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eurent recours à l’Eleélricité artificielle, & ils
employèrent des fèves de Turquie, placées dans
des circonftances femblables à tous égards ; mais
es uneS éprouvèrent l’aélion de l’Eleélricité,
pendant que les autres n’y furent pas expofées.
Ces fèves furent mifes en terre, le $.e Août
1786-, le 13 à huit heures, les deux fèves éleélrifées
acquirent la même hauteur hors de terré; mais les
fèves non éleélrifées avoient alors à peine fendu
la terre ; elles’ for tirent feulement le 9. Une des
fèves éleélrifées avoit, le 26 Août, 16 pouc.-^;
l ’autre, 21 p. au bout de 455 heures d’Elec-
tricité. Une des plantes non éleélrifées avoit alors
8 p. s i l’autre, 10 ; mais elles n’étoient ni plus
avancées, ni plus vigoureufes que les autres ; car
elles pouffoient leurs fécondé & troifième tiges
à-peu-près dans le même tems, & toutes quatre
fe re flembloient parfaitement à cet égard ; mais,
en répétant ces expériences, il y eut des réfultats
oppofés, & pour l’accélération de la végétation,
& pour la vigueur du végétal; les plantes, qui
ne furent pas élcélrifées, montrèrent fouvent
la vigueur qu’on avoit admirée dans celles qui
éprouvèrent l’aélion de l ’Eleélricité,
, Quelle conféquence doit-op tirer dç ces expériences,
fi nombreufes, fi variées ,fi bien faites,
dont les réfultats font fi inconftans, fur-tout fi
bn les combine avec les expériences de M. In-
genhous, répétées par lui plufieurs fois, & dernièrement
encore par M. Rouland, dans le Journal
de Phyfique pour le mois de Juillet 1789 ;
bn cft forcé de convenir que l’Eleélricité artificielle
n’a aucune influence fur la végétation,
Il paroîtroit que les Phyfieiens anciens n’ont
pas affez fait attention à l’aélion de la lumière
qui arrête la germination, comme M. Ingenhoüs
l’a fait voir, & qui empêche l’alongcment des
ÿégétaux, ainfi qu.e tous ceux qui fe font occupés
de l’étiolement cl.es ' plantes l’ont vu; tandis que
MM. Ingenhoüs, Paets & van Trootfwyck n’ont
pas négligé ces remarques importantes.
Il paroît encore que toutes les expériences
des autres Phyfieiens ont été faites par chacun
d’eux un très-petit nombre de fois, ce qui auroit
pu tromper j comme eux, les Phyfieiens Hollan-
dois dont j’ai parlé, s’ils avoient été conrensde
leurs premières expériences; pujfque leurs, ré-
fultafô furent tour-à-fait conformes à la première
opinion : mais leur amour pour le vrai,
& leur conuoifiance des illrifiôns qui trompent
les Phyfieiens‘ leur firent répéter & varier ces
expériences ; & ils apprirent au moins que la
conclufion, qu’on avoit tirée, n’étoit pas folide,
Ces Phyfieiens i’ob fervent très-bien; on a légèrement
conclu de. quelques expériences Pin-
fluence de l ’éleélricité iur les végétaux, parce
qu’on croyoit à l’analogie qu’il devoir f avoir
entre les végétaux/* & les animaux ; & .„comme
jpn la poufloit trop lo in , elle feryoit de dé-
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monflration aux expériences qu’on avoit légère^
ment faites.
M. Vaffali, Phyficien d’un très-grand mérite,
a publié, en 1788, une Differtation dans laquelle
il croit avoir prouvé qu’il en eft des végétaux
éleélrifés dans des vafes profonds, comme de
l’eau placée dans ces mêmes vafes, qu’elle ne
s’y évapore pas alors, parce que la vapeur y
eft retenue par une atmofphère éle&rique d*
même genre, & il conclut qu’il doit arriver aux
graines éleélrifées dans ces vues les mêmes chofes,
en forte que ces graines germèrent & poufsèrent
plus Tigoureulçiîîent quand elles ne furent plus
dans le cas de Peau placée dans les vafes aon|
j’ai parlé.
