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qu'il ne foit pas poffible d’en afiigner une caufe '
apparente.
Tels font les faits principaux qu’on connolt
fur le mouvement de la Seve. Mais où efl la
force motrice qui lui donne l’impulfion ? comment
s’exécute ce mouvement? où fe meuvent
ces fluides ? Voilà autant de queflions, qui laif-
fent feulement entrevoir quelques hypothèfes
plus ou moins probables, pour les réfoudre, fans
laiffer l’efpoir a une folurion complette.
On n’a point encore remarqué de force particulière
au végétal, pour imprimer à la Sève le
mouvement qu’elle a ; puifqu’on ne peut montrer
l’irritabilité des plantes dans toutes leurs parties.
Cependant , comme elle efl extrêmement probable
, on a cru qu’elle devoit être la caufe du
mouvement de la Sèvê. M. Coulon l’emploie
en particulier dans une Diflertation , intitulée :
De mutata Humorum in regno organico indole, à
motuvitali vafortim derivanda, dont j’ai vu l’extrait
dans les Gottingifchen An^eige, 70 Stiick , p. 705.
Cet Auteur , après avoir prouvé l’irritabilité des
plantes, cherche à montrer l’aélion des végétaux
fur les fluides. 11 obferve que les fucs qui s’écoulent
d’abord des vaifleaux de VEupkorbia Lathyris,
dont on a coupé la tige , font blancs , & qu’ils
deviennent enfuire tranfparens : il foupçonne que
le defféchemer.t de la plar.te n’eft point la caufe
de ces changemens, puifqu’on remarque ce phénomène
quand on baigne la plante dans l’eau.
Il prouve que les fucs de cette Euphorbe coulent
plus tard quand la plante a été touchée avec une
eau , faiblement imprégnée d’alun ou de vitriol.
Il croit enfin que l’irritabilité efl la caufe de l’af-
cenfion de la Sève dans les tiges fraîches, parce
que, fans vie, if n’y a point d’afcenfion de liqueur
dans les végétaux. En effet, cetteafeenfion languit
lorfque la vie de la plante efl languiffante.
Telle efl leur langueur pendant l'Hiver : & il la
compare au fomnieil, parce quelle neparoit pas
produite par le froid ; puifque , dans les terres
chaudes, les plantes perdent leurs feuilles. Telle
efl la langueur occafionnée par le defaut de lumière
qui produit l’étiolement. Telle efl la langueur
de la vieilleffe : les feuilles de la fenfitive
vieille s’émeuvent plus lentement: les jeunes tiges
tirent plus d’eau que les vieilles. Telle efl enfin
la langueur occafionnée par le froid , les
plantes tirent alors moins d’eau, végètent peu.
J ’avoue que tout cela n’offre que des probabilités
, fans, offrir quelque choie qui ait feulement
encore une apparence de réalité. Voyii
I r r i t a b i l i t é . Ajouterai-je que des expériences
que j’ai faites dernièrement me permettent de
croire que les plantes, ou les rameaux des plantes,
qui plongent dans des eaux aiguifées avec quelques
tels , ont tiré beaucoup plus de ces eaux
quelles n’en ont tiré au faleil dans l’eau commune?
Mais ces expériences, qui ne font encore
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qu’ébauchées, ne permettent pas d’en tirer aucune
conclufion tranchante & générale*
M. Hedwig , dont l’opinion doit être fi importante
, ne fe borne pas à une feule caufe de la
circulation des fucs dans les végétaux. Il compte,
parmi elles le Principe vital, parce que les plantes
mortes ne tirent plus d’eau. Mais on ignore
abfolument en quoi confiée ce principe vital.
Lélafiicité des fibres ou des v ai fie aux, qui forment
les trachées ? M. Bonnet avoir eu cette opinion,
quoiqu’il ne confidérât pas les trachées comme des
vaifleaux qui doivent devenir des fibres : & à cet
égard M. Hedwig auroit une caufe plu9 efficiente
, parce- que le mouvement efl plus facile
dans le plan incliné que dans un tube perpendiculaire
au terrein L ’action de la tranfpiration t
qui retarde ou accélère le mouvement de laSève?
Mais ceci n’offre guères qu’un effet fans préfen-«
ter une caufe : il y a un mouvement de la Sève
dans les plantes étiolées où la tranfpiration efl fi
foible. Enfin il croit que ce mouvement mêle
les fucs nourriciers de manière qu’ils ne cèdent
point à leur pefanteur fpécifique. Mais cela ne
nous fait pas mieax connoitre la caufe Au mouvement..
