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voir que le fucre feul ne fauroit occafionner la
fermentation : que le fucre & la crème de tartre
combinée avec le principe extraéVif fermentent
fort bien, & donnent l’efprit ardent*, mais que
le tartre y .contribue particulièrement. C ’eft pour
èela que le tel des végétaux eft le tartre , qui eft
fi abondant lorfqu’ils font verts, & qui le modifie
de toutes les manières, à mefure que le Fruit
mûrit. jufqües à ce que la plante ait parcouru
toutes les pnafes de l’on HifloiFC.
M . Struve obferve que le fel d’ofeille ne
remplace pas le tartre y mais, en doublant la dofe
du tartre dans une quantité donnée de moût,
il a eu la moitié plus d’eau-de-vie.
Je finirai par quelques obfervations relatives
à la culture des arbres fruitiers. —- Un arbre ne
doit fe mettre à F ru it, que lorfqu’il a fait des
pouffes vigoureufes; c’efl pour cela qu’il ne faut
greffer-le châtaigner, le cerifier , le noyer &
même le pommier à plein vent dans les pépinières
que plufieurs' années après qu’ils ont été
plantés : cçs efpèces fouvent defiinées à être mifes
dans des fonds ftériles, ont befoin de former des
tiges & des racines vigoureufes pour nourrir le
Fruit que fa greffe leur fait porter.
Plus un arbre produit de Fruits, moins il donne
de bois & de racines. Les arbres fe mettent plutôt
à Fruit dans un fond maigre & négligé ,
que dans ün bon terrein. C’eft ainli que l’obfer-
vation dirige le Jardinier, & donne de la folidité
à fes procédés.*
GALLES. On donne ce nom à ces tubérofités
<>u ces excroiffances qui s’élèvent, fur différentes
parties des plantes & qui doivent leur naiffance
a des infeéles vivans dans leur intérieur. Çes
monflruofirés n’ont rien de dégoûtant. Elles pa.-
roiffent mériter toutes l’attention des Naturalifies
qui s’occupent de la PHyfiologie végétale ; & elles
pourront y répandre quelque lumière , lorfqu’on
faura la porter fur les objets particuliers qu’elle
peut éclairer. Malpighi eft le premier Obfervateifr
qui fe loit occupé de ce fujet -, il a fait connoître
un très-grand nombre de Galles de différentes
efpèces.
Réaumur a traité ce fujet après lui d’une manière
nouvelle; il l’a rendu inféreffant par mille
découvertes fines & curieufes; mais ce dernier a
plus confidéré les infeéles créateursjlc ces Galles
que les Galles elles-mêmes.
Ces productions monfirueufes s’obfervent fur
toutes les parties des plantes, fur leurs feuilles,
leurs pétioles, leurs tiges 8c leurs branches quand
elles lont jeunes. On voit de même cés Galles
fur les rejettons, les bourgeons, les boutôns;
les fleurs, les fruits ,& les racines, comme Mal-
pigjii Ta obfervé.
La forme de ces Galles efi très'4-variée; les
boutons produifent communément les Galles
appellées en Artichaut; on y obferve auffi celles
en pomme & en boule’, les Galles ligneujes, demi-
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l'gneufes, fpongieufes croiffent fur les feuilles ; if
y en a qui font fphériques, qui reffemblent à des boutons, à des champignons ; on trouve des
Galles chevelues fur les feuilles de quelques rollers
; il y en a de même qui reffemblent à des
grains de grofeille ; on remarque auffi des Galle*
qui font de cette dernière efpèce fur les feuilles,;
les chatons, les pétioles, les jeunes poiiffes, les
vieilles branches, & les racines du chêne.
Ces Galles croiffent avec une vîteffe défefpé^
rante pour l’Obfervateur; il efl très-difficile de
fuivre leur progrès, lors même qu’on les étudie
avec l’attention la plus foutenue & la plus constante
; la plupart de ces Galles acquièrent dans
très-peu de jours toute leur groffeur.
Les Galles les plus communes ont une Ôrme
arrondie; le tiffu de quelques-unes eft fi coin*
paél, leurs fibres font fi fermes, qu’elles réfiftent
fouvent plus au couteau que les bois les plus
durs; mais les pommes de chêne qui font beaucoup
plus groffes que les Galles communes, ont
un tiffu fpongieux.
Quelques-unes de ces Galles ne font vraiment
qu’une partie tuméfiée de la plante; on peut
les regarder comme des varices végétales.
