*44 R A C
aufli nourries par la plante, qui leur renvoyé
des lues préparés pour leur aliment : les plantes
dont on 'retranche fou vent les branches, perdent
leurs Racines, parce que celles-ci perdent
leurs nourrices. Cependant, comme la Nature
des Racines eft pourtant différente de celle des
branches, je croirois bien que le s ,lues envoyés
aux Racines, y fou firent peut-être encore quelque
préparation particulière, pour y être accommodés
à la destination qu’ils doivent remplir.
Mais je ne puis croire que les fucs élaborés
qui font defeendus pour nourrir la Racine,
remontent encore dans la plante. Il me paroît
d’abord que fi la lymphe a été élaborée dans la
plante, quand il n’y a point de feuilles, comme
on l’obferve dans les pleurs de la vigne, qui
contiennent déjà des principes végétaux * il faut
que les Racines aient contribué à cette élaboration.
D’un autre c ô té , je ne doute pas que
les Racines ne dépofent, par la tranfpiration,
la partie des fucs propres, qu’ils ney peuvent
employer à leur nourriture. Mais ce font des
expériences à tenter. J’ai eflayé deux ou trois
fois, après des jours allez humides, d’enfermer
des Racines de grofeiilier & de tourne-fol, dans
un vafe de verre, que je recouvrois de terre,
en le tenant bien bouché : mais, dans l’efpace
de vingt-quarre heures, je n’y - ai jamais apperçu
la moindre humidité. 11 feroit pourtant poflible
que ces fucs élaborés fuflent repompés & qu’ils
ofcillàffent, fi je peux me fervir de cette ex--
jprefiion, en montant & en defeendant dans,
k s mêmes vaifteaux. Voyez Sève*
Voici un phénomène qui mérite queiqu’at-
tention : on fait que fi les Racines des arbres
plantés près des conduits d’eau y pénètrent,
çlles'y forment des queues de renard,-ou des
touffes de filamens, qui les rempli fient bien-tôt,
îk qui les obfiruent totalement. M. Duhamel,
pour fe rendre raifon de ce phénomène, voulut
l ’obferver avec foin * il fit entrer une petite
Racine dans un tube de -verre plein d’eau: il
çbferva qu’il fë formoit fur la Racine des tubercules
très-mois, qui l’cRdommageoient : la queue
de renard parut en fui te, &-ii remarqua autour
des Racines, une matière gélatineufe, qui étoit
peut-être une excrétion de la fève déterminée
par la dilatation des pores de la Racine, macérée
continuellement dans l’eau. Cette matière gé^
latineu fe feroit-elle l’excrétion que je foupçonne,
& qui me paroît indifpenfable ? _car, quelle
que petite que foit la quantité de fucs propres,
qui arrivent 'aux Racines, comme ils y arrivent
toujours, ils y formeraient ides dépôts, s’ils ne
s’employoient pas entièrement à leur profit;
mais comme ils ne fauroient fe combiner avec
la Racine , dans l’état où ils y arrivent, il faut
néçeffarrement qu’il y ait une partie de ces fucs
qui s’échappent; & c’eft peut-être la partie géla-
lineufe qui feroit la moins propre à lacooebinaifou,
R a c
% Il faut enfin que tomes les plantes terreftres1
aient leurs Racines plus ou moins humeétées,
pour fournir à la plante une eau propre à dif-
louclre l ’air fixe, & avec lui la terre végétale
qui doivent la nourrir.
Je crois que toutes les Racines de toutes les
plantes ne tirent de la terre que l’eau ou la
lymphe dont j’ai parlé : mais quand je vois le
tiflu des Racines fi différent dans différentes
plantes, je crois auflî que cette lymphe commence
déjà à s’élaborer, en traverfant fis filtres
des racines : & fi les engrais combinent quelque
chofe d’étranger à la terre végétale, avec
l’eau qui pénètre les plantes, alors ils donneront
aux plantes ce qu’on appelle le goût du
terroir. Voye\ En g r a is . Mais, d’un autre côté,
on fendra que fi les eaux font chargées ou
d’une quantité trop grande d’air fixe, ou bien
fi elles font trop abondantes, & trop dépouillées
de la terre & de l’air fixe, qui leur font né-
ceffaires, ou bien enfin fi les eaux font pourries
, les Racines fouffriront, ou par une nourriture
trop fucculente, ou trop maigre, ou
enfin par la fermentation du fluide nourricier
qui détruira leur organifation. Aufii les Racines
d’un grand nombre de plantes përiffent dans
les eaux flagnantes.
