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u ijc t , il n’y a réellement aucun doute fui' tout
ce que j’ai dit.
En fuivant les branches inje&ées avec les eaux
colorées,. Voye% Injections, on s’apperçoit que
les libres lignetifes font feulement teintes, que
les véfîcüles placées au milieu des fibres ligneu-
fes nè prennent point de couleur. On s’allure
mêrnq, par ce moyen, que la Sève n’entre pas
dans la plante, en rraverfant l’écorce ; car, fi
l ’on maftique FextrériîÎR* de la tige, la liqueur
colorante ne laifTe aucune trace dans la branche,
comme je l’ai fait voir. Mais ce qui prouve fur-;
tout que l’écorce ne fert point à l'introduction
de la Sève dans les plantes., c’eft que la liqueur
colorée monte dans les branches ècorcées qu’on
y plonge ; d’ailleurs les arbres dont la tige eft
écorcée, font remplis de Sève, comme ft l’arbre
étoit parfaitement faim Cependant, la Sève ne
peut y être, que parce qu’elle y eft arrivée par
une autre voië, par la feule qui relie, celle des
fibres ligneufes. Haies vit une branche éeorcée,
qui droit de l’eau, comme une branche fembia-
ble qui avoir fon écorce. Enfin , les fibres ligneufes
quittent leurs branches pour entrer dans le
pétiole des feuilles où elles peuvent porter la
Sève que la tige leur fournir.
Cette Sève, qui pénètre la tige , eft celle qui
fe répand dans toutes les branches, rameaux &
feuilles formées par la divifion & ta prolongation
des fibres de la tige : & la Sève les fuit fidèlement
dans fon cours, comme les- injections fe
démontrent.
Si l’on fait une entaille profonde à la tige
d’un arbre au-deficwis. d’une branche, il eft clair
que Ton coupe la communication de la Sève
entre les racines & la branche r cependant l’arbre
en fouffre peu , quand os ô«e, à la plaie le
çontaCl de l’air. Il finit donc que cette branche
ait été nourrie .par la Sève que fes. fibres-latérales
lui fburnîfloieut, puifqiie les fibres directes
ont été coupées, ;& que l’aifare & la branche
fe font confervés. en famé. Si l’on fait plufieurs
entaillés femblables fur la tige d’un arbre, à un
pied de difiance, l’une de l’autre, dans des directions
différentes, l’arbre en fouffrira un peu,
mais il fe couvrira encore de feuilles. Haies
avoit greffé par approche deux arbres à un troi-
fième : quand la greffe fut folide, il feia. l’arbre
du milieu, parallèlement au terrein, de manière
qu’il fut féparé de fes racines & l’arbre vécut
fort bien, par fes fecours latéraux qu’il recevoit
des deux aurres arbres auxquels il étoit greffe.
Enfin, fi, fon a une tige à laquelle deux autres
branches foient adhérentes, on nourrira l’ime
d’elles, en. faifant tremper l’autre dans l’eau,
& fi F ’eau eft colorée , on voit paffer Fean colo-
xée de la branche qui trempe dans éelle qui ne
trempe pas :: ce qui montre que l’eau tirée par
la blanche plongeant dans l’eau colorée, pafle
dans la. branche qui ne plonge pas.: C’eff fans
S E V
doute pour cela, que les boutons les plusélevës-
des branches font les plus gros, qu’ils font eh
général mieux nourris, & qu’ils s’épanouiffent
plutôt que ceux des branches latérales: C ’eft
aufli par la même raifon, que les fruits de la
cime des arbres mûriffent pour l’ordinaire, plutôt
que ceux qui font plus bas; ce qui eft produit
vraifemblablement. i.° Parce que la Sève
y arrive plus facilement, en fuivant la grande
route. 2.0 Parce qu’ils en reçoivent par confé-
quent une plus grande quantité.
Il me refte un phénomène particulier à décrire.
Si l’on fait une entaille à une branche de
vigne, pendant l’écoulement de fes pleurs, la
Sève coule fouvent de la partie Supérieure de
Vincifion ; mais fi l’on renverfe une branche pareille,
après l’avoir entaillée de cette-manière,
la Sève s’écoule par la partie de Fentaille qui
eft la plus voifine du terrein. Ce phénomène ne
détruit point ce que je viens d’établir, parce
q ue ,, fi l’on fait au Printems plufieurs entailles,
à diverfes hauteurs, fur une branche de vigne ,,
depuis la racine au fommet ; on voit d’abord4
la Sève paroître dans la partie fupérieure de
l’entaille qui eft la plus baffe, & enfuite oh
obferve fuccëflïvement le même écoulement fur*
les entaillés fupérieures ; enfin, fi l’on fait une:
entaille à la racine d’une fouche, la Sève s’écoule
par cette entaille..
