*94 V E G Quelle Chymie que celle qui fabrique dans
des organes, li femblables en apparence , & fi
voifins des matières auffi différentes en réalité ,
que l’écorce du rofier & la rofe, la pulpe do la
pêche & fon bois ! Mais ce qui confond, c’eft
que l’eau, la terre,l’air fix e, la lumière, l’air
pur,foient les feuls ingrédiens de ces produits
dont la différence eft fi grande. Et qu’eft-ce
eneo're que tout cela confidéré dans une plante,
fi l’on réfléchit aux différences plus grandes encore
qu’il y a entre toutes les plantes : quand
-on penfe que ces variétés font préparées par
les mêmes moyens & dans des organes qui diffèrent
fans doute à mille égards en fe reflern-
blant fi fort par tant d’autres?
Mais, malgré l’imperfeéHpn de l’analyfô végétale
, on eft étonné quand on penfe qu’on re=-
tire des végétaux, fans faction du feu , des huiles
par exprelllon, des fels effentiels, des mucilages,
des gommes, des réfines, un efprit reéleur, lair
fixe. Par le feu les végétaux fourniffent de l’eau
plus on moins fapide , plus ou moins odorante,
des fels acides & alkalins, le plus fou vent fixes,
rarement volatils, pour l’ordinaire neutres,
c ’eft-à-dire compofés de l’acide végétal, combiné
avec l’alkali fixe. On y trouve même auffi
des fels minéraux. Les végétaux donnent pareillement
les huiles effentielles, empyreumatiques,-
-une terre propre à être vitrifiée, comme dans
les plantes farineufes, & une terre abforbante ou
calcaire.
Ces terres font d’autant plus fingulières dans
les végétaux qu’elles font fouvent réunies dans
les mêmes plantes, quoique ces terres ne foient
jamais pures dans le terreau qui fert à la Végétation.
Enfin on découvre dans les plantes, du fer,
de la manganèfe & peut-être de l’or.
Pour finir cet article je voudrois ébaucher la
nouvelle théorie végétale que préfente la nouvelle
Chymie. Elle réduit à l’oxygène, l’hydrogène
, l’azote & le carbone, les principes confti-
tutifs des végétaux: &, il faut l’avouer, c’eft à
ces fubftances que l’analyfe végétale rapporte
prefque toute la matière folide des végétaux.
Les trois premiers principes ont une tendance
décidée à s’unir avec le calorique & à fe convertir
par cette combinaifon en gaz. tandis que
le carbone a peu d’affinité avec le calorique.
D ’un autre côté, l’oxygène s’unit avec un degré de
force à-peu-près égal à ces trois êtres', mais il pa-
roit s’unira l’hydrogène & au carbone dans toutes
les températures. Outre cela l’oxygène a plus
d’affinité avec le carbone à une chaleur rouge :
mais cela intéreffe peu l’hifloire de la Végétation:
cependant c’eft ainfi que l’oxygène quitte l’hydrogène
Jtour £e combiner avec le carbone' &
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faire l’acide carbonique : La Végétation, ou plutôt
la fermentation qui l’accompagne nous fournit
le même acide carbonique dans des circonf-
tances qui favorifent fans doute les affinités propres
à former cet acide : mais nous n’avons pu
encore les pénétrer.
On ne peut apprécier la force de ces unions-r
& les effets de ces combinaifons : il paroît cependant
que quelques variables que loiènt ces
forces en railon du degré de la température ,
ou de la quantité du calorique, elles font prel-
que en équilibre à la température où nous vivons.
