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plante, & entre la plante elle-même avec la
racine.
D’un autre côté, la racine n’empêchera point
la plante de périr, fi elle lpi(refte unie après que
la racine aura été arrachée de la terre où elle
étoit plantée. Il arrivera la même ehofe, fi la
plante .végète dans un vafe dont la terre fe def-
$ècbe entièrement. Ce qui mqntre que l’eau efi
eflentielje à la confervation de la plante ., &
' qu’elle pénètre par le moyen de fes ^racines.
Jtyais, qp^nd o n coupe lçs racines des plantes
jfâ i végètent dans une ;})çnne. tqrre, on trouve i
.q^e çes r acines.font humides, que le cqrps de
planre .n’efi pas inoins humide -, on remarque ;
cette humidité jùfùues dans les feuilles de la
hue ded>la plante. Il efi curieux de chercher la
cfource e cette eau.'
Au premier coUp-d’oeil on en diftingue deux :
j les racines placées dans un terrein humide;2.* les
branches, les feuilles qui font environnées d’une
atmofphère dans laquelle' on efi fur qu’il y a de
l ’eau.
j Les racines offrent en effet une fubfiance fpon-
jgieufe , propre à retenir l’eau, leur furface efi
couverte de pores, qui peuvent donner à l’eau
une entrée facile ; enfin on obferve que les plan-
$£? qui fe trouvent placées fur les lieux ou les
petites racines des arbres fe terminent, fouf-
jfrent fouvent, d’une manière très-marquée, de la
^échcrefle , & qu’elles fo n t, en général, moins
vigoureufes que d’autres plantes placées ailleurs,
parce que ces petites racines des arbres, qui font
très-nombrepfes , leur enlèvent la nourriture
dont elles avoient befoin. Voye\ Racines,
j Mais ce qiii ne laifle aucun doute fur la faculté
des raciqes pour tirer l’e^u, ce font les expériences
de Haies & de M- de la Baffle: le premier
, dans, fa Statique des végétaux , montre
guelfe quantité d’eau les racines coupées peuvent
tirer : & le fécond , dans une Diffiertation
~ fur la circulation de la Sève , fait voir que les
racines arrachée^ &laiffées à l’air périffent bientôt
avec la plante qu’elles portent; que les plantes
dont on humeéfe les grofles racines fccon-
fervent par l’eau que les racines peuvent tirer ;
qu’il en pénètre moins par les grofles racines que
ar les petites, & même par îpurextrémité;.cn-
n qu’après. avoir coupé les jeunes racines, l’eau
pafle encore au travers, des plaies faites aux
vieilles. M. Bonnet a fpécialement prouvé, que
les racines tiroiept l’eau par leurs fibres ligneux
fes, & qu’elles la portaient; ainfi jufqu’au femme
t de' l’arbre. Il paroît dope, bien démontré
que les rjacinçs pompent,, avec force , l’humidité
qui efi dans Iqur vojfipage, 7
Puis donc que les racines tirent cette eau dans;
lq feip de la terre, où elle,s rampent, puifque
cftte eau ne paroît avoir aucune iflùe extérieure,
& puifque l’on trouve dans la tige des planter
mtt corps fpongieux & fibreux,qui paroît fa cou-
S E V .
tenir, on peut croire que l’eau tirée par la racine
s’élève, dans la tige . : mais l’expérience en
donne .encore la; preuve. •
lifte tige ou une!branche féparée de là racine
& abandonnée à elle-même dans l’air perd beaucoup
d e , foii poid & fe fane. Une tige: 'ou une
branche femblable, féparée de la plante & mife
dans l’eau, pour y . tremper fa bafé , fe conferve
fraîche pendant Iplyfieurs jours dans le même
lieu où ,étoit la tige dé l’expérience précédente.
Elle y yégétera même ,.avec vigueur, au Printems,
lorsqu’elle commencera à fe développer. J ’ai vu
au moins .alors plufieurs rameaux de i toute e£-
pèce. d’arbres chargés de boutons, qui ont grofll
& qui ont fleuri. J’ai vu même quelquefois ies
fleurs fe, nouer. Mais j’ai remarqué aufli que
cette aélion des végétaux , pour afpirer l’eau,
étoit plus grande, quand ils commencent à pouffer
, que dans un autre moment de l’année. Cette
force doit être alors bien confidérable :, puif-
qu*elle élève la Sève de la vigne à 40 pieds
dans un tems où il n’y a point de feuilles épanouies.
