
7«: E T I
inière, les plantes du milieu font, étiolées ; elles
s-élan cent pour venir au-devant'de la lumière
que leurs voifines leur Interceptent. I l en eft
de•_ même des arbres plantés dans le maflif d’un
bois-, ils tendent toujours à dépafler les autres.
Les branches des efpaliers appliquées contre un .
mur, s.en écartent fans cefle. Les plantes élevées ;
dans des endroits obfcurs , où il y a des trous
font étiolées -, la partie de la plante, qui eft- devant
le trou f eft moins étiolée que les autres.
Enfin , il faut obferver qu’il y a dès plantes
fouterraines, qui portent, des fruits dans l’obf-
curité , & qui y confervent leur verdure comme
laclandeftine. Je remarquerai de même que les
moififiures & les tremelles s’étiolent.
•J c^u qu il feroit néceftaire de faire une
atialyfe des plantes étiolées, de la; comparer
avec celle des plantes'vertes : & j’ai trouvé que
les feuilles des premières fourniftoient plus d’eau,
moins d’huile , moins d’alkali, plus d’air fixe * ;
^moins d’air inflammable , moins de cendres &
moins des parties réfineufes.
Avant de .tenter l’explication de ce phénomène.,
il étoit curieux dei chercher s’il y avoit
d autres cas , que celui de l'étiolement , dans
lequel la couleur verte des plantes' ait difparu.
Mais d abord on. voit que la pourriture rend les
xeüilles jaufies : & l’on empêche cette déColo- f;
ration, en empêchant la pourriture,comme on-
1 obferve dans les cuves de paftel & d’indigo. -
JLes végétaux pourris, ceux qui font privés de
la lumière , ne brûlent .pas, ou brûlent mal.
faut remarquer encore , que les feuilles qui ;
font fur le point de tomber jàunifTent, tandis;
que les .feuilles vertes qui féchent lentement à ;
l’ombre confervent leur verdure. Mais les feuilles
qui féçhent au folëil, y perdent leur couleur
comme la paille. Les fruits en mûriflant ne font
plus yerds.
Il eft évident que la longueur & la couleur
des tiges dans les plantes étiolées, font produites:
par 1 abfence de la lumière. Et l’on peut s’aflurer
de 1 aélion de la lumière fur quelques corps,
quand on la voit plus réfraélée par certains fluides
, qu’elle ne devroit l’être fi l’on faifoit attention
à leur denfiré : mais ces fluides font inflammables
ou réfineux : & enrr’eux tous lefprit de
Thérébentine eft cçlui qui démontre le plus
cette propriété:
Je l'ai déjà remarqué g, la lumière n’agir de
certe manière fur les plantes pour les étioler,
311e dans-leurs parties qui font à l’abri de fôn
influence ; auiii, par exemple une branche feule
expofée à l’obfcurité , fera la feule qui foit
étiolée, quoique le relie foit très-vigoureux. .&
très-verd ; ce qui prouve que la couleur verte
n efl pas le produit de la circulation générale,
tuais de la combinaifon immédiate de la lumière
?Î’SC Ig partie de la plante qui eft verdie, & fans
E T I
doute, de l'évaporation caufée dans cette partie
de la plante.
Dans ce moment où la queftion fur t’exiflence
du phlogiftique efl fi fort débattue, je me garderai
bien de prendre un parti, d’autant plus que je
fens 1 impqflibilité de fe décider , & que je me
propofe dexpofer les raifons pour & contre ces
deux théories. Je dirai donc que la lumière, qui
colore quelques chaux métalliques., en fe com*
binant, avec elles, qui change la couleur des
fubans, des bois , qui anéantit la couleur verte
de le fp n t -d e -v in , où l’on a fait digérer des
feuilles vertes, comme je l’ai fait voir dans mes
Mémoires phyfiçQ-chymiques, le combine avec
les plantes pour produire leur couleur. On fait
d ailleurs, que la lumière, a une affinité décidée
avec lapàrtie réfineufe.des plantes. De forte qu’on
ne peut plus domter.de cette action de la lutmère ;
fur-tout fi l'on réfléchit que les bois formés à
j oblcunté font moins durs. Mais l’on fait que
les bots les plus durs, font, non—feulement ceux
qui. réunifient le plus de fibres ligneufés mais
encore ceux qui contiennent le plus.de réfines.