Mais, pourquoi la Sève s’écoule-t-eîlë de la:
partie fupérieure de l’entaille ? On conçoit bien?,
d’abord que cette entaüle dérange Forganifation'
des vaîffeaux inférieurs de la Sève qui n’ont plus,
la fo-ree de furmonter le poids de Fatmofphère ::
ces vaifleaux étant ainfi obftrués,. la Sève paffe-
dans les vaiffeaux latéraux : & quand elle a gagné
la partie fupérieure de la plaie,, elle fuivroit
fa direction, mais la. force du poids de Fatmof-
phère l’entraîne, elle s’écoule, parce qufelfe n’effc
plus foureniie par la force, qui la faifôit monter».
Telle eft l’explication que M. Bell donne.de ce
phénomène, dans des Thèfes. de PlLyfjologïoe
Plantarum..
Quoique cette idée paroiffè rendre raifon „
jufqu’à un certain point de ce fait remarquable,,
cependant, en y réfléchiffantdavantage,,ons’ap-
perçoit bien-tôt que le poids de Fatmofphère;
s’oppofe tout autant à lia. l’ortie de la Sève, par
la partie fupérieure de l’arbre,, qu’à fa ib nie
par la partie inférieure. D’ailleurs, toutes ces;
parties font fi- poreufes, fi perméables à Fair,,
fi remplies d’air lui-même, qu’il- ne paroît pas-
que l'a preftion de l’air puiÏÏe y influer eonfiidé-
rablement ; quoique l’onnepuifle pas pourtant
la regarder comme étant abfoluirent nulle y mais,
sûrement fonaCïion-, quelle qu’elle foit, s’exerce
également en-tout fens. Ce phénomène nepour-
roit-il' pas être produit, comme M.. Defauflure-
le foupçonne, parce que la Sève monte par des=
vaiffeaux plus intérieurs* tandis qu’elle defeendi
S E V:
«ar ceux qui font plus voifins de la furface ? Ou
bien le-,corps du bois & de l’écorce ne leroit - il
pas affez fpongieux, pour repomper ces lu e s ,
a mefure qu’ils fartent de leurs vaiffeaux déchirés,
quand leur propre poids favorife ce reP°.1’’ "
peinent-, de même qu’une lifière de drap mouillé
plongeant dans un verre d’eau, n'en répand point
ji elle eft verticale, tandis quelle en verlera, Il
elle pend à terre? Cependant, comme on voit
toujours les bourrelets fe former f a i côté des
petits bouts des branches. lôrs même qu elles tonr
pendantes, on peut croire que, m la peianteur
ni la preftion n’ont rien à faire dans le phénomène
de l’écoulement de la Sève , & q u il m
produit, comme le bourrelet, par 1e retour de
la Sève qui defeend au travers de l’écorce, apres
-être montée au travers du bois. Voyei B o u r r
e l e t . • ; | - .,
Cette Sève aqüeufe n’eft pas la feule que 1 on
apperçoive dans les plantes : dès que les feuilles
paroiffent, elle ceffe de s’écouler par la feCtion
des branches , elle pénètre les boutons qui commencent
à fe développer, elfe erre dans les
feuilles qui s’épanouiflënt, enfin les feuilles lail-
fent échapper une très-grande quantité de vapeurs
qui ne donnent pas même une eau pure.
F o y q Transpiration. Imaginera-1-on que
cette eau qui traverfe les parties ligneufes des
plantes,' cette lymphe qui contient pourtant
quelques particules de matières difloutes dans
l’eau , Voye^ Lymphe , traverfe inutilement la
plante ? Il paroît d’abord, par mes Expériences,
que l’évaporation eft beaucoup moindre que la
fu&ion : enfuite on obferve dans la plante
d’autres fucs que la lymphe ; & ces fucs font
t o u t - à—fait différens d’elle, dès que la vigne
commence à prendre des feuilles; cette lymphe
v erdit, fon goût devient herbacé, ce' qui fait
fuppofer quelle reçoit alors une nouvelle élaboration
: cela eft d’autant plus vraifemblable que
cette liqueur eft plus épaiffe, qu elle a une autre
couleur & d’autres propriétés, Voye[ Sucs propres,
que la couleur de ce fuc eft affez analogue
à la couleur de celui qu’on trouve dans d organe
où il doit avoir .été élaboré : enfin on eft
plus porté à le croire, quand on fait que les
feuilles font des organes évaporatoires qui donnent
paffage à Une grande quantité d’eau.
