
de croître ; & elles ne recommencèrent à prendre
. de l’accroiflement, que lorfquè Iss nouvelles
tiges eurent paru. Pendant tout ce teins-là,
les nouvelles tiges ont donné de Pair qui étoit
bon: elles n’ont pas cependant été en conta#
avec l’air atmofphérique. Depuis le commencement
de l’expérience, j’ai tous les jours changé
l’eau des rëcipicnS'OÙ ccs plantes végétoient ;
mais leur couleur eft d’un „vert clair , les feuilles
.font très - petires, & quoique l’appareil loit
expofé au foleil, on ne peut douter que ces
plantes ne foient affez étiolées.
11 y* a des plantes qui s’attachent aux corps
les plus durs, comme les lichens & les moufles
qui croisent fur la pierre, ou fur l’écorce des
arbres. D’autres nagent fur la l'urface des eaux,
comme la lentille des marais. D’autres paroiffent
fans Racines comme les conferves. D’autres enfin
ne font qu’une Racine comme les truffles.
Quand on fuit les Racines des plantes, dans
le'milieu où elles fe trouvent, on obferve qu’elles
ont d’autant plus de chevelu que la terre y eft
plus divifée , & qu’il îeur eft plus facile de s’étendre.
En général, les Racines" font plus groffes
dans une bonne ferre, que dans une mauvaife.
Enfin les Racines des plantes amphibies s’étendent
plus volontiers dans la terre que dans l’eau.
On obferve encore que les Racines fe communiquent
les fucs qu’elles fücent dans la terre;
en forte que celle qui n’en reçoit que peu ou
p o in t, en reçoit des Racines voifines qui ont pu
ies tirer avec plus d’abondance.
Ce que j’ai dit des Racines montre afiez que
chaque plante doit avoir une culture accommodée
à la nature de les Racines : fi les plantes tracent
à la furface de la terre, il feroit inutile de labourer
pour elles la terre bien profondément, &
de leur donner un terrein bien b on, jufqu’au
fond , à moins quelles n effritent la terre comme
le feigle : mais, fi les plantes ont dés Racines
pivotantes, il faut un bon fo l, & profondément
labouré, comme on le choifit pour le fainfoin.
Après avoir fuivi les phénomènes que les Racines
préfentent, quand on les confidère en mafle
& dans leur extérieur, il feroit curieux de pénétre
r davantage leur nature, & de fuivre, s’il eft
poflible, dans un plus grand détail, leurs opé-
jations. Je commencerai en fàifant leur anatomie.
Toutes les Racines font couvertes d’une peau
différemment colorée : elle efi blanche dans la
rave , la fraxinelle ; jaune dans la chélidoine,
3a rhubarbe* rouge, dans la bette-rouge, la
garance ; brune foncée dans la bifiorte, la tor-
xnenrille, l’hellébore noir*, brune, ou même
noir dans la buglofe.
Cette peau efi plus ou moins douce, plus
ou moins rude fuivant les efpèces des plantes
auxquelles ces Racines appartiennent. Cette
1 peau fe renouvelle même encore dans quelque^
efpèces particulières.
La peau des Racines efi, pour l’ordinaire,
compofée de quelques cellules de parenchyme,
de fibres ligneuits, & de trachées. On ne peut
douter de l’exiftenee des vaifleaux ou,des fibres ,
dans la peau des Racines; car, fi l’on coupe
la Racine tranfverfalement, toutes les parties
de la peau qui font fans vaifleaux, fe froncent
bien-tôt, après que là partie coupée a été à l’air,
& les places où il y a des vaifleaux ne fe froncent
pas : on voit clairément ces vaifleaux ou
ces fibres dans la fcôrfonère.
Sous la peau des Racines , on trouve l’écorce
qui efi communément blanche : elle efi plus
ou moins épaifle, fuivant les plantes. Cettè
écorce efi compofée d’une partie parenchyma-
teuîe très-lâche, fort poreufe , formant une
efpèce d’éponge : & ce parenchyme efi rempli
de véficules transparentes ; leur diamètre & leur
combinaifon varient fuivant les efjpèces.
