
ment : les premières font corticales ,• les fécondés
ligneufes.
Les Epines corticales comme celles de l’églantier}
de la ronce ne tiennent qu’à l’écorce:
& en dépouillant ces plantes de leur écorce, foit
lorfqu’elles font en sève, foit par la macération,
on enlève l’épine avec i’ééorçe, &.elle ne laiffe
pas la moindre impreffion fur le bois : il paroi-
troit même que l’épine repofe fur le réfeau
cortical , & qu’on ne diftingue d’autres traces
de fa préfence , finon que ce réfeau eft un peu-
plus ferré à cette place..
Si l’on fend une Epine en deux jufques à fa
h a lé , on verra que l’èpine n’a aucune communication
ni avec la moelle, ni avec le bois,
& qu’il y a même une couche corticale , entre
le bois & elle. M. Muftel a cru remarquer la
moelle dans l’épine , mais il n’a vu aucune communication
entre cette moelle & celle de l’arbre.
L ’épine comme le bois eft formée de plufieurs
coiiches. Cependant M. Duhamel croit que les
Epines font dépourvues de liqueur: quand la
fubftance lignëufe s’eft endurcie , leur couleur
intérieure eft brune, il femb ferait que l’épine
prend fon accroiffement, lorfque la branche eh
tendre , & qu’elle fe développe*
Les Epines ligneufes comme celles des orangers
& des pruniers , ont un noyau ligneux
couvert par l’éeorce qui fe durcit, & qui devient
tranfparente dans l ’oranger & le prunier : les
fibres ligneufes s’écartent pour laiffer un paffage
à l’épine , les couches ligneufes enferment le
noyau & l’éçorçe recouvre la branche &
l ’épine.
Il faut remarquer que dans quelques arbres
& arbuftes, comme le prunier, l’épine porte
quelquefois dès boutons : & alors la portion de
l ’épine qui eft au-deftus du bouton ? eft un ;
bois mort..
On obferve que le bois de- ces Epines eft un
bois plus dur que celui de la branche, quoiqu’il
foit plus jeune. Gela viendroit-il d’une
réunion plus étroite .d’un plus grand nombre de
fibres ligneufes?
Quoique les Epines du. prunier fourniftent des
boutons, elles diffèrent des branches, parla moelle
dont elles font privées., parleur pofition, elles
s’implantent dans la branche prefque perpendiculairement
, tandis,que fes: jeunes rameaux font
un angle de vingt-cinq degrés. Les boulons produits
par les Epines ne donnent que des feuilles,
©u des branches chiffonnés qui périffent bien-tôt ;
ces branches font terminées par une Epine * &
les autres, .par un bouton. Les Epines font
placées au bas des branches, & elles font plus
ou moins grandes fuivant lavigueur.de l’arbre, les
jeunes-hianches.aucontraire fortent de l’extrémité
des vieilles. Enfin les Epinés naiffent toujours au^*
dçffous des branches & des boutons*
L ’extrémité de l’Epine eft corticale , trante
; parente quand elle eft jeune ; mais eïieffe def*
fèche en vieilliffant. L ’Epine croît avec la branche,
elle vit une année ; elle prend alors une couleur
noire , perd les. fluides qui y circuloient ; plus
l’Epine eft éloignée de fabafè , plus elleduryt:
| la pointe eft toujours la partie la plus, dure.
J ai dépouillé de jeunes marrons, des branches
de ronces & de rofiers de leurs épines; j’ignore
quel en fera l’effet. Il ferait curieux de chercher
l’influence de la greffe. Mais il paroît que les
Epines ne font pas effentielles à la végétation,
puifque tant d’efpèces en font privées. On fait
encore que la culture fait difparoître les Epines
du houx & du prunjnelier ; la vieilieffe produit
le même effet fur le houx.
