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plufieurs doubles de drap. Ceci peut montrer
comment l’eau chargée de terre monte dans les
plantes | puifqu’elle en contient quand elle fort
des feuilles fous une forme vaporeuiè.
M. Hedwig, cet Obfervateur pénétrant, efl parvenu
à voir les vaifleaux à eau contenus dans les
feuilles. Voye{ Magajîn de Léipjîck, zy8j\ p a r t .i.
]l les appelle fpiraculafoliorum dans fa theoria
generaüonis & fruâificationis plant arum cryptogamie
arum , où il a joint les deffeins de ces organes
pour le narciffe , le ly s , l’avoine , le galium
aparine, le lys du chalcédoine , l’a i l , le dian-
thus caryophyllus, la tulipe & la convallaria : voici
la defeription qu’il en donne.
On trouve fous l’épiderme des feuilles ce que
M. Hedwig appelle Vafa lymphaùca ■ cutïculoe ;
mais, pour les voir à fofi aife , il faut humeéler
l'épiderme enlevé afin de l’empêcher de fe rouler
fur lui -même : notre Phyfiologifle a obfervé
eneore ces vaifleaux fous l’épiderme des autres
parties des plantes. • ■ • .
La difpofition de ces vaifleaux varie fuivant
la nature dès plantes : on les voit en général
fe lier ça & là avec leurs pores & entr’e u x , ou
par des vaifleaux droits comme on l’obferve
dans les feuilles de gramen, ou par des vaifleaux
plus ou moins ferpenians comme dans les feuilles
du maïs; dans l’aloës. ces vaifleaux s’unifient
non-feulement avec le pore auquel ils abouti fient,
mais encore il y en a qui paroiflènt fe lier entre
eux de manière qu'ils forment une efpèce de
réfeau à grandes mailles. s •
Il efl affez difficile de voir ces vaifleaux ; mais
avec de l’adreffe & un pinceau, on parvient
à les rendre- fenfibles : il faut employer des
feuilles qui puiffent éprouver une certaine fermentation
pour pouvoir en féparer les vaifleaux.
On ne les détache pas néanmoins toujours exactement
comme l’obferve ce grand Phyüologifle ,
mais ils relient foiivent unis à quelques points
ronds qui font les glandes corticales.
On trouve ces vaifleaux noiir-feu lenien t fur la
furface verte des plantes comme fur leurs tiges,
leurs feuilles, leurs branches; mais encore dans
les graines, & l’épiderme des pétales, des calices.
Je fuis bien porté à croire que ces vaifleaux,
Ces Jpiracula foliotum font le réfeau cortical que
M. befauflùre a décrit dans fon livre, intitulé-z
Observationsfur. Vécorce des feuilles & des p étalé s ;
ce réfeau cortical, qui efl vraiment au-deffousde
l’épiderme , entre l’épidernie St le parenchyme ;
les mailles; de ce: réfeau ont au moins dans les
plantes nommées les formes que M. Hedwig leur
attribue. ’ ; :
■ Ces vaifleaux aboutiftent à des ouvertures ou
à des pores Suivant les obfervatkras de M*. Hedwig.
iMais-'Ces ouvertures ou tes: pores ne font
point les mêmes dans Tes. différentes plantes r
ifs font tantôt ronds comme;- dans^ les feuilles
4 ’oeillet > tantôt ovales comme dans l’aloës;, tantôt
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eh carré long comme dans le maïs -, tantôt carrés
comme dans le cactus curajfavicus.
Il paroit que les vaifleaux aboutiffants_ aux
pores y conduifent l’eau qui doive en fortir.
Le nombre "des vaifleaux, qui fe rendent à
ces ouvertures, n’eflpoint le même : quelquefois
il y en a quatre, quelquefois trois, quelquefois
deux, mais rarement un feul.
Ces pores paroiflènt fous les verres les plus
forts, quelquefois comme des points qui font
un peu plus élevés fur la feuille, ou comme une
perle brillante : au refle, la figure de ces: pores
efl fouvent différente & elle dépend beaucoup
de la manière dont on les voit.