Haies a prouvé , fans répliqué, que les bran «
ches & les tiges dépouillées de leurs feuilles ti-
roient de l’eau lorfqu’elles y étoient plongées
dans des tubes, qui n’avoient aucune communication
avec l’air extérieur: mais il a obfervé
auffi que ces tiges & ces branches tiroient alors
beaucoup moins d’eau , que lorfqu’elles avoient
leurs feuilles.
Il a montré que toutes les plantes n’avoient
pas dans leurs tiges la même faculté de tirer l’eau ;
& que les tiges des plantes, dont les feuilles ne
tomboieor pas, tiroient moins d’eau que les tiges
des autres plantes.
M. Bonnet a confirmé toutes ces expériences,
& il a fait, voir que les feuilles mêmes féparées
de la plante, avoient une grande force pour tir
rer l ’eau où elles plongeoint par leur pétiole.
J ’ai ojpfervé que les boutons avoient le même
pouvoir.
Il réfultc de ccs expériences que toutes les par-
ties des plantes, les racines, les tiges , les branches,
lés feuilles, les boutons , ont la faculté
d’attirer J’eau dans laquelle on les fait plonger,
fl paroît donc tout-à-fait probable que l’eaU
afpirée par les. racines efi encore tirée par les
tiges, les branches, les feuilles & même les boutons
, puifque ces parties produifent cet effet
quand elfes font féparées de la plante. Mais ceci
devient encore plus probable quand on confi-
dère l’uniformité; dé Torganifation de toutes ces
parties ; quand .on voit que les filets. qui composent
le bois, l’écorce , &c. , fe prolongent depuis
l’extrémité des racines de la plante jufqu’à
fon flammet ; qu’ils fe divifent , pour former
toutes les ramifications de la plante ; qu’ils en
accompagnent toutes les parties, qu’ils pénètrent
le .pétiole des feuilles , , le pédoncule des boutons.
Ainfi
S E V
Ainfi) l’on remarque une communication manifef-
t;ement ouverte, depuis l’ettrêmité dune plante
iufqu’à fa cime,.de même que jufqu’à l’extrémité
de toutes les branches, de tous les rameaux,
de tous les boutons & de toutes les feuilles. ' !
J ’ai dit encore que la Sève pouvoit pénétrer
dans les plantes par les feuilles, qui vivoient dans
une atmofphère où il y avoit toujours une quantité
d’eau, plus ou moins grande : & en effet , fi
l ’on coupe des tiges à l’entrée de la nuit, fi l’on
maflique leur extrémité, & fi on les expofe dans
une atmofphère humide après les avoir pefées,
on trouve que leur poids s efi augmenté : les
plantes fanées par la fécherefle fe raniment à la
rofée : enfin M. Bonnet a démontré la propriété
que les feuilles ont de fucer l’eau par leur fur-
tace, de vivre long-tems par cette luélion , lorfqu’elles
font détachées de la plante ; il a même
vu une feuille qui en nourriffoit plufieurs quoique
celles-ci ne trempaffent pas dans l’eau avec
leur nourrice , & qu’elles fufient feulement attachées
à un rameau commun. Ce n’eft pas tout;
M. Duhamel a prouvé que les tiges ou les bran- 1
ches privées de leurs feuilles tiroient autant d’eau
par leur petit bout que par le gros. Ces expériences
apprennent donc que les feuilles peuvent
fe charger d’humidité, la faire paflerdans leur
pétiole, de-là dans le rameau auquel elles font
attachées, & comme la tige & la branche tirent
autant d’eau par leur petit bout que par le gros,
il efi clair que les feuilles peuvent fournir la
Sève aux racines, comme la tige & les branches
leur en fourniflènt, puifque la communication
efi également libre dans la plante par ces j
jj deux voies. ^ ^ B I
Mais comment arrive-t-il que les racines, les
tiges , les feuilles tirent tant d’eau ? on ne voit
pas ce que cette eau devient : & la quantité
efi pourtant telle, quelle gonfleroit les plantes
, de manière qu’elles en prendroient une
taille monftrueufe , & qu’elles deviendroient de
vrais tonneaux, fi cette eau étoit fans iflùe. Lts expériences
, que j’ai rapportées, apprennent déjà
ce qui fe pafle.
