
58 E C O
morceau d’épiderme qui a été confervé, & qui
» tiré la diffolution de fucre de faturne ; alors
certe chaux de plomb', qui n’étoit pas fenlible ,
prend dans les vaiireaux de l'épiderme , une
couleur très-brune, & les pores qu’on peut y
voir, y paroifl'ent fous une couleur plus obf-
cure que fes vaiffeanx ; on peut garder ces préparations
fèches, elles font également infiruc-
tives.
Si l’on frotte légèrement un morceau d’épiderme
entre les doigts, on parvient à en fépa-
rer divers morceaux, & à fuivre les vaiffeaux
ou les fibres qu’on y obferve ., à diftinguer les
véficules qui y féparent les vaiffeaux ou les fibres.
On peut même croire que ces véficules font formées
par une membrane où l’on ’ n’apperçoit
rien de vafculaire , qu’elles font fermées en bas,
& ouvertes en haut, de manière qu’il y a un
efpace plus ou moins grand, enrre le lommet
de l’un , & le fond de l’autre. Les vaiffeaux ou
les fibres paroiffent couverts de pores, dont les.
bouches s’ouvrënt à leur furface *, & l’on en
àiftingue qui communiquent avec les parties
recouvertes par les véficules -, peut-être même
que les pores les plus petits, $rouvrent dans les
véficules elles—mêmes.
Il paroît que la direélion des parties qui com-
pofent l’épiderme eft circulaire, par rapport
au tronc. On l’obferve fur-tout dans l'épiderme
des cerifiers, des pruniers qui fe déchirent avec
plus d’aifance dans la direélion perpendiculaire
Ù l’axe de l’arbre, que dans celui qui lui efi
parallèle. Mais cela ne s’obferve pas également
iu r tous les arbres.
Malgré tout ce que je viens de dire , il y a
plufieurs Phyfiologiftes qui regardent l’épiderme
comme une membrane unique, & qui croient
avoir remarqué, que les fibres ou le réfeau
obfervés par d’autres, étoient des fibres ou un
réfeau , adhérant à l’épiderme fans être l’épiderme
Jui-même.
M. Duhamel fait remarquer un phénomène
fingulier , dans l’épiderme du bouleau , il le
montre compofé de plufieurs couches , dont il
avoit au moins compté lix fort minces & très-
djjjinéles; il croit même qu’on auroit pu en
obferver davantage , & il décrit ces couches
comme des fibres extrêmement fines, pofées
parallèlement les unes fur les autres , & liées
par de petites fibres latérales qui fe préfenrent
comme des points entre lefquels on appcrçcit la
lumière..
M. Duhamel obferve encore qu’il avoit troüvé
fous l’épiderme des branches de quelques arbres
lire féconde couche d’épiderme , qm'reffemhlo’t
à divers égards à la première , mais qui étoit
pli s verte & plus fuccu lente.
On obferve fur-tout dans l’épiderme du bouleau
, quelques ouvertures remplies par des
portions, de tiffu cellulaire qui s’échappent au }
E CO travers d’elles. On trouve de même fur quelque*
Ecorces, une fubflance mieHeufe comme fur
l’érable , gommeufe comme fur le peuplier ;
ce qui fuppofe quelques décrétions, & pr.r con-»
féquent, des fucs & des moyens pour les élaborer.
L ’épiderme fe détache facilement, lorfque les
plantes font en sève ; on produit le même effet
en macérant l’Ecorce ; il lembleroit que les vai£
féaux qui unifient l’épiderme au tiffu cellulaire
fe gonflent, & qu’ils facilitent laféparationpar
ce gonflement.
La couleur de f épiderme varie fui van t la
nature des arbres, & l’âge des branches | il paroît
blanc & brillant fur le tronc des bouleaux ,
gris & cendré fur le prunier, rouge & argenté
lur le cerifier , verd fur les jeunes branches 9
cendré fur les groffes , brun jaune fur le ma—
ronnier & le pommier -, bien verd fur la plus
grande partie des arbres, verd fur toutes les
plantes & Ie9 jeunes pouffes. 11 faut cependant
obferver ic i , que cette cojjleur efi plus ou moins
déterminée par la couleur du corps que l’épiderme
recouvre ; car il efi tranfparent. Mais il influe
néanmoins fur la couleur du parenchyn e qui!
recouvre, puifque cette couleur eftinatte-, moins
foncée quand l’épiderme efi enlevé. M. Bohmer,
qui s’eft occupé de la furface des plantes, y a
trouvé un moyen de déterminer leurs genres &
leurs cfpèces.