Dans une ligne quarrée du HUum bulbiferufrt
M. Hedwig a compté 577 pores | mais ils varient
dans leur nombre comme dans leur forme
fuivant la partie de la plante où on les obferve:,
ainfi, les pores du pétale .du lys dont j’ai parlé
font plus petits que ceux de la tige, ’
Je dois rappeiler ici ce que j’ai dit au mot;
pore où j’ai raconté qu’il m’avoit été impoflïble,
d’en au percevoir aucun; M. Delauffure ma
aflïiré qu’il doutoit beaucoup -de l’exiftence de
pores ou ouvertures vifibles au microfcope dans
l’épiderme des plantes ; qu’il les avoit cherchées
inutilement ; qu’il avoir, feulement vu les mailles
du réfeau cortical, dont les ouvertures peuvent
paflèr pour .vuides quand on ne les obferve pas
dans ce but ; mais qu’il les avoit toujours trouvées
recouvertes par l’épiderme : & il efl vrai
que le tiffu de l’épiderme efl d’une finefle telle
qu’il efl prefque impoflible d’âppercevoir fes
pores. Voye\ Pores.
L ’eau n’efl: pas la feule émanation, infenfible
des plantes qui s’échappe pendant qu’elles végètent
: dans un jardin on fent mille odeurs qui
font autant de fluides invifibles élaborés par les
• végétaux ; entre eux il y en a qui font incoercibles.
L’air pur jaillit hors des feuilles frappées
par la lumière; mais on le rend fenftble lorfqu’on
enferme au foleil une certaine quantité d’air
i commun avec une plante ou bien avec une
partie d’une plante végétante comme cet air a
été amélioré, il a fallu néceffairement que là
plante ait fourni un air meilleur que celui où
elle étoit; & on s’en affure par l’air très-pur que
les. plantes rendent fous l’eau au foleil. Voye\
Lumière.
Enfin il y a une Tranfpiration vraiment fen-
fible : telle efl celle de la fraxinelle ; fes. feuilles
; font fouvent couvertes d’une fubflance réfineufe*
Il y a des plantes velues, comme la martinia, dont
les poils laiffent échapper une humeur vifquetife.
La manne efl un réfidu de la tranfpiration
qu’on trouve fur lès mëlèfes, les failles;, les
frênes : il faut dire la même chofe du Labdamirh
ducifte.: la manne officinale fort du tronc ou des
branches ù’une efpèce de frêne fur lefquels, on
a fait une incifion.
M. Domhey
y A 1
oui iie font point gluants-, ïoo’ grains de cette
fabftance ont pris grains d’eau; elle contient
fort peu d’extrait f e la colore; & lefprit-de-
vin n’a point d’aélion fur ce fuc.
L ’analyfe que j’ai faite de l’eau qui s’évapore,
montre qu’elle contient quelques parties v& é -
taies : il peut même y en avoir davantage dans
les- plantes dont la lymphe eftplus fnCrëe comme
celle de l’ératile. Cette lymphe, en s évaporant
fu r 1 les feuilles, doit très-vraifemblablement y
laiïTer quelques veftiges de la matière quelle
diffout : ce qui me feroit foupçonner que, fuivant
les belles idées de M. Tingry, il feroit poüibie
que les abeilles prilîent leur propolis dans ce
réfidu dé l’évaporation qui efl fur les feuilles.
M. Réaumur a au moins obfervé 'que les abeilles j
ramaflènt la matière de la Tranfpiration avec tin 1
très - grand foin fur les feuilles de certaines
plantes.
V . .
• VAISSEAUX. Avant de décrire les Vaifleaux des
plantes, il faut favoir fi réellement elles en ont :
c’eft encore ici un deces problèmes de la Phy—
fiologie végétale qui ne me paroit pas réfolu ni
prêt à fe réfoudre.
Ces Vaifleaux ou ces fibres, car on peut donner
indifféremment ces deux noms au même fujet
fuivant l’opinion qu’on peut s’en être faite,
.ces fibres ou ces Vaifleaux plus ou moins gros
s’apper-çoivent à la vue Ample dans, 1 écorce &
dans le bois. Plufieurs d’entr’eux font repréfen-
tés par ces filets qui s’étendent dans la longueur
du tronc, & on les voit ramper de même dans
le tiffu cellulaire ou dans le parenchyme.
