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feulement que, fi l’épiderme, proprement dit,
ou cette membrane tranfparente qui recouvre la
feuille efi la même que celle qui recouvre l ’arbre
entier., il feroit pofllble que le réfeau cortical
& les glandes appartinffent particulièrement
à la Feuille, & fuffent peut-être un développement
de quelques filets du pétiole.
Lédermüller a anatomifé une Feuille du feîgle
coupée fur un tuyau de l’épi qui commerrçoit à
fe deffécher -, il y a trouvé deux pellicules couchées
* r ^Ur *>autre > l ’inférieure efi la plus mince ;
elle efi très-fine & tranfparente ; on y voit plu-
lieurs vaifleaux capillaires qui font parallèles 7 la
pellicule efi compofée de plufieurs côtes ou yaif-
feaux droits remplis ipar des véficulestrès-nom-
breufes qui ont des trachées; quand la Feuille
efi jeune, elle a dans fes côtés & fur fa- furface
des poils pointus, crochus & très-brillans. Cette
Feuille efi rougeâtre quand elle fort du grain.
Leuwenhoek mit en pièces des Feuilles du buis,
appellé T aima céreris ; il trouva fur l’un des
côtés 172690 pores. Quoique les Feuilles de la
rue , de l’herbe Saint-Jean & plufieurs autres
Semblables paroiflent percées- de mille trous, on
voit pourtant que ces trous font couverts d’une
membrane très-minee, & quelque peine que je
me fois donnée pour voir ces pores qui percent
l ’épiderme des Feuilles, je mai jamais pu y parvenir,
quoique je les ai obfervés avec les meilleurs
verres, & même avec le inicrofcope folaire.
Les Feuilles d’orties font couvertes-de piquans :
aigus qui Méfient la peau , & qui y produifent
des boutons. Hook a fait voir dans fa Micrographie,
que ces piquans étaient des tubes roides,
Terminés par une pointe fort aigue & percée ;
on trouve au fond de cette ouverture un petit
fac', contenant une liqueur fort claire; cette li- j
queur fort des piquans quand on les touche,
& elle irrite la peau ; les orties fanées & féchées
font beaucoup moins irritantes que les fraîches.
On a défini avec raifon- les Feuilles un bois
prolongé, un bois applati ; elles diffèrent du bois,
en ce que f épiderme des Feuilles a des glandes,
que le parenchyme y efi plus abondant ; car
d’ailleurs toutes les autres parties s’y trouvent
raffemblé'es ; aufli les Feuilles font plus enracinées
dans les branches auxquelles elles appartiennent
qu’on ne penfe y quand on détache une
Feuille verte, on voit q uelle tient au bois,ou
à la partie la plus intime de Fëcorce r par placeurs
faifeeaux de fibres qui r après avoir traverfé
obliquement lès couches corticales & une émi— j
nence qui fe trouve en cet endroit, fe prolonge :
jfuivant la longueur du pétiole. On a déjà obfervé:
q u e , par-tout oirles boutons & les FeuiHes s’irn- j
plantent à leurs branches, il y à une petite émi; .
aence qui fait une efpèee de confole plus ou
moins grofie, fuivant l’efpèce de la plante ; ces
confoles, dont j’ai parlé au mot Bouton , &
|jui f em o t de foppori w x boutons, fout formées
par les faifeeaux des fibres ligtieufès & »2*
un amas de tiflu cellulaire ; elles font un bourrelet,
formé par la coropreflion de ces fibres'».
& elles en rempliffent les fondions ; elles attirent
au moins la nourriture quelles doivent
recevoir; & la Feuille fupportée par ces fibres
particulêres, a befoin d’être nourrie de cette
manière ; mais il faut entrer dans un plus grand,
détail.
