
a autant de Piflils que de graines. Cependant là
fleur d’orange n’a qu’un Piftil , quoiqu elle ait
fouvent quinze pépins : le poirier qui a cinq
Piftils a dix pépins : la grenade qui a un fi grand
nombre de pépins n’a qu’un Piftil. Dans plu-
fieurs fleurs le ftigmate le partage en autant de
parties que le renflement inférieur contient de
loges -, comme dans la tulipe , & dans prefque
toutes les liliacées où le ftigmate fe divife en trois
parties, parce qu’il y a trois cellules qui renferment
les graines. Les ombellifères, qui portent
deux femences, ont leurs ftigmates doubles. En
général le nombre des ftygmates eft proportionnel
à celui des logettes qui renferment les graines.
Mais M. Duhamel croît avec beaucoup de raifon
que chaque logette à fon ftyle & fon ftigmate,
& que tous ces ftyles fe réunifient & neparoif-
fent n’en former qu’un feul.
M. Bonnet, dans un Mémoire fur la fécondation
des Plantes , décrit fort bien les moyens de cette,
fécondation : ce grand Obfervateur apperçut
dans un lis orangé , une ouverture entre les
pièces qui forment le ftigmate : il y introduifit
une épingle : ces trois pièces fe féparèrent alors,
& p'rèfentèrentl’évafement d’un grand entonnoir,
qui donnoit une ouverture fuflifante pour le
paffage des pouflîères. Ces trois pièces du ftigmate
ont une force de reffort, qui leur permet
de s’ou vrir, & de fe fermer, pour fermer
7>uvrir l’ouverture du ftigmate. 11 a vu les
mêmes particularités dans les Piftils de l’oranger
& du tilleul. Linné & Gleditfch ont remarqué
que le ftigmate repofoit fur le ftyle qui eft un
tube de communication avec le germe.
Hill, dans le chapitre VIII de fon EJfai d’unSyf-
tim'é fur la génération des Plantes, a obfervé pareillement
que la tête du Piftil d’une efpèce d’a-
mariilis, étoit compofëe de trois parties rondes,
qui reffemblent à des ferions coniques .irrégulières,
dont toute la furface eft couverte de petites
bofles blanches comme la neige : la tête du
Piftil eft cramoifi \ on découvre au milieu une
matière blanche & fpongieufe ; les parties qui
Vêchappent, font fermées à l’extrémité, & reffemblent
à des clous : mai-s les parties qui for-
‘ tent du milieu blanc de ces fedlions coniques
font ouverte?, & deviennent les embouchures
d’une quantité égale des tuyaux plus grands que
les autres : ces ouvertures ont une capacité fuf-
fifante pour recevoir un. grain de pouflïère, Il
paroît donc clairement que l’évafement du ftigmate
, & -fon ouverture fe prolongent dans un
tube formé par le ftyle, & defcenaent jufqu’au
germé. On peut s’en affurer fur quelques plantes,
en coupan t'des tranches minces aux Piftils, & en
les mettant fous le microfcope. Mais tous les
Piftils n’ont pas ce tube, peut-être le remplacent^
ils par des pores particuliers.
Quoique les cinq ftyles de la fleur du poirier,
' mroiftent implanté? fur le mêute gerpie, on ]fS
Voit pourtant traverfer un canal glanduleux«
Dans le centre de la poire, il y a une cavité bordée
de cinq arêtes formées par la prolongation des
Piftils. : & chacune de ces arêtes répond à une
cap fuie où font les deux pépins.
Linné fait remarquer deux qualités particulières
aux Piflils. ï.° Ils n’ont point d’épidèïme &
d’écorce, comme les autres parties des plantes.
2.° Ils font toujours humides.
On a des exemples de Piftils furmontés d’une fécondé
fleur, ou d’une touffe de feuilles, cela fe voit
fréquemment dans les fleurs doubles des cerifiers.
Le Piftil de l'eryfmum officinale > qui eft lui-
même la capfule & les panneaux de la filique,
fe change en vraies feuilles. Voye% Journal
de Genève, 1791.
