
* 5 * H AB
lieux qui leur auroient été d'àbord tout-à-fait
in fu p p or tables. Foyeç E spèces.
l i paraît que les végétaux deftinés à développer
davantage leurs parties fuc-rées, font fur-tout
lènfibles à I influence du climat & du lieu
telle eft ^ par exemple, la canne à fucre ,1 a vigne
comme 1 obferve M . Duerofne. E f véritablement
ces plantes femblent avoir des terreins qui leur
font particulièrement aftignés, au moins quand
elles n y font plus, elle végètent mal ouceflènt
même bien-rôt de vivre.
On ne fait pas encore affez- en quoi confifte
1 organifation végétale, pour juger toujours la
-caille des maux éprouvés par les plantes rranf-1
• plantées du lieu qui leur convient, dans un lieu
qui ne leur convient pas. Mais, en général, il
lembjeroit que les plantes méridionales font plus
aqueufes, plus fueculenres que les feptenrriona-
les -, qu elles fe nourriffent plus dans ia ir , par
leurs feuilles, que dans la terre, par leuçs fa r ines
; que les plantes aquatiques font plus molles,
plus tendres que les plantes terreftrês ; 'qu’il y a
même quelques-unes des premières qui font feulement
une gelée otganifée.
Pour apprécier ces différences, il eût-été bien
important que le Pftyfiologifte des végétaux eût
fait des recherches fuivies, des comparaifons
yigoureufes fur routes les plantes de patries différences
, relativement à leur organifation, à leur
, développement, à leurs fruits*, il eût été peut-
être 'également avantageux que le Chynniite eût .
donné une analyfe fcrupukufe de toutes ces
plantes ; on aiiroit peut-être- mieux fenti de cette
manière quelle étoit leur vraie, nature? Pourquoi
elles étoient toujours, attachées à de certains
lieux ? Pourquoi elles ne po.uvoient en ap p orter
d’autres? Peut-être au ra it-on pu pénétrer
• comment les plantes fe nourriffent? Quelle eft
1 influence du climat fur elles? La comparaifon
des progrès des plantes qui fe trouvent dans les
circonftances les plus heureufes avec les fuites de
leur déçadencç dans les climats qui leur font le
plus nuifibles, jettera un grand jour fur ces
parties ténébrgufes de la Phyfiologie végéiale ;
lu r-tout f i, par voie d’excJufioH, on parvient
à découvrir fatftion particulière de différentes
caufes concourantes pour amener leur état de
profperité ou de fouffrançe-, en cherchant à
mettre ces caufes en jeu , plus ou moins fépa-
rément, par des expériences dirigées dans ce but.
Ces recherches- ne feroient point oifeufes :
plies fer virement, comme Linné l’obfeive. dans
une diffenation, intitulée, Stationes Plantarum,
à enfeigner la manière de cultiver les plantes,
parce qu’elle çnfeigneroit le genre de fol & de
plimat qui leur efl propre, L ’Agriculteur n’effaie-
roit plus de femer dans des prés arides la graine
des plantes qui ne réuififfent que. dans les prés
huirieélés. Le Botanifle fatiroit où il pourrait
îfQqvçr tes ^Igntes, qui lui manquent, fe |ps
H A B
procurer par des échanges. L e Pharmacien , pou*
employer les plantes lés plus énergiques, irait
les prendre dans les lieux ou elles croiflent naturellement.
Mais on fera étonné combien de différences
on peut trouver dans les.différentes patries des
plantes diverfes obfervées fur la terre. Vo icf
celles que Linné fait connoître dans la Differta-
tion dont je viens de parler, &. fur-tout dans fa
• PhiloJ&phia botanica.
La patrie des plantes fe détermine par le lieu
ou On les trouve communément; ainfi, par
exemple, quand il s’agit des plantes les plus ra*
res, on leur .aflïgne un Pays, un Royaume, une
Province.
