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Ces Ecailles fervent de corolles dans la plupart
des fleurs à chatons, & elles compofent
le calice commun de prefque toutes les fleurs
compofécs proprement dites.
C ’eft d’après les écailles des poiffons, qu’on a
donné ce nom à. ces parties des plantes, qui font
plus ou moins petites, minces & applaties • mais
qui font difpofées de manière qu’elles fe' trouvent
placées, dans un certain ordre, à côté les uns
des autres, ou fe recouvrant mutuellement. \
Quelquefois elles fe préfentent fous une. forme
sèche, d’autres fois elles ont un extérieur affez
fouple & allez frais.
Les Ecailles offrent, pour l’ordinaire, quel-
. ques-unes des parties de l’écorce, l’épiderme &
le tiflu cellulaire-, fouvent le parenchyme y eft
.defféché -, toujours il s’y defsèche facilement • il
fembleroif que les vaiffeaux propres y font en
petit nombre. L’Auteur du Dictionnaire d’Agri-
culturç dit qu’on trouve peu dé parenchyme
dans les mailles du tiflu réticulaire, & cela doit
être, puifque les Ecailles font, pour l’ordinaire,
affez minces, & d ’un verd affez pâle. Les Ecailles
paroifTçnt un prolongement de l’écorce proprement
dite ; aujli ces Ecailles font vertes & molles
dans les plantes herbacées ; mais elfes font plus
pu moins brunes, fur-tout celles qui font extérieures
, dans lçs plantes ligneufes.
' Les Ecailles forment des étuis, où les boutons
à feuilles & à fleurs font enfermés. Çes
EcaiJ lésion t pour cela faitesen cuilleron. C,elles
qui font extérieures font, pour l’ordinaire, dures
, garnies de poils à l ’intérieur & . fur leurs
bords - leur couleur extérieure reflemble fouvent
à celle des jeunes branches ; leur couleur intérieure
efl plus ou moins verte. Les Ecailles intérieures
font plus minces, moins fucculenres
que les extérieures-, elles font affez vertes &
garnies de poils. Ces Ecailles font enduites d’une
humeur vifqueufe, réfino^-gommeufe, qui les
unit étroitement entr’çlles; elles diminuent de
grandeur, en s’approchant des petites feuilles ou
des petites fleurs qu’elles recouvrent, parce
qu’elles doivent toutes fe recouvrir réciproquement.
Mais les Ecailles des boutons à fleurs &
à feuilles offrent les mêmes phénomènes ; je les
£i obfervé dans un grand nombre d’arbres & d’ar-
buftqs de la même manière.
Les boutons à fleurs fans Ecailles ont pour^
tant nue enveloppe; telle eft la feâle dans les
graminées ; dans les fleurs à chatons, les Ecailles
font remplacées par la corolle.
Les Ecailles des boutons à feuilles ou à fleurs
font communément d’une couleur rouge fombre ;
mais elles font vertes dans le doronic commun,
jaunes dans l’immortelle, blanches dans le pied~
de-ehat, pointues cannelées dans le chardon-
marié , ovales dans l’artichaut, fans piquants !
dans la fgrriette, dentées dans le bleuet, déchi-
d^nsles chatons du peuplier, membraneufes I
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& tranfparentes dans les tiges de l’orobanche |
charnues dans l’hypocifle, &e.
11 eft bien curieux de voir comment la Na-»
ture fait varier fes moyens, fes effets-, mais il
fçroit bien plus curieux d’en pénétrer les raifons ;
c’eft pour cela que j’ai rail cm b lé Ces obferva-*
fions du Dictionnaire à’Agriculture.
J si vu s’épanouir plufieurs boutons à fleurs
que j avoisdépouillésau Printemsde leurs Ecailles*
M. Adanfon a trouvé un caraélère botanique
dans le nombre & la prélence des Ecailles dès
fleurs. Il femble que les écailles s’obfervent encore
dans différentes parties des * végétaux. Les
bulbes peuvent être confidérées comme des racines,
éçailleufe.s, dont les écailles feroient fu c -
cul'entes. Les cônes des fapins font des fruits
compofés d’Ecailles plus dures*, M. Guettard
parle de glandes à Ecailles. Voye\ G landes.