Voilà l’opinion qui paroît pourtant la plus
probable. Je l’ai mile à la tête des autres, avant
de les difeuter, parce qu’il efl agréable de fa-
voir fur quoi l’on peut compter, lorfqu’onvoit
s’écrouler tous les moyens employés pour fatis-
faire la curiofité & le defir de favoir. Je joindrai
à toutes les hypothèfes dont je vais parler, l’explication
que M. Defauffure m’a donnée du mouvement
de la Sève; & je la place la dernière,
i.° Parce qu’elle n’eft pas plus connue que plu-
fieurs idées capitales, répandues dans cet Ouvrage
que ce grand Naturalifte a eu la complaifancc
de me communiquer ; je me fuis emprefféde les
rendre publiques pour répandre la lumière
qu’elles renferment, & pour augmenter la re-
connoiflance que lui doivent ceux qui s’occupent
de Ce genre de recherches. 2.0 Parce que
c’eft après ialeéïure de mon Ouvragé, qu’il a eu
la bonté de me remettre le Mémoire qui renferme
les détails de fon opinion. 3.0 Enfin,
parce que cette opinion efl vraiment la feule de
toutes celles qu’on a imaginées, qui rende rai-
fon des phénomènes, d’une manière facile, &
qui foit le plus à l’abri des grandes objections.
On a foupçonné que l’afcenlion de la Sève
étoit un effet de Vdttradion exercée par les vaif-
feaux ou les tubes capillaires, fur les fluides qu’ils
contiennent. Mais le calcul fait fentir bien-tôr la
petite influence de cette caufe-, car, comme il
efl démontré que l’élévation de l ’eau dans les
tubes capillaires efl en raifon inverfe de leurs
diamètres, il efl clair que la hauteur à laquelle
les tubes fuppofés dans les plantes, pourroient
élever l’eau, leroit infiniment petite, en.compa-
f raifon de ce que nous voyons-, puifque des tubes
dont
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dont le diamètre feroit la deux, centième partie
d’une ligne, n’éleveroient l’eaü quà 7 pouces .
D’ailleurs fi les tubes capillaires attirent 1 eàü, .
ils la confervent au-dèdans d’éüx , par cette attraction,
ce qui ne favôriferoit pas la circulation des
fluides., Les tubes capillairesexpliqueroient peut- ;i
être l’afcenfion de la Sève, quand la lumière »
agit fur les feuilles ; mais elle n’explique pas là
defeente de ces fucs , & lêé fucs propres doivent
y rouler pendant la nuit , , comme pendant le ,
jour. M. Giobert, dans fes Recherches fur lés ;
Engrais , remarque fort bien que l’afeenfion des <
liqueurs dans les tubes capillaires, ne fe fait |
plus quand lès tubes ont perdu leur p o li, & on
n’imagine pas que les tubes capillaires des plantes
foient aum polis que ceux qui font faits
avec lè verre.1 Je dois ajouter auffi que la denfitë \
du verre efl bien différente de celle des vaifleaux
des plantes. ' . :
GreV croyoit que la force motrice des plantes
réjîdoir dans Uur firuclure : il imaginoit que les
utricules du parenchyme -étant' très- gonflés, ;
preflent les vaifleaux, & les forcent, par cette
compreffion, à rendre le fuc qu’ils contiennent.
Mais on fait qu’il n’y a point d’ûtriculës dans ;
le bois : & les vaifleaux hôrizomau?e, qui font
communiquer la moël'le’ avec le^ parenchymej \
font des vaifleaux & non des utricules.
Malpighi à foupçoimé que W m’ouvement de
jla Sève étoit produit par V'e'dp'anflon & ta conden-
fation de Vair dans les trachées , lorfque fa tempé-
jturc change. On coin prend1bien comment le gonflement
des' trachées peut preffer les vaifleaux,
& forcer les flics à monter bu à defeendre : mais .
alors il n’y auroit de mouvement dans les plantes
que lOrfque la/température fé changeroit;
il n’y auroit a’abforptipn,.qüè lorfque1 lacliâlçur ;
diminuerait ,'pârCé que les trachées; dont l’air •
feroit moins dilaté , feroient àufli moinsigonfiées : ;
& mes expériences prouvent que la plus grande ;
fücciori des branches qui plongent dans l’eau, ?
fe fait lorfqii’eflèè font expofées au foleil le plus ;
ardent. Outre cela, comme il y a toujours une ;
quantité affez grande d’alimens qui doit entrer,
à chaque inftant, dans la m affe dêètlnidés, cela
ne pourrdit arriver, fuivant cette hÿpothèfe,
que dans des. cas'particuliers, & cela ,rèridroit
xiéceffaire des liétix de dépôt pour les fluides qui
fe prépareroient, & qui feroient quelque' tems
fans emploi.