Ainfi, comme on le lit dans les nouveaux Èlémens
de Chymie , qui fourniffent cette théorie, les végétaux
ne contiennent réellement, ni huile , ni
eau , ni acide carbonique mais feulement les
élémens de ces fubftances, qui forment une
combinaifon triple , d’où réfultent le repos &
l’équilibre. Alors un changement dans la température
change cet échaffaudage de combinaifons
: à la chaleur de l’eau bouillante, l’oxygène
& l’hydrogène s’unifient & donnent de l’eau qui
paffe dans la diftillation , une portion de carbone &
d’hydrogène forment l’huile volatile, une autre portion
de carbone devient libre &refte au fond de la
cornue. Mais fi l’on applique une chaleur rouge
au végétal, alors l’oxygène s’unit au carbone
avec lequèl il a plus d'affinités, & forme l’acide
carbonique : l’hydrogène devenu lihre, s’échappe
fous la forme de gaz en s’uniffant au calorique,
A ce degré, il ne fe forme point d’huile , ou fî
elle avoir été formée elle fe feroit décompofée.
Aurefte, la marche de la diftillation démontre
la vérité de cette théorie.
Cela eft un peu plus combiné dans les plantes
qui contiennent l’azote comme' les crucifères,
& dans celles qui fourniffent du phofphore; mais
il faut remarquer, que ces fubftances font en
petites quantités, cequin’occafionne pasde grands
changemens : le phofphore demeure combiné
avec le carbone, & l'azote uni à l’hydrogène,
forme l'alkali volatil.
Tous les acides du règne végétal ont pour
bafe l’hydrogène & le carbone ; quelquefois
le phofphore s’unit à c eu x -c i, & le tout fe
combine avec une portion plus ou moins grande
d’oxygène. Tant que cet équilibre fubfifte, on ne
fauroit diftinguer ni eux, ni les produits particuliers,
auxquels la rupture de cet équilibre
donne naiffance.
Les oxides végétaux à deux bafes font le
fucre, les corps muqueux : l’hydrogène & le
carbone y font liés de manière qu’ils ne forment
qu’une bafe ; mais ils font portés à l’état d’oxide
par l’oxygène qui fe combine avec eux, & ils
11e diffèrent que par la proportion des principes
V E G
eonffitutlfs de la bafe ; ils deviennent ainfi oxides
en s’oxygénant davantage. On voit donc comment
par le moyen des différentes proportions
d’hydrogène & de carbone & par le degré
different d’oxygénation tous les acides végétaux
peuvent fe former.
Je vois, d’après une analyfe de l’indigo faite
par M . le Blond dans \e Journal de P hyjîque,Février
î 79 z ,& les observations de M. Berthollct, que
ce rte théorie explique for.tbien la couleur verte
des végétaux. J’ai fait remarquer que cetté couleur
verte étoit le produit de la couleur jaune qm eft fondamentale
dans les plantes, & de la couleur bleue
qui eft accidentelle. Voye\ mes Mémoires Phy-
(ico—chimiques, Tom. JJ. L analyfe de M. le Blond
montre que la couleur bleue eft compofée de
charbon, de fer & de mofette: que le mucilage
eft formé par la potaffe & 1 extrait jaunâtre .
en forte qu’il eft facile d’imaginer comment
l’eau eft décompofée par le charbon au moyen
de la lumière, comment cet air pur s’échappe
en partie tandis que l’air inflammable devient
le principe conftitutif de 1 huile Ou du charbon.
On y voit de même comment la mofette plus ou
moins combinée avec l’air fixe fert à la produéiion
de lafécule colorante, & comment l’air pur qui s’échappe
dans la plante faine, décolore les fouilles malades
en opérant la combuftion du charbon. Voye\
Couleur des plantes, Etiolement, Lumière.
Mais ce qui donne plus de force à ma
théorie, c’eft l’analyfeque M. Berthollet a donnée
de l’acide pruffique : il conclut que l’hydrogène
& l’azote y exiftent combinés avec le charbon,
& que l’ammoniaque peut fe former au-ffi-tôt que
l ’oxygèneeft en étatde fe combiner avec les aurr.es
parties & de les décompofer : ce qui n’arrive
que lorfque les feuilles tombent & perdent le
pouvoir de chaffer l’oxygène ou de les combiner
autrement.