On .obferve encore que ce fuc propre a une
marche différente du fuc qui part des racines
pendant le jour, ou des feuilles pendant la nuit.
il paroît d’abord qu’il s’achemine toujours vers
les racines; au moins dans toutes fes plaies des
arbres, je remarque 1e bourrelet fe former dans
la partie fupérieure de la plaie ; toutes les fois
que l’on fait éprouver quelque compreflion forte
à un arbre, le bourrelet paroît encore dans la
partie fupérieure ; & fi la branchj, eft pendante
▼ ers la terre , alors, en cas de plâie ou de com-
preffionj 1e bourrelet s’annonce du côté du petit
S E V M?.
bout. Mais on s’apperçoit davantage du reflux
de la Sève vers les racines, quand on coupe une
plante d’éclaire : on voit alors le fuc jaune fortir
de la partie fupérieure; on l’a remarqué de
même, quand on coupe une plante de tithymale.
Les Obfervations de M. Gautier, fur l’écoulement
de la lymphe fucrée de l’érable, apprennent
aufli que cette lymphe s’échappe de la partie
fupérieure de l’entaille.
On a fait quelques Obfervations fur les pins,
elles font affez remarquables pour être placées,
ici. Le fuc propre de ces arbres fort du haut &
du bas des entailles. Quelques Botaniftes ontjeru
que ces fucs avoient. peu de mouvement, &
qu’ils s’échappoient hors des entailles, parce
qu’ils étoient alors délivrés de l’écorce & du bois
qui: les retenoient : mais il faut avouer que ces
lues .ne coulent qu’un moment des parties fupé—
rieures .& inférieures des entailles ; tandis qu’ils
continuent, à couler de la partie fiipéricurë,
lorfque la partie inférieure ceffe d’en fournir ;
ce qui pourroit arriver, parce que 1e poids de
l’atmofphère aide alors à la chute de ces fucs
que rien ne retient dans les branches de pin
horizontales ou courbées vers la terre. En géné^
r a l, le fuc propre coule toujours de la partie
la plus éloignée des racines, de forte que le
cours de ce fuc n’eft jamais dans la direélïon des
racines vers les branches, mais toujours dans
celle des branches vers les racines.’ • ; -
j ’ajouterai à toutes ces preuves, que fi l’on
| enlève un anneau circulaire d’écorce à une tige,'
ou à une branche, il fe fait un écoulement
plus grand dans- la partie fupérieure que: dans
l’inférieure. Ce qui femble montrer qu’il defeend
plus de liqueurs qu’il n’en monte. Si Fon fait
cette opération fur un cerifier, la gomme ne découle
que de la partie fupérieure..
Pour compléter la démonftration de la Sève
defçendante, j’ajouterai quelques remarques faites
par l’Auteur de l'article Bourrelet, du DiClion-
naire d’Agriculture, qui raffemble des Obferva-
tions très-curieufes & très-nouvelles fur ce fujeL
Il dit avec raifon, que l’exiftence de la Sève
defçendante eft établie, parce que l’accroiffeinent
i des arbres en groffeur fe fait entre l’écorce & le
bois ; parce qu’il a vu les bourrelets fupérieurs des
plaie’s annulaires, d’autant plus gros, qu’il y a plus
de branches au-deffus d’eux , & mie les branches
font plus hautes & plus groflés ; & parce que les
feuilles font des organes abforbans. Il confirme
cette vérité par une obfervation particulière ;
il a remarqué que la partie d’une branche qui
étoit au - deflûs d’une plaie annulaire faite à
cette branche, avoit pris un grand accroiffement,
tandis que celle qui étoit au-deffous n’avoit
fouffert aucun changement dans fon diamètre :
& il en conclut avec raifon, que, comme le
I bourrelet étoit defeenâu pour couvrir la plaie,
I comme la production de ce bourrelet s’étoit
? K k ij