M. Vaffali multiplia ces expériences, & les
varia, il les fit à la lumière, à l’obfcurité, & il
trouva toujours que l’Eleélricité favorifoit la végétation
; mais il fait obferver pourtant qu’il a
eu des réfultats en petit nombre défavorables à
fa conclufion ; ajouterai-je quç les expériences,
de MM. Paets, van Trootfwyck n’étoient pas
dans le cas de celle du puits éleélriquè.
On ne peut pourtant pasfe diflimuler, comme
M. Volta l’oblerve très-bien dans fes Lettresjur
VEleflricité atjnofpkérique, que l’on fe trompe
étrangement, quand op croit que les pluies portent
aux plantes ce fluide qui doit les animer,
puifqu’il eft démontré que les pluies ne donnent
communément aucun figne d’Eleélricité ; il eft
vrai que iorfque le ciel cft ferein, fur-tout à
l’heure de larofée, pendant l’humidité de la nuit,
& lorfqu’il y a des nuages, l’élcélricité pour-
roit pénétrer les plantes par leur cime, les pointes
des feuilles, des~ épies, &c. mais pendant
les pluies, le fluide éleélrique fe meut en fens
contraire, & il monteroit du terrein dans les
plantes par leurs racines jufqu’à leur fom-?
met ;majs pendant les orages, ce fluide monte
& défeend fuivant les changemens arrivés dans
les couches d'air éleélrifés ou en plus ou en moins,
& ce feroit fous ce point de vue qu’il faudroit
confidérer l’Eleélricité atmofphérique relativement
à la végétation, & non d’après toutes les
théories qu’on a faites fur l’Eleclricité avec les
végétaux,
Quoi q.u’il en fo it , il feroit à defirer' que çe$
expériences fpffent encore répétées dans ce but ;
mais il me femble qu’à préfent l’opinion la plus
probable eft pourtant celle qui établit que l'Electricité
ne favorife pas la végétation.
J ’avois fini cet article, lqrfque j’ai lu un excellent
Mémoire de M. l’Abbé Bertholon fur ce
fujet. On le trouve dans le Journal de Phyfique
pour le mois de Décembre 1789. Il me paroît
renfermer le plus grrnd nombre d’expériences
qui aient été faites fur cette matière importante.
Ces expériences exécutées par des moyens ingé^
nieux. répétées plufieurs fois dans des années dif-
1 férentes, de par des procédés différens, foutenues
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par des réflexions lumineufes, fe réunifient pouf
établir l’influence de l’Eleélricité, dont j’ai cru
devoir douter ; mais, quoiqu’elles ne détruifent
pas entièrement mes doutes, elles les diminuent
beaucoup me font fouhaiter que M. l’Abbé
Bertholon continue à s’occuper de ce fujet curieux,
& parvienne à découvrir les expériences
tranchantes qu il refte à faire, avec la caufe des -,
anomalies qu’on a obfervées. !
- Cette matière vraiment curieufe s’éclairera fû- ■
rement bientôt, des Phyfieiens habiles s en occu-
pent conftamment. M. Vafiafi dans le Giornale
feisnt-fico d i . Tauvno , Tome III, part. 2.<le, a
prouvé que l’Eleélricité • coloroit un peu les
plantes en verd; & M. Gardini, dans le même
Journal, établit que la différence d’évaporation
éprouvée par les plantes élevées dans les vafes 1
élpélrifés & non éleélrifés, étoit la feule caufe
des erreurs qui ont pu fé gliffer dans ces expériences.
Ce même Phyficien a obfervé que l’air
renfermé fous une cloche avec une plante,.devient
beaucoup meilleur quand la plante eft ëlec-
trifée , que quand elle n’eft pas foumilé à l’Elec-,
tricité. Ces Faits montrent au moins la voie dés
recherches qu’on peut faire pour répandre du
jour fur cette partie curieufe de la Phyfiologie
végétale.
ENGRAIS. Ce lont fans doute dés objets im-
portans pour les recherches des Agriculteurs, ,
que ceux qui font relatifs aux Engrais les plus ■
convenables à un terrein donné ; mais ces re - ;
cherches repofent fur des connoiffanccs de Phy-
fiologie Végétale, qui font encore à trouver, &
dont l’ignorance place ceux qui s’occupent de
ces matières dans les ténèbres les plus épaiffes.
Voici néanmoins des réflexions & des obfèrva- *
rions qui me paroiffent avoir quelque relation
avec cette matière.
