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périrent, parce qu’il relia dans ces- terres des fels
âcres qu’il eft impoflible d’en féparer ? Le goût
manifefte au moins ces fels dans les Terrés chimiques
le plus foigneufement lavées.
M. Giobert expofà à l’aélion du feu, pendant
une heure, une portion de Terre très-fertile , il
la mit enfuite dans un vafe,. l’arrofa, y fema
des grains de bled qui y germèrent & le déve- ;
loppèrent ; mais cependant moins bien, que le ;
bled femé dans un terrein argilleux le plus Hé- I
rite du Piémont. Ce qui apprend clairement .
que le feu enleva à la Terre fertile , les principes
de la fertilité. D’un autre côté cependant,
l’eau rendit fertile la Terre qui avoit été feulement
defîèchée , fans doute , parce quelle n’a-
.voit pas été calcinée, ou parce que tous fes
principes volatils n’en avoient pas été enlevés.
Il faut pourtant obferver que les Anglois emploient
avec fuccès comme engrais des argilles
brûlées , des débris de briques. & de fours de briques
&c. mais cela ne fertilife vraifemblable- .
.ment les Terres, que par le mélange, & cela ne
fer viroit à rien li on l’employoit feule.
On a fait diverfes analyfes de la Terre fertile ;
comme elles font affez différentes, j’en rapporterai
les principaux réfultats. Ceci me paroit fort
utile pour éclairer la Phylîologîe végétale &
l’Agriculture.
Haies a retiré d’un pouce cubé dp Terre, 43
pouces d’air par la diftillation.
Home, dans fes Ele'mens a?Agriculture, dit, que
la Terre noire fournit de l’air fixe, des parties
huileufes de l’alkali volatil.
Bergman trouve que la meilleure Thrre pour
la culture contient deux parties de Terre calcaire
, une. partie de magnéfie, quatre parties
d’argille, & trois parties de fable.
MM. André & Parmentier ont prouvé, l’un
par les terres de l’Eleélqrat d’Hannovre, le fécond
pour celles des environs de Paris, qu’il n’y a
point de Sels dans' les Terres, que les fumiers y
portent tous ceux que Fanalyfe végétale & animale
peut fournir. Il paroîtroit démontré d’après
ces obfervations, que les fels mis en Terre nur-
fent à la végétation quand ils font trop abondants, ■
& qu’ils font inutiles quand ils ne nuifent pas.
Cependant, fi l’on parcourt les ouvrages d’Agri-
culture s un trouvera mille expériences qui fem-
blent propres à établir l’utilité du fel, confidéré
comme un engrais. Mais aufii l’on lait combien il
faut fe défier des expériences faites jufques à pré-
fent par les Agriculteurs.
M. Giobert a analyfé le terrein fertile du
Piémont. Il obtint 20 à 30 grains par livre
d’une matière extraéHve : l’eau de cette matière
en £è concentrant devenoit gélarineufe comme
une diffolution de gomme arabique: elle fe pourrit
hien-tôt à l’air libre : le réfidu de l'évaporation
fut combuffible, brûlant avec flamme &
fumée : les cendres firent efieryefcencc avec les
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acides : le fel eft décompofé par l’alkali fixe, une
fubftance calcaire refte fur le filtre, elle eft dif-
foute par l’acide nitreux & vitriolique , • ce qui
a formé avec elle une félénite que l’acide du
fucre décompofé.
Par la diftillation , on a de l’eau pure qui
jaunit .& brunit; on retrouve dans la cornue de
Feau. jaune avec une odeur empyreumatique>
oh y^ voit furnager une matière hliileufe \ mais
on n’y apperçoit aucun alkaîi volatil -, cette eau
rougit la teinture detournefol, fournit un dépôt
calcaire avec l’eau de chaux , l’efprit-de-vin en
emporte une partie jaune qui reffemble à la
réfine.
L ’acide vitriolique donne Facide fulphureux;
le terrein ! pouffé au feu dégage un affez grand
volume d’air ; j étoit de l’air fix e , le rèfte de
l’air inflammable lèmblable à celui du marais,
il y avoit auflî de l’air flogiftiqué : 2<5 liv. de ce
terrain contenoient 1808 grains d’eau Si 19 grains
d’air.
