fixerait '•
■ le teins l e ’ plus avantageux pour femer chaque
graine par l’époque de la ïeu ilte fon de qudquîau-
foe plante qui prendrait les feuilles dan, le teins
le plus convenable pour le fuccès .de la végétation.
C’eft ainfi que nous jugeons encore par
comparaifon en lifant les Géorg,crues de Virgile,
que de climat n’a pas changé'en Ita lie ;. Linnée
a trouvé, par fes obfervations , que le bouleau
étoit le plus propre à indiquer, par fa Fçuüjai- ;
fon le tems de femer l ’orge en Suède.
Mais comme l'obferve M. Adanfon, pour
rendre ’les indications plus fines , i l faudrait
prendre un terme moyen entre les arbres les 1
plus hâtifs de la même efpèce. & ceux qmiontles ;
plus tardifs; choifir ceux-là pour lignai ; remarquer
les différences entre les années les plus avancées
& les plus: reculées; noter;, par le moyen du
thermomètre les annéesles plus cbaudès & les plus
froides • marquer enfin les jours où il ceffe de geler
& ceux où l’air montre le 10.e degré, parce que
c’eft alors que la végétation commence , fur-tout
quand il a ceffé de geler, pendant la nuit; enfin
prendre un terme moyen entre les produits
extrêmes de chaque, obfervation.
M. Adanfon a fait ce travail pour le climat de
Paris; fo n en .trouve;-les tables & lés réfultats
dans la Préface aux Familles des Plantes.
On y apprend, i.° que le développement des
plantes vivaces printanières fe fait avec une
femme de degrés. de chaleur moindre dans, les
années hâtives que dans les années tardives ;
parce que l^terre n’ayant pas été gelée pendant
l’Hiver, elle a toujours eu à-peu-près le même
deeré de chaleur que l’atmofphère ; & , quoique
toutes les autres chofes étant ; égales,. le nombre
des degrés de chaleur néceffaire pour le développement
des feuilles des fleurs & des fruits, loit le
même dans les années avancées comme dans celles
qui ont été reculées, la différence le trouve
feulement dans la répartition de ces degrés de
chaleur qui conviennent à chaque individu ; ce
qui produit la différence du tems où la même
plante fleurit dans des années différentes.
2.c Les années les plus chaudes ne font pas
toujours les plus hâtives; mais celles qui font
d’abord les plus chaudes, font celles où la végétation
eft la plus prompte.
On obferve affez généralement que la
végétation des arbres les plus printanniers, ne
Commence & ne continue que lorsque le thermomètre
montre le 9.e ou le io .e degré & au-
deffus ; qu’elle s’arrête tout-à-coup, quand le
thermomètre defeend au-deffous., & qu il s y fixe.
Ainfi le maronnier & le tilleul demandent, pour
fe feuillèr, que le thermomètre foit au-deffus
du io .e degré ; i’orge végète quand le thermomètre
eft entre le S.e & le lo;.y degré,
• 4.0 On prévoira' de cette1 manière , fi le
Printems fera h âtif, en comparant Tétat de la
fhÿJioÎQ-gic végétale, Tome. 1 " i-*ri Ptutie.
E E U S?
chaleur de l’air avec, ie fr.oid de l’hiver paffé.
On faura, par ç'onféquent, le tçms de la Feutilaifon,
puiiçju’pn ffàu'ra quelle :eft la, chaleur néceffaire
pour la produire ; on pourra eftimer celui
de la floraifon &, de la fructification, fi Ion a
fuivi ces obfervations jufqups-là.
Il feroit curieux de lavoir combien il, faut des
degrés de chaleur én chaque climat pour y conduire
chaque plante à une parfaite maturité ; on
détermdneroit ainfi la durée des plantes herbacées;
on fauroit pourquoi une plante annuelle
au Sénégal vit deux ou trois ans en France; on
cônnoîtr-oit l’influence des climats fur le teins de
-la végétation, fur l’exiftcnce des plantes qu on
y voudpoit cultiver. Mais nous-fommes encore
ignorans fur ces objets. 11 faudroit faire en divers
endroits ce,qu’on a fait à Genève, o ù , à la fuite
des obfervations.météorologiques, on met chaque
femainq,: dans,1e Journal qui fe publie, le nom
dé quelques plantes ufuelles, fleuries, alors dans
les huit jours qui s’écoulent entre fa publication ;
les feceürs qu’on retireroit de cette météorologie
nouvelle feroient bien plus efficaces pour
l’Agriculture, que ceux qu’on retire de 1 obfcr—
vation.feule de nos inftrumens. ,
FEUILLES. Il eft plus facile de les décrire
que de les. définir; Les Feuilles font ces parues
organiques des,plantes, qui ne leur font pas toujours
néeeffaires, quelles n’ont pas continuellement,
qui diffèrent, pour l’ordinaire, des-parties
de la plante à laquelle elles'-appartiennent,
par leur .figure j . leur ftruélure & leur couleur.
H n’y ,a .aucune, place, de la plante qui leur foit
exciufivement affeèlée ; elles peuvent fe développer
dans nous les tems; & elles fervent a la
nourriture* à la proteélion & à. l prnement de la
plante. M. Ludwig , qui fournit cette qef-
crïption, obferve fort bien que les feuilles. Iont
dans le nombre de ces objets qui ne peuvent fe
connoître que par leurs attributs.
Toutes les plantes n’ont pas effentiellement
des Feuille?, Les champignons, les falicornes,
quelques joncs, plulieurs caélus, différens euphorbes
paroiffent privés de Feuilles,.Il y a des plantes
commeT obferve M. le. Chevalier de la Marck,
fur lefquelles les feuilles font remplacées par des
efpèces d’écailles dans YOrobanche , iaClandcfime.
Les Feuilles font attachées aux plantes pat
un pétiole, qui forme, par fon épanouiffement,
les nervures d e là F euille ,,d e même que fon
Refeau, dans lequel on trouve le Parenchyme
vert qui les colore. La Feuille eft recouverte par
une Epiderme , une Ecorce , un Refeau cortical,
& des Glandes que j’ai déjà fait connoître en
parlant de l’épiderme, & en racontant les découvertes
originales de M. de Sauffure. Je ne
répéterai point ce que j’ai d it, quoique ce fût
par-là qu’il faudroit commencer la defcription
de là Feuille, puifqwe ces quatre parties lui fervent
d’ètui ôt de vernis tranfparept, .J’obfervepAu
M