Dans les Galles chevelues, la partie dure de
la Galle eft couverte de longs fiîamens.
Quand on ouvre ces Galles, on obferve des
cavités dans leur intérieur, &. à cet égard les
Galles diffèrent encore entr’elles : Les unes renferment
une grande cavité, où plufieurs infeéles
vivent enfemble : d’autres font voir diverfes cellules
rapprochées qui fe communiquent réciproquement
par des ouvertures Communes ; chacune
de ces cellules eft occupée par un infeéle. Enfin
il y a des Galles qui n’ont qu’une feule cavité
habitée par un inleéte qui y eft toujours folitaire.
Les Galles percées ne contiennent plus
d’infeéles, le trou qu’on y voit eft la porte qui
a fervi d’iffue à l’infeéle qui s’y trouvoit renfermé.
J ’ai fuppofé jufqu’ici que les Galles étoient
l’ouvrage des infeéles, & qu’elles étoient leurs
retraites : je dirai à préfent que les infeéles font
fouvent leurs caufes ; & que ces Galles fe forment
pour nourrir les infeéles & les loger.
On-voit ces infeéles s’introduire dans les parties
des végétaux où les Galles paroiffent ; on trouvé
enfuite ces-infeéles dans les Galles elles-mêmes’,
quand elles font formées; on obfervé ces infectes
lorfqu’ils en fortent ; il ne fauroit donc
y avoir aucun doute fur la liaifon qu’il y a entre
les Galles qui frappent notre vue & les infeCtes
qui nous paroiffent les produire.
Mais, pour expliquer ce phénomène curieux,
il faut prendre lé cas le plus fimple, c’eft celui
des pucerons qui s’atrachetît aux jeunes pouffes
du tilleul, & qui leur donnent lafönne d’un tire-
bourre paries contournemens qu’elles éprouvent.
Les pucerons s’appliquent toujours fur le côté
inférieur des jeunes.pouffes ; on les voit fe nourrir
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fà aux dépens des fucs de la branche fur laquelle
ils habitent ; on ne fauroit en douter, piiifqu’îts
vivent fans changer de place , puifqu’on voit
leur trompe enfoncée dans l’épiderme de ces
jeunes pouffes pour les fucer. Cette,fuélion con- 1
-tinuelle doit attirer une abondance confidérable ”
4e fucs vers cette partie li fort fucée ; auffi la
quantité de fucs qui y arrivent eft beaucoup plus
grande que celle qui eft néceffaire pour nourrir
la branche ; il .réfuite de-là q u e , iorfqué la
fuélion des pucerons & la nourriture de la branche
ont abforbéune grande, quantité de la sève
qui eft dans l’endroit piqué, il peut y en avoir
encore qui fçroit fuperflue, & que l’évaporation
pourroit diffiper,:qui fe combineroit autrement ;
mais, lorfque là quantité de la sève, eft un peu
moindre que celle qui eft néceffaire pour la nourriture
des pucerons & de la branche , alors la
fuélion des pucerons fait courber cefte branche
du côté où les pucerons diminuent la quantité
de la sève, comme un bois imbibé d’eau fe courbe
vers le côté le plus expofé à l’aétion du feu, ou
à celle des rayons du foleil. Telle eft lacaufe du
phénomène remarquable dont j’ai parlé ; la jeune
pouffe fe contourne, par ce moyen, £n fpirale , :
où elle offre l’effet d’un tire-bourre. On comprendra
comment cela s’opère, f i l’on faitattention
que les pucerons fuivent la tige à mefure j
quelle croît, & quils font perdre ainfi toujours '
au côté qu’ils parcourent beaucoup de fucs nourriciers;
dès-lors les courbures ne peuvent plus j
être dans le même plan, puifque les proportions
:de la branche changent tous les jours; auffi ces j
courbures décrivent des cercles en différens plans ;
comme ceux du tire-bourré qui les repréfente.