Le climat te «ont p te relativement à la latitude,
à la longitude & à l’élévation perpendiculaire du
fite au-deffus du niveau de la mer. Il faut obfer-
vér que l’élévation du lire d'une plante au-delfùs
du niveau d er la mer, efl plus caraélériftique,
quand il s’agit—de déterminer la patrie d’une
plante , que les autres cararièrcs que j’ai déjà
indiqués; en obfervant pourtant que cette hauteur
du loi au-deffus de la mer, ne fauro.it produise
les mêmes effets dans tous les lieux de la terre ;
certainement la chaleur doit être plus grande
à la même, élévation au Sénégal, que dans la
Suède. . \
Il y a des plantes aquatiques qu’on trouve
également aux Indes & en Europe, comme Vutri-
cularia, défera- : on fait au moins que l’eau ne
gèle pas dans tons lés lieux où elle eft profonde.
Les plantes Alpines de Ip, Laponie, du Groenla
n d ,d e la Sibérie, de Ja Suiffe, du pays de
Ga.les, des Pyrénées, dé l’Olympe, de l’Ararat
& du Bréfil, fönt à-peu-près les mêmes; elles
y font également couvertes de neiges, & elles
y font ainfi a t abri des greffes gelées ; mais eilqs
y font également découvertes, quand la chaleur
influe fur la végétation, parce que les neiges
font alors fondues.
Le fo l fait connoître la nature du terrain
1 fes propriétés -relativement à la terre qui le
forme.
La mer ou l’eau falie recèle les plantes, fans
racines qui fe nourriffent par leurs. pores, &
qui craignent le froid comme les fuei\ &c. Les
bords de la mer formés par un fable imprégné
de fel marin, expofés aux vents & aux flots ont
des plantes particulières comme la fulicome , &o.
Les fources â?eaux douces ù pures ont les
plänres qui couvrent leurs baflins ou qui. les
entourent comme lemnium, le bécabunga , &ç.
Les fleuves, les rivières formés par des, eaux
putes & courantes fayorifent le développement
de certains végétaux tels que le ppcamogeton
& fur-tout ^a fon finale. Les rives des fleuves
& des lacs caches fous Veau pendant V hiv er. nour-
riffqnt la fcutellaria, &c.
Ée§ la.cç don^ le £pnd efl ferme offrent la
(?y mphcnQ
H A B
nympheea , &c. Les étangs, dont le fond eff li-
monneux, donnent naiffance à la char a , &c. Les
marais, quifont couverts de boue pendant l Hiver ,
& qui font fecs pendant l’E té , présentent un
afyle au carex, &c. Les marais pleins de terres
mêlées, environnés d’eaux profondes & bour-
beufes offrent le fpkagnum , &c.
Les lieux inondés pendant ...l’Hiver, dejféche's
pendant quelques momens de l’Été , & alternativement
couverts d’eau, produifent le riz, &c.
Les lieux humides, où les moiflons 8L les foins
ne réufliflent pas, fe couvreqf de valériane, &c.
Les hautes alpes, ou les pLus hautes montagnes 1
couvertes de neiges font fans’ arbres, & on y
troufe la gentiane, &c. Les rochers aridesfour-
niffent le Jcdum, &c. Les lichens s’attachent aux
rochers les plus élevés du mont-blanc, où le
froid, & peut-être la rareté de l’air, ne laiffent
végéter aucune autre plante comme M. Defauf-
fure l’obferva lorfqu’au milieu de mille dangers
il atteignit le premier avec lç génie & les in i-
trumens de l’Obfervateur cette cime qui eft fù-
rement une des plus élevées de la terre & qui
paroiffoit jufqu’alors inacceffible, Le cucubalus
aeaulis, & la diapenfia heli/etica. font les plantes
parfaites que ce grand Obfcrvatéur a vu les dernières
dans les régions élevées qu’il a parcourues.
Les montagnes & les collines fablonneujes donnent
Y arnica feorpioides, &c.
Les champs fecs & abrités donnent naiffance à
j ’yyette,
Les forêts ombreufes, pleines d’un fable flérile
produifent Xhypnum^ & c .
Les forêts au pied des montagnes, qui ont un
fol lpongieux, humide, qui font peu expofées
aux vents, voyent naître les plantes du Printems
qui ne peuvent fupporter ni le froid ni la
chaleur.
Les près Jîtués dans le bas des vallées fe distinguent
en prés fertiles, en prés plus ou moins
humides,; ils ont aulfi leurs plante-, particulières;
«de tqême que les pâturages qui font des prés
plus fférifés & plus fecs.