On trouve des Ecailles fifr les racines , les
tiges, les rameaux , les pétioles & les pédoncules
d’un grand nombre de plantes. ■
J ’ai eu occafîon d’étudier les Ecailles des boutons
à fleurs, & j’ai obfervé que chacune d’elles
éroic attenante, dans le poirier, à une rainure
où elle efl logée; cette rainure efl dans l’écorce,
& c’eft de cette partie de l’écorce que l’écaille
femble s’échapper; la rainure efl: faite fur un
bourrelet ; les Ecailles y font placées à une très-
petite diftance, quand on les obferve au commencement
de l’Hiver ; mais cet éloignement
s gccroît au Prinrems, par l ’accroiflement que
lé bourrelet prend en longueur & en groffeuf ;
c’eft alors auffi que les Ecailles s’écartent & commencent
à tomber.
Cet accroiflement du bourrelet efl la caufe
de- la chûte des Ecailles; l’écaille, liée avec le
refte pour former l’étui de la fleur, efl ainfi
dérangée de fa place; elle fe déchire peu-à-pe'u,
puis elle tombe ; auffi, les Ecailles font fur-tout
détachées du bourrelet dans la partie convexe
de la rainure, & elles font alors noires dans
cette portion de leur bafe, parce qu’elles font
defféchées ; mais elles tiennent par un filet à la
partie concave, parce que le filet n’étoir pas affez
defféché pour fe détacher. J ’ai vu, près du logement
d’un ver, que l’Ecaille ne s’étoit déta-<
chée que parce que cette partie de la branche
avojt ceffé de croître, tandis qu’elle étoit tirée
par les autres Ecailles que le bourrelet pouflbit.
En général, PEcaille fe détache toujours par
l’extrémité du bord de fa bafe ; elle 'sèche au
moins plutôt dans ces parties-là. En général, les
Ecailles extérieures tiennent plus long-tçms que
les autres au bourrelet; elles font moins tiraillées
& elles cèdent à toutes les impreffions de l’açcFôif?
fement ; mais elles tombent enfin comme les
autres.
Les Ecailles des boutons à feuilles moins brufr>
quées que celles des boutons à fleurs, ou dont
le$ ramçâux groihfléot tfioin^ & piQint vltç ju j
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ceux des féconds:, durent plus Iong-fcnfo, parce
qu’elles font moins déchirées.
ÉCONOMIE des végétaux. Ce mot fuppoie
une connoiffance des végétaux qui nous manque ;
mais, comme on l’a employé pour les animaux,
qui font mieux connus que lçs plantes , quoiqu’ils
foient bien éloignés de l’être affez pour
qu’on puiffe traiter l’économie animale, j’aurois
cru fupprimer mal-à-propos cet article , que
beaucoup de Leèleurs auraient pu y cherchera
qu’importe ? ils apprendront, en lifant c e c i,
quelles font les clieJes qu’on ignore fur ce fujet,
s’ils n’apprennent pas celles qu’ils voudraient
lavoir. #
Il efl évident que c’eft l’idée de l’Economie
appliquée aux. animaux, qui a fait naître 1 idée
d’employer ce mot en parlant des végétaux, ex
& c ’eft auffi dans ce fens, que ce mot eft ufité
par tous les Botanifles qui ont traité ce fujet.
Voyez A nalogie.
En général, il faut entendre par l’Economie
des végétaux, toutes les loix connues & inconnues
qui déterminent l’exécution de toutes les fonctions
des végétaux, ou fi l’on veut la réunion
des caufes & des effets qui influent conftamment
pour faire végéter les plantes dans tous les momens
de leur exiflence , & fur-tout dans toutes les cir-
confiances de leur vie.