Et c eft la réfine du b o is , & des matières colorantes
, qui eft affeàée par la lumière dans les
chàngemens qu’ils y éprouvent.
Il eft démontré que le parenchyme eft le fiège
de 1 Etiolement , puifqu’il eft la feule partie
verte des plantes : mais l’exercice de fes fonctions
annonce auffi l’influence de la lumière.
C eft.dans le parenchyme que fe préparent les
lues nourriciers de la plante . fa réfine. C’eft-là
que l’air fixe qui circule dans les plantes avec
la sève eft décompofé par l ’a&ion du fo le il,
& que 1 air pur s’en échappe. C ’eft aufti pour
cela que les^ plantes, étiolées font moins réfi—
neufes, contiennent moins .de parties folides •
1 organeJans vigueur élabore desfucs fans énergie*
une matière fans confiftance remplit les mailles
de ce foible ré.feau j la plante étiolée eft un
enfant nourri de lait ^ qui fe développe avec
rapidité, inais qui n’a pas le tems de prendre
de la force. C eft un fait que les graines germantes
donnent naiflance à des plantes étiolées. Mais
puifque la lumière fournit aux plantes cette
vigueur & cette couleur, qui leur manque quand
elles croiflent à l’obfcurité, il eft clair que le
moment ou les plantes doivent s’étioler le plus
fera celui.où elles, fe développent davantage*
^ . f . au ,P our ce^a ftue les jeunes plantes qui
croulent le plus dans pn tems donné, & fui'-
tout les plantes herbacées, font celles qui s’étiolent
auffi plus fortement.
M. Chaptal dans les Mémoires de îAcademie
Royale des Sciences pour 1786, a fait une observation
qui confirme toutes [es miennes : & je
la-plaçe i c i , parce qu’elle eft plus voifine des
conséquences que je veux tirer. Il a vu que des
byflus formés dans l’obfcurité, ont donné par
langlyfe qn liquide fortement chargé d’açiftç
E T I
Carbonique • le principe ligneux ne forma que
de la totalité des plantes. Ces byffus expôfés
graduellement à la lumière, pendant 30 jours, donnèrent
beaucoup moins d’acide carbonique, &
la partie ligneufe étoit devenue ~ de toute la
plante. 11 fembleroit donc que le principe charbonneux
augmente à mefiiro que l’acide carbonique
diminue ou fe décompofé. Son oxigène
fe porte alors fur quelque principe huileux, &
forme un peu de réline qui jaunit toute la mafle,
tandis que le principe charbonneux uni aveë un
peu d’air v ita l, augmentev le principe ligneux.
La lumière agit donc en fe combinant, &
l ’on ne peut douter de fa combinaifon , i;° par
la grande évaporation quelle occafionne , 2..0
par l’air pur que produilent les feuilles expofées
fous l’eau au foleil, & qui eft l’effet de la décom-
pofition de l’air fixe. On ne peut fe diffimuler
que la grande diminution , ou plutôt le grand
changement de la sève qui circule dans la plante,
ne favorife fon développement, & que l’excrétion
de l ’air pur n’y contribue beaucoup , en
laiflant libre le principe charbonneux qui paroît
fi néCeffaire pour la corppofitiôn du. bois. 3.0
Cette aélion de la lumière fur les feuilles a des
effets frappants : toutes les feuilles fe tournent
vers la lumière, & femblent venir au-devànt
d’elles pour recevoir fes rayons, comme MM.
Bonnet & l’Abbé Teftier l’ont démontré M. l’Abbé
Corti nous repréfente même les tremelles qui
marchent après la lumière pour l’atteindre & la
fuccer. Plufieurs feuilles fermées? pendant l’obfcurité
; s’ouvrent à la lumière. Enfin, la lumière
des bougies produit nies mêmes effets fur les
plantes que la lumière naturelle1, comme les
expériences de M. l’Abbé Teflîer , celles de
M. Ingenhous & les miennes l’ont fait voir.
Il eft certain que les plantes à l’obfcurifé tranf-
pirent peu. Les plantes ériolées renferment donc
des liqueurs plus aqueufes. Toutes les parties de
la plante en deviennent plus duétiles •, elles font
fufceptiblês d’une plus grande extenfion,quelles
prennent aufti. Mais cette extenfion fe fait fur-
tout en longueur & toujours auxdépensdes feuilles
qui font en très-petit nombre & des fleurs &
fruits qui ne fe développent pas. Cela me paroît
d’autant plus probable que les plantes fort hu-
meélées pouffent beaucoup plus que les autres,
& que leurs feuilles font jaunâtres.
