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faite entre l'écorce & le bois, & comme le ralen-
tiffcment de la Sève par la plaie annulaire,
avoit favorifé l’accroiffement de la branche au-
deffus de la plaie, il falloit conclure que la
Sève defcendoit pour produire ces effets, qu’elle
defcendoit avec effort, puifqu’elle produilbit un
renflement, & quelle s’accumuloit à caufe de
l’obftacle apporté à fa progreflion.
Le bourrelet qu’on obferve quelquefois naître
de la lèvre inférieure des plaies annulaires faites
aux arbres , ne fait point un obftacle à la preuve
que le bourrelet fupérieur des mêmes plaies
& les autres obfervadons, rapportées par cet
Auteur, fourniffent en faveur de la Sève descendante
: Parce que ces deux bourrelets font
du même genre, & doivent avoir la même origine :
parce que la Sève defeendante peut produire
les fibres de ce bourrelet inférieur, quoiqu’il
s’accroiffe en montant, comme elle produit celles
des feuilles- & bourgeons qui croiffent aufli en
mon tan r.
Enfin ce bon Obfèrvateur confirme toutes
les preuves fur la réalité de la Sève defeendante ,
en parlant des bourrelets faits par une ligature;
il paroît d’abord fingulier que ces ligatures ne
produifent pas fur la maturité des fruits le même
effet que, la plaie annulaire pendant la première
année ; mais on font bien-tôt que la Sève d'efeen-
dante ne peut être alors totalement arrêtée :
d’abord parce que la compreflion nê peut pas être
affez forte ; aufli, quand la partie liée■ s’accroît
d’une manière fenfible; quand la ligature agit avec
plus de force, le bourrelet annulaire fupérieur
à la ligature devient pareil au bourrelet fupérieur
de la plaie annulaire, & depuis cetre époque
les effets de la ligature font les mêmes que
ceux de la plaie annulaire;
Cette Sève feule defeendante paroît développer
les boutons, les branches, les racines'; car
il n’y a point de boutons; débranchés, de racines
fans bourrelet. Il efl clair que le bourrelet eft
plein de fuc, & c’efl fans doute ce fuc fi abondant
dans le bourrelet, qui détermine Je développement
des boutons , 8î enfui te celui des branches
& des racines, fuivant la place quelles occupent,
©u le milieu dans lequel le développement s’opère.
Voye[ Branches , Boutons & Bourrele t.
Tandis que la Sève, qui efl confiamment répandue
dans toutes les'parties d’une plante, ne
laiffe aucune trace perceptible de fa préfenee;
le fuc propre qui paroît defeendre, laiffe des
marques évidentes de fon paffage.
Je n’ajouterai qu’une réflexion ; on obferve
que les plantes du genre des caélus, qui ne fe
îiourriffent que par leurs parties vertes, '& qui
croiffent fur les rocs les plus arides, végètent
vigoureufeaaent quoiqu’ils foient hors de terre.
M. YanMarum, dans une Diflèrtation deMotu ,
jluidorum in Plantis , dit qu’il a vu à Gottingue •
Je Ca d u s heptagonus de Linné, végétant quoi-
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f qu’il fût fufpendu depuis quatre ans au plafond
de la falle. 11 falloit donc que la Sève abforbée
par la partie verte de cetre plante , remplaça
celle qui auroit été tirée pour les racines , &
qu’elle fut portée dans route la plante pour la
nourrir après avoir été élaborée.
Il y a fouvent des cas particuliers qui méritent
attention, parce qu’ils offrent des points de
vue propres pour éclairer la théorie ; ainfi, par
exemple, un arbre ctêré, fans branches & fans
feuilles, pouffe avec vigueur de nouvelles branches
; cependant les feuilles n’élaborent aucune
Sève ; malgré cela les - racines fe confervenr.
D’où vient alors le fuc propre pour les nourrir ?
cette objection que je me fuis faite me frappa
d’ab-srd. Mais en y réfléchiffant, je vis bien-tôt
que le Printemps offroit toujours un phéno-
J mène feinblable. En effet, quoique les arbres
j foient alors tout-à-fait dépouillés de leurs feuil-
I | les, les bourgeons fe développent, les boutons s’épanouiffent, les racines pouffent : il faut donc
que la Sève y parvienne , & que cette Sève foit
un aliment propre à opérer ces changemens.