Les Racines contiennent encore de l’air &
des fucs diffère ns. On y trouve aufli des trachées.
& divers faifeeaux de fibres ou de vaiffeaiix :
ceux qui font extérieurs, cheminent d’une
manière plus droite : ceux qui font plus intérieurs,
forment une efpèce de réfeau, dont le
parenchyme remplit les mailles: il y a d’autres
vaifleaux, plus intérieurs encore, qui ont une
direélion plus droite que celle desgpderniers.
Aurefte, ces vaifleaux, ce réfeau, ce parenchyme,
la direction de ces vaifleaux, & les mailles
de ce réfeau , varient de même, fuivant les
efpèces. On peut dire généralement quele svaif-
feaux les plus extérieurs, font remplis par un
fuc propre, & les plus intérieurs, par la lymphe.
Mais ces fucs font différens dans toutes les
plantes; ils appartiennent à tous égards aux
individus, qui lesfourniflent parles qualités qu’ils
en ont reçues : ils font plus ou moins aqueux-,
mucilagincux & réfineux : il y a des Racines
pleines d’un fuc laiteux blanc & doux, comme
la laitue & la chicorée; dans d’autres, il'efi
âcre, comme dans le tithymale, le colchique:
clans d’autres, il efi jaune, comme dans la ché-^
Jidoine: en général, les fucs propres des Racines
font les mêmes que ceux de la planté, parce
que les Racines les reçoivent iorfqu’ils ont été
préparés dans les feuilles & qu’ils ont parcouru
tour l’efpace qui fépare le fommet de la planté
des Racines où ils arrivent.
Le nombre & la pofition des vaifleaux dans
les Racines des différentes plantes, efi également
très-différent fuivant leurs efpèces.
Les Racines ont aufli des couches ligneufes,
formées comme dans les branches de la plante,
par des vaifleaux ou des fibres lymphatiques,
des vaifleaux propres* des trachées & du parenchyme.
Enfin on y obferve de la moelle, ce
qui achève la reflemblance des Racines avee k *
branches. Voye[ B ois , Branches, Ecorce,
Moelle, Parenchyme.
On. remarque pourtant avec M. Duhamel,
que les couches corticales des Racines font
plus épaiffes que celles du tronc ; que leur
épiderme efi plus gros; que leur couleur efi
particulière , & quelquefois plus vive que celle
du tronc & des branches; mais il faut avouer
aufli que leur dureté efi moins grande. Il paroit
encore que le parenchyme efi plus abondant
dans, les Racines que dans les autres parties des
végétaux ; que l’on y trouve plus de trachées
que dans les branches; & que l’orifice de ces
tracüées efi encore pl,us grande dans les Racines
que dans les autres parties de la plante. M. Duhamel
a vu des fluides fortir de ces trachées,
[ peu, quand leurs tiges font privées de leurs
| feuilles, comme je l’ai vu femvenr.
appartenantes à des Racines dorme, arrachées^
à l’entrée dé l’Hiver.
Une defeription anatomique, plus longue,
des Racines feroit inutile ; e^e offriroit une
répétition continuelle qu’on a pu voir aux mots
que je-viens d’indiquer. ^ .
La défeription que j’ai faite des Racines, les
rapports que j’ai trouvé entr’elles & les branches,
la confidération que j’ai propofé, fur 1 efpèce
d’indifférence des branches, pour pouffer des
rameaux ou des Racines, la feétion des Racines
qui oceafionne le développement d autres Racines
comme la feétion d’une branche occasionne
le développement d’autres rameaux, le
plienomène que j’ai obfervé dans cette tige
de menthe, plongée fous l’eau, qui a pouffé
des Racines par-tout où elle a pouffé des tiges,
prouvent qu’il doit y avoir les plus grandes
reflemblances , non-feulement entre les parties
Conflituantes des branches & des Racines, mais
encore eptre leurs effets. Et comment pourroit-
il y avoir de grandes différences, fi toutes les
parties des Racines, qu’on expofe à l’air, peuvent
devenir branches, & fi toutes les parties
des branches peuvent fc garnir de Racines,
quand elles font mifes en terre?