Toute fubftance, ou tout procédé^ propre à
favorifer la végétation, remplira.julqu’à un certain
point l’idée que nous offre le mot d Engrais
; auffi, comme la végétation eft favorifée
par d’autres moyens'que par les fubftançes qu on
met en terre , je ne les ai point bornés, dans
cette définition , à cette efpèce feule. Mais, ayant
d’entrer dans les détails que ce fujet exige , il eft
d’abord curieux de favoir filés plantes le noqr-
rifient aux dépens de la terre , fi elles extraient
de la terre les fucs particuliers à leur efpèce.
Peut-être pourra-t-on après cela foupçonner les jj
fubftançes qui doivent favorifer la végétation, &
la manière dont elles produifent cet effet.
G ri fait que les plantes, les^ arbres peuvent
croître, fe développer & acquérir un affez grand
' volume dans l’eau pure , qu’ils ont alors toutes
les propriétés des plantes & des arbres crûs en
pleine terre , qu’ils donnent par l’analyfe chy-
mique les mêmes réfultats; Voyt\ Eau. Il s’enfuit
donc de-là que la terre n’eft pas immédiatement
néceffaire à leur production , & que les
Phyfiologie végétale. Tome I.** J.ere Partie.
E N G «replantes
ou du moins plufieurs d'ertr’eiles peuvent
croître & le développer fans le fi cours
des molécules terreufes, tandis que ces plantes,
ces arbres ne fauroient ni croître, ni le développer
dans la terre fans eau.
Mais l’anafyfe chymique des plantes orûes dan*
l’eau, comme dans la terre, fournit de la terre.
D’où vient-elle dans les fécondés? On peut aisément
comprendre que la terre diffoute dans
l’eau, pénètre les plantes & y monte avec elle ;
mais comme la terre ne peut s’évaporer de
même, que l’eau , comme elle ne petit fortir
des feuilles avec l'eau réduite en vapeurs, puif-
qu elle n’en fort pas , car on ne la trouve pas
fur elles, il efi évident que cette terre refie dan*
les plantes. J ’en dis autant des plantes qui
croiffentdans l’eau : on ne peut fe le diflimuler,
cette eau communique plus'ou moins avec l’air
qui emporte toujours avec lui plus ou moins de
pluvifcules terreux, ces phwifcules s’unifient
plus ou moins avec l’eau qui pénètre les plantes.
Mais il feroit poflible encore que ce me fût peut-
être pas fous la forme particulière de terre,
que la terre pénètre les plantes. Ne feroit - il
pas poflible que l’eau diflolve des parties gom-
meufes, mucilagineufes de la plante déjà exif-
tante ou des corps environnans & que ce fût
dq cette manière que l’eau entraîne les partie*
terreufes ? dans les eaux croupiflantes il fe forme
des plantes qui naiffent & périffent, elles donnent
ainfi naiffance à des dépôts plus ou moini
propres à favorifer le développement des plante*
qui y croiffent ; il eft vrai que dans l’eau bouillie
& dans l’eau diftillée, ces plantes ne paroiffent
que Iorfque ces eaux ont été long-temps expofées
à l’ait : mais, quoi qu’il en foit, il y a toujours
plus ou moins de pluvifcules qui fe combinent
avec l’eau & qui peuvent favorifer le développement
des plantes.
Il paroîtroit pourtant de-là que la même nourriture
alimente toutes les plantes, 8c que la différence
des organes agiffant far cet aliment donne
naiffance à la différence des produits. Un petit
citron greffé fur un oranger croît & conferve
le goût du citron: mais cette matière eft trop
délicate, pour la traiter par occafion. Voycf_
Nutrition, Sèv e. .
Je ne ferois point éloigné de croire que plufieurs
Engrais agiffent précifétnent par les parties
qu’ils laiflent diffoutes dans l’eau : auffi
ces Engrais-l.à doivent être plus ou moins humectés,
plus ou moins pourris, plus ou moins
propres à fe. diffoudre pour reproduire leur
effet ; auffi il y en a qui communiquent aux
plantes .qu’elles font croître une odeur & un
goût qu’elles n’auroient pas eu fans cela. Les
chevaux refufent de manger l’avoine crûe dans
les champs fumés as ec la poudrette.
Mais ce qui prouve la néceffitç des Engrais,
c’eft que la terre perd fa fertilité à mefufe