M. Giobert croit qu’un terrein peut être également
fertile, quoique les proportions de Terres
élémentaires varient, pourvu que ces proportions
foient telles que tout ait la même dîvifibilité, &
la même ténacité, ou la même force de cohéfion,
ou la meme tendance à l’union.
Voici des tables faîtes pour le Piémont qui
pourroient être utiles ailleurs, & qui décOûvri-
roient une nouvelle méthode pour fertilifer les
Terres. .
Terres fertile s-
Contenant 7 7 79 parties de terre filiceufe.
9 14 dargilé pure.
- 5 12 de chaux pure.
Terres moins fertiles.
48 80 parties de terre filiceufe.
7 22 argile pure.
6 i s terre calcaire.
Terres fer lies.
42 B8 parties de terre filiceufe.
20 30 . argile pure.
4 2o terre calcaire.
Je finirai ceci en donnant une analyfe minu-
t eufe du terreau & de la terre faite par
MM. Fourcroy & Haffan Fratz , & publiée
dans les Mémoires de la Société d’Agriculture de
Paris, Trimeflre d’Hiver & du Printems , pour
Il a analyfé une livre de terreau réfuitant
du fumier de cheval qui avoit fervi" de fondement
à une couche , & qui fut employé
; l'année fuivante dans un mélange avec d’au—
j terres. § puces contenoient 9$ grains
[ d’air fixe»
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Fumier non décompofé
Petits cailloux....................................
S é lé n i fe . . ................... • | ......................
Acide crayeux............................
Goudron... ...................................
Eau, Huile, Alkali volatil.........
Charbon dans l’air f i x e . . . . . . . .
Eau décompofée.. . > • • • • • * • •* •
Air inflammable & ^Charbon...
Charbon par le g r i l la g e . .. .. . ..
Terre argilleufe..............................
Terre calcaire................................
Terre de fer & de manganèfe.
Chaux de manganèfe................
Terre lilicé e ....................................
T E R 1 7 7
Perte.
Racines..
Caillou..
Sélénite.
onces, gros, grains.
vapo;rifce..................... . . . . . 3 ' i
diffilîée.. .............. I 4
décompofée. ......... .. u 5^
Eau, . . .
Huile..
Carbone.
Gaz.
( l i q u id e . .. . ; . ......... .......... n
J folide.. ..................... . j f
( dans la cornue............ .. //
f dans l’air fixé....... ............. //
; \ dans le gaz hydrogène &
t azotique......................... //
J azotique . . . . . . . . . . . . . . . n
hydrogène............... .. . . - //
■ | pour la concentration des
CTQ-Ï #
l8
S I
67: 1
68 V
IÓ j
I?, 51
1,43 1
Terre calcaire.. . . . . . ......... .......................................
Oxide de fer & de maganèfe. . ............. ...........u.
Alumine K . . . . ;. • •. : vw. . . . -■ » • . . . . . . .
Magnéfiev. ........... ...................
Erreur......... .. l iP É ............................. .. • *......... .. *
// onces. 1 gros.
1
1 grains.
! u . ’ 6
// ■ H 18
| n: H 9 , 5 1 1 40
5 5 28
// 7/ 18 ,16
H // 44,28
7/ 2 17
3 II 1/
U I 14
| H // 5»
U H 70
// U 2
3 6 19 .
15 7 67. 9
H n H 4 6
16 // ' II
Bruyères.
r onces. 3 sros- 14 grains.
1 // //
u 3 5
6 2 28,44
» 3 É3
ïr- 4 1 7 ; H
» tr |
6 2 *7 H // 2
N I 67 H H l 6
// n Z
l6 u n
On voit, dans ces Tableaux, les élémens que
les végétaux trouvent à élaborer d^ns la terre -,
& on peut juger par eux de la folidité de la
théorie que nous avons expofée, en fuppofant
notre profonde ignorance de b Chimie de
la*Nature, qui ne nous permet pas d’imaginer
comment elle forme les différentes parties des
végétaux, leurs fluides, leurs différens goûts ;
leurs différentes couleurs, & leurs différentes
. odeurs»