On n’a pas Jong-tems obfervé les plantes,fans
remarquer qu’elles font des êtres organifés; que
chacune de leurs efpèces, avec une organifation
particulière, a néanmoins une organifation qui
a les rapports les plus grands & les plus eiientiels
avec-toutes les autres; que cette organifation, ,
mife en jeu , produit des effets correfpondans &
femblables dans les mêmes eirconftances; que la
production libre, entière &. facile de ces effets
montre la plante dans Ion état de perfection ;
que la gêne dans la produaion de ces effets eft
une fource de dérangemens, qui deviennent
fenfibles par des effets extraordinaires, & quelquefois
menaçans pour la ccnfervation de 1 in-
dividu- en-fin, que la ceffation de ces effets naturels
réfultans de ,1’organifation ordinaire de la
plante, annonce le moment où la plante va
périr. i H h
Les végétaux font des êtres organifés très-rein
arquait fës; ils tirent leur origine d’une graine
en apparence fort sèche. Cet ormeau, qui nous
étonne par fa tête -coloffale, fort d’une graine
qui fe trouve avoir à-peu-près la groffeur du
bled ; mais cet ormeau fi rohufte a été originairement
comme tous les autres végétaux, un mucilage
organifé, qui a pris peu-a-peude la confil-
tance, qui s’eft élancé dans les airs, ( après être
forti.de terre, qui s’eft accru en groffeur & en
grandeur , & q u i , après un teins plus ou moins
long pour germer, paraître, s’accroître,fe couvrir
de feuilles, de fleurs, de fruits, périt enfin
plus tôt ouplus tard, après avoir exécuté une
ECO 'ff>
feule fois , ou répété plus ou moins fouvent fou
rôle. Mais ce corps organifé, qui vit un jour
ou des fiècles, eft compofé de foiides, de fluides
, de fibres. Il paraît que les fluides divers
qu’on y obferve, s’y préparent, s’y combinent;
qu’ils ne féjournent point dans les mêmes places,
mais qu’ils y font apportés, & qu’ils le quittent
peut-être pour- y revenir ; qu’il y a entre les
parties diverfes de chaque plante une correspondance
tellement combinée , que plufieurs
d’entr’elles font indifpenfablement néceffaires
pour la confcrvation & la vie des autres; enfin ,
que les êtres organifés J couverts de feuilles qui
tombent & . reparoiflènt chaque année, quand
leur vie eft un peu longue, portent d.es fleurs,
donnent naiffance à des fruits, à des graines qui
repraduifent l’être organifé auquel ils appartiennent
; quoique c et être organifé pût encore
fe reproduire d’une autre manière.
Cette defeription abrégée des végétaux ne décrit
aucun végétal particulier. Chacun varie à
mille égards pour la durée de la germination de
leurs graines ; les uns en fortent au bout d’un
jour , les autres après y avoir Séjourné beaucoup
plus long-rems ; les uns vivent quelques heures,
& les autres quelques fiècles ; les uns portent des
fleurs très-remarquables, les autres n’en ont point
d’apparentes ; les uns fe perdent dans les nues ,
les autres ont befoin du microfcope pour être
remarqués ; les- uns font . ligneux , les autres
font un mucilage à peiné réfiftant ; il y en a qui
vivent dans l ’eau , Tandis que d’autres rampent
fur les rocs les plus arides ; plufieurs n’ont point
de feuilles proprement dites ; combien dont il
faut chercher les fleurs avec fcrupule ; combien
qui renferment les étamines & les piftils dans les
mêmes fleurs; combien qui ont fur le même
individu des fleurs à étamines Si des fleurs à piftils.;
combien qui ont chacun ces fleurs fépa-
rées fur des individus différents ; combien qui
paroiffent fans racines ; combien qui fe reproduifent
par boutures..... Je m'arrête ; chaque
efpèce diffère par fon p o r t, fa figure, la pofition
de fes feuilles, de fes fleurs, de fes fruits, par
leur couleur, leur odeur, leur goût. Mais routes,
ces différences très-fènfibles fe perdent dans
une reffemblance affez grande, pour les effacer.
Il faudrait connoître à fond les végétaux ,
avoir analyfé toutes leurs parties, avoir étudié
microfeopiquement tout ce qui les compofe ,
avoir faifi le. jeu de leurs différens organes , tous
les effets qu’ils produifent pour fe faire un idée
du plan général fur lefquels tous les végétaux ont
été faits',, mais on efl bien éloigné de favoir tout
cela ? on ne connoît point à fond les parties des
végétaux , leurs jeux, leurs liaifons, leurs rapports
avec les différents êtres qui peuvent influer
fur eux. Il v a des. objets tout-à-fait capitaux ,
fur lefquels"on efl tout-à-fait ignorans. Les fluides
dis plantes nous font entièrement inconnus ,