Si l’on examine avec foin les branches ou les
tiges des plantes ligneufes, on obferve quelques-
éminences dans les lieux où les Feuilles forti—
ront ; elles paroiflent des efpèces de noeuds. § W
, fixent les yeux de l’Obfervateur, il y remarquera-
bien-tôt, au moyen de la difledion ou de la macération.,
que quelques fibres intérieures & extérieures,
fur—tout dans la partie corticale, font
féparées ; que, dans cette ouverture, on voit
affluer & fe raflembler le foc nourricier, qui,,
fans doute, fournit la nourriture au germe de
Feuille qui paroît endormi pendant quelque tems
qui fe développe en filence, & qui fë prépare
à recevoir l’influence de l’humidité & de la chaleur
du* Prin tems pour fe développer tout-à-fair*
Voyei Boutons. On a obfervé ces boutons trois
ans avant qu’ils panifient; & N. Ullmark, dans
les Amcenitates Li/moei, Tome VI, dit les avoir
vus fix ans à l’avance, ou plutôt il paroît les-
croire l ’ouvrage de fix années-Si ces boutons
croiffent peu pendant l’E té, c’eft parce que la
partie alimemaire de la plante efi employée 4
nourrir les Feuilles & les fruits ; alors, pendant
1 Automne & l’H fver, les boutons font de grands
progrès; & l ’on en trouve toujours un grand,
nombre prêt à fleurir avec le retour de là chaleur.
Le pétiole ou la queue des Feuilles, efi recouverte
par. l’épiderme y on y voit beaucoup de
Parenchyme ; mais on y diftingue fur - tout les
; les vaifleaux lymphatiques,, lesvaiffeaux propres
& les. trachées-
Les principaux faifeeaux dès fibres, obfervéâ
dans le pétiole , font difiinéls y on les1 remarque,
clairement, dans la coupe tranfverfale,. ils varient
dans leur nombre, &. leur pofition ; cette variété
dans- les faifeeaux 4 doit en introduire dans
leur figure aufli, pour l’ordinaire,ils nefont pafr
ronds ; quelques-uns font applatis dans leur- par-
tie. fupérieure, d’autres - fon t creufés. en gouttiè-
; res.' quelques autres font comprimés fur les-
côtés ; Tous les pétioles ne fapportent pas les. Feuilles
delamême manière. Çhaque efpèee de plante,
a un pétiole particulier ;: ils font plus ou moins-;
épais, plus ou moins verts. Mais, tout cela e fi
encore à connoître, & toutes les raifons de ces-
différences , font- encore à faifir.. Ce qu’il, y a,
de fu r , c ’eft que les- Feuilles de. chaque efpèee:
qui varient dans leurs couleurs, leur forme, leur:
goût, leur odeur, varient aufli dans leur réfeau
cortical & parenchymateuxdans la. difpofitiosç
FEU
ges UtriculeS du parenchyme , & dafis foutes les
cardes de leur pétiole*
Si l’on fe repréfente un pétiole contenant toutes
le s fibres de fa Feuille ou fes vaifleaux , on le
verra contenant tous les moyens nourriciers de
ces vaifleaux , renfermés dans le bourrelet de la
feuille , formant le pétiole en salongeant , &
Ton voit clairement ces vaifleaux quand on coupe
le pétiole , ou ce bourrelet tranfyerfalement vers
f a î a f e , on en compte fuivant l’efpèce des plantes
, depuis un jufques à fept & .davantage ... ils
font placés dans le parenchyme, & difpofés d’une
manière différente, fuivant'la Nature de la plante.
Ces vaifleaux réunis pour former le pétiole, lui
donnent de la force , & enfuite ils s’élancent hors
de lu i, pour former les nervures de la Feuille ;
les petites fe détachent de la grande, & forment
précifément toutes les figurés obfervées dans cette ‘
partie fi variée des végétaux.
C’eft un fpetfacle très-curieux, que celui que
rpréfente l’épanouiffement du pétiole, pour former
, par >ie moyen de tous ces faifeeaux de
■ fibres réunies le . réfeau vafculaire, qu on obferve
fur la Feuille quand elle a été macérée , ou
quand les infe&es mineurs en ont mangé le pa- <
renchyme, qui remplit les mailles' de .ce tiffii.
Les vaifleaux où .les fibres qui forment ce réfeau, .