On ne peut foupçonner avec Periault, une ■
fermentation qui donneroit feulement ' de l’air ,
.fixe, qui ne pourroit guères avoir lieu d’une manière
un peu énergique, que pendant les ch a- ,
leurs de l’Eté, & qui n’éleveroif jamais au Prin-
tems la Sève à 40 pieds^
Lé poids de Vatmoffliere n’expliqite pàs mieux
ce phénomène-, puifqu’il n’éleveroit l’eau qu’à
32 pieds, & il y a des arbres quarrè fois, atifti
grands. Quand on fuppoferoit la Sèyé réduire
Phyfiologie végétale. Tom. I .er I .tre Partie,
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en vapeurs, la légèreté ne la.feroit monter qu autant
quelle fe trouveroit.dans l’air. D ailleurs
là Sève vapqreufe, en s’appliquant contre les
parois des vaifleaux des plantes, y perdroitbientôt
la chaleur qui l’àvoit vaporifée , & elle cef-
feroit ainfi d’être une vapeur. Alors,;.l’eau retomber
oit. parce quelle ne pourroit être retenue!,
& qu’elle feroit un effort continuel . par
fon poids pour retomber., Cependant rien n’em-
p^cheroit cèttè c h û t e p u is q u ’on n’a point
découvert dé valvules dans, les vaifleaux des
plantés. . . ... -, .!.r ». r /b .
Enfin, M. de'la Hire a imaginé l’opinion qui
a le plus de vraifemblancé, Si qui a réuni le plus
grand nombre de Seôlateurs. Il voit les plantes
comme elles font formées par une infinité défibrés
minces & longitudinales , qui fuivent la direction de*
racines , des tiges & des branches : il regarde ces
fibres .comme des tubes qui peuvent porter partout
un fluide.: ces tubes, quoique réparés, ne
fon t' pas fans, union, mais ils communiquent
entr’èux par une fubflance fpongieufe, compo-
fée de véficules : cette fubflance ccnftitue tout
le parenchyme: ces vaifleaux font afçendans &
defeendans ; & ils ne diffèrent entr’eux que par
des valvules différentes, propres à retenir le fluide
: montant, afin qu’il ne retombe pas, & lé fluide
; defeendanr, afin qu’il ne remonte pas : alors, au
moyen de la ccndenfatiôn & de l’expanfion de
] l’air, M. de la Hire fait aller la machine qu’il
crée. Mais les difficultés contre le fyftême de
Malpighi font écrouler celui-ci, & l’impoffibi-
lité de. trou ver des valvules,, achève .de le ren-
verfer. D’ailleurs les racines dans le fein de la
terre, étant peu fujettes aux chaagemens de la
température, feroient peu propres à jouer leur
rôle, dans cette hypôthèfe.
La difficulté d’imaginer quelque chofe de fa-
tisfaifant, enhardit pour imaginer, encore,- on ne
craint plus des écueils célèbres par mille naufrages.
On a confidéré hs pUntes comme étant formées
par un corps fpqngieux, uni a. des fibres ou à
des vaifleaux humectés par leurs parties inférieures,
& qui s’humeftent ainfi,de proche en proche,
jufqû’à la hauteur la plus grande : & l’on fait
parcourir à la Sève tout fon chemin, depuis le
chevelu des racines de la plante jufqu’à fa cîme,
comme on voit une. bande de drap très-longue
fe mouiller dans toute fa longueur, quand elle
plonge dans un-vafe d’eau par une de fes extrémités.
M. de la Hire a fait des expériences curieufes
fur ce, fujeb- tjne bande de papier gris ayant
dëini-p*ouc,e, de longueur, trempant dans l’eau
par un de ,fes bouts, fe mouilla jufqu’à la hauteur,
,d.ëfix pouces. Un tube de .trois lignes, ouvert
, & trempant dans l’eau, après avoir été rempli
; de petits morceaux d’éponges., fe mouilla feulement
à la hauteur d’un poupe ; f’eau ne s’éleva
q uà la hauteur de 0 pouces & deux lignes dans
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