Il refte deux quefiions curienfes & importantes
à examiner : comment l’épiderme des
arbres fe reproduit-il ? & quel efi fon ufage?
L ’examen de ces deux quefiions complettera ce
qu’on peut favoir fur ce fujet.
Quand on a obfervé les arbres depuis le
moment de leur naiffance, on voit clairement
1 . ° que l’épiderme doit s’étendre & s’alonger ,
puifqu’il ne fouffre aucune folution de continuité
au moins pendant les premières années;
2. ° Que les arbres fe iecouvrent à un certain
âge, de parties fèches & mortes qui font l’épiderme
lui-même defféché, recouvrant un épiderme
réel & plus frais. J’ai vu & compté les
différents fe'uîllets qui formoient cette partie
de fléchée. Si on examine quelques morceaux
fecs des vieux troncs, on parvient facilement à
féparer ccs feuillets par la macération. Comme
ils ont la couleur du carton des guêpiers, on peut
croire "que c’eft-Ià où Tes guêpes en prennent
le° éléments. On voit des arbres c mme le platane
qui perdent chaque année leur épiderme, mais qui
en cm un autre pour le remplacer. 4.0 Enfin,
dans tous les cas où cet épiderme eft enlevé,
i l fe reproduit.
Malpighi & Grew ont cru que l’épiderme
étoit formé par des véficules defféchées de l’en)
veloppe cellulaire fur laquelle il repofe ; mais
comme les obfervati' ns de Hill repréfentent
cet épiderme fous la forme d’un tiffu très-fin de
E C O
fibres végétales, on ne peut le voir que comme
une fubflance membraneul'c & orgamfée qui a
recouvert la plumule & la radicule dans la graine
& qui eft fufceptible d'une très-grand'e extenfion.
D’ailleurs, peut-on imaginer que cette couver-,
turc formée de véficules d-fféchécs pût s accroître
& s’étendre Çms. fe,déchirer, à moins davoir,
fur-le-çhamp des véficules toutes prêtes à sa -!
louter aux autres pour favorifer l’extenfion de
l’épiderme exiftant? cependant alors l’épiderme
ne pourrait jamais s’éclater que par la maladie.
L ’obfervation apprend que les plaies foires à
l’épiderme des arbres, & garanties de faélion
de l’air fe referment aifément fans exfoliation.
Mais, fi l’on fait une plaie plus profonde, _ fi
elle pénètre l’Ecorce , il fe forme une exfoliation
, la plaie fe formé;,. l’Ecorce & l’épiderme
fe reproduifent. C e ft ainfi que l’épiderme entier
d’un cerifier fie reproduifit par l'exfoliation après
avoir été enlevé. Si l’on ôte 1 Ecorce un cerifier
en le garantiffant de l'aol ion de fa it , 1E -
tforce fe reproduit avec l’épiderme.
Ces faits rendent l’hiftoire de cette reproduction
très-rdifficile à faire : fi l’épiderme enlevé
fe reproduifoit, on peut imaginer un réfeau particulier
propre à le former ; mais on le voit
reparaître dans les plaies qui le déchirent feul,
de même que lorfque toute l’Ecorce a été enlevée.
Il réfulte de-là que ceux qui imagineraient
que l’épiderme eft une partie de 1 Ecorce ou de
fenveloppe cellulaire, modifiée par fon contaél
avec l’air, ne feraient peut-être pas bien éloignés
de la vérité-, d’autant plus que dans les
plaies de l’épiderme mifes à l’abri de l’aéhon
de l’air, il n’y a point d’exfoliation , tandis qu’il
y en a une lorfque la plaie n’eft pas couverte.