‘ .Les tiges du tilleul .ne font pas les-jfeules qui ;
fe contournent vde kette manière par la même j
caufe : on fait encore cette obfervation fur les
jeunes tiges de grofeillier, du. faule ; mais les tours.
du tire-bourre y font moinsfenfibles & moins marqués;
fans doute parce que là fuélion des in-
ieéies y attire mdihs de fîtes que dans îles plan tes ;
dont îles rameaux font plus contournés. • : i
JLes piquures des pucerons ‘produifent un effet
1 femblablè fur lesfçuilles qu’elles roulent dans leur/
longueur. Les pucerons, en piquant- les' groffes
nervures des feuilles ,.lorfqu’elles font tendres,
fofceînï rrlqs feùilles-’à 'fe courber, par la même:
l aifoù qui jeur fait contourner les rameaux. Ainfi,
Iss' feuilles'felroklcm' alors d’autànt plus qu’ellesj
i font forcées ~pàr les piquures des pù.cérons de fe
.courber davantàge.Les fèui 1 les des pruniers piquées;
par les pueerons font roulées parallèlement à leur
principale' nervure, parce quefes nervures latérales
! font piquées dans< léur longueur.
Mais-èe ne font pas Jes feulÿ effets produits:
' parlès piqiiures des pucerons fur ies feuilles ; il y»
a d’autres infeéles ferriblables qui fe; p lacen t cleffous1
;. lésifeuilles des pommiers & des grofeilliers; ils for-;
ment desboffes, des tubérofités dans, la partie fupé-:
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rieurè dé ces feuilles; dès-lots le vert de la feuille
s’altère , cette partie boffue s’épaiffit * la feuille en
épaiffiffant s’étend davantage, & ces boffesdeviennent
des cavernes où upe foule d’infeéles habiteront.
Ces obfervations font voir manifeftement
qu’il y a plus de fucs nourriciers dans cette partie
des feuilles, que-dans les autres puifqu’il y a un
développement extraodinaire : & il paroît que ces
fucs y font attirés par la fuélion continuelle des
infeéles qui s’en nourriffent, puifque ce dévelop^-
peinent ne fe fait que dans les endroits où vivent
les pucerons. Ce fuc très-abondant, parce qu’il eft
toujours renouvellé, diftend les parties de la
feuille , qui font très - tendres & qui fe dilatent
aifément : mais en s’étendant elles fe courbent
parce qu’elles ne s’étendent que d’un côté ; il
arrive auffi à la feuille ce que nous avons obfér-
vé fur la branche du tilleul.
Quand ces infeéles s’établiffent près des bords
d’une fèuille y elle fe gonfle & fe recourbe vers
la partie inférieure. Quand l’infeéle attaque le
milieu de la feuille , il y occaftonne des tubérc-
fités très-irrégulières. On voit s’élever de même
fur les feuilles de quelques arbres plufieurs yeffies
d’une figure.à-peu-près ronde., tenant à là feuille
par un filet très-court : .ces;veflies font plus ou
moins groffesl; mais elles font vuides. Les petites
veflies fe terminent en pointe * ,on voit très-r
communément celles-ci fur l’ormeau „depuis la
groffeur-d’une noifette, jufqu’à celle du poings
En.général, quand les Gallès fontgroft'es, elles
-fontfbrinées p ar la dilatation déroute la feuille^
on les ouvrant ; on .les trouve plus ou moins
-habitées ; on y découvre un ou plufieurs puce—
rons. Un feul de ces infeéles a pénétré fous l’épiderme
de la feuille , & il y établit une famille
à laquelle il donne le jour par les oeufs qu’il vient
de dépofer. Mais il faut remarquer que l ’endroit
par ou.l’infeéte a pénétré dans la feuille fe ferme,
& qu’il ne fe fait plus d’ouverture dans la parti,e
extérieure, que lorfque ces infeéles veulent en
. fortir. .
Il y a encore des mouches , qui par le moyen,
d’une tarière placée dans la partie poftérieiire de
• leur.corps, font un trou dans l’épiderme des
feuilles ou des jeunes tiges pour y placer leurs
- oeuff. Dès qu’ils font éclos, les vers qui en fortent
vivent aux dépens de le feuille ou de la tige,
dans laquelle ils font placés, & ils y occafion-
nent une Galle par l’abondance des fucs que
doit y amener leur fuélion continuelle.
L ’endroit piqué dans la partie inférieure de
la feuille/s’élève d’abord au-deffus de la furface :
il fe forme une petite cavité du côté de l’infeéle :
cette cavité s’étend & s-élève à mefure que- Tinfeéle
pique & fuce la feuille j & comme l’extenfion de
la feuille fe fait en longueur ’, la Galle prend
une forme cylindrique ou conique : quand la
. veflie..éft.éleüée au-deffus de la furrace fupérieurc