approchent de la fobftanceligneufe. Ils font en
très—grand nombre, fe..çroifent ou s anaftomofent
en mille manières : ce qui montre que les Feuilles
reffemblent aux autres parties de la plante, compofée
de fibres ou de vaifleaux , de parenchyme
& d’un épiderme. Ce qui fe confirme encore
mieux, quand on voit une plante enfermée avec
la Feuille dans fon bouton, puifque les Feuilles
foignées convenablement, peuvent donner naif-
fance à des plantes entières. Le développement
de ces fibres dans les Feuilles offre un éventail
qui s’ouvre ; on l’obferve de même avec la
loupe , quand on étudie la partie inférieure, de
certaines Feuilles. Ruifeh efi le premier qu.i em -'
ploya la macération pour pénétrer l’organisation
des Feuilles •: il parvint à les débarraffer ainfi de
leur parenchyme par une légère agitation dans
l ’eau. Il a été imité par Grew & Gmelin, comme
on peut le voir dans le Commercium Norimber-
genfe pour l’année 1732 ; on trouve ces fque-
lettes des Feuilles, gravés dans lé Cabinet de Seba\
mais ce réfeau, ce développement du pétiole
efi devenu un double réfeau , que Hollman a
féparé dans les Feuilles du poirier, comme on
le voit dans les TranfaSions philofophiqucs pour
l’année 1741 ; ,& que Linné a féparé de même
,d<ms les Feuilles du poirier & du pommier ; il a
fait voir que le réfeau de la partie inférieure ‘de
la Feuille efi plus lâche , qu’il efi formépar des
nervures qui donnent naifîance à des mailles
plus larges : les mailles du réfeau fqpérieur,
répondent à celles du précédent, & leurs libres fe
communiquent par une foule d’^naftomofe;»
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Ruifeh avoit fait avoir ce double réfeau dan*
les Feuilles de l’opuntia. De forte , que l’exif-
tence de ces réfeaux efi bien prouvée. Léder—
muller a vu ces deux réfeaux , donr l’un efi plus
fin que l’autre; il les compare à un vitrage ou
il y a des glaces , celui de defl'us ,pafok l’enveloppe
du fécond, qui efi aufli tranfparent que
! du verre blanc. M . Hedwig-, ce grand Observateur
, dit que, dans l’anaromie des Feuilles
du poirier , du citronnier , & d’autres plantes
de cette efpèee, il y a non-feulement vu deux
réfeaux placés les uns fur les autres , mais qu’il
en avoit même vu trois : fundamentum hifiorioe.
naturalis mufeorum frondojorum. Il fembleroit que
ces réfeaux font féparés-, & liés par un tiflu
cellulaire. Et on a foupçonné que chacun de
ces réfeaux pouvoit avoir un ufage particulier.
Il paroît en général, que .les plus gros vafifeaux
font d’une texture ligneufe, &. qu’ils font com—
pofés de vaifleaux ou de fibres plus petits ; tandis
que les vaifleaux du plan fupérieur; font cylindriques
, & liés entr’eux fuivant l’obfervation de.
Ludwig. ; ceux du plan inférieur font applatis
& raboteux. Il paroîtroit que les premiers font,
formés par le b o is , & les féconds par le liber.
Il fembleroit que ces vaifleaux font les organes
nourriciers de la Feuille, & qu’ils élaborent les
focs de la plante. On voit aufli dans les Feuilles
les trachées. _ La difpofition de ces vaifleaux varie
dans les différentes Feuilles des différentes plantes
, ce qui donne naiffance aux différen tes Feuilles,
à leurs différens focs , à leurs différentes
formes; odeur, faveur, couleur, &ç.
Mais on ne peut douter^de leur ufage, quand
on leur voit élaborer l’eau chargée d’air fixe,
tranfpirer , imbiber l’eau , l’attirer &c. Voye\
L umière , Imbibition , T ranspiration.
On peut féparer ces vaifleaux dans les Feuilles
de Houx a en deux plans principaux ; mais
chaque tronc de ces vaifleaux , efi lui-même
divifibleen plufieurs autres qui font extrêmement
fins, entre lefquels on découvre un grand nombre
de vaifleaux à air. Il efi évident que la forme
des Feuilles dépend de la diftriburion des vaif—
féaux, dans la plupart des folioles & des Feuilles ;
les nervures principales fe divifent aux approch
a du bord des Feuilles en deux troncs, qui fo
recourbent pour s’anaftqmofer avec le -rameau
d’une autre nervure ; à la pointe de la dent do
chaque découpure, on voit toujours un faifeeau
défibrés, ce faifeeau déborde même quelquefois
la pointe de la dent, & y forme une efpèee
d’épine, comme dans le çhêpe épineux.
La difpofition des nervures varie fuivant les
Feuilles, comme leur nombre & leur, grôfleur ;
mais ces nervurgs fe prolongent toutes jufques
au limbe de la Feuille, & il s’en détache partout
des filets qui forment le tiffii du rélcau ;
dans les Feuilles ovales & entières, comme celles
du jujubier , on voit partir de la queue trois