Ne fer oit-il pas^pofîible qiie-leS racines euffent
des organes excrétoires, & qu’ils agiffent déjà
fur la fêve attirée par les Racines ? On eft dif-
pofé à le croire, quand on voit la première
fève du Printems déjà élaborée, quoique les
vignes n’aient point encore de feuilles. Voyez
L y m p h e . Ënfuite il eft clair que cette élabo-
tion ne peut fe faire que par une excrétion
particulière; & .s’il cft poffible d’imaginer ces
organes excrétoires, pour la fève defcemlante
ou les fucs propres, comme je l’ai déjà fait
remarquer, il n’eft pas moins probable de crçire
l’exifience d’organes fiemblafcîes pour la fève;
àfeendante ou la lymphe. Ce font cè's excrétions,
qui fèrtilifent la terre voifine des grofiesRaçînés f
on a fouverit obfervé que la terré qui environne
une groffe Racine, eft plus noire que,
celle qui en eft éloignée.
Je n’oublierai pas de dire que les Racines fèr-^
vent à amarrer les plantes au rerrein• & à les
mettre à, l’abri du choc des vents, qui doit
être bien puiffant, lorfqtre les plantes font fort
élancées & Couvertes dé leurs feuillés. ■
On peut croire que les Racines fervent, pendant
l’Hiver, de conduéleur de chaleur, &
fur-tout la Racine pivotante; elles font placées
dans un milieu où le froid de l’Hiver ne fe
fait jamais fortement fenrir, dans nos climats,
& où il ne-gèle prefque pas, même en Laponie,
fous la neige; de manière que ces Racines ainfi
enterrées, reftitueront à la plante là chaleur
que l ’air extérieur peut lui enlever , quand
il eft bien froid. Voye% Chaleur., 'G elée.
r a c
Malgré les grands fervices que les Racines.1
rendent aux plantes qui végètent, depuis le
moment où elles commencent à fè développer,
jufqu à leur mort; il faut obferver pourtant qu il
y a dès plantes fans Racines, comme les byflus,
les conferves, les truffes,, & plulieurs champignons.
On fait de plus Inexpérience de M. le
Marquis de Gouffier, qui a fait végéter une
hyacinthe, dans l’eau, en laifiant à 1 air la
partie de l’oignon où les Racines dévoient
fortir, & en plongeant dans l’eau cette partie
feule qui dévoit être dans l’air : j’ai expliqué ce
phénomène : Voyez Feuilles : mais il préfente
un cas où les plantés peuvent végéter fans
Racines; & ce cas ne peut exifterque quand il
y a des moyens, pour fournir aux feuilles,, la
nourriture que‘lés Racines, doivent leur donner:
ce, qui prouve encore que l’eau a,ërée avec la
térre; calcaire, qu’elle diffout, doit être, le feul;
aliment des végétaux. On apprend de même ,
par* cette expérience x que tomes les feuilles &
toutes, les tiges ne. prennent pas des Racines
dans l’eau, ou qu’elles en prennent feulement,
lorfquelles ne font pas liées à toute la plante,
ou lorfqu’elles <ne peuvent pas végéter à leur
manière. ’.