Je l’ai déjà dit bien des fois, la variété qu’on
obïferve dans les mêmes parties des jftantes différentes
, à divers égards, eft prefque aulli grande
que leur reffemblance à d’autres. Ce qui prouve
que ces différences dans l’organifation , influent
lur celles des produits -, & que c’eft à cette réunion
de différences obfervéesdans les différentes
parties de chaque efpèce , qu’il faut attribuer la
différence d’odeur , de couleur , de formes, de
goûts, & c ., dans leurs feuilles, dans leurs fleurs,
dans leurs fruits, &c.
Ces différences fe remarquent de même dans
les Piftils : & elles donnent naiffance à un caractère
Botanique , dont on rak ufage dans la nomenclature.
Je ne m’arrêterai pas à faire connoître
ces différences,, on les trouvera dans le Diéliôn-
naire de Botanique.
Les germes ont aufli différentes formes : les
uns font ovales,' d’autres cylindriques, d’autres
fort minces & alongés7 d’autres pyramidaux,
d’autres comprimés & applatis. Voye\ Graines.
Quant à l’ufage des Piflils, il ne femble pas
- équivoque : cet organe paroît évidemment très-
importarj-t dans la formation des fruits, comme
je l’ai remarqué en parlant de la fécondation.
On s’en convaincra-mieux, fi l’on fait attention
à la fituation des Piftils : le ftigmate eft toujours
placé de manière qu’il -peut recevoir les pouf-
fières des étamines : dans la plupart des Piftils,
il y a une ouverture qui leur fait ùne communication
de l’extérieur, avec le germe : outre
cela, les étamines font placées de manière que
leurs pouflîères peuvent fe verfer dans le ftigmate :
& fi cette pofinon des étamines n’efl pgs favorable
pour ce,tre opération, alors les étamines fe placent
de manière qu’elles puiffent remplir ce but
dans le moment où les pouflîères s’en détachent.
Mais comme les ftigmates ne font pas toujours
découverts, ils fe découvrent au moins toujours
quand les étamines répandent leurs pouflièrés.
C’eft ainfi que lorfque les pouflîères dé l’yvraie
font prêtes à s’ échapper & à fortir de leurs coques
, on voit fes ftyles & fes ftigmates fortir des
tégumensete l’épi,
( le s 'ftigmates tombent dans U plupart des
fleurs, quand ils ont rempli leur fonéhon : ce
qui prouve au moins que les ftigmates. font înm-
«les pour le développement du germe-quand il
eft fécondé. , H H
' Enfin ,ii l’on coupe les fligirates, s il» font
altérés par les infeftes avant la fécondation , il
•n’y a pour lors , ni graines m fruit qui fwjent
formés : ce qui montre Lmportance de cçt or- ,
cane pour leur production. ■ ■'
Mais le Piftil ne finit pas. dans le meme rems
que le ftigmate: il fert encore au développement
de la graine. Le germe eft enfermé dans la baie du
Piftil où il exittoit avant la fécondation■ , & ou
il fe développe fans tirer peut-être aucun lecours ;
du fruit : il paroît au moins que la graine ou i
l’amande vivent aux dépens des liqueurs contenues j
dans leurs enveloppes, & apportées par les vail- ;
féaux du pédoncule : l’amande ne paroît le former
que quand la boite ligneufe s’eft endurcie- le i
vaiffeau ombilical eft alors prefque defféché.
Quand on étudie aveefoin dans les poires les cinq ;
logettes & lés dix pépins , qui étoient a la baie du
Piftil de leur fleur, on peut apperceveir les filets
du ftyle, dans le prolongement du Piftil.
M. .Duhamel rapporte qu’ayant coupé des
noix dans le moment où l’amande avoit une
forme glaireufe , les cernaux s’étoient prelque
aufli bien formés, que fi les noix raflent reftees
fur l’arbre : ils étoient plus petits, quand on
les tenoit dans un lieu f e c , parce î ue J.eur
tranfpiration y étoit moindre: mais ils conler-
■ voiem leur groffeur naturelle dans les lieux humides
comme une cave. Voyei Fécondation.
PIVOT. Racine qui sfenfonce perpendiculairement.
Elle eft le développement de la radicule
qui gagne la terre par la tendance que
nous lui avons reconnue , pour cette direction.
V°yci Direction des tiges, Germination,
Racines, Radicule. 1 ,
On lit avec plaifir les fortes raifons oe 1 Auteur
du Dictionnaire d’Agriculture, pour conferver
le Pivot aux plantes qu’on veut tranl plan ter,
& la manière dont il combat le préjugé impérieux
des Jardiniers qui leur fait retrancher cette racine.
