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propres &des vaifleaux lymphatiques: la térébenthine
fort de la Moelle du pin.
La Moelle varie dans la couleur : elle eft brune
dans le noyer, rougeâtre, jaune dans quelques
plantes ; mais communément elle eft blanche.
Toutes les plantes ont de la Moelle dans leur
jenneîTe. Les herbes & les arbrifle^nx en ont
plus que les arbres. Mais la quantité de la Moelle
varie fuiyant les plantes: le fureau, le.figuier
en ont beaucoup ; le noyer & le frêne moins ;
le chêne, l’ormeau & le noifetier prefque point •
l’ébêne , le gayac, les racines de tabac point
,du tout.
La Moelle n’eft point la même dans les différentes
plantes : les utricules qui la forment font
très-grandes dans le figuier , moindres ^ dans le
frêne, plus petits encore dans, le poirier.' Les
plantes, qui ont le plus de Moelle , ne font pas
celles dont les utricules de la Moelle ont les plus
grands , comme on le voit dans le fureau.
Voilà un grand nombre d’obfervations fur la
Moelle ; mais elles éclairent peu fur fon ufage
qu’on ignore entièrement. O u peut cependant
dire que, quoique la quantité delà Moelle varie
dans les différentes plantes, on ne voit pas que
celles qui en ont le plus, ou celles qui en ont
le moins, offrent des différences bien fenfilles
dans leur hifloire.
M. Duhamel a voulu priver pîufiênrs arbres
de leur Moelle. Le plus grancTnombre a péri
après cette . opération ; d’autres ont échappé.
Mais il n’étoit point fur que la Moelle eût été
entièrement enlevée. Quoi qu il en foit le noyau
de ces arbres étoit, devenu ligneux.
Haies conficlère la Moelle •comme un corps
fpongieux qui prend Vhumidité, qui fe cïifare
d ’autant plus qu’il eft plus refferré, qui agit
contre les parois du tuyau de la planre où il
eft placé. 11 croit que, par cette aélion, la Moelle
étend les fibrilles & détermine par leur extenfion
raccroiffement de l’arbre. 11 imagine que l’énergie
de la Moelle doit être augmentée par les noeuds
obfervés dans les rejetions' qui l ’interrompent ,
qui lui fervent dë point d’appui & qui retiennent
la fève trop raréfiée. "
. Cette dilatation produit dans cette hypothèfe
les fpliérnles de la Moelle.. Si’ les branches ont
.plufieurs diaphragmes entre les noeuds, c’eft afin
.de prévenir une trop grande dilatation latérale!
-On voit cette dïfpolîtion de la Moelle dans les
•branchés du tour ne-fol ; les diaphragmes font
très-fenfibies dans les branches féchées ; on ap-
. perçoit les mêmes chofes dans les jeunes branches
des fruits à noyau.
Mais fi l’opinion de Haies étoit vraie, les
plantes ne croîtraient pas, leurs fibres ne s'étendraient
que lorfque ces plantes feroient remplies
de Moelle ;& cependant on les voit croître
quoique leur Moelle foit abfolument defféchée.
j i ’ailleqrs la Moelle n eft pas un corps élaflique J,
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de forte que la moindre compreftion en rap«
procheroit les parties fans quelles puiffent faire
aucun effort un peu fenfible pour y réfifter.
Quand la Moelle eft véficulaire, les fibres de
■ ces véficules coulent horizontalement, & elles
réfiftent à la trop grande relaxation latérale de
la racine.
Linné étoit perfuadé que le végétal vit par la
fu bilan ce médullaire. Il dit que, lorfque le dernier,
filet de la Moelle eft bleffé , la partie qui
renferme ce filet périt. La Moelle , fuivant lui,
eft nourrie par l’écorce. A l’infertion des branches
il fe détache un filet médullaire qui les
fuit dans le lieu où la Moelle s’élance pour former
une branche nouvelle. Il y a des feuilles
qui y fon,t placées, afin de nourrir cette production
par la sève qu’elles y attirent.
Linné, fait jouer encore un plus grand rôle &
la Moelle dans l’économie végétale : tandis qu’il'
tire le calice des fleurs hors de l’écorce, tandis
qu’il trouve la corolle dans le Liber, les étamines
dans le bois, lejpiftil eft formé par la Moelle..