D’ailleurs, fi l’épiderme eft reproduit quand l’arbre
a été écorcé, il eft clair que l’épiderme ne
peut reparaître que lorfqüe I enveloppe cellulaire
qu’il recouvre eft formée; de forte q uil
eft allez probable que l’épiderme tire fon origine
du corps fur lequel il repofe, puifqu’il ne peut
pas venir du dehors & puifqu’il reffemble affez
à cette enveloppe dont il doit tirer fon origine ;
mais il faut encore fufpendre fon jugement. &
fe contenter de probabilités.
L ’épiderme qu’on voit fur les vieux troncs,
me paroît propre à confirmer ou à rendre plus
probable tout ce que j’ai foupçonné fur cette
partie des arbres. II offre une fuite de lambeaux
morts & defféchés fur lefquels on peut compter
une fuite nombreufe de feuillets ou de réfeaux
qui fe font une fois déchirés, & qui ont donné
naiffance à cette furface rahoteule qu’on y remarque.
En y fai fan t a t te n t io n o n y remarque
bien-tôt que les finuofités de ces fentes fuirent
affez celles des vaiffeaux ou des fibres
que nous avons cru reconnoître dans L’épiderme
E € O p
des arbres , en forte que la réfiflance de ces
fibres pour fe rompre eft bien moindre dans
la largeur de l’arbre que dans fa longueur.
Mais ce petit fait eft riche en eonféquences très-
importantes : il mon n e d’abord que 1 extenfion
de l’épiderme efi bornée , puifqu elle n efi pour
l’ordinaire liffe & fans gerçures que dans les
. jeunes branches ; i . ° q u e , pendant la jeuneffe
de l’arbre, l’épiderme s’étend en largeur oc en
longueur avec l’arbre qu’il recouvre ; 5. que
l’accroiffement de l’arbre parvient a un point
où il fait éclater cet épiderme ; 4.° que cet
épiderme déforganifé par cette extenfion périt,
& qu’i l eft remplacé par un autre. 4." H paraît
que, dans chaque cfpèce d’arbre, les fentes de
fépiderme fe font dans le même lens ; il ett
même fingulier que les mêmes lambeaux contiennent
un grand nombre de couches fèches,
arides, pofées fur un cylindre toujours croit-
fant : il fembleroit que ces feuillets le rompent
fucceflivement pour former le lambeau, & que
leur rupture eft déterminée dans ces mêmes
places, par le defféchement que le contaél de
I l’air y procure : ne trouveroit-on pas la preuve
de cette opinion dans la bafe du lambeau qui
eft beaucoup plus grande que la partie extérieure.
On peut remarquer à cette occafion que tes
gerçures de l’épiderme, dans tous les arbres, ne
fuivent pas la même marche : la furface du
mérifier eft plus liffe que celle de 1 ormeau,
ce qui permet de croire que 1 épiderme du
premier fe dilate davantage que celui du fécond.
En général & par la même raifon 1 épiderme
des arbres vigoureux fe dilate plus que 1 épiderme
des arbres languiffants ; parce que leurs
fibres ou leurs vaiffeaux plus nourris «c plus
pleins de fucs font capables d'une plus grande extern
fion que des vaiffeaux ou des fibres plus defféchés.
Les ufages de l’épiderme ne font pas tous
aufli heureufement trouvés, ni auffi bien, démontrés.
On a cru, par exemple, que 1 épiderme
étoit un obftacle à une trop grande évaporation ;
mais cet obftacle n’eft pas. fufiifant dans les
expofitions au midi; car, lorfque le terrein éff
léger, on eft obligé d’envelopper les troncs des
arbres avec la paille.
On s’eft imaginé que l’épiderme empêchoit
les arbres de groffir. Il eft évident au moins
que l’épiderme eft très-tendu fur les arbres i
quand on le déchire avec l’E corce, au moins
les parties déchirées.s’écartent, mais cela n’arnv«
pas quand l’épiderme feul eft déchiré, on ne
voit pas mêiïifc qu’il s y forme une boite ; on
n’ob&rve pas non plus que les gros arbres dont
l’épiderme eft fendillé groffiffent plus que les
antres.
H ill, q uis 'éftfi fort hccupé de pores nombreux
’de l’épiderme, lui. attribue des ufages
particuliers : il croit que l’épiderme qui recou«