Il m’a paru intéreffant de rappeler ici un
phénomène curieux : on ( fait que les Racines
fe portent vers les lieux humides., vers les terres,
fraîchement. remuées. Imaginerpit-on que .ee
fût par quelque tendance réfléchie, Je ne le*
crojs. pas. Au mojns. on peut, expliquer ce fait
mëchaniqiiement, par l’aétion, combinée de la,
chaleur & ,d e l’eau.-fur les. Racines, par .la;
facilité} que les Racines acquièrent ppur pénétrer
Ja terre dans ces: cjrconftances.. On ob-
■ fèrÿè le même, phénomène quand une plante;
eft voifine d’une terre, plus meuble que celle ou
elle végète; fes Racines fe,portent vers ce ter-
rein qui eft meilleur./;1 Mais comme il eft plus,
divifé, & plus ^uitnide>j il; offre. alors, aux plantes,
tout ce qui-peut fayorifer leur végétation , la,
rendre plus ; .facile, plus forte.^Dirai-je qu.il y
a peut-être ici quelque j.eu particulier d affinités,,
q u i ,déterminé le végétal à, , fe porter, vers ces,
terres ameublies., pour profiter mieux de 1 eau,
Si■ de, là terre diffoute ; dans?lcau quelles leur
préfentqnr.; ,.r *
Les expé.riençes^que yai {rapportées,, montrent
bien que les Racines fo n t,d.atuant; .plus grêles,
que dqs telles; font plus légères, ;& réciproquem
e n tq u e ,ÿes. Racine si fop td au tap t phprrc>— :
buftes rque les ;tgrres font tneifieures: mais çela
prouve auffuque les Racines qui ont fourni aux
plantes une* nourriture plus, abondante , font
ellesrinêmes,nourries ayec plus de luxe, par
les ajhnens que les, branches;tl$ur envoient.-
* Voici un phénomène plus furprenant. que le
précédent, auffi difficile à . expliquer,. Des
Racines 4 e ipyer, •& de vigne, Viiifinuent dans
R A D- 2,45
le tuf blanc que les Racines d'ormeau n’a voient
j pu pénétrer. Comment l’extrémité d’une Racine
: qui eft fi tendre, s’ouvre-t-elle un paftàge dans
un lit de tuf, ou ail travers des murailles,
pour arriver à un amas de bonne terre placé
derrière? L ’événement eft-il fortuit ? Ou y a-t-il
quelque caufe efficiente pour produire cet effer,
comme on doit le croire, fi 1 effet fe répète
dans les mêmes circonftances? Enfin, comment
ces Racines qui percent les murs, parviennent-
elles à les renverfer, lorfqù’elles groftiffent?
quelle que foit la force d’une puiffance toujours
aétive, quand elle agit toujours pendant un teins
confidérable, lors même quelle nagit que foi—
blement dans un inftant donné, quoique 1 énergie
d’une pareille puiffance rende raifon jufr*
qu’à un certain point de ce phénomène fingu-
! lie r , il eft encore propre à étonner fimagitation
de ceux qui l’apperçoivcnt, & la raifon
; de ceux qui l’étudient. Il fembleroit.p.oiirtanr,
fuivant l’opinion de M. Defàufturé, que comme
les Racines pouffent des filamens très-fins , qui
vont beaucoup plus loin qu on. ne croit, il
feroit poffible que ces filamens traverfaffent les
murs, par des fibres tortuéufes & invifibles ;
, alors, s’il y a de la mauvaife terre derrière le
: mur ’ la Racine qui y a pénétré reliera fpibîe
* & inapperçue ; mais s’il y a du bon fèrrein ,
tandis que .celui où éft là plante, fe^ trouvé
• mauvais, cette Racine profpère , fe gonfle ■ &
■ l’on fait, quelle eft la force des coins de bois ,
.gonflés par l’humidité. . . 1
La Racine du Rheum raponticum de Linné,
a f o u r b ip a r l’analÿfe' chyinique, l’acide du
;■ tartre j la terre calcaire,. & la chaux dé fer.
M. Bindheim eft l’Auteur de cette Anàly-fe, qu’on
lit dans ‘ lés' Annales de Chimie de M> Crell.
1788 , p. V I I Ï . * ,
RADICULE. M. le Chevalier de Lamarck.
. la définit lé rudiment de;la racine. C’eft h partie
] inférieure, de la plantule, d’où lortiront les
i peÿiiéè raéinès deftifiées' à; chercher dans la terre
: la nôurritufé dii jeune fujet. La Radicule eft
i vraiment la racine de la plantule, qui végété
dans lés, cotylédons!: Elle fâvùïife le dévefôppe-
ment de la plumüle. Elle s’échappe la première
des enveloppes de la graine , & tire la première
hors dé' terré, la nourriture de la plantule, qui
y k quitter - fa prifon. Ellq offre., fous ion apparence
t'endré & délicate,' les; mêÜiès élémens
que les faciùes ; .propVémeùt' dîtes, une enveloppe
, le pàrénthy’m'é, la moelle, & les vaif-
feaux dont j’ai déjà parlé.
: Cette matière - eft importante. Ce font , les
grands Obfervâteurs qu’il faut'confulter. Grew ,
Màlpighi , mais fu r - to u t ' MM. Hedvrig &
Bqhmef'j nous fourniront des, meyens pour
féelairér: . ' . ' . • ' ’ ’ . ;
On à dit qtié la moëllè étoit la fource de la
vie végétale, & parce que Ion trouve cette