Il y a plus ; les arbres qui pleurent laiffent échapper
une quantité de Sève confidérable , & cette
Sève s’échappe par l’extrémité des farmens les
plus longs ; il faut donc que le parenchyme de
l’écorce, foit alors l’organe élaboraretir des fucs
propres; & cet organe fe confervc entièrement
dans la partie de l ’arbre qui fubfifle.
Je fuis bien éloigné de croire que , dans tous
ces cas, il n’y ait pas de tranfpiration. D’abord
les pleurs de la vigne remplacent cetre évacuation
pour cetre cfpèce de plantes, qui pleurent
au Printems. Mais je crois qu’il y a une élaboration
réelle des fucs fournis par les racines ; '
& par conféqutnt une évaporation continuelle
des fucs fuperflus. L ’arbre étêté doit îaiffer une
foule d’ouvertures qui donnent un paflage libr«
à la Sève , foit en maffe comme dans les pleurs,
foit par le moyen de l’évaporation au travers de
l’écorce. D’ailleurs il eft très-vraifemblable qu’il
ne s’élève que la Sève néceffaire pour le développement
des boutons à feuilles & à fruit,
qui doit avoir lieu ; parce que les racines font
toujours proportionnées en nombre & en capacité
fuçante à celui des branches & des boutons
afpirans, qui fe développent. Aufti les racines
d’une plante pétillent quand on retranche fes
branches ; & les racines les plus fortes foRt
toujours du côté des branches les plus vigou-
reufes. Outre cela l’écorce neuve, les bourrelets
qui fe forment fur les plaies, reffemblent beaucoup
aux feuilles. Il y a une foule de boutons à
développer qui jouent d’abord le rôle des feuilles
; & quoique ce foit en petit, il n’en a pas
moins fon effet. Il faut dire la même chofedcs
plantes qui pleurent, leurs boutons contribuent
-fûrement à attirer cette Sève. Sans doute c ’eft
avec moins d’énergie que les feuilles ; mais une
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plus grande force feroît inutile. Il efl vrai que I
d'abord après l’apparition des feuilles les pleurs
font, arrêtés : cela doit être encore ; parce que
cette Sève trouve alors une ifiue dans les feuilles
elles-mêmes ,, foit par la nourriture qu’elle
leur fournit , foit par 1 évaporation quelle y
éprouve. Outre cela la partie élaborée fert
au développement de toute la planto , de forte
que ces lues attirés parles racines, ont fur-le-
champ la place qu’ils doivent occuper ; & le
fuperuu difparoît par la tranfpiration.
Après avoir conndéré l'cxiftence de la Sève &
des lires propres, après avoir déterminé jufques
à certain point leur cours ; il faut rechercher
quelle petit être la force d’afeenfion de la Seve.
Haies, dans fa fublimé Statique des végétaux, a .
démontré que cette force d’afcenfion étoit telle ,
qu’elle pouvoit élever la Sève quelquefois juf—
ques à quarante pieds dans les feps de vigne.
Mais quelle efl la caufe de cette force prodi-
gieufe? c’ efl un des phénomènes phyfiques, que
je crois couvert par les ténèbres les plus épaiffès.
Voici toutes les circonflances connues propres
à éclairer cer effet remarquable. M. Walker dans
les Tranfactions dé la Société Royale tf Edimbourg,
T. I , rapporte plufieurs expériences curieufes
qu’il a faites à cette occafion fur le bouleau.
El}es prouverit que’ la Sève monte encore l’écorce
& le bois , & qu’elle efl mife en mouvement
par le foleil. Une fuite de beaux jours
éclairés par cet aflre, & pendant lefquels la chaleur
s’accroît, fait monter la Sève graduellement.
Cela arrive encore fl la chaleur fe foutient au
même degré : une journée chaude fait monter
la Sève à un point qu'elle n’attemdra pas le lendemain,
iï l’air fe refroidit : une fuccefüon dë
jours un peu plus froids, produit feulement par
la même ration l’effet qu’un feul jourl chaud
auroit pu amener : On comprend aufli par-là,
comment cette Sève relie quelquefois flationnaire.