La fuéfion des plantes efi proportionnelle au
nombre & à la grandeur de leurs feuilles, comme
Haies l’a démontré. Mais cette fuéfion augmente
encore en raifon de l’aélion du foleil & de la
lumière fur ces plantes ; comme M. Guettard l’a
fait voir , & comme je crois l’avoir prouvé dans
mes Nouvelles Expériences fur E influence de la
lumière folâtre dans la végétation. Mais ce n eu
pas tout ; M. Guettard a obfervé, comme m oi,
que la quantité d’eau, rendue alors par les feuilles
, étoit à-peu-près proportionnelle à celle
qu’elles avoient tirée : il eft facile de s’en aflùrcr,
quand on recueille cette eau dans un vafe tlif-
pofé pour cela. Il paroît donc, par ces expériences
, que les feuilles rendent une partie de l’eau
que les racines leur ont envoyée , qu’une partie
Flayfïologie végétale. Tome l . tr I * re Partie»
S E V M7 de celle , qui y refie, s’unit aux fluides de la
plante , tandis que l’autie partie, qui y refie,, fe
décompofe & donne à la plante une autre nourriture
dans fes élémens. Voilà ce qui arrive pendant
le jour. Mais, pendant la nuit, où les feuilles
ne peuvent rendre aucune eau, parce que la
lumière n’agit pas fur elles; il eft très-vraifem-
blable que l’eau tirée par les feuilles , qui re~
.flue alors vers les racines, y trouve également un
moyen pour s’échapper, par une excrétion fen-
fible, comme ,cela fe fait dans les feuilles, pendant
le jour , par l’évaporation.
M. Haies a démontré cela, en fupprimant
l’évaporation des feuilles d’une branche qU’ il
plongea dans l’eau ; dès ce moment, la fuétion
du bout de la branche fut très-petite. Il vit auffi
que les branches garnies de feuilles qui tirent
beaucoup d’eau pendant la nuit, pefoient moins
le foir que le matin : ce qui prouvoit que, loin
de gagner du poids, ou de s’approprier de l’eau
pendant le jour, les feuilles en perdoienr, &
par conféquent que l’eau tirée par les racines,
avoit traverl'é la plante comme un canal; tandis
que, pendant la nuit, elles s’étoient remplies de
nouveaux fucs , & n’en avoient point ou prefque
point rendus. Dans le même tems-, des branches
femblableS j privées de leurs feuilles, trempant
dans l’eau, comme la précédente, ne tirèrent
pas la douzième partie de l’eau que celles - ci
avoient tirée ; mais elles pefoient néanmoins plus
à la fin de l’expérience, que lorfqu’on la commença
, parce que le bois s’étoit imprégné de
cette eau, qu’il n’avoit pas pu rendre, & parce
que fes bi anches n’avoient point de feuilles pour
lui fervir d’iflùes.
Ce qui complette cette démonftrarion, c’eft
que, dans les plantes qui répandent des pleurs
au Printems, il paroît par les entailles faites alors
; à ces plantes, à diverfes hauteurs, que les entailles
les plus roifines des racines font le plutôt
humeétées ; il ne fauroit y avoir ici aucun doute
fur la conclufion tirée de l’expérience, puifque
la plante efi alors fans feuilles. Outre cela, , on
eft parvenu à fuivre lucceflivement la route de
la Sève reçue par les racines & afpirée par les
feuilles, au moyen des eaux colorées qu’on a
fait fucer à ces plantes ou à leurs tiges. Il eft
aifé de voir ainfi que cette eau colorée s’élève
1 graduellement, depuis le bas de la tige qui
plonge dans la teinture, julqu’à fon fommer.
MM. Duhamel, Bonnet & Muftel ont encore
montré, que, quoique la route de la Sève ne
foit pas la même dans toutes les plantes, en général
elle ne pafle pas dans l’écorce; mais elle
s’infinue, ou entre l’écorce & les parties ligneu-
fe s , ou au travers des parties ligneufes, comme
dans les arbres. Mais on doit le dire avec aflù-
rance , au milieu de tontes les incertitudes dans
lefquelles on eft obligé de flotter, en traitant ce