Mais on ne peut fe le diflïmuler , il y a dès trachées
dans les piftils, daffs les pédoncules des
fruits, & l’on fait que ces trachées font une1
produélion ligneufe. D’ailleurs,fi la Moelle étoir
aufli iréceflàire quelle doit être dans ce fyftème^
comment ces failles rongés qui vivent aux dépens
de leur écorce fubfifteroient-ils ? comment;
végéteroient les peupliers dont on, a coupé 1#
tête ? Il y a des plantes , . comme l’obferve M„-
Hedwig, telle que la S a g it ta r ia S a g k d f o U a , où*
l’on chereheroit inutilement la Moelle que'
Linné regarde comme la .fource des fruits', &
cette Moëile ne peut être confondue avec le tif—
fu cellulaire dont fe fruit ne fauroit tirer entièrement
fon origine. V o y e \ H e d w ig , T h e o r ia - g en e ra tio n is & fm c li f ic a iio n is ', P ! a n t a r u m Cryptio—
garn ie a rum ,
Lesexpé’riencesde M.rs laBaifle , Bonnet, Rei—
chel, Duhamel mon trent que lesinjeétions colorées
ne pénètrent pas la Moelle , tandis qu’elles s’in-
finuent dans les trachées 3 dans lès vaiflëâux dup
bois. On voit encore que les progrès des racines
ne fe font pas du centre à la circonférence,,
mais à la circonférence'feule. Outre cela, les
trachées jouent déjà un grand rôle dans les plantes
germantes, comme M. Hedwig le fait- voir;
Et il n’y a point de trachées- dans Ta Moelle;
D’ailleurs, fi les calices, les pétales, le fruits, n<*
rirent pas leur orgine du bois, comme les filetsy
d’où viennent les trachées qu’on y obferve; puif-
que la Moelle & Fécoree. ifèn ont point ? comment
cela pourroit-il s’expliquer dans le tour—
nefol, Heliantus annuus, qui eft couvert de tant
de fleurs ? où pourroit - on trouver la fourcs
de toutes ces trachées fournies p a f des organe»
qui tirent leur origine d’une partie parfaitement
deflithée de trachées ? 11 paraît donc que
çomjuç jks boutons exigent dans le germe avee
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la fient* qu’ils doivent développer, les vaifleaux
fpiraux qui y font déjà placés fe développent
avec lui. M. Hedwig fe fait une objeéHon quil
réfout fort bien : fi l’on coupe une tranche de
Ja tige d’un melon ou d’une balfamine , ou
d’une autre plante fucculente ; alors l’eau qui
s’échappe hors de vaifleaux mouille tellement
la furface qu’on croirait voir ce fuc fortir de
la Moelle ; cependant fi on efluye cette tranche
avec un linge on voit feulem'ent fortir ces
fucs hors dés vaifleaux, & il paraît clairement
que ces fucs ne font pas fournis par la Moelle,
mais qu’ils font renfermés dans des vaifleaux
particuliers deftinés à cet ufage.
Je ne puis croire que la Moelle foit le tiflu
cellulaire, quoiqu’il le préfente, comme e lle ,
fous la forme d’utricules ovoïdes verts dans les
jeunes bourgeons ; car, i.° les fonctions de l’un&
loutre font différentes. i.° Là lumière ne fauroit
agir fur la Moelle comme elle agit’1 fur le
parenchyme , & fi elle agiflbit fur la moelle ,
il faudrait l’avouer ,1a lumière ne produiroit pas
fur elle le même effet que fur le parenchyme ,
puifqu’.elle ne parviendrait à la Moelle qu’au travers
d’un intermède bien opaque. 3.0 Enfin le
parenchyme defféché n’eft pas même blanc.
Il eft évident que la Moelle offre bien des
©bfeurités à éclaircir relativement à fa nature
& fes ufages. Il n’y en pas moins fur fa difpa-
rution : on ne voit pas trop comment le tuyau
de bois, qui eft plein de Moelle, fe ferme en le
rempliffant de bois. Eft-ce par un “rapprochement
des parties ? c’eft au moins ce qui paraît
le plus vraifemblable, car il feroit difficile d’imaginer
une nouvelle végétation intérieure , puif— !
que le bois ne fauroit produire du bois. Mais
comme le bois du centre eft plus dur , i l pourvoit
y avoir été comprimé par l’effort qui fe
éait toujours de la circonférence vers le centre.