' s Mais cetjte variété eff encore plus grande :
Jes champs qui fe repolent ont leurs plantes,
comme ceux-qui font labourés ;, on remarque
auflî que Jes bords des champs ont leurs végétaux
comme les jardins , les fumiers , &c.
Les terres vraiment favorables à la végétation,
font les terres végétales les plus atténuées ; mais
]es fables ont leurs plantés ; de même que Var-
gille & là craye en ont qui font propres. C’eft
.ainfi que , par la feule infpeétion des plantes ,
pn pourroit parvenir à connoître les terreins
pu elles croiflent.
J ’obferverai qu’il y a? des plantes aquatiques
qui n’occupent pas les mêmes places pendant
,1’Été & pendant l’Hivçr ; on lit, dans la Médecine
/flairée par la Phyjique nf° xi, l’extjraït d’un Mémoire
de M. Fabriçius dans lequel Ôti apprend
fhyfiologte y pétale. Tij>mcl.er L eri Pqrtif,
H A B i j j
que les plantes aquatiques, pour échapper aux
rigueurs de l’Hiver, gagnent le fond des eaux,
quand cette faifon commence, & en reffortent
vers la fin, dans les premiers beaux jours du
Printems. Ce Botanifte ajoute que le changement
de la température n’eft pas fuffifant pour expliquer
ce phénomène : il arrive au moins quelquefois
que ces plantes remontent au Printem*
dans un infiant où le froid eft plus grand que
lorfqu’elles fe font fubnietgées dans l’Automne
précédente.
Telle efl cette immenfe variété de végétaux
q u i affure dans tous les lieux, dans tous, les
temps, dans tontes les circonftances, les plantes
néceffaires aux hommes & aux diverfes efpèces
d’animaux qui animent l’Univers.
S’il n’y a voit qu’une feule plante, il n y aurait
eu qu’une feule efpèce de terrein rapiffé
de verdure, & il aurait fallu que cette elpèce
unique alimentât toutes les efpèces d'animaux
que nous obfervons. Dès-lors la face du globe *
aurait été entièrement changée. Une foule d’in-
feétes qui fe fuccèdent qui font nourris
par les plantes développées fucceflivement ,
auraient été forcé d’exifter enfemble. Tous les
animaux aquatiques, qui fe nourriffent de végétaux,
auroient dû être amphibies, &ç. Ce n’eft pas
tout ; il aurait fallu encore néceflâireinent ; où
que toutes les fltuationsde la terre relativement
au foleil & aux autres circonflançes, fuffent uniformes
dans leurs rapports! avec la végétation ;
on que la nature de ce végétal unique- qui aurait
rapiffé la terre, pût facilement fe prêter à
toutes ces fituations différentes i ce qui ne paraît
guère poflible, dans l’état aéhiels des chofes où
l’on voit clairement que la variété des terreins
donne naiffance à la variété des végétaux qu’on
obferve & produit ainfi cette heureufe fuccefticn
de feuilles, de fleurs, de fruits, propres à nour-j
rir dans l’année cette variété d’animaux quj
exifte, & qui fe reproduifent dans tous les
momens dé Vannée & fur tous les points du
globe. • • *
Une feule confidération tirée d’un feul des
élémens qui doivent entrer dans l’examen dé
cette queftion, rendra tout ce que j’ai dit plus
fenifible : l’expérience apprend que chaque plante
a befoin d’une certaine fomme de chaleur ,
pour germer, végéter, fleurir, donner fes fruits;
en fort© que, dès que cetre fonune de chaleur
devient par la latitude du lieu, ou trop grande-,
ou trop petite ; cette plante doit ceffer de vivre,
ou du moins de fe multiplier ; '.cette condition
eft capitale pour déterminer la patrie des plantes,
C’eft d’après ce principe que RI. l’Abbé ^oulaire,
dans fon Hijloire naturelle de la France méridionale,
fécondé partie, Tome /, divife botaniquement ce
Royaume en cinq climats; celui de l oranger,
de l’olivier, de la vigne, du châtaignier, & de§
plantes glpines. Mais il trquye des plantes vagaej