Il réfuite de-là qu’on peut attribuer aux
Racines les effets qu’on voit produire aux branches
: ainfi, comme les branches afpirent leau
où on les plonge, quand elles végètent, on
peut & on doit croire que les Racines, qui ref-
femblent fi fort aux branches, afpirent comme
elle l’eau qui les touche. Haies a bien
montré que l’eau pouvoit entrer dans les Racines
dont ilavoit ôté l’air; mais il n’a pas fait voir
que l’eau fût afpirée par les Racines d’une
pianière direéle. Cependant les pleurs de la vigne
ne peuvent venir que des Racines. Le deffé-
çhement des plantes privées de lents Racines,
prouve que l’eau, tirée par leurs Racines fournit
à lçur vie. Il faut dire cependant que les
Racines ne tirent point d’eau, quand elles font
féparées de leurs figes* ou quelles en tirent très«-
L ’obfervation de M. Duhamel _ établit fure-
| rement que le chevelu des Racines s empare
] de l’humidité du terrein : puifqu il a vu des
I plantes fouffrir davantage du voifinage des gros
ormes , lorfqu’elles en émient éloignées à quatre
| ou cinq toifes, que lorfqu elles en étoient tout-
j à-fait près ; parce que c’étoit à quatre ou cinq
toifes, que le chevelu des Racines qui deffé—
choit le terrein fe trouvoit dans le cas cl agir;
au lieu qu’il n’y avoit rien de pareil auprès de
l’arbre où le chevelu ne fe trouve pas. Par
la même raifon, les plantes fouffroient auprès
des jeunes ormeaux , parce que le chevelu
de leurs Racines s’éloignoient peu de leur
tronc.
J ’obferverai ici que le chevelu des Racines, ces
bouches toujours ouvertes pour fucerlanourrituie
de la plante , périt peut-être comme les feuilles en
Automne & en Hiver, & qu’il fe renouvelle
comme elles au Printems: c’eft au moins ce
que foupçonne M- Duhamel. Cependant Comme
les plantes végètent en Hiver, comme elles font
pleines de fève lorfque le Printems prélude,
il efi clair que le chevelu des Racines ne tire-
roit pas les’ pleurs que répand la vigne, au
Printems, fi le chevelu feul tiroit la fève, &
S’il périffoit pendant l’Hiver.
Les Racines paroiffent encore faites pour recevoir
les fucs qu’on y trouve & qui y paffent:
i’écorce des Racines efi couverte de pores, qui
forment autant de fuçoirs, & ces pores y font-
bien autrement remarquables que fur 1 écorce
qui efi à l ’air.
Les Racines qui ont une organifation li lem-
blable aux parties des végétaux où les fucs
s’élaborent, qui contiennent une fi grande quantité
de parenchyme élaborateur, doivent aufli
préparer les fucs que les fuçoirs différens qui
les recouvrent leur amènent : & I on ne peut
en douter, quand on a vu que la lymphe,
rendue par les rameaux de la vigne, efi déjà
une liqueur , élaborée avant même que la vigne
ait des feuille». Voye\ L y m p h e .,
Mais une plante doit-elle plus la vie à fes
racines qu’à fes autres organes? Il efi évident
que la plante efi compofée de fes Racines, 8c
de fes autres organes, qui lui font tous très-né-
ceffaires: il y a même entr’eux une telle fu-
bordination, qu’ils ne peuvent contribuer à la
vie de la plante, que par leur concours: en
général, les plantes fans Racines périffent, &
les Racines ne nourriroient pas la plante fans
feuilles : les Racines, à leur tour, tirent trèsr
peu d’eau, quand elles ne font pas favorifées
dans leur fuétion par leurs feuilles ; enfin, les
Racines elles-mêmes périroient fans la tige.
Si les Racines paroiffent fournir à la plante
les fucs quelles tirent de la terre, elles foof
1 pb ij