On voit bien, par tout ce que j’ai dit, que la
Moëile des arbres n’a pas de .grands rapports avec
celle des animaux, & qu’à cet égard, l’analogie
eft encore afïez vicieufe,
MONSTRE, MONSTRUOSITE. On appelle
.ainfi dans la Phyfiologie végérale toutes les pro-
.duélions des plantes qui font naturellement extraordinaires
, foit par une conformation différente
de celle qu’on obferve communément,
foit par üne difpofition des parties qui ne reflem-
blenr pas à celle que la plante affeéîe , foit par le
nombre, des parties elles-mêmes, ou paf le volume
d’une feule partie qui eft plus grande ou plus petite
que dans l’état ordinaire. On ne fauroit donc
regarder comme des Monftruolités les variétés
produites par des maladies, ou des accidents,
telles que les panachures, les greffes, les déchirures
ou les ravages des infeéles.
Entre lès êtres organisés les végétaux font ceux
qui nous offrent les Monftruofités les plus fréquente^
& ]les plus nombreufes. Cela n eft pas
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étonnant,leur fécondité eft fi grande , leurs individus
font fi multipliés relativement aux animaux
qu’il y a beaucoup plus de probabilité
pour un nombre plus grand d’écarts de la loi
générale dans le règne végétal, que dans le règne
animal. Cependant leur quantité eft peut-être
encore très-petite , quand on la compare à
celle des individus qui donnent naifl'ance à ces
Monftruofités..
On a fait une longue énumération de ces
; êtres extraordinaires qu’on obferve quelquefois*
il feroit inutile de la rapporter; je me bornerai
ici à quelques'remarques générales.
Les. Monftruofités des tiges paroi fient fur-tout,
dans leur forme ; plufieurs tiges ont paru appla-
ties, mais alors chacune de ces tiges plates eft formée
par plufieurs autres tiges qui fe font fou-
dées ënfemble. On a obfervé des tiges de fro-
mentacées qui donnoient des grains de bled,,
tandis que d’autres en donnoient de feigle, quoiqu’elles
panifient du même pied ; on a même vu
des plantes dont la tige qui portoit le feigle
étoit entée fur la tige qui portoit le bled. M.
1 Romer a trouvé dernièrement une tige de r e noncule
fur laquelle étoit entée une tige de.
pâquerette , & il n’a pu y avoir de doute , parce
que les deux tiges ont donné leurs fleurs,
comme je l’ai vu dans un defl’ein de cette fin-
' gularité.
Les Monftruofités des feuilles font très-communes.
Elles font formées par une fubftance
molle, facile à bleffer, facile à réunir. Àuflî toutes
ces Monftruofités fe rapportent à la réunion
. ou à la greffe des folioles. M. Bonnet en donne
plufieurs exemples obfervés dans les feuilles du
noyer, du jafmin , du lilas, du violier rouge,
du choufleur, du framboifier.
Les Monftruofités des fleurs fe rapportent
toutes au nombre de leurs pétales , quelquefois
beaucoup plus grand qu’il ne devrait être.
Ainfi , par exemple , des fleurs (impies donnent
naifl'ance à des fleurs doubles , ou a des fleurs
qui en produifent d'autres. M. Bonnet parle d’une r
renonculedontlafleurdonnoit naifl’ance à une tige
partant derfon centre & portantune autre fleur. Il
parle d’une rofe qui avoit laiffé échapper une tige
du milieu de fes pétales, & cette tige étoit couron-
née d’une rofe. Le plus grand nombre des fleurs’
des cerifiers à fleurs doubles montrent au milieu
un bouton avec des feuilles qui renferment
“ d’autres pétales. M. Duhamel croit que les étamines
fè transforment en pétales, & les piftils
en feuilles vertes, foit parce que la plupart des
fleurs doubles n’ont point d’étamines ou en ont
moins que les fimplés , foit parce qu’on voit
trés-fiéqueminent des étamines qui ont confervé
leurs caraélèi es extérieurs depuis la bafe ju f- .
qu’au deux tiers de leur hauteur, tandis que le ‘
haut eft changé1 en un vrai pétale. On voit même
i dans les cërifièrs'à fleurs doubles l’étamine atuw
B b ij