On voit aufti que .c’eft cette force de fuccion
qui détermine I’accroiflement des plantes étiolées
en longueur , & que cet effet_n a point lieu pour
les plantes dans leur largeur, parce q.ue cette
partie alimentaire peu combinée forme une nourriture
fort mince , parce que. cet aliment qui
croupit n’eft pas propre à favorifer le développement
de la plante'?en général, parce qu’elle
tire très-peu de fève, quelle évapore très-peu
d’eau qui lui eft inutile, ‘en forte que la végéta-
lion n’eft pas robufte. Aufti l’on fera étonné de
E T I 7$
la prodigieufe différence qu’il y a dans les fur-
faces des plantes étiolées & des plantes naturelles
; elles font à-peu-près comme deux à fe p t ,
quand les haricots commencent à pouffer leurs
fécondés bifurcations.
Il n’en eft pas de même des feuilles qui font
alors plus larges que longues.
J ’avois cru que l’on pouvoit expliquer le phénomène
de l’Etiolement en partant des principes
qui forment la théorie du bleu de Prude , & en
çonfidér-ant ce bleu comme» un foye de foulre
combiné avec une terre martiale, fuivant la théorie
ingénieufe de la Chymie de Dijon , comme on
peut le voir plus en détail dans nies Mémoire«
Phyfico-chymiquès.
L ’indigo, le paftel & toutes les plantes qui
donnent la couleur bleue , font originairement
verds-, & la couleur bleue ne peut en être extraire
que par la fermentation fpiritueufe. L’art achève
ici l’opération de la nature pour produire le bleu :
les réftnes du parenchyme fe décompofent pour
former lesfels amnionicaux que l’odorat annonce;
alors leurs débris chargés de la partie colorante
fe dépofent avec un peu de terre-, la partie
colorante jaune qui formoit leverd avec le bleu
fe défruit ; elle eft féparée delà partie muqueufe
qui lui fervoit d’enveloppe. Voy<\ L es Mémoires
des S avants Etr an g er s ,T . IX.. La partie bleue
eft indiffoluble à l’eau -, les acides & les alkalis la
développent -, la partie jaune diftoluble dans l’eau
retient le bleu, mêlé avec ejle. fous la nuance
verte. Les autres feuilles vertes fur-tout celles
des crucifères, traitées comme les feuilles du paftel
& de l’indigo, donnent une fécule verte à fiez
fembiable à celle de l’indigo.
Les racines de la mercurialis perennis de Linné
ont montré à M. Vogler, que lorfqne les gros fila*
ments qu’on y obferve font forris de la terre
& expofés à l’air libre, ils prennent à leur fur-
face une couleur yiplette & d’un bleu éclatant.
Il a tiré une très-belle teinture bleue en y ver--
fant de l’eau,
M. Ma.rgraf a prouvé que la couleur bleue du
paftel & de l’indigo fe trouve dans tomes les feuilles.
L ’analyfe de la partie verte des feuilles, & fur-
toutdes feuilles du paft.el & de l’indigo , paroît
avoir des grands rapports avec celle du bleu de
Prufle : les plantes foumiflètu du fer ; l’aikali
fixe & l’alkali volatil font dans la partie colorante
-, la plantule & les plantes étiolées préfen-
tent la partie jaune , qui devient verte par fon
mélange avec la partie colorante bleue ; la lumière
, la vapeur du foye de foufre favorifent
ce développement.
Dirai-je qu’il y a plufieurs feuilles bleuâtres
qu’il y en a plufieurs qui teignent en bleu.
Cronfted a tiré une couleur bleue du bled noir:
elle nia point été attaquée par l’acide vitriôlique.
M. Morand dans [es,Mémoires d* VAcademie d>s
Sciences de Paris pour 1769, a trouvé dans «ne