• ESPECES. On fait le foin des nomenclateurf
, pour augmenter le nombre des plantes qu’ils con*-
noiffent : on fait qu’jls ne fe bornent pas k
faire quelques claffes générales, pour y raffem-r
hier les plantes qui offrent des reflemblances
marquées; mais il vont plus loin ; ils cherchent
encore à mettre plus d’exaèUtude dans leurs, irai
, vaux, ils font des divifions plus particulières,
& ils faillirent pour cela des caractères communs
à quelques plantes qui les rapprochent encore
davantage, ils en forment des Efpèees ; mais
ce n eft pas fous ce point dç vire que je veuiç
^ examiner ce mot,
Jf me paraîtrait bien curieux de favoir fi les
efpèees particulières des plantes qu’on obferve,
lors même qu’elles ne différent dçs "Efpèees qui
rempliffcnt les elafles plus générales que par des
différences peu importantes, comme la groffeür,
; la taille , la , qualité des fruits, & c ., font réelle-^
ment des Efpèees particulières, fi on peut les
conferver dans çet état ; s’il y a de Efpèees
plus décidées, dont les différences foient plus
capitales, ces recherches intérefferoient la théorie
comme la pratique; & ce font ces recherche!
que je veux tenter,
C eft un fait bien prouvé, la culture peut pro*
duire un effet remarquable fur les plantes,-Un
arbre vigoureux , pris dans les bois, une herbe
végétante arrachée darsun pré, tranfplantés avec
foin dans, un terrein bien préparé, foïgnés con^
tiniiellement, garantis de ce qui pourrait leur
nuire, fe développeront avec plus d’énergie, les,
fruits, les fleurs, les feuilles, les branches les
tiges ferontplus gros : leur g o û t, leur odeur Va-
douciffent, deviennent plus agréables. La même
chofe arrivera, 'fi l’on foigne de cette manière
-les graines de ces plantes; & leurs produits,
quand elles, auront été miles en terre; mais ces
variétés difparoîtroient, fi l’on ne cherchoit p'S
à les conferver par les moyens qui les ont fait
naître, ou fi l’on ne penfolt pas à les multiplier
par des femis, des boutures, ou des greffes..
Si la culture donne naiflance à ces heureiup
effets, le tçrrein feul y çomribuerpit par uaç
Ê S P
aéHofl continuée. Il y a des cantons qui favori-
lent le développement de certaines plantes, &
qui nuifent à celui des plantes d’une autre -Efpèce.
Il faut dire la même chofé du climat, de
fa féc'hereffe, de l’humidité, de l’ombre , de l ’ex-
pofition, qui ont tous des rapports plus ou moins
avantageux avec chaque plante,& qui contribuent
par conféquent plus ou moins à leur développement;
c’eft ainfi que les plantes peuvent devenir
plus ou moins belles , les fruits plus ou
moins gros, plus ou moins favoureux. Ces chan-
gemens, comme les précédens, peuvent être con-
fervés par une culture foignée & par des boutures,
comme dans le cas précédent, fi les boutures
peuvent fe faire facilement.
Le nombre, l’énergie, la durée des caufes
concourent à rendre l’effet plus ou moins fen-
fible; & les variétés produites peuvent tomber
Ttir quelques parties de la plante, fans s’étendre
à toutes ; mais ces.changemens ne font que pour
les individus; le tabac & le rurn, qui forment
des arbuftes en Amérique, font herbacés & annuels
en Europe.
La greffe fournit encore des Efpèees particulières
foit en greffant une Efpèce fur une
autre, foit en greffant le fujçt fur lui-même, j
C’eft un fait que les pêchers entés fur l ’amandier '
ou le prunier, donnent des fruits meilleurs que
;eeux qui font entés fur eux-mêmes, ou qui ne
l’ont pas été. C’eft un fait également vrai qu’il
y a des fruits, comme les poires bons-chrétiens,
qui perdent leurs pierres quand on jes ente fur
eux-mêmes très-fréquemment.. Voilà donc des
Efpèees nouvelles que la greffe & la bouture
pourront conferver.