Tous les Naturatifies} qui ont anatomifé lés |
plantes, s’accordent fur l’exiflencfe de ces filets; j
mais ils ne penfent pas de même fur leur nature
: les uns ne voient dans ces filets que des j
fibres roides & foiidês : les autres lesr regardent i
comme des tubes creux faits pour donner jSaffàge
à des fluides.
Je vais rapporter différentes raifons fournies ;
de part & d’autre pour établir ce.s deux opinions :
" & je ne me flatte pas de répandre fur ce fujet
la lumière qu’il demande. !
C’efl un fait que l’écorce & le bois contiennent
des liqueurs : que ces liqueurs ne font
point flagnantes : qu’i l y en a qui montent, tandis
que d’autres defeendent. Mais cela ne prouve <
pas l’exiftence, ou la non-exiftenc-e des Vaifleaux
tabulés.
'Phyfiologie végétale* Tome J, Î J e Partie.
V A I *8#
Il y a des Phyficiens qui expliquent le mouvement
de la sève au travers du parenchyme ^
qu’ils croient formé par des utricules : ce qui
fuppoferoit pourtant un tiffu vafculairê ; car
il Æudroit que les utricules qui le forment,
communiquaflent entrelles, & ces utricules lè-
roient les \ aifleaux.
On obferve, d’un autre côté, des trous dans
lafetlion tranfverfale des bois : mais,ces trous
font vuides, & ils ne rendent aucune liqueur.-
L’expérience apprend que les bois les plus dm s
laiffent paffer l’eau comme un filtre , quand elle
y efl fortement comprimée : ainfi-, un gros bloc
d’orme donne paffage à l’eau prefféepgr.un poids
de .300 pieds d’eau'', & cette eau s’en échappe,
comme elle fort d’un arrofoir. Le mercure tra—■
Vjerfe - -le bois.; fous la pompe j pneumatique,.
Haies a fait voir que l’eau paffoit fort bien au
travers d’un bâton de trois pieds de hauteur.
Mais cela ne prouve pas que ces. fluides fuiyenf
les Vaifleaux qu’on deftine à la sève : en fuppo*
fant même l’exificnee de ces Vaifleaux, cette
eau pourrôit encore entrer dans des pores , où
elle feroit feulement poufiee par -la forte prêt-
fion qu’elle éprouve dans ces expériences.
Malpighi & Grew croient que ces grandes
l ouvertures obfervées dans la feélion du bois,
font les-bouches des Vaifleaux à ’air, pleins de
sève au Printems; mais qui rie contiennent plus
que de l’air, lorfque.le Printems efl paffé.
M. Duhamel obferve qu’il, rfa jamais vu de
liqueur dans ces ouvertures; mais il remarque
qu’il n’a pas bien pris fon teins.
,11 faut avouer encore que , lorfqu’on coupe
une branche d’arbre, de vigne même , tandis
qu’elle efl en pleine sève, il ne fort point de
liqueurs hors des furfaces de la feélion , dans 1«
moment où l’on vient de la faire. Si l’on prefie
une rave, la petite quantité de jus qui s’en
exprime, rentre quand laprefîion ceffe comme
dans une éponge. Mais on attribue cet effet aux
Vaifleaux qui font extrêmement capillaires, &
qui retiennent opiniàtrément le fuc qu’ils renferment
: .ce qui ne feroit pourtant vrai que
r,elativemenr aux Vaifleaux séveux.
Il faut avouer enfin que les meilleurs microf-
cppes n’ont pu préfenter aucune cavité dans les
fibres. Il y a même plus ; M. Duhamel a vu que
chaque faifeeau de fibres étoit compofé d autres
fibres très-minces, & que la divifipn n’étoit pas
alors finie, puifque ces fibres très-minces étoient
I encore divifibles en d’autres fibres beaucoup plus
déliées, dont on ignoroit les bornes de la divi-
fion. Mais il . feroit pourtant poffible que ces
portions dç fibres fuffent des portions de Y ait