Quand le bouleau commence à pleurer, fi le
thermomètre de Fahrenheit eft à midi a 40 degrés,
ou entre 46 & 40, pendant qu’il efl à minuit,
entre 40 & 4 4 , fa Sève, fait un chemin d'un
pied en *4 heures dans le tronc du bouleau :
lorfque le thermomètre efl à midi à 44 degrés,
& à minuit à 58, la Sève n’a eu perdant
deux jours qu’un pied d’afcenfion: & elle ne
s’élève point du tout, quand la chaleur à midi efl
au-defl'ous de 40 degrés. M. Walker a vu la
Sève marcher plus vite du côté expofé au froid,
il a cru remarquer que les couches hgneui’es y
croiflënt plus vite , qùe U Sève en montant fé-
pare les différentes1 couches ligneufes, qu’elle
entre dans les branches pendantes plutôt que
dans celles qui font droites, qu’elle s’infinue plutôt
dans le jeune bois que1 dans le vieux , &
qu’elle eft un peu arrêtée à la bifurcation des
branches. Quand on coupe quelques branches on
obferve la Sève découler plutôt entre les couches
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F ligneufes que des couches elles-mêmes. En général,
les entailles faites au bouleau fourniffent leur
eau tant que le foileil lu it, elles ceffent de couler
quand le foleil fe couche. M. Walker croit que le
froid ne s’oppofe pas toujours à fafeenfion de la
Sève, mais que la chaleur en eft l'agent général.
Il paroît encore que fi les pleurs coulent
jour & nuit, ils coulent fu r - to u t pendant le
jou r, c’eft-à-dire , lorfque l’évaporation fe fait
par le moyen des feuilles, quand les plantes en
font couvertes. Il eft pourtant important d’ob-
ferver que les pleurs les plus abondantes ne coulent
que lorfque la chaleur eft modérée ; & s’il»
font fupprimés quand l’air eft f e c , ou du
moins s’ils diminuent alors confidérablement,
c’eft fans doute, i.° parce que l’évaporation qui
fe fait au travers de l'écorce de la plante eft
alors*confidérable, & i.° parce que le terrein
fournit beaucoup moins d’eau à la plante. C’eft
peut-être pour cela que les pleurs coulent
fur-tout au Printemps & en Automne : quoique
ces deux faifons n’aient pas feules le privilège
excluftf de produire cet effet, cependant c’eft
à l’aridité de la terre pendant l’Eté qu’il faut
attribuer la fuppreflïon des pleurs, lorfqu’on a
dépouillé un fep de fes feuilles. Il arrive encore
que le retranchement du'farinent coupé à un
pied de la fouche , ne produit pas même alors
des pleurs comme au Printemps, quoique la
plante foit à tous égards dans les mêmes circônf-
tances, & quoiqu’elle foit encore pleine de
fucs. Mais il paroît que la petite quantité de
Sève qui monte après la fuppreflïon des feuilles
s’évapore dans le corps de fouche, & que la
Sève oui monte jufques à la feéftion, s’évapore
à mefure qu’elle y éprouve Fàétion de l’air &
de la chaleur.
On auroit remarqué peut-être dans la Sève de
la vigne des balancemens eorrefpondans aux
mouvemens du thermomètre, fi l’on avoir fuivi
les pleurs de la vigne comme la Sève du bouleau :
mais on peut dire que la Sève monte lorfque
le foleil agit fur le fep , & quelle redefeend
quand le foleil eft caché. II faut faire une plaie
au farinent pour avoir des pleurs : ce qui :up~
pofê qu’ils s’échappenr au travers de l’écorce,
quand il n’y a point d’iflùe plus facile. . ,
En général, les jeunes feps donnent proportion»
nellement plus de pleurs que les vieux, & cela
doit être, parce qu’ils ont aufli une force a f -
pirante beaucoup plus grande.
M. Gautier apprend que la Sève de l’érable
ou fon fuc ne commence à couler quJ au mois
dé Novembre , après la chute3 des feuilles, lorfque
le thermomètre de Réaumur efl à 4 degrés
au-deffous de zéro; il coule pourtant alors moins
abondamment qu’au Printems. L ’tàu fucrée de
l’érable s’échappe de cette manière pendant tout
l’Hiver , quand on fait des entailles à cét arbie :
mais l’écoulement va toujours en augmentant