Mais ces changemens font bien éloignés de
donner des plantes changées dvune manière durable;
la négligence des foins qui les ont perfectionnées,
les fameneroitibien-tôt au point d’où
elles font parties ; les Efpèees perfectionnées
dégénèrent, lorfqu’on les multiplie par boutures
ou par graines; les plantes- qui demandent un
bon fo l përiftent dans un fol maigre,, où elles
y deviennent méconnoifîables ; c ’eft peut-être
pour cela quron ne met pas dans le même champ
le bled qu’on y a moifionné-
Mais il y a une caufe plus efficiente de la
variété obfervée dans lès fleurs & dans les fruits',
c ’eft la fécondation des fleurs d’une Espèce par
la pouflure des fleurs d’une autre Efpèce.
Qu’une renoncule blanche, prête à fleurir, ne
reçoive les pouffières d’aucune autre renoncule,
la graine fournira des renoncules parfaitement
blanches ; mais fi vous placez cette renoncule
blanche dans une planche pù il- y en
a mille au trèsg les pouffières dès renoncules colorées
. qu’ell© re cev rainflueront fur la graine,
& les plantes qui en for tir ont,, donneront des
fleurs dont les pétales feront colorés, & dont les
prairies fourniront des renoncules colorées , com-
' ESP 71
me M. Muftel l’a obfervé, & comme cela avoit
été remarqué par Marchand fur la Mercuriale,
en 1 7 19 , & mille fois par les Jardiniers, qui
sèment la graine des oeillets & des hyacinthes ,
afin d’obtenir des variétés qu’ils ne peuvent avoir
que de cettè manière. C ’eft ainfi que les poires
fe font variées de tant de façons. Le Colmar
paffe pour être venu d’ün pépin de bon-chrétien
, fécondé par les pouffières de la Bergamote
d’Automne. L ’abricot-pêehe eft dans le même
cas. Voyei Fécondation.
On comprend aifément comment ce mélange
de pouffières, ou ces fécondations fortuites doit
produire des Efpèees particulières dans les fruits ;
fi Ton y.faifoit attention, on en trouverait autant
qu’il y en a dans les .planches d’oreilles-
d’ours & de primevères : mais on ne cherche
pas à le remarquer; cependant on ne peut ..fe
diffimuler q u i! n’y ait à préfent un beaucoup
plus grand nombre d’Efpèees de fruits, qu’il
n’y èff avôit il y a un fiècle, au moins s’il en
faut, juger par le catalogue des Jardiniers.
Quand un» fois l’Efpèce hybride, où ce mulet.
végétal a été caraaérifé par le fruit formé
dans l’union adultérine dé ces- deux plantes, la
graine, fon germe & ceux qu’elle renferme ont
participé à cette nourriture nouvelle, & ont
fubi i’altération que cette nourriture étrangère
devoit produire, de manière que c ’eft une Efpèce
marquée pour toujours , fi on la conferve en
femant la graine, ou par des greffes ou des bour-
tures qui prolongent l’individu fans changer beaucoup
fEfpèce.
Mais n’y auroit-ilpîus de moyens pour fe mettre
en poffeffiôn des Efpèees déplantés qui nou&
manquent, & pour produire des variétés parmi
celles que nous avons?
L ’expérience nous apprend qu’une foule de
nos arbres: & de nos légumes viennent des pays
chauds. Ainfi, par exemple, l’abricot nous vient
d’Arménie. Mais il ne faut pas croire que cet
arbre réuffiroitde même qu’à préfent dans nos-
climats , fi on le tranfportoit de fa patrie dans
nos jardins. 11 eft venu de proche en proche ;
il s’eft familiarifépeu-à-peu avec notre fol, notre
atmofphère. II faut en dire autant du mûrier,
du figuier & de mille autres. Mais on obfèrvera
que nos gelées détruifent pendant l’Hiver les
plantes herbacées ; ainfi, par exemple , la ca--
pucine, qui eft vivace au Pérou, périt en Automne
par le froid.
Les plantes du Nord acclimatent mieux dans
le Midi, que celles du Midi dans le Nord : cependant
nos arbres fruitiers tranfportés aux
Antilles y périffent .bientôt; fe terrein en eft
trop fec ; le foleil qui favorife trop leur tranf—
piration, les épuife bientôt, & iis tombent dans
un délabrement qui les conduit à fa mort. Cependant
les raifins de Bourgogne ont merveil—
, Ieufement réuffi au Cap de Bonne - Efpéranoe