Je ne puis diflimuler que M. Berthollet penfe
différemment dans fes'excellens Elémens de Teinture,
Tom. L II croit que fix grains de fer trouvés
dans une once d’indigo , par Bergman , ne
fauroient le colorer en bleu ; d’autant plus que
ces fix grains peuvent être diflous par l’acide
marin fans nuire à la couleur bleue de cette
fubftance. 11 croit que les verts ne font pas tous
comme ceux de la teinture, les produits du jaune
& du bleu -, mais qu’il y en a qui font l’effet
d’une fubftance homogène : & il regarde le vert
des plantes comme étant dans ce nombre. 11
penfe auffi que la plupart des nuances qui
exiftent dans la Nature reffemblent à cet égard
à la couleur verte des végétaux. M. Berthollet
appuie cette opinion fur L’impoffibilité actuelle
de féparer la couleur bleue & jaune qui font
cette couleur verte, pu de changer leur proportion
par le moyen de quelque diffolvant.
Cependant^! y a des fubftances dans toutes les
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plantes qui contiennent des parties colorantes
de différentes efpèces, telle que la garance.
J ’obferverai pourtant que les plantes étiolées
font jaunes, que la paille & les feuilles vertes
qui fe fâchent à l’air jauniffenr, enfin que les
teintures vertes à l’efp r it-d e -v in expofées à la
lumière jauniffenr de même, & qu’il fe forme
un précipité jaunâtre. M. Berthollet remarque
fort bien que la lumière colore en vert les plantes
lorfqu’elle charte l’oxygène hors du parenchyme
& qu’elle les décolore en fixant I’oxigène- ou en
produifantune efpèce de conrbuflion.
Il paroîtroit de-là que la confiance & la fixité
des couleurs font dites à la proportion des principes
fixes qui entrent dans la compofition des
.parties colorantes , & à la furabondance duchar-
boh qui en fe combinant moins avec l’oxygène
que l'hydrogène leur donne la propriété de ré-
fifler à i’aclion de l ’air, fuivant leç obfervations
de.M. Berthollet. Cefi auffi pouf cela que l’indigo
contient une portion afl'ez grande d’hydrogène
, d’un peu d’azote, très-peu de fer ,' mais
fur-tout une quantité de charbon, telle qu’on
n en obtient autant d’aucune autre fubfknce
végétale connue ; pnifquc 47 grains d’indigo
pur. ont laiffé 23 grains -de charbon, dont il
faut fouflraire quatre grains de cendres. Voyez
Elémens de Teinture, Tenu. U . Ce charbon a
une forme réfiaeufe dans la plante: mais la
putréfaéhon que l'indigo a fubi en a dégagé une
partie de l’hydrogène : & le battage en favorisant
le contaél de l'air a augmenté l’effet de
'? o-°!î’ bl;.fllon produite par la putréfaélion.
Auilt 1 indigo pourrit quand on le bat trop long-
, tems. . r o
Cette théorie efl auffi belle quelle efi (impie :
avec l’air commun qui fournir l’azote, l’oxygène
& l’acide carbonique quand il s’unit au caré
bone; avec l ’eau qui fournit auffi l'hydrogène,
& l’oxygène ; avec le calorique de la lumière ;
toute la machine joue fort bien, les affinités
fotitétablies, & le fyfiêmevégétal peut marcher,
& tous les produits des végétaux peuvent être
les effets de la combinaifon de ces différentes
fubfiances.
U .
UTRICULES. Ort donne ce nom aux véficules
qui forment le parenchyme : elles ont une figure
& une grofl'eur différente : mais elles paroiffent
liées entr elles & avec les gros vaiBeaux, par
des vai fléaux plus petits comme HilL le fàit voir.
On trouve ces Urricuiesdanslesracines, l’écorce,
les feuilles', les pétales, les piflils, les filets, Stc.
Gre-wcoînpare ces Utricufes à l ’écume qui fe