Ses raifons font fans répliqué. Elles-font
fondées fur l’indication de la Nature qui montre,
parla direction au’ elle donne à cette racine, celle
qui lui convient ; fur la néceflité de laifler des
moyens utiles à la plante, fans efpércr de lui en
fournir de meilleurs -, fur l’importance d éviter
l ’extravalation dès fucs occaflonoés par cette
plaie; & fur la confidération de la mauvalle
forme que prennent les arbres mutilés, qui ne
pouffent des branches que du côté où Us pouffent
de fortes racines. Aufli les arbres, qui ne font
pas replantés, font plus fai ns, plus robufics,
& plus long-tems vivaces que les antres. La radicule
feule, qui n’eft qu’un Pivot, favorife les
premiers développetnens de la plantule, qui
Phyf&logu végétale* Tome J." ï>** Partie.
font pourtant les plus çonfidérables ; fk les plantes,
dans leur enfance, font, pour 1 ordinaire;,
très-droites. _ , . e
PLAIE. La fu b fiance des plantes qftaffez molle,,
pour fouffrir quelque ahératiou, par faèlion dçs
-corps durs qui agi&nt fur elle. Et cette altération,
toutes choies d’ailleurs égales, feroit proportionnelle
à la dureté de la plante, quand les
chocs des corps féroiem égaux. En général, on
donne le nom de Plaie à toute eipèce de lolution
•de continuité eft'eèHiée lur une plante, par un
accident quelconque.
Il y a diverfes el'pèces de plaies, plus ou moins
dangereufes : celles qui entament légèrement
l’écorce , l'ont réparées bien-rôt ; & elles ne la^t-
fent aucune cicatrice. Une nouvelle écorce j e
reproduit & remplace celle qui avoir été enlev ée,
Si la .Plaie entame le liber,.elle devient plus
difficile à guérir, & elle ne fe confolide pas fans
dcatrice : il fe forme un bourrelet autour de la
Plaie- & ce bourrelet, en grqfïiffatu & en fe
rapprochant, recouvre la partie qui avoir été
enlevée, quand elle n’eft pas bien grande.
Enfin fi la Plaie s'étend jufques dans le boi
parfait, les fibres ligneufes ne fe rapprocher;'
plus ne fe fond eût; plus : mais les parties v o ifr
nes de l’écorce fe gonflent, p rê ta ien t un bourrelet
comme dans le cas précédent, & s il e«
noifible recouvrent te bois entamé. Mais ellet
ne forment aucune union avec lui; & le nouveau
bois formé eft fans aucune adhérence avec le
vieux bois qui exiftoit avant la Plaie.
Si le trou, qui fait la Plaie, eft trop grand, le
bourrelet ne le ferme pas complètement : on
voit alors luinter une humeur plus ou moins
brune entre l’écorce Scie bois; le bourrelet s enfonce
dans la cavité du bois ; & il laifle lin vuide
plus ou moins grand, fuivant la grandeur du
Ir°Le bourrelet fe montre d’abord dans la partie
fupérieure, puis dans les côtés , enfin dans 1*
partie inférieure où il eft toujours le plus petit.
Ouand on recouvre la Plaie avec un tubp de
verre , *n peut voir jufqu’i un certain point le
procédé de la Nature : on s’apperçoit qu il iore
de la partie fupérieure de. la Plaie un bourrelet
calleux, qui fe montre enfuite fur les côtés, «c
nui defeend à la partie inférieure; on découvre
encore fur la furfaee du bois des corps gélaii-.
neux & ifolés, femblables à ceux qu offrent le
bourrelet ; ils earoîffent fortir des mterftices des
fibres de l’aubier qui relie attaché au bois ;
on diftingue enfuite furie bois des taches rouffes,
nui paroiffent des membranes & qui font des
couches naiffantes; elles s’épaiffiffent peu-a-peut
des produêlions grenues, blanchâtres, gélan.
neules foulèvent ces feuillets membraneux : cettp
celée devient grifp , puis verte : ëç tputes ces proc
duclions en fe'prolongeant de haut.en bas.,
recouvrent la pla ie, & tprwePt la cicatriça.